10 - LE PSEUDO-MACAIRE
D'après celle-ci, il est responsable de communautés d'ascètes. Certains indices porteraient à croire qu'il a pratiqué un certain exil ascétique. Il semble avoir été en contact avec l'oeuvre de Basile, car il y a quelques similitudes entre Basile et Macaire, dans le vocabulaire et les idées ; de plus un texte de Grégoire de Nysse semble parler d'ascètes mésopotamiens : "Ils ont comme Abraham quitté leur pays, leur famille et le monde entier et ils regardent vers le ciel. . . leur bouche est consacrée au silence . . . et ils ont une telle puissance sur les esprits". Nous avons vu aussi que l'Hypotypose ou De Instituto de Grégoire est parallèle à la Grande Lettre de Macaire. Cette paraphrase de Grégoire avait pour but probable de donner de l'oeuvre de Macaire une mouture plus distanciée du messalianisme.
2) Est-il messalien ?
Nous avons déjà rencontré les messaliens à propos des apophtegmes (les euchites), et dans le chapitre sur Basile. Or il est un fait que l'on trouve dans les oeuvres de Macaire des similitudes avec les propositions messaliennes qui seront condamnées dès le synode de Sidè (entre 380 et 400), puis au concile d'Éphèse. Dans les entretiens du Pseudo-Macaire avec les frères qu'il dirige se font jour des discussions portant sur des idées messaliennes. Mais Macaire est loin des déviations grossières de la secte telles qu'elles nous ont été rapportées par Théodoret, arrachées par ruse au vieillard Adelphios : "Le saint baptême n'est d'aucune utilité pour ceux à qui on l'accorde ; seule la prière persévérante peut réussir à chasser le démon qui habite en nous. . . Lorsque les démons sont chassés par la prière, survient alors l'Esprit très Saint qui manifeste sa présence d'une façon sensible et visible, libérant le corps du mouvement des passions et affranchissant complètement l'âme qui n'est plus inclinée vers le mal. De la sorte, il n'est plus nécessaire par la suite de jeûner pour mater le corps, ni de se soumettre à un enseignement qui montre à marcher dans la bonne voie. Celui qui a obtenu ce don, non seulement est affranchi des mouvements incontrôlés du corps, mais il prévoit clairement l'avenir et voit de ses yeux la Trinité divine." (Histoire ecclésiastique IV, 10)
Macaire est loin de ces extravagances ; il corrige fréquemment ces messaliens grossiers. Il y a certes dans ses oeuvres des tendances messaliennes, mais très modérées, et si l'on y trouve même des coïncidences textuelles, celles-ci sont à lire dans le contexte général de l'ensemble de l'oeuvre qui est équilibrée. Partout la position de Macaire est très nuancée, modérée et modératrice au sein du mouvement messalien au sens large.
La "Grande Lettre" dont nous avons parlé est la première pièce de la collection I et de la collection IV. Ayant déjà traité de l'Hypotypose de Grégoire, reprise de la "Grande Lettre", nous ne donnerons dans les "Textes" que des extraits des Homélies.
Les citations seront signalées par le N° de la collection (II ou III) le N° de l'Homélie et celui du paragraphe.
Dès le premier contact avec les oeuvres de Macaire, on est frappé par trois traits assez caractéristiques :
Une insistance sur le mal considéré comme une entité qui est là et qu'il faut combattre : d'où le thème du combat spirituel partout présent. Macaire s'oppose au "manichéisme en affirmant la liberté de l'âme, mais il a subi l'influence de ce mouvement et, comme les messaliens, il est marqué par la hantise du mal" (V. Desprez S.C.275, p. 55)
Une deuxième insistance sur la prière orientée vers le Christ et vers l'Esprit.
La place de l'Esprit dans l'oeuvre de Macaire en est la troisième caractéristique, trait qui l'apparente aux Syriens, surtout lorsqu'il présente l'Esprit comme une "Mère". Nous reparlerons de ces points en les illustrant par des textes.
La suite du texte affirme : "Ce qui importe par-dessus tout, c'est la constance dans la prière". Mais Macaire n'oublie pas que celle-ci est conditionnée par le renoncement intérieur ; il continue : "On doit engager le combat et faire la guerre dans ses pensées. Ailleurs il montre qu'il faut renoncer à son âme en se livrant complètement à Dieu, ce qui se fera pratiquement par l'obéissance : être "comme un esclave acheté" (Grande Lettre).
L'Homélie 56 est consacrée, elle aussi, à la vie monastique. Macaire commence par donner les deux sens du mot "moine" : seul extérieurement et seul intérieurement : "Que son intellect devienne moine en lui-même, seul devant Dieu et n'admettant plus les pensées qui proviennent du mal". Puis il affirme que la purification du coeur que cela suppose, vient du libre choix de l'homme et qu'il faut pour cela apprendre ce que veut dire : "Prends ta croix et suis-moi". Viennent les thèmes chers aux Pères du Désert la patience, l'amérimna, la nepsis qui permettent d'atteindre la prière qui nous donnera la charité. Il termine en décrivant les vicissitudes de la grâce dans l'âme (Texte 2).
L'Homélie III, 10, 4 souligne le sérieux de la vie consacrée. Il ne s'agit pas de porter un habit, mais d'acquérir un coeur nouveau, condition pour être divinisé (Texte 3).
2) Anthropologie
a) L'homme
On retrouve évidemment dans l'anthropologie
de Macaire les données traditionnelles héritées d'Origène
: l'homme est composé de trois parties : corps, âme et esprit
(Texte 4).
Il est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu,
et Macaire reprend le principe d'homonymie mis en valeur par l'Alexandrin, il
y a deux hommes en l'homme : l'homme extérieur et l'homme intérieur
qui ont chacun leurs sens. Pour Macaire le premier est "le vieil homme", le
second "l'homme nouveau". Comme Origène aussi, il emploie pour désigner
la faculté principale de l'âme, soit le mot "intellect", soit celui
de "coeur" pris au sens biblique, surtout dans la collection II. Quant au corps,
Macaire s'oppose aux tendances manichéennes et il affirme qu'il n'est
pas mauvais en lui-même : il est "la belle tunique de l'âme" , et
celle-ci doit se garder de la déchirer par les épines des soucis
et de la brûler par le feu de la convoitise (II, 4, 3-4), car
le corps est destiné à être transfiguré.
Créé à l'image et à
la ressemblance de Dieu, l'homme a donc une parenté avec Dieu, comme
l'avaient relevé les Cappadociens (Texte
5). C'est ce qui fait sa dignité (Texte
6). "Prends conscience de ta dignité", cette exclamation semblable
à celle qui, plus tard, jaillira aussi du coeur de saint Léon,
se retrouve encore ailleurs : "Connais ta noblesse, ô homme, ainsi que
ta dignité et ta valeur : tu es un frère du Christ, un ami du
Roi, l'épouse de l'Epoux céleste" (II 27, 1). Cependant
il n'y a rien de commun entre les natures de Dieu et de l'homme (III 26,
8 - ci dessous p. 120).
b) Le combat spirituel
C'est dans cette condition d'homme tombé, racheté par le Christ, que s'insère le combat spirituel, car le Christ lui-même a du combattre pour racheter le péché (Texte 10). Sur ce thème du combat spirituel, partout présent dans son oeuvre, Macaire dépend encore d'Origène. Mais si chez Origène, l'âme de l'homme pouvait, du fait de sa liberté, acquiescer soit à l'attrait de la chair, soit à celui de l'Esprit, chez Macaire qui chosifie le mal, l'homme est entre la grâce et le mal ; son libre arbitre le fera pencher vers l'un ou vers l'autre. L'homme doit donc se faire violence (Texte 11). Mais pour mener ce combat, le discernement est indispensable (Texte 12). Si l'homme combat de son mieux, s'il se fait violence, Dieu lui donnera le fruit de ses efforts (Texte 13).
L'Homélie 5 dont nous donnons le schéma
ci-dessous, insiste sur le rôle de l'ascèse et du combat spirituel
dans la vie du "chrétien".
Homélie
II, 5 : Le vrai chrétien
1-3 | Les gens du monde sont complexes, agités par des pensées incessantes et tumultueuses, par la crainte, la peur, des troubles, des désirs. |
4-5 | Au contraire, après bien des luttes et du temps, les chrétiens sont parvenus à la stabilité, à l'absence de trouble. Ils sont en repos. |
6 | La rosée de l'Esprit s'est infiltrée en eux, leur coeur a été blessé d'amour pour le Roi céleste, le Christ. Tendus vers lui, ils se libèrent de tout amour du monde, rompent tout lien terrestre. |
7 | Mais il y en a peu qui rompent ainsi tout lien avec le monde. |
8-9 | Il faut pour cela renoncer à ses volontés propres, se renoncer soi-même. |
10 | Car notre amour est notre poids. |
11 | Si l'on aime ce qui est terrestre et charnel, cet amour nous enchaîne et nous empêche de prendre notre essor vers Dieu. |
12 | Au contraire, si l'âme dirige vers Dieu tout son amour, se renonce, elle traverse toutes les peines et les épreuves. |
13 | Car notre amour est un poids : il alourdit ou allège selon ce qu'on aime : les choses de la terre ou celles du ciel. |
14-17 | Différents exemples montrent que la nudité, le dépouillement sont facteur de salut. |
18 | Conclusion : n'aimer que Dieu seul, se dépouiller de tout amour terrestre. |
19 | D'où nécessité de l'ascèse, alors que nous voudrions les récompenses sans fatigue. |
20 | Dans les épreuves, les souffrances supportées avec patience et foi, sont cachées la gloire et la réintégration dans les biens célestes. |
21 | Car par le combat spirituel, la pratique des vertus, la foi, nous nous constituons une maison céleste en remplacement de la maison de notre corps. Cette maison, c'est la vertu du Saint-Esprit habitant en nous. |
22 | Combattons donc pour ne pas être trouvés nus quand nous nous dévêtirons de notre corps, mais participant au Saint-Esprit, revêtus des trésors que nous recueillons maintenant. Les arbres qui se revêtent de feuilles et de fleurs au printemps, sont une image des chrétiens à la résurrection. |
23 | C'est pourquoi, pour le vrai chrétien, le mois d'avril est le premier des mois, car c'est le temps de la résurrection où les corps seront glorifiés par la force du Saint-Esprit qui les habite dès maintenant. |
24 | Moïse préfigurait la gloire dont l'Esprit revêtira le corps des saints. |
25 | A la résurrection, nous aurons les ailes du Saint-Esprit qui nous emporteront là où l'Esprit le voudra |
26 | D'où le bienfait de l'ascèse qui nous fait participer à la gloire et à la sainteté de l'Esprit. |
Le combat spirituel est facteur de croissance et permettra de vaincre les vices et d'acquérir les vertus. Toutes les vertus se tiennent ; ce thème stoïcien, bien présent chez Basile se retrouve aussi chez Macaire (Texte 14). Les vertus sont l'opposé des vices. Comme chez les Pères du Désert, le plus difficile à vaincre est l'orgueil. D'où la place toute spéciale donnée à la vertu d'humilité. Macaire y revient souvent. L'humilité est une affaire de bon sens (Texte 15). Elle est la marque du chrétien (Texte 16). L'humilité se traduit souvent par les larmes qui sont la nourriture de l'âme et marque de son désir (Texte 17). Un beau texte résume assez bien cette démarche de l'homme : la foi, l'obéissance par l'ascèse, le combat spirituel, doit aboutir à l'humilité (Texte 18).
Nous avons parlé plus haut de l'Incarnation. Si le Christ vient nous sauver, c'est pour nous apporter l'Esprit qui nous configurera à la personne du Christ. Le langage de Macaire n'est pas strictement théologique, même si, au début de la Grande Lettre, il émet une profession de foi proche de celle de Constantinople (381) et, à l'occasion, exprime une christologie juste en nuancé (I, 10, 4). Il veut surtout éveiller l'amour du Sauveur et le désir de l'imiter. C'est en effet, pour que nous puissions l'imiter que le Christ s'est incarné et s'est "mêlé" à ses créatures (Texte 19). Cette Incarnation se reproduit actuellement dans les âmes qui cherchent le Christ (Texte 20). On voit par ce texte que pour parler du Christ qui s'adapte aux besoins de chacun, Macaire reprend les "épinoïai" d'Origène. C'est ainsi que le Christ naît spirituellement dans l'âme (Texte 21). Par sa Passion, il va trouver la mort, discute avec elle, et lui arrache les âmes (III, 11). Cette Passion est, elle aussi, offerte à notre imitation (Texte 22).
On est frappé, en lisant les Homélies,
par la place qu'y tient l'Esprit-Saint, et par son lien avec le Christ. C'est
un trait qui apparente Macaire aux Syriens. Les images pour décrire son
action sont multiples. une des plus fréquente est celle des ailes. "Ces
ailes, les âmes des saints les possèdent dès maintenant
pour s'envoler par l'intellect vers les pensées célestes" (II,
5, 25). A la résurrection, elle "recouvrira et revêtira les
corps nus et les enlèvera au ciel" (id.). Autre image à
saveur platonicienne : "Les âmes saintes sont poussées et dirigées
par l'Esprit du Christ qui tient les rênes" (II, 1, 9). L'Esprit
est aussi une nourriture céleste, un sel et un levain céleste
(II, 24), un trésor céleste, une lumière céleste.
Il est un vêtement, car l'âme est pauvre et nue quand elle est privée
de la communion avec l'Esprit (II, 18, 3 et ailleurs). Cet Esprit bon
et ami des hommes est à la fois une rosée (II, 5, 6)
et un feu qui nettoie les épines (II, 15, 53).
C'est lui qui nous enseigne la vraie prière
: il rassemble nos pensées dispersées les élève
vers le ciel, devient comme les ailes de l'âme (III, 18, 2).
Il nous apprend l'humilité et vient prier en nous (Texte
23). C'est dans l'Esprit que s'épanouit la vie divine : il nous
assimile au Christ, peint en nous l'image du Christ (II, 30, 4-5).
Ainsi la communion au Saint-Esprit est tantôt une union à l'Esprit,
tantôt une union nuptiale avec le Christ dans l'Esprit. C'est lui qui
blesse l'âme d'amour envers le Christ.
Nous donnons ici, à titre d'exemple le schéma
de l'homélie 18 : "Le trésor de l'Esprit".
Une caractéristique de Macaire à
propos de l'Esprit, est de le présenter comme une Mère, ce qui
montre encore mieux sa dépendance de la spiritualité syrienne.
En plusieurs endroits de la collection II, il dépeint le chrétien
comme un enfant (15, 26) et même un tout-petit (31, 4 ; 45,
7) qui appelle sa maman (Texte
24).
Or dans la collection III, cette maman est l'Esprit-Saint.
Le sujet est traité largement dans l'Homélie 27. Après
un passage très semblable au texte 24, où il présente l'âme
comme un tout-petit qui ne peut pas grand chose sinon appeler sa maman, Macaire
continue (Texte 25)
Homélie II, 18 : Le trésor de l'Esprit
1 | Le Christ et l'Esprit sont en nous un trésor qui nous permet de pratiquer toutes les vertus et d'augmenter ainsi nos richesses |
2 | Prions Dieu de nous donner ce trésor de son Esprit sans lequel nous sommes indigents et nus. |
3 | C'est la possession de ce vrai trésor, le Seigneur, qui nous permet de produire les fruits de l'Esprit, d'accomplir toute justice, d'observer tous les commandements. |
4 | Exemple du riche qui a tout à sa disposition pour donner un banquet, et du pauvre qui doit tout emprunter et rendre ensuite, et qui, lorsqu'il a rendu, se retrouve pauvre comme avant. |
5 | Aussi, ceux qui sont riches du Saint-Esprit puisent dans leurs propres richesses pour faire du bien aux autres. Mais celui qui en est pauvre emprunte les biens du spirituel et après avoir parlé, reste pauvre et nu. Il n'est ni réjoui, ni rempli d'allégresse par l'Esprit. |
6 | C'est pourquoi nous devons demander à Dieu de nous faire trouver dans nos coeurs sa propre richesse, le vrai trésor du Christ avec la force de l'Esprit. Après l'avoir trouvé, nous chercherons à être utiles aux autres en expliquant les mystères célestes. |
7-9 | Ceux qui portent en eux le Christ qui les illumine et leur donne le repos, sont dirigés par le Saint-Esprit, par la grâce agissant en eux. -- Description de ces actions de l'Esprit dans l'âme : banquet - repos de l'épouse dans les bras de l'Epoux - agilité des anges - divine ivresse - don des larmes - allégresse intense - ardeur combative - repos - possession de la sagesse. |
10 | L'âme mélangée à l'Esprit devient toute lumière, tout oeil, tout esprit, toute joie, toute suavité, toute allégresse, toute charité, toute compassion, toute bonté et toute douceur. |
11 | Supplions Dieu qu'il nous accorde le repos et que nous puissions parvenir à la plénitude de l'âge du Christ. |
Tout peut aider à la prière : la constatation de notre misère et de notre pauvreté (Texte 29) comme la contemplation des réalités naturelles (Texte 30). Pour une âme purifiée, tout devient pur et tout ramène à Dieu (Texte 31). On arrive alors à la prière continuelle, une continuité du souvenir de Dieu (Texte 32),
Purifiée, l'âme devient apte à recevoir la prière de l'Esprit en elle. C'est alors un degré supérieur de la prière que Macaire distingue de la prière "naturelle" et qu'il appelle "la vraie prière". L'Esprit y enseigne directement à l'âme les mystères de Dieu (Texte 33).
5) Les sommets
Quand il nous décrit ces hauts degrés
d'union mystique, il y a chez Macaire des accents de confidence personnelle
(Texte 34). Il nous
explique dans l'Homélie 17 que les amis du roi, habitués aux moeurs
du palais royal, ne sont pas déconcertés quand ils deviennent
rois. "De même les chrétiens qui s'apprêtent à régner
dans le siècle à venir, n'y seront pas déconcertés
puisqu'ils ont appris à l'avance à connaître les secrets
de la grâce" (4). Il continue (Texte
35).
Mais la perfection n'est pas un achèvement : ces grâces élevées creusent encore plus l'appétit de l'âme, car Dieu est infini, tandis que l'homme est un être fini qui ne pourra jamais épuiser Dieu. Aussi rencontre-t-on chez Macaire le thème de l'epectase, cher à Grégoire de Nysse (Texte 36). C'est qu'il n'y a pas de pire écueil que de dire : "Cela suffit, nous n'avons besoin de rien de plus". Car "le Seigneur est infini et insaisissable, et les chrétiens n'osent dire qu'ils l'ont saisi, mais ils restent humbles et le cherchent jour et nuit". (II, 26, 17). Ou encore (Texte 37).
C'est que nous sommes encore sur terre et cette perfection qu'atteignent ici-bas les saints, n'est qu'un avant-goût des possibilités qui seront offertes aux saints quand, après la résurrection, "les corps ressuscités seront couverts d'un vêtement nouveau, divin, et nourris d'un aliment céleste" (II, 12, 14).
Nous donnons ci-dessous un troisième schéma d'homélie, prise cette fois dans la collection III, où nous retrouvons bien des thèmes signalés dans ce cours.Homélie III, 26 : la destinée du chrétien
1 | L'espérance du chrétien n'est pas pour cette terre. Ce qu'il cherche est plus grand que la terre, plus grand que le ciel. Il s'élance à la poursuite du Bien et du Beau. |
2 | Ce Bien et ce Beau,
c'est le Seigneur, héritage et vie des chrétiens.
Devant lui, l'homme est libre. Dieu lui demande sa foi et son amour. |
3 | Dieu seul peut nous
libérer du péché. Il en libère ceux qui croient
en lui et qui l'aiment.
Croire, aimer le Seigneur, cela dépend de toi. Exemple du malade qui, bien qu'immobilisé, garde son esprit actif pour chercher le médecin. De même, l'âme, même si elle ne peut pas faire grand chose, peut toujours crier vers Dieu. |
4 | Reprise de l'exemple
du malade, mais envisagé dans un autre sens : de même que le
malade dont le corps est terrassé par la fièvre, ne peut se
livrer aux travaux de la terre, ainsi "l'âme qui a été
jugée digne du feu céleste de l'Esprit de la vie et qui est
possédée par la puissance du feu divin, est empêché
de se livrer aux oeuvres du péché, attirée qu'elle
est par son amour et son affection pour l'Epoux divin".
Grandeur de l'âme : à la fois dans le corps et hors du corps, elle est destinée à être la demeure de Dieu, et elle est faite à son image. |
5 | Retour à l'idée développée en 3, mais en prenant comme exemple un prisonnier. L'âme est emprisonnée. Comme un homme emprisonné ne peut que crier pour qu'on lui ouvre, de même l'âme ne peut que crier vers le Seigneur et attendre la visite de sa grâce. |
6 | Quand l'âme
s'attache au Seigneur, "celui-ci prend pitié d'elle, il l'aime, vient
à elle, s'attache à elle", "L'âme et le Seigneur deviennent
un seul esprit, un seul alliage, une seule pensée".
L'âme est entrée en possession du Seigneur dans les cieux, et lui a pris possession de l'âme sur la terre. |
7 | Grandeur de l'âme, créée par Dieu pour être une épouse capable de s'unir à lui et devenir un seul Esprit avec lui. |
8 | Quelle différence
toutefois entre le Créateur et la créature !
Et pourtant Dieu a voulu , dans son amour et se miséricorde infinie, que nous lui soyons unis et associés, que nous soyons son épouse noble et pure, destinée à jouir sans fin de sa présence. |
BIBLIOGRAPHIE
* * Col. III : Pseudo-Macaire, Oeuvres spirituelles (V. Desprez)
* 150 chapitres extraits de la Collection IV (Philocalie 5, p. 17-85), éd. Bellefontaine.
* Vincent Desprez : Le Pseudo-Macaire dans "Connaissance des Pères" 23-24
* Vincent Desprez : Lettre de Ligugé 191, 193, 251, 254
* * Dictionnaire de spiritualité X, col. 20-42 et Tables, t. 17, col. 420-421.