7 martyrs d’Espagne (13.08.1936)

Bienheureux Joseph TAPIES I SIRVANT et 6 compagnons

Béatification: 29.10.2005  par Benoît XVI. Cérémonie présidée à Rome par le Cardinal Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les causes des Saints.

Canonisation:

Fête: 13 août

Note: 7 prêtres du diocèse d’Urgel fusillés à Salas de Pallars, le 13 août 1936

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2005 n.45 p.2-3

Réf. dans la Documentation Catholique:

Notice

Le 29 octobre 2005 furent béatifiés à Rome sept prêtres espagnols du diocèse d’Urgel ainsi qu’une religieuse du diocèse de Majorque, tous martyrs de la guerre civile espagnole en août 1936. Les sept prêtres exercèrent leur ministère sacerdotal à La Pobla, ou dans la région, avec un grand dévouement. Ils furent emprisonnés dans la ville de La Pobla de Segur (Leida, Catalogne) et fusillés à la porte du cimetière du village de Salas de Pallars, le 13 août. Ils donnèrent leur vie pour le Christ, pardonnant à leurs bourreaux et vivant ces moments tragiques en union avec la Passion du Seigneur et dans l’amour envers la Vierge Marie. Ils subirent un interrogatoire très dur à La Pobla, refusant de renier leur état, et ils défendirent tant qu’ils purent leur église paroissiale pour que le Saint Sacrement ne soit pas profané. Ils se rendirent avec une grande fermeté d’âme au lieu du martyre, pardonnant à leurs assassins et s’écriant “Vive le Christ Roi” avant d’être fusillés. En 1946 fut instruit le procès diocésain en vue de déclarer le martyre du seul Josep Tapies, mais, sur les instances de beaucoup de fidèles, l’évêque d’Urgel, en 1992, fit instruire un procès pour les six autres prêtres. Leur fête est fixée au 13 août. Avec eux fut béatifiée une religieuse, sœur Maria de los Angeles Ginard Marti, zélatrice du Culte eucharistique, dont la fête est fixée au 30 août.

Les 7 prêtres martyrs :

2  Joseph TAPIES I SIRVANT
2  Pascal ARAGUAS I GUARDIA
2  Silvestre ARNAU PASQUËT
2  Joseph BOHER I FOIX
2  François CASTELLS I BRENUY
2  Pere MARTRET I MOLES
2  Joseph-Jean PEROT I JUANMARTI

 

Cadre historique

Après une éphémère première République (1873-74), la royauté espagnole est à nouveau abolie en 1931 avec l’instauration de la seconde République. Elle commence sous de bonnes augures et beaucoup de catholiques s’y rallient, mais les hostilités avec la religion s’ouvrent en 1933 après des élections favorables à la gauche. C’est d’abord une politique de laïcité absolue qui tend à éradiquer le christianisme de la nation espagnole : interdiction aux religieux de faire “aucun commerce, aucune industrie, aucun enseignement”, suppression des jésuites, approbation du divorce, crucifix retirés des classes. Et déjà, on brûle des églises. La gauche républicaine a mal calculé. Il faudrait peu connaître le peuple espagnol pour penser qu’il accepte cette violence anti-religieuse sans réaction. Les élections de décembre 1933 ramènent au pouvoir une majorité de droite. Peut-être à ce moment-là, la crise aurait pu être terminée si des solutions inspirées du catholicisme social avaient été mises en œuvre : malheureusement il n’en est rien ; les conservateurs paralysent les plans de réforme. Durant l’été 1934, éclate une première "Révolution des Asturies"; des prêtres et des religieuses sont assassinés, notamment les martyrs de Turon. La gauche jusque là dispersée se regroupe et aux élections de février 1936, elle amène le "Frente popular" (Front populaire) au pouvoir. Composé de communistes, socialistes et anarchistes d’opinions souvent divergentes, il est essentiellement anti-clérical. Les évêques reconnaissent au début sa légitimité. Mais les violences éclatent déjà en juin 1936. Ce gouvernement (‘républicain’ de style révolutionnaire) lance une violente persécution sanglante qui, en quelques semaines, fait une foule de victimes. Tout le peuple ne suit pas. A la chambre, un député monarchiste proteste et le lendemain, 14 juillet 1936, il est assassiné. Les différents partis de droite, apeurés, se regroupent dans un parti unique : la ‘Phalange’. Désormais, tous les ingrédients sont prêts pour une guerre civile. Le général Francisco Franco se révolte et lance, le 18 Juillet, le "Mouvement national" (“Alziamento National”, littéralement, Soulèvement national). Il est suivi par une grande partie de l'armée.

C'est alors une terrible guerre civile de trente-deux mois (1936–1938) entre "Républicains" (Rouges), renforcés par des "Brigades internationales", et "Nationalistes" ou franquistes, aidés en finale par la Wehrmacht allemande et les fascistes italiens. (Cependant, Franco, durant la Seconde Guerre mondiale, refusera fermement de se lier avec les puissances de l’Axe.) Quant aux "Rouges", comme on les appelle, (à juste titre car leur but est de faire de l'Espagne un état satellite de la Russie), ils déchaînent la plus grande persécution religieuse qu'ait jamais connu l'Espagne. A cause de sa brièveté dans le temps et de son intensité, c'est un ouragan ‘révolutionnaire’ comparable à celui de la Révolution française, qui s'abat sur toutes les régions où domine leur influence politique. Sur la liste noire des personnes à abattre figurent en premier lieu tous les prêtres. Les exactions se multiplient : incendie de couvents, d'évêchés, d'églises, destruction du patrimoine artistique sacré, bref, de tout ce qui rappelle la religion catholique. Notons qu’il y eut des violences condamnables de part et d’autre. (Même un écrivain catholique comme Georges Bernanos a condamné dans “les Grands Cimetières sous la lune” les excès des franquistes, voire de certains ecclésiastiques).

Les républicains procèdent à des exécutions massives, accompagnées d'une férocité inouïe. Sont victimes: 13 évêques, 4'184 prêtres, 2'365 religieux, 283 religieuses, des milliers de laïcs. Ceux que l’Église béatifie sont vraiment martyrs car ils ont été tués "en haine de la foi", ce ne sont pas de simples "victimes de guerre", car ils sont pacifiques, comme le Pape a tenu à le préciser (11 mars 2001) : « Les bienheureux qui sont élevés à l’honneur des autels n’étaient pas impliqués dans des luttes politiques ou idéologiques, et ne voulaient pas y entrer. (…) Ils ont vécu en aimant et sont morts en pardonnant. » Conscients de mourir pour leur foi, beaucoup criaient comme les "Cristeros" du Mexique (1926-1929) : "Vive le Christ-Roi!"