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DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXI.SERMON AU PEUPLE, EN PRÉSENCE DE SÉVÈRE, ÉVÊQUE DE MILÈVE.LESPÉRANCE EN DIEU.
David porta ta douceur au point dépargner Saül qui cherchait à le tuer. Ce nom, qui signifie la main forte, fut porté par un guerrier qui détruisit ses ennemis, et qui fut la figure du Christ vajnqueur du diable et de ses anges. LEglise qui est le corps, le temple du Christ, combat pour lui ; elle a fait voeu dêtre sa cité, dêtre habitée par lui. Comme David ne voulait aucun repos avant davoir trouvé un lieu pour le Seigneur, et comme sil cherchait ce lieu en lui-même, ainsi fait tout homme qui enseigne le bien et le pratique. Ainsi en fait-il de tous ceux qui embrassèrent la foi et neurent plus quun coeur et quune âme, tandis que ceux qui cherchent leurs propres intérêts, rencontrent souvent le trouble et les procès. Abstenons-nous donc, sinon de toute possession, du moins de tout attachement aux possessions, de lamour de nous-mêmes. Tous les biens de cette vie ne sont que te rêve dun homme qui ne trouve plus rien à sou réveil. Le Prophète appelle tabernacle dia Seigneur lEglise militante, et sa maison la Jérusalem du ciel. Cette maison ou lEglise est en Ephrata on prophétisée, et drus les lieux incultes, chez les Gentils. Nous entrerons chez le Dieu de Jacob afin quil nous possède, et non afin de posséder notre héritage que nous dissiperions comme le prodigue. Nous adorerons le lieu où il a reposé ses pieds, cest-à-dire dans lhumilité, sans croire quil nous suffise dêtre enfants dAbraham selon la chair ; car il faut en faire les oeuvres, oeuvres surtout de charité ; que nos pieds soient affermie par lhumilité. Cest au Christ de sélever le premier, et à prendre son repos ; lEglise viendra ensuite, elle qui est larche de sa sanctification. Que les prêtres aient la justice, les saints la joie, mais ne détournez pas la face de vôtre Christ, cest-à-dire ne laissez psiut périr tout Israël, prière qui fut exaucée dans les apôtres, et dans les juifs qui se convertirent à la Pentecôte. Dieu change parfois ses oeuvres extérieures, mais jamais ses desseins. Or, son dessein est de mettre sûr le trône de David le Christ qui sortira de lui sans la participation daucun homme. Par les enfants des enfants de David, il faut entendre les bennes oeuvres de ces enfants, et sils sont réellement des hommes, ils ne pourront siéger sur te trône quà la condition de garder talliance de Dieu. Ce trône sera le nôtre, à la même condition. Cest en Sion que nous reposerons avec Dieu. Les vesves quil veut bénir sont les âmes qui ne comptent que sur lui, et tEgtise est une veuve que Dieu écoute, mieux que le juge inique de lEvangile ; les pauvres cernant rassasiés, sils ont faim et soif de ta justice ; les riches également, sils sont panures dans le même sens. Les prêtres seront revêtus du Christ, tes saints revêtus de joie, tous affermis dans le Christ qui sens sauve et nous gouverne.
1. Il eût été juste, mes bien-aimés, que notre frère, notre collègue dans lépiscopat, lui que nous voyons au milieu de nous tous, nous fil entendre sa parole. Cest une faveur quil ne nous a point refusée cependant, et quil na fait que différer. Jen donne avis à votre charité, afin que vous soyez avec moi témoins de sa promesse. Mais il nétait point hors de propos que je me soumisse le premier à son injonction. Il ma arraché, en effet, mon consentement, et a voulu être aujourdhui mon auditeur, à la condition que je serais ensuite le sien ; car unis par les lirns de la charité, nous sommes tous les auditeurs du Maître unique, dont la chaire est dans les cieux 1. Ecoutez donc avec attention le psaume que nous apporte aujourdhui lordre suivi dans nos explications. Il a aussi pour titre « Cantique des degrés », et il est un peu plus long que les autres. Nous nous arrêterons donc seulement quand nous y serons forcé, afin que, si Dieu nous en fait la grâce, nous
1. Matth, XXIII, 10.
puissions lexpliquer tout entier. Or, comme vous nêtes plus ignorants au point que nous devions tout éclaircir, cest à vous de nous aider, en vous rappelant nos entretiens passés, afin que je ne sois pas forcé de vous expliquer tout, comme si vous lignoriez encore. Sans doute, nous devons être toujours nouveaux, parce que le vieil homme ne doit point se glisser en nous ; mais il faut croître, il faut progresser. A propos du progrès, lApôtre nous dit: « Bien que lhomme extérieur se détériore en nous, lhomme intérieur se renouvelle de jour en jour 1». Que le progrès en nous ne consiste pas à passer de lhomme nouveau au vieil homme, que la nouveauté, au contraire, aille en croissant. 2. « Seigneur, souvenez-vous de David et de toute sa douceur, souvenez-vous du serment quil fit au Seigneur, du voeu quil fit au Dieu de Jacob 2 ». David, ainsi que nous lapprend lhistoire, était homme, roi dIsraël, fils de Jessé. Il était doux, selon la remarque
1. II Cor. IV, 16. 2. Ps. CXXXI, I, 2.
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de lEcriture qui relève en lui cette vertu, et sa douceur fut portée au point quil rendit le bien pour le mal à Saül qui le persécutait 1. Il pratiqua envers lui lhumilité, jusquà lappeler roi, et se dire lui-même un chien. Et quoique devant Dieu il fût plus grand que ce roi, il neut pour lui ni fierté, ni hauteur; mais il cherchait plutôt à lapaiser par son humilité, quà lirriter par son orgueil. Il eut même Saül en sa disposition, et Dieu le lui livra, afin quil en fît ce quil voulait. Mais parce quil navait point reçu lordre de le faire mourir, que Saül était seulement en son pouvoir, et un homme cependant peut user de sa puissance, il aima mieux user en douceur du pouvoir que Dieu lui avait donné. En lui donnant la mort, il se serait délivré dun violent ennemi, mais eût-il pu dire : « Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à ceux qui nous doivent 2 ?» Saül entra dans une caverne où était David, sans savoir que David y fût 3; il y venait pour se reposer. Or, David se leva doucement derrière lui et sans être aperçu, puis il coupa un morceau de son vêtement, afin de le lui montrer ensuite, et de lui faire comprendre que, layant eu entre les mains, cétait volontairement et non par nécessité quil lavait épargné et ne lui avait point donné la mort. Cest peut-être cet acte de douceur quil fait valoir maintenant quand il dit : « Seigneur, souvenez-vous de David et de toute sa mansuétude ». Ce que je vous en dis, mes frères, cest ce qui est consigné dans les saintes Ecritures. Toutefois, dans les psaumes comme dans toute prophétie, il est de coutume de ne point sarrêter à la lettre, mais de chercher les figures, au moyen du sens littéral. Et votre charité sait bien que dans tous les psaumes, cest un homme que nous entendons parler, et que cet homme unique a une tête et un corps la tête est dans les cieux, le corps est sur la terre ; mais où est la tête, le corps doit aller à son tour. Je nindique point ici quelle est la tête, ou quel est le corps, je parle à des chrétiens instruits. 3. Cest donc lhumilité de David, la douceur de David que notre psaume chante ici en disant à Dieu : «Seigneur, souvenez-vous de David et de toute sa mansuétude ». Dans quelle fin, « Seigneur, vous souviendrez-vous de David ? Souvenez-vous quil jura devant
1. I Rois, XIV, 4, etc. 2. Matth. VI, 12. I Rois, XXIV, 4.
le Seigneur, quil fit un voeu, au Dieu de Jacob ». Souvenez-vous-en, Seigneur, afin quil accomplisse la promesse quil à faite. David fait une promesse quil peut accomplir, et néanmoins il supplie le Seigneur daccomplir le voeu quil a fait. Il y a de la ferveur dans son voeu, mais de lhumilité dans sa prière. Que nul ne compte sur ses forces pour accomplir ce quil a promis. Dieu qui lengage à faire des voeux, laide aussi à les accomplir. Voyons donc ce quil a promis par son voeu, et nous comprendrons comment nous devons voir en David une figure. Le nom de David signifie, qui est fort de la main. Or, David était un grand guerrier. Plein de confiance dans le Seigneur son Dieu, il termina heureusement toutes ses guerres, et détruisit tous ses ennemis. Dieu le protégea selon quil était nécessaire pour le bien de ses Etats; et nous montrait, sous la figure de ce roi, celui dont la main forte devait terrasser dans ses ennemis, le diable et ses anges. Car tels sont les ennemis que renverse lEglise. Et par quel moyen? Par sa douceur; et ce fut par sa douceur que notre roi put vaincre le diable. Celui-ci semportait, celui-là supportait. Celui qui semportait fut vaincu, celui qui supportait fut vainqueur. Cest par la même douceur que lEglise , qui est le corps du Christ, triomphe de ses ennemis. Que sa main soit forte, quelle triomphe en agissant. Mais comme elle est le corps du Christ, elle est aussi un temple, une maison, une cité et celui qui est la tête de ce corps, habite aussi cette maison, sanctifie ce temple, règne dans la cité. Voilà tout ce quest lEglise, et ce quest aussi le Christ. Quel voeu donc avons-nous fait à Dieu, sinon dêtre son temple ? Nous ne pouvons rien lui offrir de plus agréable, que de dire avec le prophète Isaïe 1 : « Possédez-nous ». En fait de biens terrestres, cest faire une faveur à un père de famille que lui donner quelques terres à posséder : il nen est pas de même dans lEglise : cest à lhéritage même quil est avantageux dêtre possédé par Dieu. 4. Que signifie donc cette parole : « Il a juré devant le Seigneur, il a fait un voeu au Dieu de Jacob? » Voyons quel est ce voeu. Jurer, cest donner plus de force à une promesse. Considérez le voeu de David, avec quelle ardeur, quel transport damour, quel
1. Isa. XXVI, 13.
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brûlant désir, il lavait fait, et cependant il implore le secours du Seigneur afin de laccomplir: « Seigneur, souvenez-vous de David et de toute sa douceur ». Cest dans cette mansuétude quil a fait un voeu à Dieu, afin dêtre son temple. « Je nentrerai pas dans mon palais, je ne monterai point sur mon lit de repos ; je ne donnerai pas le sommeil à mes yeux». Cest peu selon lui de refuser le sommeil à ses yeux, et il ajoute : «Ni lassoupissement à mes paupières, ni le repos à mes tempes, jusquà ce que jaie trouvé une demeure au Seigneur, un tabernacle au Dieu de Jacob 1 ». Où cherchait-il un lieu pour le Seigneur? Sil avait la douceur, cétait en lui quil le cherchait. Comment pouvait-il être un lieu pour le Seigneur ? Ecoute le Prophète : « Sur qui reposera mon Esprit? Sur celui qui est humble et tranquille, et redoutant ma parole 2». Veux-tu être une demeure pour le Seigneur? Sois humble, calme, redoutant sa parole, et tu seras ce que tu cherches, Si ce que tu cherches ne seffectue en toi-même, de quoi te servira quil seffectue en un autre? Quelquefois, il est vrai, Dieu se sert dun prédicateur pour opérer le salut dun autre, et de cet autre seulement , si ce prédicateur se contente de dire sans pratiquer ; et ainsi sa langue prépare à Dieu une demeure chez un autre, mais lui-même nest point cette demeure. Mais lhomme qui pratique le bien quil enseigne, et qui lenseigne en le pratiquant, devient lui-même la demeure de Dieu, de même que lhomme quil enseigne; car tous ceux qui croient ne font quune seule demeure pour Dieu. Car Dieu habite le coeur, et tous ceux qui sont unis par la charité nont quun même coeur. 5. Combien de milliers dhommes embrassèrent la foi, mes frères, quand ils apportaient aux pieds des Apôtres les biens quils avaient vendus 3! Mais que dit lEcriture à leur sujet? Ils devinrent sans aucun doute le temple de Dieu; et non-seulement chacun deux était le temple du Seigneur, mais ils létaient tous ensemble. Ils étaient donc la demeure du Seigneur. Et pour vous montrer quils ne formaient tous ensemble quun seul temple de Dieu, voilà que lEcriture nous dit: « Ils navaient tous en Dieu quun seul « coeur et quune seule âme 4». Mais
1. Ps. CXXXI, 3-5. 2. Isa. LXVI, 2. 3. Act. IV, 35. Id. 13. 32.
plusieurs ne préparent point en eux une demeure pour Dieu, parce quils recherchent leurs propres intérêts, aiment ce qui leur appartient, se réjouissent dêtre puissants, naspirent quà leur bien propre. Mais lhomme qui veut préparer en lui une demeure à Dieu, doit se réjouir du bien de tous, et non de son propre bien. Cest ce que firent les premiers fidèles à légard de leurs biens, ils en firent les biens de tous. Mais était-ce là perdre ce qui était à eux? Sils eussent possédé seuls, et que chacun eût possédé son bien propre, il neût possédé que sa seule propriété; mais en rendant commun ce qui lui appartenait en propre, il faisait que tout ce qui appartenait aux autres était aussi à lui. Que votre charité veuille bien écouter. Cest des biens que nous possédons en propre que naissent les procès, les inimitiés, les discordes, les guerres entre les hommes, les tumultes, les dissensions, les scandales, les injustices, les homicides. De quels biens? Des biens que nous possédons en propre. Est-ce pour les biens que nous avons en commun quil y a des procès? Lair, nous le possédons en commun; le soleil, nous le voyons en commun. Bienheureux ceux qui préparent une demeure à Dieu, de manière à ne point jouir de leur bien propre. Tel est donc létat que décrivait le Prophète en disant: « Je nentrerai point dans le tabernacle de ma maison ». Cétait là un bien particulier, et il savait que ce bien particulier lempêchait de préparer en lui-même une demeure à Dieu, et il énumère tout ce qui lui est propre : « Je nentrerai point dans le tabernacle de ma maison jusquà ce que jaie trouvé ». Et quand vous aurez trouvé une demeure pour Dieu, ô Prophète, entrerez-vous donc dans votre maison? Ou bien ne ferez-vous pas votre maison de ce lieu où vous aurez trouvé une demeure pour Dieu? Pourquoi? Parce que vous serez vous-même la demeure du Seigneur, et que vous serez dans lunité avec ceux qui sont sa demeure. 6. Abstenons-nous donc, mes frères, de toute possession privée, ou du moins de tout attachement, sinon de toute possession, et nous préparons une demeure à Dieu. Cest beaucoup pour moi, dit quelquun. Or, vois qui tu es pour préparer une demeure à Dieu. Mais si quelque sénateur, ou même, sans être sénateur, si lintendant de quelque puissant du siècle voulait demeurer chez toi et te (104) disait: Voilà tel objet qui me blesse; quand même cet objet te plairait, tu lenlèverais afin de ne point blesser un homme dont tu brigues lamitié. Or, de quoi peut te servir lamitié dun homme? Peut-être ny a-t-il aucune protection à espérer, et quun danger à courir. Plusieurs en effet ne couraient aucun danger avant dêtre liés avec des grands, et nont trouvé que de plus grands périls dans ces liaisons tant ambitionnées, Mais désire en toute sécurité lamitié du Christ. Il veut loger chez toi; fais-lui une place. Quest-ce à dire : Fais-lui une place? Aime-le sans taimer toi-même. Taimer toi-même, cest lui fermer la porte. Laimer, cest au contraire la lui ouvrir. Si tu lui ouvres, et quil entre, tu ne périras pas en taimant, puisque tu seras avec celui qui taime. 7. « Je nentrerai point dans ma maison, je ne monterai point sur mon lit de repos». Un bien privé, quand un homme y trouve son repos, donne de lorgueil; aussi le Prophète nous dit-il : « Je ne monterai point ». Quun homme, en effet, possède un bien propre, il en devient nécessairement orgueilleux. Il veut sen prévaloir contre un autre, et tous deux ne sont que chair. Hélas ! mes frères, quest-ce que lhomme? Un peu de chair, Et quest-ce que lautre homme? Encore un peu de chair. Et toutefois la chair dun riche sélève contre la chair dun pauvre, comme si cette chair avait apporté quelque chose en naissant, ou devait emporter quelque chose à la mort. Tout son avantage nest quune plus grande enflure. Mais celui qui veut trouver une demeure pour le Seigneur lui dit : « Je ne monterai point sur la couche de mon repos». 8. « Je ne donnerai point de sommeil à mes yeux». Il en est beaucoup qui dorment sans préparer un lieu au Seigneur. Et voilà que lApôtre les réveille : « Levez-vous, ô vous qui dormez, sortez dentre les morts, et le Christ vous illuminera 1 ». Et dans un autre endroit : « Nous qui sommes enfants de la lumière, veillons et soyons sobres : car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui senivrent, senivrent la nuit 2 ». Il entend par la nuit, liniquité dans laquelle sendorment ceux qui désirent les biens terrestres. Or, toutes ces félicités qui brillent en ce monde ressemblent aux songes dhommes
1. Ephés. V, 1.4. 2. I Thess. V, 5.7
endormis. Et de même qui voit en songe un trésor, est riche durant son sommeil; mais à peine est-il éveillé quil redevient pauvre: de même toute la joie que donnent les biens de ce monde nest que la joie dun songe; ces hommes endormis séveilleront contre leur gré sils ne savent point séveiller quand il en est temps, et ils verront que tout cela nétait quun songe qui sest évanoui, selon le mot de lEcriture : « Comme le songe dun homme qui séveille 1 ». Et ailleurs : « Ces hommes ont dormi leur sommeil, et nont o plus rien trouvé dans leurs mains de toutes leurs richesses 2. Ils ont dormi leur sommeil», le sommeil est passé, «et ils nont plus rien trouvé dans leurs mains », parce que dans leur sommeil ils ne voyaient que des richesses passagères. Ainsi donc doit parler celui qui veut trouver en lui une place pour le Seigneur: « Je ne donnerai aucun sommeil à mes yeux ». Or, il en est qui ne dorment pas, mais qui sommeillent. Ils se désaffectionnent quelque peu des choses temporelles, puis sen rapprochent bientôt; ils laissent aller leur tête comme dans lassoupissement. Eveille-toi, dissipe ton sommeil; car ce sommeil amènera ta chute. Le Psalmiste veut refuser le sommeil à ses yeux, lassoupissement à ses paupières, afin de trouver une place au Seigneur. 9. « Ni repos à mes tempes », dit encore le psaume. Cest du repos. des tempes que le sommeil vient aux yeux; car les tempes environnent les yeux. Quand le sommeil arrive, il appesantit les tempes; et cest dans les tempes que lon sent une pesanteur quand lon va dormir; et quand cette pesanteur devient sensible, le sommeil est bien proche; et y laisser aller ses yeux, cest donner du repos aux tempes, et le sommeil vient; tandis que refuser aux tempes ce même repos, cest chasser le sommeil. Dès lors quun objet temporel te devient agréable et te porte au péché, voilà que tes tempes salourdissent. Veux-tu téveiller, ne point dormir, pas même sommeiller? Ne te livre point à ce plaisir, car tu y trouveras plus damertume que de charmes. Avec ces pensées, tu frottes pour ainsi dire ton front, dissipant ton sommeil et préparant une place au Seigneur. 10. « Jusquà ce que je trouve un lieu au Seigneur, un tabernacle au Dieu de Jacob».
1. Ps. LXX, I, 20. 2. Id. LXXV, 6.
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Il est vrai quon appelle quelquefois tabernacle de Dieu la maison de Dieu, et maison de Dieu le tabernacle de Dieu ; cependant, mes frères, à proprement parler, le tabernacle de Dieu serait lEglise en cette vie, et la maison de Dieu la céleste Jérusalem, où nous irons un jour. Car, le mot de tabernacle ou de tente rappelle des soldats en campagne, en guerre; les soldats ont des tentes quand ils font des sièges, des expéditions; de là ce mot de contubernales, donné aux soldats qui habitent sous la même tente. Tant que nous avons un ennemi à combattre, nous sommes sous la tente avec Dieu. Mais quand le temps du combat sera passé, quand sera venue cette paix qui est au-dessus de tout ce que nous pouvons comprendre, selon le mot de saint Paul : « La paix de Dieu qui est au-dessus de toute intelligence 1» ; quelque effort, en effet, que fasse notre pensée, elle ne saurait comprendre cette paix, tant que notre esprit est sous le poids de notre corps: quand donc sera venue cette paix, nous serons alors dans la maison, et comme nul adversaire ne nous attaquera, nous naurons plus besoin de tente. Nous ne marcherons plus au combat, nous demeurerons pour louer Dieu. Quest-il dit, en effet, à propos de cette maison ? « Bienheureux ceux qui habitent votre maison, ils vous loueront dans les siècles des siècles 2 ». Nous gémissons sous la tente, nous bénirons Dieu dans la maison. Pourquoi? Parce que cest le propre des exilés de gémir, le propre de ceux qui sont dans la patrie de louer Dieu. Mais dabord, cherchons ici-bas une tente au Dieu de Jacob. 11. «On nous a dit quelle était en Ephrata». Qui « Elle ? » La demeure de Dieu. « On nous a dit quelle était en Ephrata; nous lavons trouvée dans les campagnes boisées 3 ». La-t-il trouvée à lendroit quon lui avait indiqué; ou bien a-t-il entendu un endroit, et la-t-il trouvée dans un autre? Dabord, cherchons ce que signifie Ephrata quon lui a indiqué, puis nous chercherons ces campagnes des forêts où il a trouvé la demeure de Dieu. Ephrata est un mot hébreu qui signifie miroir, si nous en croyons à ceux qui nous ont laissé linterprétation des mots hébreux pour nous en donner lintelligence; car ils ont dabord traduit lhébreu en grec, puis le grec a été traduit en latin. Plusieurs,
1. Philipp. IV, 7. 2. Ps. LXXXIII, 5. 3. Id. CXXXI, 6.
en effet, se sont appliqués à létude approfondie des Ecritures. Si donc Ephrata signifie miroir, cest dans un miroir que lon a entendu parler de cette habitation trouvée dans les campagnes boisées. Or, le miroir reflète une image. Et toute prophétie est une image de lavenir. Cette maison future de Dieu nous a donc été prédite sous une image prophétique. Car, on nous en a parlé dans un miroir, cest-à-dire, « nous en avons ouï parler en Ephrata. Nous lavons trouvée dans les campagnes boisées ». Quelles sont ces campagnes boisées? des champs pleins de bois; non point de ces bois dont on dit: cette forêt a tant darpents. Mais un lieu boisé est un lieu inculte et sauvage. On trouve, dans certains exemplaires, des lieux sauvages. Quelles étaient donc ces campagnes boisées, sinon les nations incultes? Quelles étaient ces campagnes boisées, sinon ces campagnes couvertes des broussailles de lidolâtrie? Et néanmoins, dans ces broussailles de lidolâtrie, nous avons trouvé un lieu pour le Seigneur, une tente pour le Dieu de Jacob. « Ce que nous avons entendu dans Ephrata, nous lavons trouvé dans les campagnes boisées » ; ce qui a été prêché en figure aux Juifs a été manifesté aux Gentils par la foi. 12. « Nous entrerons dans ses tabernacles 1 ». Dans les tabernacles du Dieu de Jacob. Ceux qui entrent pour habiter sont aussi ceux qui entrent pour être habités eux-mêmes. Tu entres dans ta maison pour lhabiter, dans celle de Dieu pour être habité. Dieu vaut mieux quune maison, et quand il aura commencé à habiter en toi, il te donnera le bonheur. Et sil nhabite en toi, tu seras malheureux. Il voulut sappartenir, ce fils qui dit dans lEvangile : « Donnez-moi la portion de lhéritage qui doit méchoir 2». Cette part se pouvait conserver entre les mains de son père, et neût pas été dissipée avec les femmes de mauvaise vie. Il reçut donc cette part qui fut mise en son pouvoir ; et il sen alla dans un pays lointain la dissiper avec des prostituées. Puis il souffrit la faim, se souvint de son père, retourna vers lui afin de se rassasier de son pain. Entre donc dans cette maison afin dêtre habité, de nêtre point à toi, mais à Dieu. « Nous entrerons dans ses tabernacles». 13. «Nous adorerons dans le lieu où ses pieds
1. Ps. CXXXI, 7. 2. Luc, XV 12.
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se sont reposés ». Les pieds de qui? Du Seigneur, ou de la maison du Seigneur? Car le lieu où le Prophète nous dit quil faut ladorer, cest la maison du Seigneur. « Nous adorerons dans le lieu où ses pieds se sont reposés ». Ce nest que dans sa maison que le Seigneur nous exauce pour la vie éternelle. Or, celui-là fait partie de la maison du Seigneur, qui est lié par la charité aux pierres vivantes qui la composent. Mais celui-là tombe, qui na point la charité, et la maison nen demeure pas moins après sa chute. Que nul nose menacer cette maison, quand il commence à en devenir une pierre en quelque sorte, et quil veut tomber, comme si lon pouvait nuire à cette maison. Tel fut lorgueil qui sempara du premier peuple juif, et lui fit dire que le Seigneur, qui avait fait à Abraham son père de si magnifiques promesses relativement à sa postérité, ne saurait y manquer; et tranquilles sur cette promesse de Dieu, ils commettaient toutes sortes de désordres, dans la persuasion quil leur pardonnerait leurs péchés, non point en considération des mérites de ces criminels, mais en considération des mérites dAbraham, dont tous les enfants, quelle que soit leur dépravation, seraient néanmoins rassemblés pour lui former une maison déternelle durée. Mais que dit Jean? « Race de vipères 1 ». Ces enfants dAbraham venaient à lui pour recevoir le baptême de la pénitence, et il ne leur dit point : race dAbraham, mais race de vipères. Car ils ressemblaient à ceux quils imitaient. Dès lors, ils nétaient plus enfants dAbraham, mais enfants des Amorrhéens, des Chananéens, des Gergéséens, dès Jébuséens,. et de tous ceux qui péchaient contre Dieu. Ils en étaient les fils, puisquils en imitaient les actions. « Race de vipères donc, qui vous a enseigné à fuir la colère à venir ? Faites de dignes fruits de pénitence, et ne dites point: Nous avons Abraham pour père ; car Dieu peut, de ces pierres, susciter des enfants dAbraham 2». En parlant de la sorte, Jean voyait sans doute quelques pierres dans les campagnes boisées, et desquelles surgirent des enfants dAbraham. Car ces fils dAbraham sont bien plus ceux qui ont imité ses vertus, que ceux qui sont nés de sa chair. Que personne dès lors ne menace la maison de Dieu, en disant: Je me retire et la maison tombera.
1. Matth. III, 7. 2. Id. 8, 9.
Il lui est avantageux dentrer dans le, corps de lédifice et davoir la charité ; car sil tombe, la maison nen subsistera pas moins. Cest pourquoi, mes frères, la maison de Dieu subsiste dans ceux quil a prédestinés, et dont il a prévu la persévérance. Cest deux quil est dit: « Où ses pieds se sont reposés ». Il en est, en effet, qui ne persévèrent point, et en qui ne reposent point ses pieds. Ils ne sont donc point de lEglise, et nappartiennent point à ce qui est aujourdhui le tabernacle, et plus tard le palais. Mais où se sont reposés les pieds du Seigneur? « Parce que liniquité abonde », nous dit le Sauveur, « la charité de plusieurs se refroidira1». Or, ses pieds ne se reposent point en ceux dont la charité se refroidit. Mais que dit ensuite le Sauveur? « Celui qui persévérera jusquà la fin sera sauvé 2 ». Cest en ceux-là que se reposent ses pieds : cest là que tu dois adorer, cest-à-dire, sois de ceux en qui se reposent les pieds du Seigneur. 14. Mais si dans cette parole : « Où se sont arrêtés ses pieds », tu veux voir les pieds de la maison elle-même : que tes pieds demeurent fermes dans le Christ; et tes pieds seront fermes dans le Christ, si tu persévères en lui. Quest-il dit, en effet, du diable ? « Celui-là est homicide dès le commencement, et il nest point demeuré ferme dans la vérité 3». Ses pieds donc ne se sont point arrêtés. De même il est dit des orgueilleux : « Que le pied de lorgueil ne me heurte point, que la main des pécheurs ne mébranle point. Là sont tombés ceux qui commettent liniquité, ils ont été repoussés, et nont pu demeurer fermes 4 ». Ils forment donc la maison de Dieu, ceux dont les pieds sont fermes. Aussi, que dit Jean dans ses transports de joie: « Lépoux est celui à qui est lépouse; mais lami de lépoux est celui qui se tient debout et qui écoute ». Sil ne demeure ferme, il ne lécoute pas. « Cet ami est plein de joie à la voix de lépoux 5». Cest avec raison quil demeure ferme, puisquil se réjouit à la voix de lépoux ; car il tomberait bientôt sil se réjouissait de sa propre voix. Vous comprenez dès lors pourquoi sont tombés ceux qui ont mis leur joie dans leur propre parole. Cet ami de lépoux disait: « Cest là celui qui baptise ». Il en est qui disent : Cest nous
1. Matth. XXIV, 12. 2. Id. 13. 3. Jean, VIII, 44. 4. Ps. XXXV, 12, 13 5. Jean, III, 29. 6. Id. I, 33.
qui baptisons. Mais dans lenivrement de leur parole ils nont pu tenir fermes; et dès lors ils nappartiennent pas à cette maison dont il est dit : « Là se sont reposés ses pieds ». 15. « Levez-vous, Seigneur, entrez dans votre repos 1 ». Cest au Christ endormi que lon dit: « Levez-vous ». Car vous savez qui n dormi, et qui sest levé ensuite. Cest lui qui dit en certain endroit des psaumes : « Jai dormi tout agité 2 ». Cest donc avec raison quon lui dit : « Levez-vous, Seigneur, pour votre repos ». Vous ne serez plus agité : « Car le Christ ressuscitant dentre les morts, ne meurt plus, la mort naura plus aucune puissance sur lui 3 ». Cest lui qui dit encore dans un autre psaume : « Jai dormi, jai sommeillé, et je me suis levé, parce que le Seigneur ma pris sous sa garde 4 ». Cest donc à celui qui a dormi, que lon dit ici : « Levez-vous, Seigneur, entrez dans votre repos, vous et larche de votre sainteté ». Cest-à-dire : Levez-vous afin que se lève aussi larche de sainteté, que vous avez sanctifiée. Il est notre chef, son arche est son Eglise : il sest levé le premier, et lEglise se lèvera ensuite. Or, le corps noserait se promettre de ressusciter si la tête ne lavait fait la première. « Levez-vous, Seigneur, pour votre repos, vous et larche de votre sanctification ». Quelques-uns ont prétendu que cette arche de la sanctification désignait le corps du Christ né de la Vierge Marie; en sorte que cette invitation : « Levez-vous, Seigneur, vous et larche que vous avez sanctifiée », signifierait: Levez-vous avec votre corps, afin que les incrédules puissent le toucher. « Levez-vous, Seigneur, pour votre repos, vous et larche de votre sainteté ». 16. « Que vos prêtres soient revêtus de justice, et vos saints dans la joie 5 » . Quand vous vous lèverez dentre les morts, pour aller à votre Père, que ce sacerdoce royal soit revêtu de foi, car « cest de la foi que vit le juste 6»; et quaprès avoir reçu le gage de lEsprit-Saint, les membres se réjouissent dans lespérance de la résurrection, qui a précédé dans le chef; puisque cest à eux que lApôtre a dit : « Réjouissez-vous dans lespérance ». 17. « A cause de David votre serviteur, ne détournez point les regards de votre
1. Ps. CXXXI, 8. 2. Id. LVI, 5. 3. Rom. VII, 9. 4. Ps. III, 6. 5. Id. CXXXI, 9. 6. Rom. I, 17. 7. Id. XII, 12,
Christ 1». Cest au Père que lon dit : « Ne détournez point la face de votre Christ, en considération de David votre serviteur ». Car le Seigneur a été crucifié en Judée, et crucifié par les Juifs; cest pendant quils le troublaient quil a dormi. Après avoir dormi entre les mains de ces furieux, il sest levé pour les juger; et il a dit en quelque endroit: « Ressuscitez-moi, et je me vengerai deux 2 ». Il sest vengé déjà, et doit se venger encore. Les Juifs savent bien ce quils ont souffert après avoir fait mourir le Seigneur. lis ont été bannis complètement de cette ville où ils lavaient mis à mort. Mais quoi! tous ceux de la race de David, de la tribu de Juda, ont-ils donc péri? Non, car plusieurs dentre eux embrassèrent la foi, cest de là que sortirent ces milliers dhommes qui crurent en Jésus-Christ après sa résurrection. Ils semportèrent jusquà le crucifier, et quand ils virent les miracles qui sopéraient au nom du crucifié, ils nen furent saisis que dune plus grande. frayeur, en voyant éclater la puissance de celui qui avait paru si faible entre leurs mains : et alors touchés de componction, ils crurent que la divinité était vraiment cachée dans cet homme 3 quils avaient regardé comme un autre homme, puis ils demandèrent conseil aux Apôtres. « Faites pénitence, leur fut-il répondu, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ notre Seigneur 4 ». Cest donc parce que le Christ est ressuscité pour juger ceux qui lont crucifié, et quil a détourné son visage des Juifs, pour le tourner vers les Gentils, que le Prophète paraît le supplier en faveur des restes dIsraël, en disant: « A cause de David votre serviteur, ne détournez point la face de votre Christ ». Si la paille est condamnée, que le bon grain soit recueilli. Que les restes soient sauvés 5, comme le dit Isaïe. Or, ces restes ont été sauvés, puisque cest de là que vinrent les douze Apôtres, et ces frères au nombre de plus de cinq cents à qui le Seigneur se montra après sa résurrection 6; de là ces milliers dhommes qui se firent baptiser et apportèrent aux pieds des Apôtres le prix de leurs biens 7. Ainsi donc fut accomplie cette prière que le Prophète adresse au Seigneur : « A cause de David votre serviteur ne détournez point la face de votre Christ ».
1. Ps. CXXXI, 10. 2. Id. XI, 11. 3. Act. II, 37. 4. Id. 38. 5. Isa. X, 21. 6. Rom. IX, 27 ; I Cor. XV, 6. 7. Act. II, 41; XV, 34.
108
18. « Le Seigneur a juré à David dans sa vérité, et il ne sen repentira point 1 ». Quest-ce à dire : « Il a juré? » Il a confirmé sa promesse par lui-même. Quest-ce à dire: « Il ne sen repentira point? » Il ne changera point. Car Dieu nest touché daucune douleur de repentir, et il ne se trompe en rien, pour avoir besoin de corriger ses actes. Mais de même que chez lhomme le repentir lui fait changer ses actes, de même quand on dit que Dieu se repent, on doit attendre quelque changement. Mais ce changement se fait autrement en Dieu, bien quil conserve le nom de repentir, et autrement en toi. Tu le fais, toi, parce que tu tes trompé; mais Dieu le fait, parce quil veut châtier ou délivrer. Quand il se repentit davoir élevé Saül à la royauté, il le changea, ainsi, quil est écrit. Et dans le même endroit lEcriture dit: « Il se repentit » ; et néanmoins un peu après elle ajoute que « Dieu nest point semblable à lhomme pour se repentir 2 ». Dès lors quand, par le conseil de son immuable sagesse, il vient à changer ses oeuvres, ce changement non dans ses desseins, mais dans ses oeuvres, se nomme repentir. Mais la promesse faite à David ne doit point être changée. De même quil est dit encore : « Le Seigneur la juré, et ne sen repentira point : tu es prêtre pour léternité selon lordre de Meichisédech 3 ». De même, comme la promesse quil a faite est sans changement, et doit nécessairement subsister à jamais, le Prophète a dit : « Le Seigneur a juré à David dans sa vérité et il ne sen repentira point; je mettrai sur ton trône le fruit de tes entrailles 4 ». Le Prophète pouvait dire tout aussi bien: Le fruit de tes reins; pourquoi dès lors a-t-il voulu dire, « le fruit de tes entrailles? ». En parlant ainsi il eût dit vrai; mais il a préféré dire « le fruit de vos entrailles », afin de nous mieux préciser que le Christ est né dune femme sans la participation daucun homme. 19. Pourquoi donc? « Le Seigneur a juré à David dans sa vérité: Je placerai sur ton trône le fruit de tes entrailles; si tes enfants gardent mon alliance, et mes témoignages que je leur enseignerai, leurs enfants seront à jamais assis sur ton trône ». Si tes enfants sont fidèles à mon alliance, leurs enfants seront osais à jamais. Les pères méritent pour
1. Ps. CXXXI, 11. 2. I Rois, XV, 11, 29. 3. Ps. CLX, 4. Id. CXXXI, 12.
les enfants. Mais quarriverait-il, si les fils de David gardaient lalliance, et non les petits-fils? Pourquoi le bonheur des enfants est-il dû aux mérites des pères? Que dit en effet le Prophète? « Si tes enfants gardent mes témoignages, leurs enfants seront assis pour léternité ». Il ne dit point : Si tes enfants gardent mon alliance, ils sassiéront sur ton trône; et si leurs enfants la gardent à leur tour, ils seront de même assis sur ton trône; mais il dit: « Si tes enfants gardent mon alliance, leurs enfants seront assis sur ton trône ». A moins que le Prophète, par leurs enfants, nentende leurs oeuvres. « Si tes enfants », est-il dit, « gardent ma loi, et les préceptes que je leur enseignerai, leurs enfants seront assis sur ton trône » ; cest-à-dire, le fruit de leurs oeuvres sera de sasseoir sur ton trône. Maintenant, en effet, mes frères, nous tous qui travaillons dans le Christ, nous tous qui tremblons à sa parole, qui nous efforçons par tous les moyens daccomplir sa volonté, qui gémissons en lui demandant de nous aider à pratiquer ce quil commande, sommes-nous donc assis déjà sur ces trônes de félicité qui nous sont promis? Nullement; mais dans lespérance de cet avenir nous observons les préceptes. Cest à cette espérance que lon donne le nom de fils, puisque pour lhomme qui vit ici-bas, lespérance est dans les enfants, le fruit dans les enfants encore. Aussi pour abriter leur avarice, les hommes disent-ils quils font des économies pour leurs enfants : leur refus à quelque pauvre est couvert du voile de la piété, car leurs enfants sont leur espérance. Car tous les hommes qui vivent selon lesprit du monde, ont lespoir, disent-ils, davoir des enfants, de les laisser après eux. Cest dans ce sens que le Prophète donnerait le nom de fils à leur espérance, quand il dit : « Si vos enfants gardent mon alliance et les préceptes que je leur enseignerai, leurs fils seront assis éternellement sur votre trône »; cest-à-dire que leur fidélité portera des fruits tels que leur espérance ne sera point illusoire, et quils arriveront où ils espèrent arriver. Donc ici-bas les hommes qui ont de lespérance dans lavenir, sont en quelque sorte des pères; et ils sont comme des enfants quand ils ont acquis ce quils espéraient, et ont en quelque sorte enfanté, engendré par leurs oeuvres ce quils possèdent. Cest là ce qui (109) leur est réservé pour après eux, puisque le nom de postérité, ou ceux daprès, désigne ordinairement les enfants. 20. Mais si par enfants vous voulez entendre des hommes, il faut leur appliquer aussi ces paroles : « Si tes enfants gardent mon alliance et les préceptes que je leur enseignerai », en sorte que tel serait le sens : « Si tes enfants gardent mon alliance et les préceptes que je leur enseignerai, ainsi que leurs enfants», sils les gardent également; en sorte quil y aurait une distinction, et que la promesse de sasseoir sur le trône serait pour les enfants de David, et les enfants de ces enfants, mais à la condition que tous garderont ces préceptes. Quarrivera-t-il donc, sils ne les gardent point? La promesse de Dieu sera-t-elle donc nulle? Point du tout. Le Prophète na parlé de la sorte, na fait cette promesse, que dans la prévision de Dieu; et quest-ce qua prévu Dieu, sinon quils croiront ? Et afin que nul ne crût quil pouvait se soulever contre les promesses de Dieu, comme sil dépendait de lui que cette promesse divine fût accomplie ou non, voilà que le Prophète nous dit que Dieu a promis avec serment, ce qui montre que laccomplissement est infaillible. Pourquoi néanmoins dire : « Sils gardent? » Afin que la promesse de Dieu ne te donne aucune présomption, et ne te porte à négliger son alliance. La garder, cest être fils de David; la négliger, cest nêtre plus fils de David ; et Dieu na rien promis quaux fils de David. Tu ne saurais dire : Je suis fils de David, si tu es dégénéré. Les Juifs ne sauraient sappeler ainsi, quoique nés de sa race. Ils le font, il est vrai, mais cest une folie. Car le Seigneur leur a porté ce défi: « Si vous êtes les enfants dAbraham, faites les oeuvres dAbraham 1 ». Il leur en refusait le nom, parce quils nen imitaient pas les oeuvres. Comment nous appeler fils de David, nous qui ne sommes point de sa lignée selon la chair? Nous ne pouvons être ses fils quen imitant sa foi, quen servant Dieu comme il la servi. Si donc tu ne veux acquérir par de saintes actions ce que tu ne saurais espérer par la naissance, comment saccomplira pour toi la promesse de tasseoir sur le trône de David? Et si elle nest accomplie en toi, crois-tu quelle sera sans effet? Comment Dieu trouvera-t-il sa demeure
1. Jean, VIII, 39.
dans les campagnes boisées? Comment ses pieds pourront-ils demeurer fermes? Quel que tu sois, cette maison subsistera. 21. « Car le Seigneur a choisi Sion, il la choisie pour en faire son habitation 1 ». Sion, cest lEglise, cest la Jérusalem den haut, la cité de la paix, à laquelle nous nous hâtons darriver, qui est encore dans lexil, non pas dans les anges, mais en nous, et dont la partie meilleure attend larrivée de lautre, De là nous sont venues les saintes lettres quon lit chaque jour. Telle est la cité, telle est Sion que le Seigneur a choisie. 22. « Cest le lieu de mon repos dans les siècles des siècles2 ». Cest Dieu qui parle et qui dit : Cest mon repos, cest là que je me repose. Quel amour de Dieu pour nous, mes frères lit repose, dit-il, quand nous reposons. Dieu nest jamais dans lagitation, et na pas besoin de reposer comme nous, mais il dit quil se repose, parce que nous trouvons en lui notre repos. « Cest là que jhabiterai, parce que je lai choisie ». 23. « Je comblerai ses veuves de bénédictions, et ses pauvres je les rassasierai de pain 3 ». Toute âme est veuve dès quelle se voit dénuée de tout secours autre que celui de Dieu. Quelle peinture, en effet, lApôtre nous fait-il de la veuve? « Celle qui est vraiment veuve et désolée», nous dit-il, « a mis sa confiance dans le Seigneur ». Or, il parlait de ces veuves que nous appelons tous ainsi dans lEglise. Car il avait dit : « Celle qui vit dans les délices est morte, quelque vivante quelle soit », et il ne la compte pas au nombre des veuves. Mais que dit-il à propos des veuves saintes? « Celle qui est vraiment veuve et désolée a mis son espérance dans le Seigneur, et persévère nuit et jour dans les prières et les saintes supplications ». Puis il ajoute « Pour celle qui vit dans les délices, elle est morte , quelque vivante quelle soit 4 ». Pourquoi donc lautre est-elle veuve? Parce quelle na dautre secours que celui de Dieu. Des femmes qui ont leurs maris, tirent des secours de ces maris une certaine vanité; une femme veuve paraît abandonnée, et son appui nen est que plus solide. Toute lEglise nest donc quune seule veuve. Elle est veuve dans les hommes, veuve dans les femmes, veuve dans les personnes mariées, veuve dans les femmes qui ont un
1. Ps. CXXXI, 13, 2. Id. 14. 3. Id. 13, 4. I Tim. V, 5, 6.
110
époux, veuve dans les jeunes gens, veuve dans les vieillards, veuve dans les vierges. Toute lEglise ne forme quune seule veuve, et une veuve abandonnée en ce monde; si elle comprend son état, si elle est persuadée de sa viduité, elle trouve près delle un fort appui. Ne reconnaissez-vous pas, mes frères, cette veuve dans lEvangile, quand le Seigneur nous dit quil faut toujours prier, et ne jamais cesser de prier? « Il y avait », dit-il, « dans une ville, un juge qui ne craignait pas Dieu, et ne sinquiétait point des hommes; et chaque jour une veuve sen venait le trouver en disant : Faites-moi justice de mon adversaire ». Or, à force de limportuner, elle le fatigua enfin. « Car ce juge qui ne craignait pas Dieu, et qui navait aucun souci des hommes, se dit en lui-même : Quoique je naie nulle crainte de Dieu, nul souci des hommes, je lui rendrai néanmoins justice, à cause de son importunité 1 ». Si ce juge corrompu entendit cette veuve, de peur quelle ne limportunât davantage, Dieu pourrait-il ne pas exaucer son Eglise, quil exhorte lui-même à la prière? 24. De même : « Ses pauvres, je les rassasierai de pains». Quest-ce à dire, mes frères? Soyons pauvres, et nous serons rassasiés. Il est des hommes enflés des honneurs du monde, des hommes orgueilleux, qui sont chrétiens; ils adorent Jésus-Christ, mais ne sont pas rassasiés; ils ne sont rassasiés que de leur orgueil, quils ont en abondance. Cest deux que le psaume a dit : « Nous sommes un sujet dopprobre pour ceux qui sont dans labondance, et de mépris pour les superbes 2 ». ils sont dans labondance, et mangent sans être rassasiés. Or, qua dit le Psalmiste à leur sujet? « Tous les riches de la terre ont mangé 3 ». Ils adorent le Christ, ils ont pour le Christ de la vénération, ils invoquent le Christ, mais ils ne sont point rassasiés de sa sagesse et de sa justice. Pourquoi? Parce quils ne sont point pauvres. Quant aux pauvres, cest-à-dire aux humbles de coeur, plus ils ont faim et plus ils mangent, et ils ont dautant plus faim quils sont plus détachés du monde. Un homme rassasié dédaigne tout ce que tu peux lui offrir; il na pas faim. Mais donne-moi un affamé, donne-moi ceux dont il est dit: « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce quils seront
1. Luc, XVIII, 1-8. 2. Ps. CXXII, 4. 3. Id. XXI, 30.
rassasiés 1 », et ils seront ces pauvres dont il est dit ici : « Quant à ses pauvres, je les rassasierai de pains ». Aussi dans ce même psaume où il est dit : « Tous les riches de la terre ont mangé et ont adoré », il est dit encore, à propos des pauvres et dans le sens de notre psaume: « Que les pauvres mangent, et ils seront rassasiés, et ils loueront le Seigneur, ceux qui le recherchent ». Au même endroit où lon dit que « les riches ont mangé et ont adoré», on dit encore, à propos des pauvres: «Quils mangent et ils seront rassasiés». Pourquoi, en parlant des riches qui ont adoré, nest-il pas dit quils sont rassasiés, et pourquoi, en parlant des pauvres, est-il dit quils sont rassasiés? De quoi sont-ils rassasiés? Quelle est, mes frères, cette satiété? Cest Dieu lui-même qui est leur pain. Or, afin que ce pain fut un lait pour nous, il est descendu sur la terre, et il a dit à ses disciples : « Je suis le pain vivant descendu du ciel 3 ». Aussi le psaume que je viens de citer a-t-il dit : « Que les pauvres mangent, et ils seront rassasiés ». De quoi seront-ils rassasiés? Ecoute la suite : « Et ceux qui recherchent le Seigneur le loueront ». 25. Soyez donc pauvres, soyez parmi les membres de cette veuve, nayez de secours quen Dieu seul. Votre argent nest rien, il ne vous sera daucun secours. Beaucoup sont tombés à cause de leur argent, largent a causé leur perte: beaucoup ont été recherchés des voleurs à cause de leur argent; ils eussent été en sûreté, sils neussent possédé ce qui les a fait rechercher. Beaucoup ont compté sur la puissance de leurs amis : ces puissants sur lesquels ils comptaient sont tombés et ont entraîné dans leur chute ceux qui comptaient sur eux. Voyez ce que le genre humain nous offre chaque jour. Que voyez-vous dextraordinaire dans mes paroles? Ce nest pas seulement lEcriture qui nous lapprend, vous le pouvez lire dans toute la terre. Apprenez donc à ne point compter ni sur largent, ni sur lamitié des hommes, ni sur les honneurs et les vanités du siècle. Méprise tout cela, et si tu le possèdes et que tu le méprises, remercie Dieu. Mais si tu en es enflé, ne considère pas quand est-ce que tu deviendras la proie des hommes, tu es déjà la proie du diable. Or, si tout cela ne te donne point de présomption, tu seras parmi les
1. Matth. V, 6. 2. Ps. XXI, 27. 3. Jean, VI, 41.
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membres de cette veuve qui est 1Eglise, et dont il est dit: « Je comblerai sa veuve de mes bénédictions » ; tu seras ce pauvre dont il est dit: « Quant à ses pauvres, je les rassasierai de pains ». 26. Toutefois, mes frères, il est bon de vous le dire, on rencontre lorgueil chez un pauvre, et lhumilité chez un riche: nous en voyons chaque jour. Quelquefois tu entends un pauvre qui gémit sous loppression dun riche, et quand ce riche puissant lopprime, le pauvre est humble; quelquefois il ne lest pas même à ce moment, il est encore orgueilleux; ce qui nous montre comme il serait, sil avait quelque bien. Cest donc par le coeur, et non par la bourse quon est pauvre selon Dieu. On rencontre parfois un homme dont la maison est bien remplie, qui a de vastes domaines, de riches maisons de campagne, beaucoup dor et dargent, et qui sait quil ny doit point mettre sa confiance, qui shumilie devant Dieu, et emploie ses richesses en bonnes oeuvres ; son coeur sélève tellement en Dieu, quil comprend, non-seulement que ses richesses ne servent de rien, mais quelles entravent sa marche, si Dieu ne le conduit, et ne vient à son secours; et le voilà au nombre des pauvres qui sont rassasiés de pains. On en voit un autre qui mendie et qui est orgueilleux, ou sil nest orgueilleux, cest quil na rien, mais qui voudrait avoir de quoi senorgueillir. Or, Dieu na aucun égard au bien que lon possède, mais au bien que lon voudrait posséder;et il juge selon ce désir, qui nous fait aspirer aux biens temporels, mais non sur ces biens que nous navons pu acquérir. De là cette parole de lApôtre à légard des riches: « Ordonnez aux riches de ce monde de nêtre point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant, qui nous donne en abondance tout ce qui est nécessaire à la vie ». Que feront-ils donc de leurs richesses? Le même Apôtre continue en disant: « Quils soient riches en bonnes oeuvres; quils donnent facilement, et fassent part de leurs biens». Et vois que dans ce cas ils sont pauvres en cette vie : « Quils se fassent un trésor et un fondement solide pour lavenir, afin quils embrassent la vie éternelle 1 ». Quand ils la posséderont, cest alors seulement
1. I Tim. VI, 17-19.
quils seront riches; mais, quils se reconnaissent pauvres, jusquà ce quils la possèdent. Cest ainsi que Dieu compte parmi ses pauvres quil rassasie de pains, ceux qui sont humbles de coeur, qui sont affermis dans la double charité, quels que soient dailleurs les biens quils possèdent. 27. « Je revêtirai ses prêtres du salut, et ses saints tressailliront dallégresse 1 ». Nous voici à la fin du psaume, que votre charité veuille bien écouter quelque peu: « Je revêtirai ses prêtres du salut, et ses saints tressailliront dallégresse ». Quel est notre salut, sinon le Christ Notre-Seigneur? Quest-ce à dire dès lors: « Je revêtirai ses prêtres du salut? Vous tous», dit saint Paul, « qui êtes baptisés en Jésus-Christ, vous avez revêtu le Christ 2. Et ses saints tressailliront dallégresse ». Doù leur viendra cette allégresse ? De ce quils sont revêtus du salut, non par eux-mêmes ; car « ils sont lumière », il est vrai, mais « dans le Seigneur 3 » ; auparavant ils étaient ténèbres. De là vient que le psaume ajoute : « Cest là que jétablirai la force de David 4»; afin que lon se confie dans le Christ qui sera la grandeur de David. Le mot corne, du Prophète, signifie grandeur. Or, quelle sera cette grandeur? Non pas une grandeur charnelle, car tous les os sont enveloppés de chair, mais la corne sélève au-dessus de la chair. Cette corne est donc une grandeur spirituelle. Or, en quoi consiste lélévation spirituelle, sinon à mettre sa confiance dans le Christ ; à ne pas dire: Cest moi qui agis, moi qui baptise; mais bien: « Cest le Christ qui baptise? » Cest là quest la grandeur de David. Et afin que vous sachiez que telle est la grandeur de David, écoutez ce que dit ensuite le Prophète: « Jai préparé une lampe à mon Christ». Quelle est cette lampe ? Vous le savez déjà par les paroles de Jean: « Il était une lampe ardente et brûlante 5 ». Et que dit encore Jean? « Cest lui qui baptise ». Cest donc en lui que tressailliront les saints, que tressailliront les prêtres: car tout le bien qui est en eux, ne vient point deux, mais de Celui qui a le pouvoir de baptiser. Quiconque dès lors est baptisé vient en son temple avec sécurité; parce que le baptême ne vient point dun homme, mais de celui en qui Dieu a établi la puissance de David.
1. Ps. CXXXI, 16. 2. Gal. III, 27. 3. Eph. V, 8. 4. Ps. CXXXI, 17 5. Jean, V, 35.
28. « En lui fleurira ma sainteté 1» En qui? En mon Christ. Car cette expression : A mon Christ, est la parole du Père, qui dit: « Je comblerai sa veuve de bénédiction, et ses pauvres, je les rassasierai de pains. Ses prêtres, je les revêtirai du salut, et ses saints tressailliront dallégresse ». Celui qui a dit: « Cest là que jétablirai la force de David », cest Dieu le Père; lui qui dit encore: « Jai préparé une lampe à mon Christ », car le Christ est tout à la fois notre Christ, et le Christ du Père. Il est notre Christ, puisquil nous sauve et nous gouverne, de même quil est notre Seigneur, et le Fils du Père; mais il est Christ, et pour nous et pour son Père. Sil nétait point le Christ, du Père, il ne serait point dit plus haut: « A cause de David votre serviteur, ne détournez point la face de votre Christ, Sur lui sépanouira la fleur de ma sainteté ». Cest dans le Christ quelle
1. Ps. CXXXI, 18.
fleurit. Que nul dentre les hommes nose se lattribuer, puisque cest le Christ qui sanctifie ; autrement cette parole ne serait point vraie: « Cest en lui que sépanouira la fleur de ma sanctification ». La gloire de ma sanctification sépanouira. La sanctification du Christ est donc dans le Christ, et cest dans le Christ que réside le pouvoir de Dieu dans la sanctification. « Elle fleurira », dit le Prophète, ce qui signifie la gloire. Cest quand les arbres fleurissent quils sont dans leur beauté. Donc la sanctification est dans le baptême, qui lui donne sa fleur et sa gloire. Comment le monde entier sest-il incliné devant cette beauté? Parce que cest la beauté du Christ, Mettez-la au pouvoir des hommes, comment fleurira-t-elle, puisque toute chair nest que du foin, et toute la beauté de la chair nest que la beauté dune herbe 1?
1. Isa. XL, 6.
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