25 martyrs du Mexique (1915 - 1937)

SS. Cristobal MAGALLANES et 24 compagnons

Béatification: 22.11.1992  à Rome  par Jean Paul II

Canonisation: 21.05.2000  à Rome  par Jean Paul II

Fête: 21 mai

Note:. 22 prêtres et 3 laïcs. Martyrs entre 1915 et 1937.

Réf. dans l’Osservatore Romano:  1992 n.48  -  2000 n.22 p.5-7

Réf. dans la Documentation Catholique: 1993 n.1 p.49

Ce sont :

2

ADAME ROSALES

Roman

2

AGUILAR ALEMAN

Rodrigue (Rodrigo)

2

ALVAREZ MENDOZA

Jules (Julio)

2

BATIS SAINZ

Louis (Luis)

2

CALOCA CORTÉS

Augustin (Agustin)

2

CORREA MAGALLANES

Matthieu (Mateo)

2

CRUZ ALAVARADO

Atilano

2

DE LA MORA  DE LA MORA

Michel (Miguel)

2

ESQUEDA RAMIREZ

Pierre (Pedro)

2

FLORES GARCIA

Margarito

2

FLORES VARELA

Joseph (José Isabel)

2

GALVAN BERMUDEZ

David

2

LARA PUENTE

Salvador

2

MAGALLANES JARA

Christophe (Cristobal)

2

MALDONADO LUCERO

Pierre de Jésus (Pedro de Jesus)

2

MENDEZ MONTOYA

Jésus (Jesus)

2

MORALES

Emmanuel (Manuel)

2

ORONA MADRIGAL

Justin (Justino)

2

REYES SALAZAR

Sabas

2

ROBLES HURTADO

Joseph Marie (José Maria)

2

ROLDAN LARA

David

2

ROMO GONZALES

Turribe (Toribio)

2

SANCHEZ DELGADILLO

Janvier (Jenaro)

2

UBIARCO ROBLES

Tranquilino

2

URIBE VELASCO

David

 

Avec ces 25 martyrs sont canonisés le même jour le Prêtre José Maria de Yermo y Parres  2 , fondateur d'une Congrégation religieuse féminine, et Maria di Jesus Sacramentado Venegas de la Torre  2 , fondatrice des Filles du Sacré-Cœur de Jésus.

 

Contexte historique

Après le régime autoritaire du général Porfirio Diaz (1876-1911) le Mexique entre dans une période d’instabilité politique, et même de guerre civile (1914-1917), marquée par un caractère anticlérical prononcé jusqu’à la veille de la 2e guerre mondiale. Ainsi dès 1913, un décret ordonne la fermeture des églises et l'arrestation des prêtres. On interdit de dire "adios" ou "Si Dieu le veut" ("si Dios quiere"), de sonner les cloches, d'apprendre à prier aux enfants; on détruit les églises, expulse les congrégations religieuses, on met hors-la-loi les organisations professionnelles non gouvernementales, l'enregistrement des prêtres est rendu obligatoire. En visite au Vatican en 1915, l’archevêque de Guadalajara dit à Benoît XV : « Nous payons les fautes de nos pères – Les cruautés des conquistadores ? demande le pape. Et l’évêque de répondre : Moins ces cruautés que l’erreur d’avoir écarté les indigènes du sacerdoce ». On sait que les ‘Indios’ étaient déconsidérés. Quant au clergé alors en place, il n’est pas toujours à la hauteur. On lui reproche souvent d’être intéressé et dissolu. (Graham Green, dans son roman “La Puissance et la gloire”, dresse le portrait saisissant d’un prêtre à la fois trop humain et plein de foi.) En 1917, une Constitution anticléricale est votée. Elle est d’abord appliquée avec un certain pragmatisme par le général ‘indios’ Obregon, un anticlérical qui agit cependant avec prudence dans les régions où la foi est plus vive.

Par contre, avec l’arrivée au pouvoir du général Plutarco Elias Calles en 1924, cette Constitution est appliquée strictement, et des décrets d’application sont promulgués; on a appelé le tout “les lois Calles”. La persécution devient plus violente. Pour Calles, le catholicisme est incompatible avec l’État. Un catholique ne peut être un bon citoyen puisque sa loyauté première est à Rome. Il faut remarquer qu’à partir de 1917, la “Révolution mexicaine” s’inspire de plus en plus de la révolution bolchevique. Le général Calles jure de détruire la foi chrétienne. Alors, un mouvement spontané de résistance naît dans le peuple. L’Église ne s’en mêle pas, même si quelques prêtres s’y engagent, pas toujours de façon heureuse d’ailleurs. Le peuple autochtone des Indios montre par là que sa religion n’est pas toujours aussi superstitieuse et syncrétique qu’on le dit. Le soulèvement, formé essentiellement de paysans, concerne surtout la région du Centre-Ouest (Jalisco). “Ils s’avancent comme en pèlerinage”, mais sont accueillis par l’armée à coups de fusils et de mitrailleuses, et dispersés sans peine. A plusieurs reprises, ils sont battus en terrain découvert et le gouvernement ne s’inquiète pas, au contraire. Mais, à chaque fois ils se replient dans les montagnes et font de la "guerrilla". Ceux qui sont faits prisonniers sont exécutés par la troupe et ils meurent en criant : "Vive le Christ-Roi!" On les appelle "Cristeros" par dérision, mais ensuite, ils revendiquent ce nom. Parmi eux, il y a des prêtres, non engagés dans le mouvement armé, mais continuant à se prodiguer pacifiquement au soin des âmes. Certains seront béatifiés. Ce mouvement de résistance, “le movimento cristero”, dure de 1926 à 1929. L’État comprend qu’il n’en viendra pas à bout. Quant à Pie XI, dès le début, il a condamné cette persécution, notamment avec l’encyclique “Iniquitates afflictusque” (1926). Mais pour sauver un minimum de liberté à l’Église, il est prêt, selon sa boutade, à “traiter avec le diable en personne”. Finalement, on aboutit aux accords (‘arreglia’) du 21 juin 1929. Les cloches sonnent à nouveau. Mais les cristeros se sentent oubliés. Les accords ont été traités sans eux. D’ailleurs, les lois anticléricales ne sont pas abrogées, mais leur application est seulement suspendue ; c’est un modus vivendi. Et de plus, la persécution reprend. Beaucoup de cristeros, qui ont rendu loyalement leurs armes par obéissance au Pape, sont alors assassinés. Pie XI proteste contre cette violation des accords par l’encyclique “Acerbo nimis” en 1932, mais il cherche à éviter la rupture avec le gouvernement. Quant à la "guerrilla", elle reprend (1932-1938) mais affaiblie, car l’épiscopat mène une politique d’apaisement et excommunie les catholiques qui reprennent le maquis. Rome et l’épiscopat voient sans doute sur le long terme, mais sur le coup, les cristeros, ne comprennent pas. Pourtant, ils se soumettent. A la veille de la guerre de 1939, une évolution se dessine ; des équipes beaucoup moins teintées de marxisme arrivent au pouvoir et les lois religieuses reçoivent une application plus souple. L’Église mexicaine se réorganise.

Les pauvres cristeros resteront longtemps oubliés, officiellement, même par la hiérarchie catholique. La béatification de 1992 est venue les remettre en lumière. Beaucoup mouraient en criant aussi « Vive le Pape ! » et « Vive Notre-Dame de Guadalupe ! » Aussi, lors de leur canonisation qui a suivi en l’an 2000, Jean-Paul II a-t-il pu déclarer: "Le peuple mexicain s'est toujours distingué par son grand amour pour Dieu, la Vierge, l'Église et le Pape." Le pape Benoît XVI procède à la béatification d’un nouveau groupe en 2005. Ainsi les cristeros entrent-ils glorieusement dans l’histoire de l’Église, et l’histoire tout court !