PSAUME XXV
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PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME XXV.

LA PURETÉ DE L’ÉGLISE

  

Ce psaume est le chant de la véritable innocence : il peut s‘appliquer à l’Eglise purifiée en Jésus-Christ, ou à l’âme fidèle,   qui chante son bonheur et qui ne goûte ce bonheur que dans l’innocence.

POUR DAVID 1

 

1. David ici pourrait s’entendre, non plus de Jésus-Christ médiateur dans son humanité mais de l’Eglise parfaitement établie dans le Christ.

2. «Jugez-moi, Seigneur, parce que j’ai marché dans l’innocence 2». Jugez-moi, Seigneur, car après avoir été prévenu par votre bonté, j’ai quelque mérite dans mon innocence, dont j’ai gardé les sentiers. « Et mon espoir dans le Seigneur ne sera point ébranlé». Et néanmoins, je mets ma con-tance non en moi, mais dans le Seigneur, et je ne serai point ébranlé.

3. « Eprouvez-moi , Seigneur, et sondez mon âme 3», Toutefois, de peur qu’une infirmité secrète n’échappe à mes regards éprouvez-moi, Seigneur, et tentez-moi; faites-moi connaître, non plus à vous qui voyez tout, mais à moi-même et aux hommes. « Faites passer au feu mes reins et mon coeur». Appliquez à mes pensées et à mes convoitises un remède qui les purifie comme le feu. « Car votre miséricorde est toujours devant mes yeux 4 ».De peur que ce feu ne me consume entièrement, j’ai toujours devant les yeux, non plus mes mérites, mais bien cette miséricorde, par laquelle vous m’avez fait embrasser une semblable vie. « Et votre vérité m’a plu». J’ai pris à dégoût tout ce qui n’est en moi que mensonge, votre vérité m’a plu, et c’est en elle et avec elle que j’ai pu vous plaire.

4. « Je ne me suis pas assis dans les assemblées de vanité ». Je n’ai point cherché pour mon coeur la société de ceux qui s’efforcent de trouver dans la jouissance des biens passagers un bonheur impossible. « Et je ne m’unirai point aux artisans de l’iniquité5».Et comme 

1. Ps. XXV, 1. — 2. Ibid. — 3. Id. 2. —4. Id. 3. — 5. Id. 4. 

 telle est la source de toutes les iniquités, je n’aurai point de secrètes intelligences avec les hommes du crime.

5. «  J’ai en horreur l’assemblée des méchants 1». Pour qu’il en résulte une assemblée de vanité, il faut que les méchants se réunissent, et je hais ces réunions. « Je ne veux point m’asseoir avec les impies ». Je ne veux donc point m’asseoir dans une semblable réunion, avec les impies, je n’y mettrai point mon bonheur. « Je ne m’assiérai point avec les impies ».

6. « Je laverai mes mains parmi les justes 2». Je ferai des oeuvres saintes parmi les saints, avec les âmes saintes, je laverai ces mains qui saisiront vos sublimes hauteurs. « Et j’étreindrai vos autels, ô mon Dieu ».

7. « Afin d’entendre la voix de vos louanges 3». Afin d’apprendre à vous bénir. « Et de raconter toutes vos merveilles». Quand je saurai vous louer, j’annoncerai toutes vos merveilles.

8. « Seigneur, j’ai aimé la beauté de votre ce maison », ou de votre Eglise, « et le lieu où habite votre gloire 4 »; le lieu où c’est pour vous une gloire d’habiter.

9. « Ne perdez point mon âme avec les impies 5 ». Ne perdez donc pas avec ceux qui vous haïssent, mon âme, qui se plaît dans la beauté de votre demeure. « Et ma vie avec celle des hommes sanguinaires». De ces hommes qui haïssent le prochain. Car deux préceptes font l’ornement de votre demeure.

10. « Leurs mains sont souillées d’iniquités 6». Ne me perdez point avec ces hommes impies et sanguinaires dont les oeuvres sont mauvaises. « Leur droite est remplie de présents». Et ce qui leur était donné pour acquérir le salut éternel, ils l’ont fait servir à

 1. Ps. XXV, 5. — 2. Id. 6. — 3. Id. 7. — 4. Id. 8. — 5. Id. 9 — 6. Id. 10.

(221)

 se procurer les biens de ce monde et ont regardé la pitié comme un trafic (Tim. VI, 5 ),

11. « Pour moi, qui ai marché dans l’innocence, rachetez-moi dans votre piété (Ps. XXV, 11 ) ». Que le prix inestimable du sang de mon Dieu me délivre complètement et que votre miséricorde ne m’abandonne jamais.

12. « Mon pied s’est maintenu dans la voie droite ( Ps. XXV, 12 )». Mon amour ne s’est point écarté de la justice. « Je vous bénirai, Seigneur, dans vos assemblées». Seigneur, je ne laisserai point ignorer vos bontés à ceux que vous appelez; car à l’amour pour vous, je joins l’amour du prochain.

 

DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME XXV.

LA PURETÉ

 

Saint Augustin accommode le psaume à celte pensée que nous devons tolérer les méchants dans l’Eglise, ce qui parait être contre les Donatistes qui donnaient pour prétexte de leur séparation, les désordres des chrétiens, et contre les chrétien  faibles, que scandalise le mélange des bons et des méchants. Il engage les bons à faire fructifier eu eux les dons de Dieu.

                  1. Votre sainteté a comme nous entendu lire ce passage de saint Paul : « Il faut », dit-il, « selon la vérité que nous enseigne Jésus-Christ , vous dépouiller du vieil homme selon lequel vous avez vécu autrefois, et qui se corrompt en suivant l’illusion de ses convoitises. Renouvelez-vous dans l’intérieur de votre âme, et revêtez-vous de l’homme nouveau qui est créé à la ressemblance de Dieu, dans la justice et dans une sainteté véritable (Eph. IV, 21-21) ». Et de peur que l’on ne s’imagine qu’il faut nous dépouiller d’un objet sensible comme d’un vêtement, et nous revêtir à. l’extérieur comme on prend un vêtement, comme s’il fallait quitter une robe pour en prendre une autre, et qu’une pensée si terrestre n’empêchât les hommes d’accomplir à l’intérieur et d’une manière spirituelle, ce que l’Apôtre nous recommande, il nous explique aussitôt ce que signifie se dépouiller du vieil homme et revêtir le nouveau. Car, le reste de ce qu’on a lu ne tend qu’à nous le faire comprendre. Il semble répondre à cette question: Comment me dépouiller du vieil homme et revêtir le nouveau ? Serai-je comme un troisième homme qui en quitte un vieux que j’avais, pour en prendre un nouveau que je n’avais pas? En sorte qu’il y aurait trois hommes, et que celui du milieu quitterait l’ancien pour s’attacher au nouveau? De peur donc qu’une telle pensée ne nous embarrasse, et que n’ayant point accompli le précepte, nous ne trouvions une excuse dans l’obscurité du passage, saint Paul ajoute : « C’est pourquoi renoncez au mensonge et dites la vérité». C’est là se dépouiller du vieil homme et revêtir le nouveau. « C’est pourquoi donc, renoncez au mensonge, et que chacun dise la vérité à son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres (Eph. IV, 5 ) ».

2. N’allez point vous imaginer, mes frères, qu’on ne doive dire la vérité qu’aux chrétiens, et que le mensonge se puisse dire aux païens. Parlez selon la vérité à votre pro. chain ; et votre prochain est celui qui est comme vous né d’Adam et d’Eve. Nous sommes tous parents au point de vue de la naissance humaine ; mais nous sommes frères d’une autre manière, et par l’espérance de l’héritage céleste. Vous devez donc, traiter comme votre prochain, tout homme, avant même qu’il soit au Christ. Car vous ne savez ce qu’il est devant Dieu, vous ignorez les desseins de Dieu sur lui. Tel adore des pierres et vous en riez; un jour il se convertit, il adore le Seigneur, et devient plus pieux que vous, qui naguère le trouviez ridicule. Nous avons donc des frères cachés dans ces hommes qui ne sont point encore (222)

enfants de l’Eglise, comme il y a des enfants de l’Eglise, qui se cachent bien loin de nous. C’est Pourquoi, dans notre ignorance de l’avenir, voyons dans tout homme notre prochain, non-seulement en vertu de cette nature humaine, qui nous fait partager avec lui le même sort ici-bas; mais encore en vertu de l’héritage céleste, car nous ignorons ce que deviendra celui qui n’est rien maintenant.

3. Ecoutez donc ce que saint Paul appelle encore se dépouiller du vieil homme, et revêtir le nouveau. « Bannissons tout mensonge, et que chacun dise la vérité à son prochain:  parce que nous sommes membres les uns des autres. Mettez-vous en colère, mais ne péchez point». Si vous vous mettez en colère contre votre serviteur qui a fait une faute, fâchez-vous contre vous-même, afin de ne point pécher. « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère 1». Cela se comprend, mes frères, du temps qu’elle doit durer. Car, si dans la faiblesse humaine, si dans l’infirmité de cette chair mortelle que nous portons, la colère se glisse chez un chrétien, elle ne doit point être durable, ni aller jusqu’au lendemain. Bannis-la de ton coeur, avant que se lève cette lumière visible, de peur que la lumière invisible ne t’abandonne. Toutefois, on peut bien donner à ce passage un autre sens, et l’entendre du Christ qui est pour nous la vérité, le soleil de justice non plus ce soleil qu’adorent les païens et les Manichéens, et qui luit aux yeux des pécheurs; mais cet autre soleil qui est la lumière pour la nature humaine, et la joie des anges. Quant aux hommes, si les yeux de leurs coeurs sont trop faibles pour en supporter l’éclat, ils se purifient par la pratique des commandements, de manière à pouvoir le contempler. Quand ce soleil habitera dans l’homme par la foi, gardez-vous alors de laisser prévaloir la colère qui s’élève en vous, au point que le Christ se couche sur votre colère, ou plutôt qu’il abandonne votre âme, car il lui répugne d’habiter avec la colère. On dirait en effet qu’il s’éteint pour vous, quand c’est vous qui vous éteignez pour lui : car la colère invétérée devient une haine; et quand il y a haine, il y a homicide. Car saint Jean l’a dit : « Quiconque hait son frère est homicide 2». Il a dit encore Quiconque haIt son frère demeure dans les  ténèbres 3». Il n’est pas étonnant qu’un 

1. Eph. IV, 26. — 2. I Jean, III, 15. — 3. Id. II, 9.

  homme soit dans les ténèbres quand le soleil est couché pour lui.

4. Tel est peut-être encore le sens de ce que vous avez entendu dans l’Evangile : « La barque était en danger sur le lac, et Jésus dormait 1». Car nous voguons sur un certain lac où ne manquent ni les vents ni les tempêtes; chaque jour les tentations du siècle sont sur le point de submerger notre navire. D’où cela vient-il, sinon de ce que Jésus est endormi? Si Jésus ne dormait pas en toi, tu n’essuierais point ces bourrasques, mais tu jouirais du calme intérieur parce que Jésus veillerait avec toi. Qu’est-ce à dire que Jésus dort? C’est que votre foi en Jésus-Christ est assoupie. Alors s’élèvent les tempêtes sur le lac de cette vie, tu vois l’impie fleurir, le juste dans l’affliction, c’est là l’épreuve, c’est le flot qui s’élève. Et ton âme s’écrie: Est-ce donc là, Seigneur, votre justice, que le méchant soit dans la joie, le juste dans la peine?Tu t’en prends à Dieu. Est-ce donc là votre justice? Et le Seigneur te répond: Est-ce donc là ta foi? Est-ce là ce que je t’ai promis? Est-ce pour t’épanouir en cette vie que tu es chrétien? Tu t’affliges de voir dans la joie ces méchants, qui doivent être tourmentés avec le diable. Pourquoi ces murmures? Pourquoi te troubler au bruit des flots et des tempêtes de cette vie? C’est que Jésus dort, ou plutôt que ta foi en Jésus-Christ est assoupie dans ton coeur. Que fais-tu pour sortir du danger? Eveille donc Jésus, et dis-lui : Maître, nous périssons 2». — Ce lac peu sûr nous effraie, nous périssons. Jésus s’éveillera, ou plutôt la foi en Jésus-Christ reviendra dans ton coeur; et à la lumière de la foi, tu verras en ton âme que les biens donnés aujourd’hui aux méchants, ne doivent point leur demeurer toujours. Car ils doivent, ou leur échapper dès cette vie, ou du moins leur échapper à la mort. Pour toi, ce qui t’est promis, doit demeurer éternellement. Pour eux le bonheur n’a qu’un temps, il s’évanouit bien. tôt. « Il s’épanouit comme la fleur d’une herbe; or, toute chair est une herbe, et l’herbe s’est desséchée, et la fleur est tombée, tandis que la parole du Seigneur demeure éternellement 3». Tourne donc le dos à tout ce qui tombe, et la face à tout ce qui demeure. Quand le Christ s’éveillera, ton coeur ne sera plus battu par la tempête, ni ta barque submergée par les flots : parce que ta 

1. Luc, VIII, 23. — 2. Id. 24. — 3. Isa. XL, 8.

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foi commandera aux vents et aux tempêtes, et le danger disparaîtra. C’est à cela, nies frères, que reviennent ces conseils que nous donne l’Apôtre de nous dépouiller du vieil homme

«Mettez-vous en colère, mais ne péchez point; que le soleil ne se couche point sur votre colère, et ne donnez aucune prise au démon 1». Le vieil homme lui donnait donc prise; qu’il n’en soit point ainsi du nouveau. « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus2». Donc, le vieil homme dérobe, que le nouvel homme ne dérobe plus. Celui-là est homme aussi, c’est le même homme, il était Adam, qu’il devienne Jésus-Christ; il était le vieil homme, qu’il soit le nouveau ; et le reste qui vient ensuite.

5. Mais voyons plus attentivement dans le psaume, que tout chrétien qui avance en perfection dans l’Eglise, doit souffrir les méchants dans l’Eglise. Toutefois, celui qui leur ressemble ne les connaît point, car le plus souvent ceux qui se plaignent des méchants sont méchants à leur tour; et un homme en santé supportera plus facilement deux malades, que deux malades ne se supporteront mutuellement. Voici donc, mes frères, ce que nous disons: L’Eglise ici-bas est une aire à battre   le grain. Nous l’avons souvent répété, nous le disons encore. Il y a dans cette aire de la paille et du bon grain. Gardons-nous de chercher à séparer la paille, avant que Dieu ne vienne, le van à la main. Que nul, avant ce temps, ne sorte de l’aire, comme s’il ne pouvait supporter les pécheurs : de peur que l’oiseau ne le trouve hors de l’aire et ne l’amasse avant qu’il soit entré dans les greniers célestes. Ecoutez, mes frères, ce que cela signifie. Quand on commence à battre, les grains ne se touchent pas à travers les pailles, ils sont pour ainsi dire étrangers, à cause des pailles qui les séparent. Quiconque ne regarde la grange que de loin, n’aperçoit que des pailles; il a peine à discerner le bon grain, s’il n’approche plus près, s’il n’avance la main, s’il ne souffle avec sa bouche, afin que ce souffle fasse une séparation. Il arrive donc, parfois, que les bons grains sont tellement séparés l’un de l’autre, tellement étrangers, que le chrétien qui avance en piété se croit seul. Cette pensée, mes frères, fut une tentation pour Elie, et ce grand prophète, comme l’Apôtre nous l’a rappelé, s’écriait: « Seigneur, ils ont tué vos  

1. Eph. IV, 26, 27. — 2. Id. 28.

 Prophètes, renversé vos autels, et je suis demeuré seul, encore veulent-ils me faire mourir». Mais qu’est-ce que Dieu lui répond? « Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont point fléchi le genou devant Baal 1». Dieu ne dit point: il y en a deux ou trois qui vous ressemblent, mais bien : Ne vous croyez pas seul, il y en a sept mille avec vous, et vous vous croyez seul? Voici donc brièvement la recommandation que j’avais commencé à vous faire. Que votre sainteté m’écoute avec attention, et je prie Dieu qu’il touche vos coeurs dans sa miséricorde, afin que vous la compreniez, de manière qu’elle agisse et fructifie en vous. Ecoutez donc en un mot: Que celui qui est encore méchant, ne croie point que nul autre n’est bon, et que, celui qui est bon, ne s’imagine pas être le seul. Comprenez-vous bien? Je vous le répète, soyez attentifs: Que celui qui est méchant, qui interroge sa conscience, et n’en reçoit qu’un mauvais témoignage, ne s’imagine point que nul autre n’est bon; que celui qui est bon, ne se croie pas le seul, et qu’il ne craigne pas, malgré sa justice, d’être mêlé aux méchants ; viendra le temps où il sera séparé. Aussi, aujourd’hui avons-nous chanté «Ne perdez pas mon âme avec les impies, et ma vie avec celle des hommes sanguinaires 2». Qu’est-ce à dire : «Ne perdez pas « avec les impies? » ne me perdez pas, confondu avec eux. Pourquoi craint-il une même ruine? Je crois qu’il dit à Dieu : Vous nous souffrez maintenant que nous sommes confondus, mais n’enveloppez pas dans une même ruine ceux que vous laissez confondus. Tel est le sens du psaume, que je veux examiner à ta hâte avec vous, parce qu’il est court.

6. « Jugez-moi, Seigneur 3 ». Ce voeu d’être jugé, est un voeu désagréable, et peut être dangereux pour lui. Quel est ce jugement qu’il invoque? sa séparation d’avec les méchants. C’est ce jugement de séparation qu’il désigne clairement dans un autre psaume : « Jugez-moi, Seigneur, et séparez ma cause de celle d’un peuple qui n’est pas saint 4». Nous voyons là le sens de cette parole : « Jugez-moi». Que les bons et les méchants n’aillent point au feu éternel, comme aujourd’hui on voit ces bons et ces méchants entrer dans l’Eglise, pour ainsi dire sans aucun discernement. « Jugez-moi,

 

1. III Rois, XIX, 10. — 2. Ps. XXV, 9. —  3. Id. 1. —  4. Ps. XLII, 1.

Seigneur». Et pourquoi? « C’est que, pour moi, j’ai marché dans mon innocence, et que mon espoir dans le Seigneur ne sera point ébranlé 1 ». Quel est cet « espoir dans le Seigneur? » Celui-là chancelle parmi les méchants, qui n’a point mis son espoir en Dieu. De là sont venus les fauteurs des schismes. Ils ont tremblé en se voyant parmi les méchants, eux qui étaient pires, ils ont rougi d’être bons au milieu des impies. Ah ! s’ils eussent été le bon grain, ils eussent toléré la paille dans la grange, jusqu’au jour du vanneur. Mais comme ils n’étaient que la paille, voilà qu’un souffle s’est élevé, a prévenu le van du Seigneur, et enlevé de la grange cette paille qu’il a jetée parmi les épines. Une paille a été enlevée, mais ce qui est resté, n’est-il que froment? Il n’y a que la paille qui s’envole avant la séparation, et néanmoins il reste de la paille et du froment; et au temps de la séparation cette paille sera vannée. Voilà ce que dit le Prophète : « J’ai marché dans mon innocence, et mon espoir dans le Seigneur ne sera point ébranlé». Si je n’avais espéré que dans un homme, je verrais peut-être cet homme tomber dans le désordre et ne point suivre ces voies de la justice qu’il apprendra à connaître ou même qu’il enseigne dans 1’Eglise, mais s’égarer dans celles que Satan lui a montrées. Si donc mon espérance était dans un homme, elle chancellerait et tomberait avec cet homme chancelant et tombant; mais comme elle est dans le Seigneur, elle est inébranlable.

7. « Eprouvez-moi, Seigneur, et sondez mon âme, dit ensuite, le Prophète, faites passer au feu mes reins et mon coeur 2 ». Qu’est-ce à dire : « Passez au feu mes reins et mon coeur? » — Passez au feu mes convoitises et mes pensées. Les reins se disent ici des convoitises, et le coeur des pensées, afin que nies pensées ne s’arrêtent pas au mal, et que le mal m’excite pas mes désirs. A quel feu passer mes reins? au feu de votre parole. A quel feu passer mon coeur? au feu de votre esprit. C’est de ce feu qu’il est dit ailleurs : « Que nul ne peut se dérober à son action 3 », et dont le Seigneur a dit à son tour : « Je suis venu  apporter le feu sur la terre 4 ».

8. Le Prophète continue: « C’est que votre miséricorde est devant mes yeux, et que votre vérité m’a plu ». C’est-à-dire, je n’ai

 1. Ps, XXV,1.— 2. Id. 2.— 3. Id. XVIII, 7 .— 4. Luc, XII, 49.— 5. Ps. XXV,3.

 

point cherché à plaire aux hommes, mais j’ai voulu vous plaire dans cet intérieur où pénètrent vos yeux, peu soucieux de déplaire aux hommes qui voient le dehors, comme l’a dit l’Apôtre : « Que chacun éprouve ses actions, et alors il pourra se glorifier dans lui-même, et non dans un autre 1 ».

9. « Je ne me suis point assis dans les assemblées de vanité 2 ». Quel est le sens de cette expression : « Je ne me suis point assis? » Ecoutez, mes frères. En disant : « Je ne me suis point assis », il en appelle à Dieu qui voit tout. Vous pouvez être absent d’une réunion, et pourtant y siéger. Par exemple, vous n’êtes pas au théâtre, mais des pensées théâtrales absorbent votre esprit, contrairement à cette parole : « Passez au feu mes reins », alors vous êtes assis au théâtre, nonobstant votre absence corporelle. Mais il peut arriver qu’un ami vous y fasse entrer et vous y retienne, ou qu’un office de charité vous force à vous y asseoir. Comment cela est-il possible? Il peut arriver qu’un chrétien ait une bonne oeuvre à faire qui le force de s’asseoir dans l’amphithéâtre : il voulait délivrer je ne sais quel gladiateur ; alors il a bien pu s’asseoir, et attendre que parût celui qu’il voulait délivrer. Cet homme, nonobstant sa présence corporelle, ne s’est pas assis dans les assemblées de la vanité. Qu’est-ce que s’y asseoir? C’est être de coeur avec les assistants. Si votre coeur n’y est pas, nonobstant votre présence vous n’y êtes point assis; si votre coeur y est, vous  êtes assis malgré votre absence. « Je ne m’unirai point aux artisans de l’iniquité; car j’ai en horreur l’assemblée des méchants 3 ». Vous voyez donc que « s’asseoir avec les impies », se dit de l’intérieur.

10. « Je laverai mes mains parmi les justes 4». Non point avec une eau visible. C’est laver tes mains, que d’avoir pour tes oeuvres des pensées pures et innocentes aux yeux de Dieu. Il est aussi sous l’oeil de Dieu, cet autel dont s’est approché le prêtre qui s’est offert le premier pour nous. L’autel est donc sacré, et nul ne peut l’embrasser, s’il n’a lavé ses mains avec les âmes justes. Beaucoup, il est vrai, s’en approchent indignement, et Dieu souffre pour un temps que ses sacrements soient profanés. Toutefois, mes frères, en serait-il de la Jérusalem céleste, comme des murailles qui nous environnent? Point du tout, et si vous

 

1. Gal. VI,4.— 2. Ps.XXV,4.— 3. Id.5.— 4. Id.6

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 entrez avec les méchants dons les murailles de cette Eglise, vous n’entrerez pas avec les méchants dans le sein d’Abraham. Ne craignez donc point de purifier vos mains. « J’embrasserai l’autel du Seigneur » : cet autel où tu offres tes voeux à Dieu, où tu répands tes prières, où ta confiance est pure, où tu dis à Dieu ce que tu es; et si quelque chose eu toi pouvait déplaire à Dieu, celui qui reçoit tes aveux te guérirait. Lave donc tes mains parmi les justes, embrasse l’autel du Seigneur afin d’entendre la voix de ses louanges.

11. C’est en effet ce qui suit: « Afin d’entendre la voix de vos louanges et de publier vos merveilles 1». Qu’est-ce à dire: «Entendre la voix de vos louanges? » C’est-à-dire, afin que je comprenne. Entendre, en effet, devant Dieu, ce n’est point percevoir des sons que beaucoup entendent, et que beaucoup d’autres n’entendent pas. Combien entendent pour nous, qui sont sourds à l’égard de Dieu! Combien ont des oreilles, mais non ces oreilles dont Jésus parlait, quand il s’écriait: «Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre 2 » Que signifie donc entendre la voix de la louange? Je le dirai, s’il m’est possible, avec le secours de Dieu et de vos prières. Entendre la voix de la louange, c’est comprendre intérieurement, que tout ce qui est en toi corrompu par le péché, vient de loi; que tout ce qu’il y a de bon et de juste, vient de Dieu. Entends donc la voix de la louange, de manière à ne point te louer toi-même, quelle que soit ta justice. Louer ta bonté, c’est devenir mauvais. L’humilité t’avait fait bon, l’orgueil te rend méchant. Tu avais cherché la lumière dans ta conversion, et voilà que cette conversion t’a rendu lumineux, tu es devenu éclatant. Mais à qui t’es-tu converti ? à toi-même? Si tu pouvais être illuminé en retournant à toi-même, tu ne serais jamais dans les ténèbres,  parce que tu serais toujours avec loi. D’où te vient donc la lumière? de ta conversion vers ce qui n’était pas toi. Et qu’est-ce qui n’était pas toi? Dieu qui est la lumière. Tu n’étais pas lumière, à cause de tes péchés. Voulant faire entendre aux fidèles cette voix de la louange, l’Apôtre leur dit: « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière 3». Que signifie: «Vous u étiez autrefois ténèbres », sinon que le vieil homme était eu vous? Maintenant vous êtes

 

1. Ps. XXV, 7. — 2. Matt. XIII, 9. — 3. Eph. V, 8.

 lumière, et ce n’est pas sans raison, qu’a. près avoir été ténèbres, vous êtes lumière, puisque vous avez été éclairés. Garde-toi de te croire lumière par toi-même : la lumière est « celle qui éclaire tout homme venant en ce monde1». Quant à toi, ta nature, la volonté perverse, ton éloignement de Dieu t’avaient rendu ténébreux, et maintenant tu es lumière. Mais, de peur d’enorgueillir ceux qu’il félicite en disant: « Vous êtes lumière», l’Apôtre ajoute : « Dans le Seigneur». Car il dit: « Vous fûtes autrefois ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur ». Si donc il n’y a pas de lumière en dehors du Seigneur, et si vous êtes lumière, précisément parce que vous êtes en lui, « qu’avez-vous, que vous n’ayez reçu? Et si vous l’avez reçu, pourquoi vous glorifier comme si vous ne l’aviez  pas reçu 2?»Tel est, dans un autre endroit, le langage de l’Apôtre aux hommes orgueilleux, et qui veulent s’attribuer les dons de Dieu, se glorifier du bien qu’ils ont, comme s’il venait d’eux-mêmes. Qu’avez-vous, leur dit-il, que vous n’ayez reçu? Si vous l’avez, pourquoi vous en glorifier, comme si vous ne l’aviez pas reçu? Celui qui donne à l’humble, enlève aux superbes; car celui qui peut donner, peut reprendre. C’est là le sens, mes frères, si toutefois je vous l’ai fait comprendre, autant que je le voulais ; mais si ce n’est autant que je l’aurais voulu, c’est du moins comme je l’ai pu ; tel est le sens de ces paroles : «Je laverai mes mains avec les justes, et j’embrasserai votre autel, ô mon Dieu, afin d’entendre la voix de votre louange »; c’est-à-dire, afin que le bien qui est en moi, ne me donne point une confiance présomptueuse en moi, mais une confiance en vous qui me l’avez donné, et que je ne cherche point ma gloire en moi-même, mais la vôtre et en vous. Aussi le Prophète a-t-il ajouté: « Afin que  j’écoute la voix de votre louange, et que je raconte vos merveilles ». Oui, vos merveilles, et non les miennes.

12. Et maintenant, mes frères, voyez l’homme qui aime Dieu, qui a mis sa conS fiance en Dieu, le voilà au milieu des méchants, et il demande à Dieu de n’être point perdu avec ces méchants, parce que Dieu est infaillible dans ses jugements. Pour toi, si tu vois des hommes réunis dans un même lieu, lu les crois égaux en mérite ; mais sois sans 

1. Jean, I, 9 — 2. I Cor. IV, 7.

 

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crainte, le Seigneur ne peut se tromper. Tu as besoin d’un souffle pour séparer la paille du bon grain; tu veux un vent qui souffle, et comme tu n’es pas toi-même ce souffle puissant, tu souhaites que le vent vienne à ton aide; et quand en vannant tu secoues la paille et le froment, le vent chasse tout ce qui est léger, et respecte ce qui a du poids. Tu as donc recours au vent pour démêler ce qui est dans ta grange. Mais Dieu a-t-il besoin qu’on l’aide à juger, pour ne point perdre les bons avec les méchants? Sois donc sans crainte, et demeure en toute sécurité, même avec les méchants; et dis avec le Prophète: « Seigneur, j’ai aimé la splendeur de votre maison » Cette maison de Dieu, c’est l’Eglise, qui renferme sans doute beaucoup d’impies; mais la splendeur de cette maison de Dieu est dans les justes et dans les saints : et telle est la splendeur que j’aime en elle. « J’ai aimé ce lieu où habite votre gloire ». Quel est le sens de ces paroles? Ces paroles, je l’avoue, ont encore le sens, quelque peu obscur, exposé plus haut Que le Seigneur me vienne en aide, et dispose vos coeurs à l’attention. Qu’est-ce que Je Prophète appelle: « Ce lieu où réside voire gloire?»  Il vient de dire : « La splendeur de votre maison » ; et, pour expliquer cette splendeur, il ajouté : « Le lieu où réside votre gloire ». Il ne lui suffit pas de dire: « Le lieu qu’habite le Seigneur » ; mais: « Le lieu où réside la gloire de Dieu». Quelle est cette gloire de Dieu? C’est d’elle que je disais tout à l’heure, que celui qui devient bon, ne se glorifie pas en lui-même, mais bien en Dieu 2. «Car tous ont péché, et tous ont besoin de la gloire de Dieu 3». Ceux-là, dès lors, en qui le Seigneur habite, de manière à se glorifier lui-nième de ses dons, qui ne veulent point s’attribuer et revendiquer comme leur bien ce qu’ils ont reçu de Dieu, ceux-là forment la splendeur de la maison de Dieu. L’Ecriture ne les distinguerait point si spécialement, s’il n’y en avait d’autres qui possèdent les dons de Dieu, à la vérité, mais qui, loin de se glorifier en Dieu, se glorifient en eux-mêmes: ils ont en effet les dons de Dieu, mais ne contribuent point à la splendeur de son palais. Car ceux qui contribuent à la splendeur de cette habitation, et en qui réside sa gloire, sont le lieu qu’habite sa gloire. Mais en qui réside la gloire de Dieu , sinon en ceux uni se  

1. Ps. XXV, - 2. I Cor. I,31.- 3. Rom 1,23.

 glorifient de telle sorte qu’il en résulte, non leur propre gloire, mais celle du Seigneur? Donc, parce que j’ai aimé la gloire de votre maison, c’est-à-dire tous ceux qui sont à vous et qui recherchent votre gloire, parce que je n’ai point mis ma confiance dans un homme, que je n’ai point donné mon assentiment aux impies, que je ne veux ni entrer ni m’asseoir dans leurs assemblées; parce que telle a été ma conduite dans l’Eglise de Dieu, quelle sera ma récompense? Le verset suivant nous donne la réponse: « Ne perdez pas mon âme avec les impies, et ma vie avec les hommes sanguinaires 1».

13. « Leurs mains sont pleines d’iniquités, leurs droites souillées de présents 2 ». Les présents ne sont pas seulement la richesse, l’or, l’argent, les objets précieux ; et tous ceux qui les reçoivent, ne les reçoivent pas en présents pour cela. L’Eglise en reçoit quelquefois, et même Pierre en reçut, le Seigneur en reçut, il eut une bourse, et l’argent qu’on y jetait, Judas le dérobait 3. Qu’est-ce que recevoir des présents? Celui qui juge d’une manière inique, non-seulement par amour de l’or ou de l’argent, ou d’autres richesses, mais par vaine gloire, reçoit un présent, et un présent des plus vains. Il a ouvert la main pour recevoir le témoignage d’une langue étrangère, et il a perdu le témoignage de sa conscience, Donc « leurs mains sont pleines d’iniquités, et leurs droites souillées de présents». Vous voyez, mes frères, qu’ils sont sous l’oeil de Dieu, ceux dont les mains ne sont point entachées d’iniquités, dont la droite n’est pas souillée de présents; ils sont sous l’oeil de Dieu, et ne peuvent dire qu’à lui seul: Vous le savez, Seigneur; à lui seul ils peuvent dire: « Ne perdez pas mon âme avec les impies, et ma vie avec les hommes sanguinaires » ; lui seul peut voir qu’ils ne reçoivent aucun présent. Ainsi, mes frères, deux hommes ont à vider un différend devant un serviteur de Dieu; chacun ne voit de justice que dans sa cause. S’il croyait sa cause injuste, il n’aurait point recours au juge. L’un se croit dans la justice, l’autre aussi. On se présente au juge. Avant la sentence, chacun dit: Nous acceptons votre arbitrage, à Dieu ne plaise que nous rejetions votre sentence! Pour vous, que dites-vous? prononcez selon vos vues, seulement, prononcez : Anathème à moi si je 

1. Is. XXV, 9 — 2. Id. 10. — 3. Jean, XII, 6.

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cherche à contredire. Tous deux aiment le juge avant la sentence. Toutefois, cette sentence à prononcer condamnera l’un des deux, et nul ne sait qui sera condamné. Si le juge veut plaire à tous deux, il reçoit en présent la louange des hommes. Et ce présent qu’il accepte, voyez quel présent il lui fait perdre. Il reçoit une parole qui fait du bruit et qui passe, il perd la parole que l’on répète, qui ne passe point; car la parole de Dieu se dit toujours, sans passer jamais ; et la parole de l’homme s’évanouit, à mesure qu’on la profère. Il perd ce qui est immuable, pour avoir ce qui est futile. Mais s’il n’a que Dieu en vue, il prononcera une sentence contre l’un d’eux, tenant ses regards sur Dieu, qu’il écoute en jugeant ainsi. Quant à celui que condamne cette sentence, peut-être ne pourrait-il la faire cesser, surtout s’il n’est point du ressort du droit ecclésiastique, mais des lois des princes, ils ont la déférence envers l’Eglise a rendu lotis ses jugements irrévocables; mais s’il ne peut faire cesser la sentence, loin de jeter les veux sur lui-même, il les tourne aveuglément vers le juge, qu’il déchire de tout son pouvoir.  Il a voulu, dit-il, plaire à mon adversaire, il a favorisé le riche, il en a reçu des présents, il a craint de le blesser. Il accuse donc son juge d’avoir reçu des présents. Qu’un pauvre ait une affaire contre un riche, et que l’on prononce en faveur du pauvre; le riche tient le même langage. Il a reçu des présents. Quels présents peut faire un pauvre? Il a vu, dit-il, sa pauvreté, il a craint le blâme s’il jugeait au désavantage du pauvre, et voilà qu’il a étouffé la justice et porté une sentence contre la vérité. Si donc ces récriminations sont inévitables, comprenez que Dieu seul voit ceux qui reçoivent les présents et ceux qui les rejettent, et que devant lui seulement, ceux qui les refusent, peuvent dire : « Pour moi, j’ai marché dans l’innocence, délivrez-moi, prenez moi en pitié, mon pied est demeure dans la voie droite (Ps. XXV, 11, 12 ) ». Sans doute, j’ai pu être ébranlé par les scandales et les efforts de ceux qui se récriaient avec une téméraire audace contre mon jugement, mais « mon pied est demeuré dans le sentier droit ». Pourquoi, dans le chemin droit? parce qu’il avait dit plus haut: « J’espère dans le Seigneur, et je ne serai point ébranlé 1 ».

14. Quelle est sa conclusion? « Je vous bénirai,. Seigneur, dans les grandes assemblées 2 ». C’est-à-dire, ce n’est point moi que je bénirai dans les églises, comme si j’étais assuré des hommes, mais c’est vous que je bénirai par mes oeuvres: et bénir Dieu dans les assemblées, mes frères, c’est vivre de manière que les oeuvres de chacun soient une gloire pour le Seigneur. Bénir le Seigneur par la langue, et le maudire par des actes, ce n’est point le bénir dans les assemblées; presque tous le bénissent de la langue; mais pas tous par les oeuvres. Quelques-uns le bénissent en paroles, et d’autres par les actions. Mais ceux dont les actes sont en désaccord avec les paroles, font blasphémer le Seigneur. Et ceux qui n’entrent point dans l’Eglise, bien que le vrai motif qui les empêche d’être chrétiens, soit l’attachement pour leurs désordres, prennent pour excuse les mauvais chrétiens, et ils s’applaudissent, ils se trompent eux-mêmes en disant : Pourquoi m’exciter à devenir chrétien? Un chrétien m’a trompé, et moi, jamais; un chrétien s’est parjuré envers moi, et moi, jamais. Ce langage les détourne du salut, et c’est en vain, non-seulement qu’ils ont quelques qualités, mais qu’ils ne sont qu’à demi mauvais ; de même qu’un homme qui est dans les ténèbres ouvrira vainement les yeux, de même c’est en vain qu’il est en face de la lumière, s’il veut les fermer. C’est là l’image d’un païen, et j’en parle volontiers à cause de leur vie honnête en apparence; il ouvre les yeux, mais il est dans les ténèbres, parce qu’il ne connaît point le Seigneur qui est sa lumière; quant au chrétien qui vit dans le désordre, il est, je l’avoue, dans la lumière de Dieu, mais ses yeux sont fermés. Dans sa dépravation, il refuse de voir celui ami nom duquel il est, en plein jour, un aveugle, que ne vivifie aucun rayon de la véritable lumière. 

1. Ps. XXV, 1. — 2. Id. 22. 

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