Bienheureuse Marie de la Passion CHAPPOTIN DE NEUVILLE

Nom: CHAPPOTIN DE NEUVILLE

Prénom: Hélène-Marie

Nom de religion: Marie de la Passion

Pays: France

Naissance: 21.05.1839  à Nantes

Mort: 15 11.1904  à Sanremo

Etat: Religieuse - Fondatrice

Note: 1864 entre dans la Société de Marie Réparatrice. Fait ses vœux en Inde et devient supérieure. 1876 doit se séparer de la Société avec 19 sœurs et fonde les Missionnaires de Marie avec noviciat à Saint-Brieuc, puis ouvre une maison à Rome (1882). Les Franciscaines Missionnaires de Marie sont présentes dans le monde entier.

Béatification: 20.10.2002  à Rome  par Jean Paul II

Canonisation:

Fête: 15 novembre

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2002 n.43 p.1-3  -  n.44 p.6

Réf. dans la Documentation Catholique:

Notice brève

Hélène de Chappotin naît en 1839 à Nantes (Bretagne). En 1860 elle entre chez les Clarisses et dit à ce propos : “Je devins Fille de Saint François et n’ai jamais cessé de l’être.” Mais sa santé l’oblige à quitter et à rentrer dans sa famille qui d’ailleurs ne croit pas à sa vocation. Après quelques années, elle réussit à entrer chez les Sœurs Réparatrices, à Toulouse, où elle prend le nom de Sœur Marie de la Passion. Elle est envoyée en Inde où elle devient supérieure locale, puis provinciale. Elle a une âme profondément missionnaire et avec 20 religieuses, elle désire former un groupement purement missionnaire. C’est la naissance, avec la bénédiction de Pie IX, des “Missionnaires de Marie”. Elle a la joie d’être admise avec ses Sœurs dans le Tiers-Ordre franciscain sous le nom de “Franciscaines Missionnaires de Marie”. Elle retrouve ainsi sa vocation franciscaine. Après avoir connu bien des épreuves, elle meurt en 1904, laissant plus de 2'000 religieuses réparties sur 4 continents.

Notice développée

Hélène de Chappotin naît le 21 mai 1839 à Nantes, d'une famille chrétienne en vue. Dès l'enfance, elle manifesta des dons naturels éminents et une foi profonde. En avril 1856, alors qu'elle suit les exercices spirituels, elle fait une première expérience de Dieu qui l'appelle à une vie de donation totale. La mort imprévue de sa mère en retarde cependant la réalisation. En décembre 1860, avec le consentement de l'évêque de Nantes, elle entre au monastère des Clarisses, nouvellement implantés dans la ville, où l'attire l'idéal de simplicité et de pauvreté de Saint François. "Je devins fille de Saint François, dit-elle, et n'ai pas cessé de l'être." Le 23 janvier 1861, encore postulante, elle fait une profonde expérience de Dieu qui l'invite à s'offrir en victime pour l'Église et pour le Pape. Cette expérience marquera toute sa vie. Peu de temps après, elle tombe gravement malade et doit quitter le monastère. Elle revient dans sa famille qui ne croit pas à sa vocation, mais Dieu seul est "capable de combler la soif de vérité qui l'habite" (Jean Paul II). Cédant à sa passion de la lecture, elle met à profit le temps providentiel de calme qui lui est donné pour dévorer les livres de la bibliothèque du château familial: Écriture Sainte, Pères de l'Église, notamment Saint Augustin, auteurs spirituels du 17e siècle. Elle accumule ainsi un riche patrimoine qui lui servira grandement plus tard.

Quand son rétablissement est complet, son confesseur l'oriente vers la Société de Marie Réparatrice. Admise en mai 1864, elle reçoit, le 15 août de la même année, à Toulouse, l'habit religieux avec le nom de Marie de la Passion. Toutefois elle garde au cœur la nostalgie de sa première famille franciscaine, et la pensée de ses sœurs Clarisses lui 'brise l'âme'.

En mars 1865, encore novice, elle est envoyée en Inde dans le Vicariat apostolique du Maduré, confié à la Compagnie de Jésus. C'est là qu'elle prononce ses vœux temporaires. Ses dons et ses vertus la font désigner comme supérieure locale, puis, en juillet 1867, comme supérieure provinciale des trois couvents de Réparatrices. Elle a 28 ans! Sous sa direction les œuvres d'apostolat se développent, la paix – troublée par des tensions antérieures – est rétablie, la ferveur et la régularité refleurissent dans les communautés.

En 1874 elle fonde une nouvelle maison à Ootacamund, dans le vicariat de Coimbatore. Cependant, au Maduré, des divergences d'opinion se font jour au sujet de la Mission, au point qu'en juin 1876 vingt religieuses, parmi lesquels Marie de la Passion, se voient obligées de se séparer de la Société de Marie Réparatrice. Elle se réunissent à Ootacamund. Et Marie de la Passion se rend à Rome pour régulariser la situation des vingt sœurs séparées et obtient de Pie IX l'autorisation de fonder un nouvel Institut, exclusivement destiné aux missions, sous le nom de Missionnaires de Marie. Cette autorisation est donnée le 6 janvier 1877 en la fête de l'Épiphanie, fête éminemment missionnaire. Marie de la Passion écrira dans l'une de ses Méditations: "Réjouissons-nous que notre Institut missionnaire soit né en cette fête de l'Épiphanie. Bénissons Saint François qui au même jour nous a donné la promesse de nous abriter toujours sous son manteau." Quelques jours après, le Pape, lors d'une audience, encourage la fondatrice et lui impose les mains comme pour confirmer par ce geste la mission qu'il vient de lui donner au nom de Dieu.

Un noviciat est ouvert à Saint-Brieuc, en France; il accueille très vite de nombreuses vocations. A deux reprises Marie de la Passion se rend à Rome pour résoudre les difficultés qui menacent d'entraver la stabilité et la croissance du jeune Institut. C'est dans cette ville qu'elle retrouve providentiellement son orientation franciscaine initiale. En effet, le 4 octobre 1882, dans l'église d'Aracœli, elle est reçue dans le Tiers Ordre de Saint François. Elle entre alors en relation avec le Serviteur de Dieu, le Père Bernardin de Portogruaro, ministre général de l'Ordre des Frères Mineurs, qui, par la suite, la soutiendra dans ses épreuves. Les années 1882 à 1884 sont douloureuses. En mars 1883, Marie de la Passion est destituée de sa fonction de Supérieure de l'Institut, à cause de fortes oppositions. Mais le Ministre Général des Franciscains et l'évêque de Saint-Brieuc plaident en sa faveur. A la suite de l'enquête ordonnée par Léon XIII, son innocence est pleinement reconnue et elle est réélue au chapitre de l'année suivante.

L'Institut des Missionnaires de Marie, ou Franciscaines Missionnaires de Marie, commence alors à se développer rapidement. Le zèle missionnaire de la fondatrice ne connaît pas de limites pour répondre aux appels des pauvres et des abandonnés. La promotion de la femme et la question sociale l'intéressent particulièrement. Avec intelligence et discrétion, elle offre aux pionniers en ce domaine une collaboration qu'ils apprécient grandement. Son intense activité puise son dynamisme dans la contemplation des grands mystères de la foi. "Au cœur de l'engagement missionnaire, dit le Pape, elle place l'oraison et l'Eucharistie, car pour elle adoration et mission se fondent en une même démarche." Elle ouvre à son Institut les horizons de la mission universelle qui s'accomplit avec l'esprit évangélique de François d'Assise. Elle trouve le temps de rédiger de nombreux écrits de formation, tandis que, par une fréquente correspondance, elle suit ses sœurs missionnaires dispersées dans le monde, les invitant avec insistance à une vie de sainteté. En 1900 l'Institut reçoit le sceau du martyre avec 7 Sœurs victimes de la persécution des Boxers. Elles font partie du groupe des 120 martyrs de Chine canonisés au cours du Grand Jubilé de l'an 2000. Ce martyre est pour Marie de la Passion, en même temps qu'une grande douleur, "la joie d'avoir maintenant 7 vraies Franciscaines Missionnaires de Marie" reprenant à son compte l'action de grâce de son Père Saint François lorsqu'il apprit le martyre des 5 premiers Frères Mineurs au Maroc.

Usée par les fatigues des incessants voyages et du labeur quotidien, Marie de la Passion, après une brève maladie, meurt à Sanremo (Ligurie) le 15 novembre 1904, laissant plus de 2'000 religieuses et 86 maisons insérées en quatre continents. Aujourd'hui (en 2002) elles sont 7'700 Sœurs dans 77 pays.