8 martyrs de Motril (Grenade-Espagne - 1936)
Béatification:
07.03.1999 à Rome par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: à leur date de mort (Voir la liste ci-dessous)
Réf. dans
l’Osservatore Romano: 1999 n.10 p.1-2
Réf. dans la Documentation Catholique: 1999 n.7 p.310-312
Ce groupe
est formé de 7 Augustins Récollets et du Curé de Motril (Grenade - Espagne). Les
religieux avaient comme traits communs, d'être des hommes simples, ayant une
grande dévotion mariale. Leur zèle apostolique les poussa à se rendre en divers
pays où certains connurent déjà la persécution comme aux Philippines. De retour
en Espagne, dans le couvent de Motril, ils continuèrent leur apostolat
multiforme avec la même ardeur et décidèrent de rester lorsque le danger se fit
sentir. "Ils affrontèrent la mort avec une âme sereine, réconfortant les
autres condamnés et pardonnant à leurs bourreaux" (Jean Paul II). Ils
furent exécutés entre juillet et août 1936.
P. Deogracias
PALACIOS (? - 25.07.1936)
P. Leon
INCHAUSTI (? - 15.07.1936)
P. José RADA (?
- 25.07.1936)
P. Julian
Benigno MORENO (? - 25.07.1936)
Fr. José
Ricardo DIEZ (? - 25.07.1936)
P. Vicente
PINILLA (? - 26.07.1936)
P. Vicente SOLER 2 (1867 - 15.08.1936)
Un Curé de
paroisse:
Dom Manuel Martin SIERRA 2 (? - 26.07.1936)
Cadre historique
Après une éphémère première République (1873-74), la royauté espagnole
est à nouveau abolie en 1931 avec l’instauration de la seconde République. Elle
commence sous de bonnes augures et beaucoup de catholiques s’y rallient, mais
les hostilités avec la religion s’ouvrent en 1933 après des élections
favorables à la gauche. C’est d’abord une politique de laïcité absolue qui tend
à éradiquer le christianisme de la nation espagnole : interdiction aux
religieux de faire “aucun commerce, aucune industrie, aucun enseignement”,
suppression des jésuites, approbation du divorce, crucifix retirés des classes.
Et déjà, on brûle des églises. La gauche républicaine a mal calculé. Il
faudrait peu connaître le peuple espagnol pour penser qu’il accepte cette
violence anti-religieuse sans réaction. Les élections de décembre 1933 ramènent
au pouvoir une majorité de droite. Peut-être à ce moment-là, la crise aurait pu
être terminée si des solutions inspirées du catholicisme social avaient été
mises en œuvre : malheureusement il n’en est rien ; les conservateurs
paralysent les plans de réforme. Durant l’été 1934, éclate une première
"Révolution des Asturies"; des prêtres et des religieuses sont
assassinés, notamment les martyrs de Turon. La gauche jusque là dispersée se
regroupe et aux élections de février 1936, elle amène le "Frente
popular" (Front populaire) au pouvoir. Composé de communistes, socialistes
et anarchistes d’opinions souvent divergentes, il est essentiellement
anti-clérical. Les évêques reconnaissent au début sa légitimité. Mais les
violences éclatent déjà en juin 1936. Ce gouvernement (‘républicain’ de style
révolutionnaire) lance une violente persécution sanglante qui, en quelques
semaines, fait une foule de victimes. Tout le peuple ne suit pas. A la chambre,
un député monarchiste proteste et le lendemain, 14 juillet 1936, il est
assassiné. Les différents partis de droite, apeurés, se regroupent dans un
parti unique : la ‘Phalange’. Désormais, tous les ingrédients sont prêts
pour une guerre civile. Le général Francisco Franco se révolte et lance, le 18
Juillet, le "Mouvement national" (“Alziamento National”,
littéralement, Soulèvement national). Il est suivi par une grande partie de
l'armée.
C'est alors une terrible guerre civile de trente-deux mois (1936–1938)
entre "Républicains" (Rouges), renforcés par des "Brigades
internationales", et "Nationalistes" ou franquistes, aidés en
finale par la Wehrmacht allemande et les fascistes italiens. (Cependant, Franco,
durant la Seconde Guerre mondiale, refusera fermement de se lier avec les
puissances de l’Axe.) Quant aux "Rouges", comme on les appelle, (à
juste titre car leur but est de faire de l'Espagne un état satellite de la
Russie), ils déchaînent la plus grande persécution religieuse qu'ait jamais
connu l'Espagne. A cause de sa brièveté dans le temps et de son intensité,
c'est un ouragan ‘révolutionnaire’ comparable à celui de la Révolution
française, qui s'abat sur toutes les régions où domine leur influence
politique. Sur la liste noire des personnes à abattre figurent en premier lieu
tous les prêtres. Les exactions se multiplient : incendie de couvents,
d'évêchés, d'églises, destruction du patrimoine artistique sacré, bref, de tout
ce qui rappelle la religion catholique. Notons qu’il y eut des violences
condamnables de part et d’autre. (Même un écrivain catholique comme Georges
Bernanos a condamné dans “les Grands Cimetières sous la lune” les excès des
franquistes, voire de certains ecclésiastiques).
Les républicains
procèdent à des exécutions massives, accompagnées d'une férocité inouïe. Sont
victimes: 13 évêques, 4'184 prêtres, 2'365 religieux, 283 religieuses, des
milliers de laïcs. Ceux que l’Église béatifie sont vraiment martyrs car ils ont
été tués "en haine de la foi", ce ne sont pas de simples
"victimes de guerre", car ils sont pacifiques, comme le Pape a tenu à
le préciser (11 mars 2001) : « Les bienheureux qui sont élevés à
l’honneur des autels n’étaient pas impliqués dans des luttes politiques ou
idéologiques, et ne voulaient pas y entrer. (…) Ils ont vécu en aimant et sont
morts en pardonnant. » Conscients de mourir pour leur foi, beaucoup
criaient comme les "Cristeros" du Mexique (1926-1929) :
"Vive le Christ-Roi!"