Bienheureux Louis BELTRAME QUATTROCCHI

Nom: BELTRAME QUATTROCCHI

Prénom: Louis

Pays: Italie

Naissance: 12.01.1880  à  Catane (Sicile)

Mort: 09.11.1951  à Rome

Etat: Laïc - Marié

Note: Avocat. Epouse en 1905 Maria Corsini  2. 4 enfants. Béatifiés ensemble (une première dans l'histoire de l'Eglise).

Béatification: 21.10.2001  à Rome  par Jean Paul II

Canonisation:

Fête: 25 novembre (Anniversaire de leur mariage)

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2001 n.43 p.1-4  n.44 p.5

Réf. dans la Documentation Catholique:

Notice

Lors de la béatification des époux Beltrame Quattrocchi, le Pape s'adresse aux familles présentes et leur dit: "Chères familles, nous avons aujourd'hui une confirmation singulière du fait que le chemin de sainteté accompli ensemble, comme couple, est possible, beau, extraordinairement fécond, et qu'il est fondamental pour le bien de la famille, de l'Église et de la société."

Luigi Beltrame naît à Catane (Sicile) en 1880, de Carlo Beltrame et Francesca Vita. Un beau-frère de Carlo, Luigi Quattrocci, qui ne peut avoir d'enfant, demande aux époux Beltrame de pouvoir laisser son nom à son neveu. C'est ainsi que l'enfant s'appellera Luigi Beltrame Quattrocchi. A partir de 1892 sa famille habite à Rome. Étudiant, Luigi s'inscrit à la faculté de jurisprudence la "Sapienza" et en 1902, il soutient brillamment une thèse de doctorat qui a pour titre: "L'erreur de fait dans le droit pénal". Doué et travailleur, il réussit un concours national qui lui ouvre une prometteuse carrière d'avocat. Encore étudiant, il a fait connaissance de sa future épouse Maria  2, fille du colonel Corsini. Tous les deux sont fascinés par la vie intellectuelle et artistique de la Rome de cette époque ("la belle époque"!). Ils se fiancent en mars 1905 et se marient à la basilique de Sainte Marie-Majeure le 25 novembre de la même année. Le jeune ménage s'installe dans l'élégante "maison Corsini" de la Via Depretis, c'est-à-dire celle de la famille de Maria. Celle-ci s'occupera de ses parents et aïeux jusqu'au bout, en même temps que de sa jeune famille, laquelle s'enrichit de trois enfants en quatre ans.

La journée du couple commence chaque matin par la messe quotidienne à Sainte Marie-Majeure non loin de là. Auparavant, ils ont lu à haute voix les textes de la messe du jour et Luigi ne souhaite le bonjour à sa femme qu'au sortir de la basilique. La vie familiale est heureuse, détendue, optimiste, studieuse aussi. On cultive l'aspect intellectuel et culturel. On fait des sorties, du vélo. Il règne dans la maison une grande ambiance surnaturelle que ressentent spontanément les enfants. Les parents leur apprennent à regarder les choses d'en haut, ou comme ils le disent de façon plaisante, à évaluer chaque chose "du toit vers le haut". La famille s'est consacrée solennellement au Sacré-Cœur et renouvelle cette consécration aux grandes occasions de joie ou de peine. On prie le matin, à l'heure des repas, et jamais le soir on ne manque le chapelet. La veille du premier vendredi du mois, on fait une "heure sainte" en famille. On participe aussi une foi par mois à la "Ritiri minimi" (mini-retraite) à l'abbaye de Saint-Paul-hors-les-murs avec le Père Abbé Schuster  2 (futur cardinal, et bienheureux lui aussi). Il y a aussi les cours de culture religieuse à la Grégorienne. Enfin le foyer est ouvert à une cordiale hospitalité. Tout cela, Luigi le fait en parfaite syntonie avec son épouse. Avec elle il partage beaucoup d'activités charitables ou d'action catholique. Notamment il soutient le mouvement scout dès son apparition en Italie. Au fond ce qui le caractérise est l'attention quotidienne à approfondir la présence de Dieu. Et c'est ainsi que de jour en jour s'édifie "l'église domestique" de la Via Depretis. Un tel foyer possède un rayonnement missionnaire. Luigi pratique un actif et discret apostolat "d'ambiance" dans son milieu, parmi ses collègues et ses amis. Beaucoup retrouvent le chemin de la foi. Dans son métier, Luigi avait un brillant avenir. Mais son avancement a été stoppé au moment de l'ère fasciste, car il ne prend pas la carte du Parti et pendant la guerre, il cache des juifs et d'autres personnes poursuivies, activité fort dangereuse quand on habite tout près des bureaux officiels! Mais au sortir de la guerre, en 1946, il est nommé vice-avocat général de l'État italien.

Ses enfants sont:     
- Philippe né en 1906, prêtre dans le diocèse de Rome sous le nom de don Tarcisio.
- Stéphanie née en 1908, moniale bénédictine à Milan sous le nom de Sœur Cécile. Supérieure pendant 18 ans, elle meurt en 1993.     
- Caesare né en 1909, moine bénédictin puis trappiste sous le nom de Père Paolino.
- En 1913 s'annonce un quatrième enfant, mais cela se présente mal. Un gynécologue éminent annonce que la mère et l'enfant sont perdus. Il propose un avortement "pour tenter de sauver au moins la mère", Immédiatement et spontanément, les deux époux refusent. S'ensuit une grossesse difficile, mais la mère est sauvée … et vivra encore 51 ans! L'enfant également est sauvée: c'est Enrichetta (née en avril 1914) qui sera une laïque consacrée dans le monde. Comme ses aînés elle a d'abord ressenti un appel au cloître et son père l'y encourage malgré la douleur de cette dernière séparation; mais cette fois-là Dieu se contente de sa bonne volonté, comme pour Abraham.

Après une vie si bien remplie, Luigi meurt en 1951 d'un infarctus du myocarde. Avec Maria, ils ont vécu ensemble 50 années d'un mariage sans nuage, quoiqu'ils aient traversé une période très difficile pour l'Église et pour le monde. C'est vraiment une sainteté qui a été vécue en couple, à tel point qu'il est impossible de séparer la sainteté de l'un et de l'autre. Exceptionnellement, un seul miracle a suffi pour la béatification des deux: il s'agit d'un médecin qui collaborait à leur cause de béatification et qui a été guéri par leur intercession. C'est la première fois aussi qu'on béatifie ensemble un couple (non-martyr). Les trois enfants encore vivants assistent à la cérémonie. Pour marquer l'importance que le mariage a revêtu dans l'itinéraire des deux bienheureux et la beauté de la vie de couple aux yeux de l'Église, Jean Paul II a demandé que la date de leur fête soit fixée au 25 novembre, anniversaire de leur mariage. Dans sa pensée, la famille ne doit plus être seulement l'objet de la sollicitude de l'Église, mais une pièce maîtresse de la nouvelle évangélisation, car c'est dans la famille que se forme l'homme et que se joue en grande partie le destin de la société.