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ONZIÈME HOMÉLIE. DE L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ DE LA NATURE DIVINE.ANALYSE. Quand il s'agit des vérités de la foi
, il faut s'appuyer principalement sur l'Écriture sainte. Divinité de
Jésus- 1. le vous ai déjà parlé une fois (1), et depuis a jour je vous aime comme si dès l'origine jasais vécu parmi vous; je vous suis aussi étroitement uni par les liens de la charité que si depuis longtemps je jouissais de votre présence. Cela vient non de ce que je m'attache facilement, mais de ce que vous avez un caractère aimable et sympathique. Qui n'admirerait votre zèle ardent, votre charité sincère, votre reconnaissance pour ceux qui vous instruisent, l'union qui règne parmi vous ? tout cela est bien suffisant pour émouvoir même le coeur le plus dur. Aussi nous ne vous chérissons pas moins que l'Église où nous sommes né, où nous avons été élevé et instruit. Celle-ci est ma soeur, vous le témoignez par vos oeuvres. Si celle-là est plus ancienne, celle-ci est plus fervente, plus attachée à la foi. A Antioche les assemblées sont plus nombreuses et plus brillantes; ici se manifestent une patience 1 Cette Homélie est la seconde prêchée par saint Jean plus grande, un courage plus fort. Les loups rôdent autour des brebis , mais le troupeau ne diminue pas. Les vents , les vagues, la tempête assiègent sans cesse le navire; mais les passagers ne sont pas submergés. Les feux de l'hérésie vous environnent de toutes parts, mais au milieu de la fournaise une rosée spirituelle vous rafraîchit. O prodige ! cette Eglise prospère dans cette partie de la ville comme un olivier qui, au milieu d'un brasier, grandirait, se couvrirait de feuilles et de fruits. Puisque vous êtes si bien disposés, je m'empresse de m'acquitter de la promesse que je vous ai faite, en vous parlant des armes de David et de Goliath. L'un, vous disais-je, est couvert d'armes nombreuses et terribles; l'autre, au lieu de ces armes, n'est protégé que par la foi. L'un brille à l'extérieur par sa cuirasse et son bouclier, l'autre à l'intérieur par la grâce et l'Esprit de Dieu. C'est pour cela que David, sans armes, triomphe de Goliath (268) armé; le berger, du soldat. La pierre du pâtre broya et mit en pièces l'airain du guerrier. Nous aussi saisissons cette pierre, la pierre spirituelle et angulaire. Si saint Paul (I Cor. X, 4) a pu prendre le rocher du désert dans un sens figuré, qui s'opposera à ce que nous fassions de même ici? Ce n'est pas la nature de la pierre visible, mais la vertu de la Pierre spirituelle qui versait aux Juifs l'eau en abondance; de même, ce n'est pas avec la pierre matérielle, mais avec la Pierre spirituelle que David frappa la tête du barbare. Nous vous promettions d'imiter David et de laisser de côté les raisonnements humains. Car nos armes ne sont pas charnelles, mais spirituelles, détruisant les raisonnements et tout ce qui s'élève avec hauteur contre la science de Dieu. (II Cor. X, 4.) Nous devons détruire les raisonnements humains et non les relever, les dissoudre et non les fortifier. Les raisonnements des hommes sont timides. (Sap. IX, 14.) Que signifie timides? Le timide, même en pays sûr, se défie, craint et tremble ; ainsi ce qui est démontré par les raisonnements, fût-ce la vérité, ne satisfait pas l'esprit et ne produit pas une foi suffisante. Puisque telle est la faiblesse du raisonnement, recourons à l'Ecriture pour combattre nos adversaires. D'où tirerons-nous le commencement et le
principe de ce discours? Le demanderons-nous à l'Ancien ou au Nouveau Testament? comme il vous plaira. Car ce n'est pas seulement dans les Evangiles
et les Epîtres, mais aussi dans les Prophètes et dans toute l'ancienne loi que brille du
plus vif éclat la gloire du Fils unique. C'est pourquoi, à mon avis, nous devons aussi
puiser dans l'Ancien Testament des armes pour cette lutte. Nous pourrons ainsi terrasser
les Anoménts, et beaucoup d'autres hérétiques, comme les Marcionites, lesManichéens, les
Valentiniens, et même les Juifs. Goliath tombe sous la fronde de David, et toute l'armée
s'enfuit; la mort d'un seul cause la fuite et la déroute de l'armée entière ; de même
ici, la défaite d'une hérésie entraînera la ruine des autres. Les Manichéens et leurs
adeptes semblent recevoir Jésus- 2. Avec le sentiment d'une victoire
certaine, consultons les plus anciens livres, remontons jusqu'à l'origine, c'est-à-dire
à la Genèse, et même au commencement de la Genèse. Jésus- Les prophètes appellent le Fils le
Conseiller du Père, non que le Père ait besoin de conseil, mais pour nous prouver la
dignité du Fils; que Dieu n'ait pas besoin de conseil, saint Paul va vous en convaincre;
écoutez : O profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ! que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies
impénétrables ! Qui a connu les desseins de Dieu, ou qui a été son conseiller?
(Rom. II, 33.) Ainsi saint Paul proclame que (269) Dieu se suffit à lui-même. D'un autre
côté, Isaïe, parlant du Fils de Dieu, dit: Et ils désireront devenir la proie des
flammes, car un petit enfant nous est né, un Fils nous est donné, et il sera appelé
l'Ange du grand conseil, le Conseiller admirable. (Jean, IX, 5.) S'il est un
conseiller admirable, comment saint Paul dit-il: Qui a connu les desseins de Dieu, qui a
été son conseiller? N'est-ce pas pour montrer l'indépendance du Père tandis que le
Prophète proclame l'égalité du Fils ? Voilà pourquoi Dieu ne dit pas fais, mais
faisons. Car le mot fais est un ordre donné à un esclave. Ecoutez : le centurion
s'approche de Jésus et dit : Seigneur, mon serviteur est malade de paralysie dans ma
maison, et il souffre extrêmement. (Matth. VIII, 6.) Que
dit Jésus- 3. Voyez-vous l'harmonie des deux
Testaments? chacun démontre la puissance de Jésus- Le meilleur moyen de conserver ce zèle et
cette pureté de vie, c'est de venir souvent ici entendre la parole de Dieu. Car, ce que
la nourriture est pour le corps, la doctrine divine l'est pour l'âme : L'homme ne
vit pas seulement de pain, mais de toute parole procédant de la bouche de Dieu. (Deut. VIII, 3; Matth. IV, 4.) Ne pas
approcher de cette tablé sainte, c'est s'exposer à souffrir de la faim. C'est un
châtiment et une punition dont Dieu nous menace. Je leur enverrai, dit-il, non
la famine du pain, ni la soif de l'eau, mais la faim de la parole de Dieu. (Amos,
VIII, 11.) On a recours à toutes sortes de moyens pour écarter la faim du corps, et l'on
recherche celle de l'âme qui est plus terrible et dont les ravages sont plus funestes.
Quelle absurdité ! Je vous en conjure ; ne soyez pas si cruels pour vous-mêmes;
préférez nos assemblées à toutes les occupations mondaines. Ce que vous gagnez,
peut-il compenser la perte que vous cause, à vous et à votre
famille, l'absence de ces réunions ? Quand vous trouveriez, en vous absentant, des
monceaux d'or , vous perdez encore , parce que les biens
spirituels l'emportent beaucoup sur les biens temporels. Ceux-ci, quelque grands qu'ils
soient, ne nous suivent pas dans la vie future, ils ne nous accompagnent pas au ciel et ne
nous assistent pas devant le terrible Juge; mais souvent même avant la mort, ils nous
abandonnent; et s'ils restent jusqu'à la fin de la vie, ils ne vont jamais au delà. Le
trésor spirituel est une possession assurée; il nous suit et nous accompagne partout, et
nous donne une grande confiance pour paraître au tribunal de Jésus- 4. Si tel est l'avantage des assemblées en général, nous trouvons dans celle-ci un double profit. D'abord notre âme reçoit la rosée des divins enseignements, ensuite nous couvrons de confusion- nos ennemis, et nous remplissons nos frères de consolation. Dans une bataille, il est utile d'accourir sur le point le plus faible et le plus menacé. De même nous devons tous accourir ici pour repousser les assauts de l'ennemi. Vous ne pouvez faire de longs discours, vous n'avez pas le don d'instruire ? Venez seulement, et cela suffit. Présents de corps vous augmenterez le troupeau, vous encouragerez vos frères, et vous couvrirez de honte vos ennemis. Si en entrant dans l'église , un fidèle aperçoit peu d'assistants, il laisse éteindre son zèle, s'engourdit, devient négligent et paresseux, et se retire; ainsi peu à peu tout le peuple tombe dans la torpeur et le relâchement. Au contraire s'il voit la foule accourir, s'empresser et affluer de toutes parts, quelle que soit sa nonchalance, il devient bientôt plus zélé. Le choc fait jaillir des étincelles d'une pierre, et cependant quoi de plus froid que la pierre, quoi de plus ardent que le feu? Le frottement triomphe de la nature de la pierre. Si cela arrive pour une pierre, à plus forte raison pour les âmes mises en contact et enflammées par les feux de l'Esprit-Saint. Ne savez-vous pas que les premiers chrétiens n'étaient qu'au nombre de cent-vingt (Act. I, 15)? auparavant il n'y en avait même que douze, et l'un d'eux, Judas s'étant perdu, ils n'étaient en tout que onze. Cependant ces onze se multiplièrent jusqu'à cent-vingt, puis jusqu'à trois mille et cinq mille, et ils remplirent toute la terre de la connaissance de Dieu. La cause de cette propagation rapide, c'est que les fidèles ne quittaient pas l'assemblée, ils étaient toujours ensemble, réunis dans le temple, appliqués à la prière et à la lecture. Voilà pourquoi ils allumèrent un grand incendie, pourquoi ils ne se découragèrent jamais, et soumirent toute la terre. Imitons-les. N'est-ce pas une honte,
d'avoir moins de zèle pour l'Eglise que des femmes pour leurs voisines ? Si elles voient
une jeune fille pauvre, privée de tout secours, elles lui tiennent lieu de parents, la
comblent de présents et assistent en grand nombre à son mariage. Les unes lui apportent
des cadeaux, les autres l'honorent de leur présence, ce qui n'est pas peu, car leur zèle
cache sa misère, et leur empressement voile sa pauvreté. Faites de même pour l'église.
Accourons tous; voilons son indigence, ou plutôt faisons cesser son abandon par notre
nombreuse affluence. L'homme est le chef de la femme. (Eph.
V, 23.) La femme est l'aide de l'homme. Que le chef ne vienne donc pas à l'église sans
le corps, ni le corps sans le chef, mais que l'homme y vienne tout entier, accompagné des
enfants. S'il est beau de voir un jeune arbre s'élancer de la racine d'un vieux tronc, il
est bien plus beau de contempler un homme, créature bien supérieure aux arbres,
environné de ses enfants, comme de tendres rejetons; cela est non-seulement
beau , mais utile. Car, comme je le disais, on (274) gagne beaucoup à venir aux
assemblées. Nous admirons surtout le laboureur, fion quand il cultive un champ déjà
bien préparé, mais quand il travaille avec ardeur une terre abandonnée et inculte.
Ainsi faisait saint Paul : il évangélisait avec plus de zèle les peuples qui n'avaient
pas encore entendu le nom de Jésus- |