Bienheureux Joseph CASSANT

Nom: CASSANT

Prénom: Joseph (Pierre-Joseph)

Nom de religion: Joseph-Marie (ou Marie-Joseph)

Pays: France

Naissance: 06.03.1878  à Casseneuil (Lot-et-Garonne)

Mort: 17.06.1903  au Monastère Sainte-Marie du Désert (Haute-Garonne).

Etat: Prêtre - Trappiste

Note: Profession solennelle le 24.05.1900. Prêtre le 12 10 1902. Dévotion eucharistique. Meurt de la tuberculose en 1903.

Béatification: 03.10.2004  à Rome  par Jean Paul II (Son ultime béatification)

Canonisation:   à   par

Fête: 17 juin

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2004 n.40 p.1-3.8.10  -  n.41 p.4

Réf. dans la Documentation Catholique: 2004 n.20 p.955-956

Notice brève

Joseph Cassant naît en France au diocèse d’Agen en 1878. C’est une âme eucharistique, lui qui disait : « L’eucharistie est le seul bonheur sur la terre. » Et dès sa jeunesse, il n’a qu’un seul désir : devenir prêtre, mais sa mauvaise mémoire l’entrave dans ses études. Conseillé par son curé, il se réfugie à la Trappe de Sainte-Marie du désert au diocèse de Toulouse. Là il se donne avec générosité – “Tout pour Jésus” – à la vie austère des Cisterciens. Il désire se consumer d’amour pour la Vierge Marie et, sur le conseil de son directeur spirituel, il se confie totalement au Sacré-Cœur. Devenu “Frère Marie-Joseph”, il poursuit, non sans épreuves, ses études en vue du sacerdoce et il a la joie d’être ordonné prêtre à 24 ans, le 12 octobre 1902, mais épuisé et malade de la tuberculose, il meurt le 17 juin suivant. Vie cachée à l’ombre du cloître qui heureusement a été sauvée de l’oubli (comme celle de Thérèse de l’Enfant-Jésus sa contemporaine) grâce à une biographie et à des témoignages.

Notice développée

Joseph Cassant naît en 1878 à Casseneuil-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne, au diocèse d’Agen, en France. Ses parents, bons chrétiens, sont arboriculteurs. Ils habitent un beau logis qui a nom : ‘Les Gaillots’. Joseph fait sa scolarité à l’école du lieu, tenue par les Frères de saint Jean-Baptiste de la Salle. Un ancien camarade de classe rapporte de lui : « Tout le monde l’aimait bien…Il était gentil pour tous mais familier avec personne. » Cependant, il ne se plaît pas aux jeux bruyants des garçons, lui qui aime la paix et la beauté de la nature. A quatorze ans, Joseph écrit : « Seigneur, le premier jour de l’an 1892, je viens vous demander la grâce d’arriver sur les autels. Seigneur, donnez-moi l’intelligence et tout ce qui sera utile pour être un bon prêtre. » Demande qui n’est pas superflue car le pauvre Joseph a de grandes difficultés de mémoire et cela constitue un véritable handicap pour ses études. Il ne peut donc entrer au petit séminaire. Que faire ? Son bon curé, l’abbé Filhol, essaye pendant quelques mois de le faire étudier à la cure. Peine perdue. Alors il entrevoit une solution. A la Trappe, il pourrait plus facilement accéder au sacerdoce et de plus il aime la solitude et le silence ; mais a-t-il la vocation monastique et, avec sa faible constitution, résistera-t-il au régime ? Pendant un certain temps, il soumet le jeune adolescent à l’épreuve d’un régime austère. Le résultat est positif. Alors Joseph fait une première visite à la Trappe et d’emblée, il se sent ‘chez lui’. Comme le dit joliment Robert Masson, la Trappe est “un de ces lieux où, dans le silence, des hommes apprennent à tenir parole”. Joseph y entre donc dans la fraîcheur de ses seize ans, le 5 décembre 1894 : Il s’agit de l’abbaye cistercienne de Sainte-Marie du Désert au diocèse de Toulouse (Haute-Garonne).

Il a la chance d’avoir un maître des novices qui “ a le don de gagner les cœurs” (Règle de saint Benoît ch.58), le Père André Malet lequel décrit ainsi leur première entrevue : « J’ai eu l’impression d’une âme très douce, très profonde, qui cherchait Dieu. Je lui ai fait un signe de croix au front en lui disant : Ayez confiance ! Je vous aiderai à aimer Jésus. » Admis au noviciat, Joseph reçoit, comme tous les cisterciens à l’époque, le nom de Marie précédant son nom. Au soir de ce jour il demande à la Vierge de “l’aimer jusqu’à en mourir”. Pour lui, la vie est rude : longues prières, travail aux champs et de plus, puisqu’il désire être prêtre, il doit se remettre à l’étude du latin et du français. Frère Marie-Joseph (ou Joseph-Marie), souvent épuisé, ne se plaint jamais. Il ne demande ni permission, ni allègement. Il a pour devise : “Tout pour Jésus” et il dit : « La communion est ma vie ». A son grand désir de devenir saint, il voit deux obstacles : son émotivité et la jalousie envers les frères qui font preuve de plus de sainteté et d’intelligence que lui. Heureusement, il a le précieux soutien du Père André, qui lui enseigne la voie de la confiance et lui inculque sa propre dévotion au Sacré-Cœur. (Ce dernier deviendra plus tard Abbé et demandera à être enterré humblement aux pieds de celui qui fut son cher disciple.) Dans la communauté, on apprécie le frère Joseph-Marie. Un confrère témoigne : « Il était toujours content, c’est ce qui faisait la beauté de sa physionomie. Tout le monde l’aimait et l’estimait. Il souriait toujours. » Il fait ses vœux solennels le 24 mai 1900. Mais les études en vue du sacerdoce auraient pu sembler une épreuve trop forte pour lui, d’autant plus que son professeur se moquait de son incapacité devant les autres moines-étudiants, allant jusqu’à déclarer : « Vous êtes tout à fait borné ! Inutile pour vous d’étudier, vous n’en saurez pas plus ! Vous ordonner prêtre serait déshonorer le sacerdoce. » En cette occasion ou en d’autres épreuves (scrupules, craintes pour son avenir), le Père André auquel il obéit aveuglément a le don de l’apaiser par sa seule présence.

Il réussit ses examens et il est ordonné prêtre à l’âge de 24 ans, le 12 octobre 1902. Mais il a la tuberculose, maladie incurable à l’époque (témoin la petite sainte Thérèse, sa contemporaine) et il ne lui reste plus que huit mois à vivre. Au lendemain de son ordination, on l’envoie chez lui pour essayer de se refaire une santé. Joie partagée des retrouvailles, mais sa vie n’est pas là et il est tout heureux de revenir au monastère. Les souffrances du malade augmentent. Un moine rapporte : « Couché, il étouffe ; des escarres profondes rendent douloureuses la position assise ; l’enflure des jambes et la faiblesse ne lui permettent pas de rester debout. Il se tient comme il peut dans un fauteuil où toute situation est inconfortable ». L’infirmier chargé de le soigner n’est autre que celui qui fut son professeur de théologie et le jeune Père Joseph-Marie continue à être son souffre-douleur. (Ce moine d’ailleurs quittera le monastère peu après la mort du Père Joseph). Pourtant un jour, il est ébranlé en voyant le visage du malade baigné de lumière, phénomène qui se reproduit en présence d’autres témoins le 11 juin 1903, jour de la Fête-Dieu. Le jeune moine-prêtre de 25 ans offre ses souffrances pour le Seigneur et pour l’Église. Le 17 juin, il prononce ces paroles en présence du Père André: « Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi dans ma dernière agonie. » Sur ce, le Père le quitte un moment pour aller dire la messe et, à son retour, il le trouve endormi dans le Seigneur.

« Puissent nos contemporains, notamment les contemplatifs et les malades, découvrir à son exemple le mystère de la prière, qui élève le monde à Dieu et qui donne la force dans les épreuves ! » (Jean-Paul II)