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LE IV FÉVRIER. SAINTE JEANNE DE VALOIS, REINE DE FRANCE.Les Eglises de France honorent aujourd'hui cette pieuse princesse qui fut d'abord l'épouse de Louis XII, appelée à régner avec lui, et qui, plus tard , renversée du trône par un jugement solennel qui déclara la nullité de son mariage, se montra plus sainte et plus grande encore dans sa disgrâce qu'elle ne l'avait paru dans les jours de sa grandeur. Les vertus qui éclatèrent dans toute sa vie rendirent Jeanne de Valois l'objet de la vénération des peuples ; et si elle cessa de régner sur un trône fragile, son empire sur les coeurs ne fit que s'étendre, et l'auréole de la sainteté remplaça avantageusement pour elle le diadème qu'elle n'avait pas ambitionné et qu'elle dut déposer. Sa tendre confiance en Marie, son attrait pour les œuvres de la pénitence, sa miséricorde envers les pauvres, en font un modèle pour les chrétiens, dans ces jours où l'Eglise nous invite à préparer nos âmes pour la réconciliation. Le récit liturgique qui retrace les vertus de Jeanne de Valois aidera à faire connaître sa vie pleine des œuvres les plus saintes. Jeanne de Valois, fille de Louis
XI, roi de France, fut élevée dès ses
tendres années dans la piété, vers laquelle la portaient ses propres
dispositions, et elle donna tout aussitôt des marques certaines de la sainteté
qui devait briller en elle. A l'âge de cinq ans, demandant avec ferveur à la
sainte Vierge, qu'elle honora toujours d'une manière admirable, de lui faire
connaître en quelle façon elle pourrait lui être le plus agréable, il lui fut
annoncé qu'elle était appelée à instituer dans la suite un nouvel Ordre de
vierges sacrées, en l'honneur de cette sainte Mère de Dieu. Mariée à Louis, duc
d'Orléans, contre le gré de ce prince, elle fit paraître dans la prospérité la
plus grande retenue, et une admirable constance dans l'adversité. Le prince
étant monté sur le trône de France, et son mariage ayant été déclaré nul par le
Siège Apostolique, Jeanne non seulement supporta cet événement sans aucun
regret, mais, se regardant comme délivrée d’un lien qui pesait sur elle, elle
se félicita de pouvoir désormais servir
Dieu seul en toute liberté. Les revenus du duché de Berry
qui lui avaient été assignés pour son entretien par le roi Louis, étaient
largement employés par elle à nourrir les pauvres, à soulager les malades et à
bâtir des monastères. Mais son œuvre principale fut la fondation et l'établissement d'un Ordre de vierges
sacrées sous le titre d'Annonciades de la bienheureuse Vierge Marie, dont elles
devaient imiter les vertus qui leur étaient proposées dans des règles
approuvées par Alexandre VI ; elle vint heureusement à bout de cette œuvre
sainte. Elle accueillait avec la charité d'une mère tous les indigents et les
malheureux qui s'adressaient à elle, mais surtout les malades, dont elle ne
craignait pas d'essuyer et de toucher de ses propres mains les ulcères
dégoûtants ; plus d'une fois son seul attouchement leur rendit la santé. Sa piété envers le très saint
Sacrement de l'Eucharistie était admirable ; elle en approchait avec une si
grande abondance de larmes, qu'elle excitait dans le cœur des assistants les
mêmes sentiments d'amour et de dévotion. Sa piété n'était pas moins tendre
envers les mystères de la Passion du Seigneur. Elle avait fait construire dans
le jardin de sa maison une imitation du tombeau de notre Seigneur ; c'était
là qu'elle se retirait de temps en temps pour se livrer à la prière, répandant
des larmes abondantes et se frappant la poitrine avec une pierre. Parvenue à
l'âge de quarante ans, elle sentit approcher la fin de sa vie pleine
d'innocence, et, ayant reçu avec une grande ferveur les sacrés mystères de la
religion chrétienne, elle mourut à Bourges la veille des nones de lévrier, l'an
mil cinq cent cinq. Cinquante-sept ans après sa mort, des soldats hérétiques
ayant enlevé son corps pour le brûler, il fut trouvé sans corruption ; et l'on
rapporte qu il poussa des gémissements, et que, percé de leurs épées, il
répandit du sang avec abondance. Le culte de la Sainte fut approuvé d'autorité
apostolique par Benoit XIV, en mil sept cent quarante-deux. Enfin, Pie VI
accorda, le vingt avril mil sept cent soixante-quinze, à tout le royaume de
France, de pouvoir célébrer l'Office et la Messe de sainte Jeanne de Valois au
jour anniversaire de sa mort. Nous honorons, ô sainte Princesse, les vertus héroïques dont votre vie a été remplie, et nous glorifions le Seigneur qui vous a admise dans sa gloire. Mais que vos exemples nous sont utiles et encourageants, au milieu des épreuves de cette vie ! Qui plus que vous, a connu les disgrâces du monde ; mais aussi qui les a vues venir avec plus de douceur, et les a supportées avec plus de tranquillité ? Les grâces extérieures vous avaient été refusées, et votre cœur ne les regretta jamais; car vous saviez que l'Epoux des âmes ne recherche pas dans ses élues les agréments du corps, qui trop souvent seraient un danger pour elles. Le sceptre que vos saintes mains portèrent un instant leur échappa bientôt, et nul regret ne s'éleva en vous, et votre âme véritablement chrétienne ne vit dans cette disposition de la Providence qu'un motif de reconnaissance pour la délivrance qui lui était accordée La royauté de la terre n'était pas assez pour vous ; le Seigneur vous destinait à celle du ciel. Priez pour nous, servante du Christ dans ses pauvres, et faites-nous l'aumône de votre intercession. Ouvrez nos yeux sur les périls du monde, afin que nous traversions ses prospérités sans ivresse, et ses revers sans murmure. Souvenez-vous de la France qui vous a produite, et qui a droit à votre patronage. Un jour, la tombe qui recelait votre sainte dépouille fut violée par les impies, et des soupirs s'échappèrent de votre poitrine, au sentiment des malheurs de la patrie. C'était alors le prélude des maux qui depuis se sont appesantis sur la nation française ; mais du moins la cause de la foi trouva, dans ces temps, de généreux défenseurs, et l'hérésie fut contrainte de reculer. Maintenant, le mal est à son comble ; toutes les erreurs dont le germe était renferme dans la prétendue Réforme se sont développées, et menacent d'étouffer ce qui reste de bon grain. Aidez-nous, conservez la précieuse semence de vérité et de vertus qui semble prête à périr. Recommandez-nous à Marie, l'objet de votre tendre dévotion sur la terre, et obtenez-nous des jours meilleurs. |