Bienheureux Ignace MAYOLAN
Nom:
MALOYAN
Prénom:
Ignace (Choukrallah)
Pays: Turquie
Naissance:
19.04.1869 à Mardine (Turquie)
Mort: 03.06.1915 à
Chikhane
Etat: Évêque arménien-catholique
- Martyr
Note: Choukrallah est son nom de baptême, Ignazio (Ignace) à son
ordination en 1896. Ministère en Egypte. En 1911 archevêque de Mardine. Victime
de la persécution contre les arméniens résidant en Turquie.
Béatification:
07.10.2001 à Rome par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 3 juin
Réf.
dans lOsservatore Romano: 2001 n.41 p.1-2
n.42 p.2
Réf. dans la Documentation Catholique:
Notice
Mgr Ignace Mayolan est né à Mardine en
Turquie le 19 avril 1869. Son nom de baptême est Choukrallah. Discernant en lui
des signes de vocation, un prêtre l'envoie à 14 ans au couvent de Bzommar, un
village de la montagne libanaise qui est aussi le siège du patriarcat
arménien-catholique. Là, il est ordonné prêtre "Bzommariste", en
1896, sous le nom d'Ignace en souvenir du grand saint martyr Ignace d'Antioche.
En 1897 le Père Ignace est envoyé en mission à Alexandrie puis au Caire. En ses
heures libres, il étudie le français, l'anglais et l'hébreu, en vue
d'approfondir l'étude de la Bible. Sa Béatitude le Patriarche Boghos Bedros XII
Sabbaghian, remarquant ses qualités exceptionnelles, le nomme son secrétaire
privé en 1904. Entre-temps, le diocèse de Mardine a besoin d'un organisateur
pour seconder le vieil archevêque du lieu qui n'arrive plus à contenir les
intrigues politiques et les troubles liés à la situation économique désastreuse.
Le 22 octobre 1911, lors du synode des évêques arméniens réuni à Rome, le Père
Ignace est élu archevêque de Mardine. Il s'intéresse aux problèmes de ses
ouailles sur le plan matériel, social et spirituel (écoles, séminaire). Il
cherche à soulager ceux qui sont déjà persécutés par les Turcs. Lui-même est de
santé défaillante; mais il brille par son courage et jamais il n'acceptera de
compromission. Il entretient de bonnes relations avec les autorités du pays. Estimé
et apprécié, il est décoré par un "firman" (édit) du Sultan.
Lorsqu'éclate la première guerre mondiale, la Turquie se range aux côtés de
l'Allemagne et les Arméniens commencent à connaître des épreuves indicibles. Le
24 avril 1915 marque le début d'une véritable opération d'extermination. Le 30
avril des soldats turcs encerclent l'église arménienne et l'Archevêché de Mardine,
sous prétexte qu'il recèle des dépôts d'armes. N'y ayant rien trouvé, ils
s'acharnent à détruire les archives et les dossiers. Au début de mai, le
pasteur réunit ses prêtres. Il les exhorte à prier et à rester fermes dans la
foi. Le 3 juin, des officiers turcs traînent Mgr Maloyan devant le tribunal
avec 27 membres de la communauté. Là, Mamdouh Bey, chef de la gendarmerie, demande
à l'évêque de lui remettre les armes cachées chez lui. Le prélat lui répond
qu'il a toujours été un citoyen fidèle au gouvernement. Mamdouh Bey lui propose
alors d'embrasser l'Islam pour avoir la vie sauve. Le prélat lui répond:
"A Dieu ne plaise que je renie Jésus mon Sauveur. Verser mon sang en
faveur de ma foi est le plus vif désir de mon cur!" Alors un des soldats
le gifle brutalement. Mamdouh Bey lui assène des coups à la tête avec la crosse
de son revolver. A chaque coup l'évêque dit: "Seigneur prends pitié,
Seigneur fortifie-moi." Croyant sa mort imminente, il crie d'une voix
forte: «Qui d'entre vous, mes chers Pères, m'entend, qu'il me donne l'absolution».
Après cela, les soldats le torturent encore. À Chikhane, Mamdouh Bey lit à
haute voix la sentence suivante: «L'État vous a accordé beaucoup de
bienfaits...; en retour, vous avez trahi le pays. C'est pourquoi vous êtes
condamnés à mort. Cependant, si quelqu'un devient musulman il sera libéré et
rentrera à Mardine. Sinon, la sentence sera exécutée. Soyez prêts à exprimer
votre dernière volonté». Mgr Maloyan, au nom de tous, répond: «Nous n'avons
jamais été infidèles à l'État... mais si vous voulez nous demander d'être
infidèles à notre religion, cela jamais, au grand jamais». Et tous les présents
répondirent: «Cela jamais». «Nous mourrons, ajouta Maloyan, mais nous mourrons
pour le Christ». Un fidèle s'approche des soldats et leur lance: «Tuez-moi, et
vous allez voir comment meurt un Chrétien pour sa foi». Le Confesseur, inébranlable,
se met à genoux, tous font de même. Il prie le Seigneur de leur accorder la
force et le courage pour être dignes de la palme du martyre. Les prêtres
accordent à tous l'absolution. Ce qui provoque l'étonnement des soldats turcs
c'est la paix et le bonheur qui émane de leurs visages. Ils sont heureux de
mourir pour le Christ. Mamdouh s'approche de Mgr Maloyan et, pour une dernière
fois, lui proposa l'Islam. Celui-ci lui répond: «Ta demande m'étonne. Je
t'avais dit précédemment que je vis et meurs pour ma véritable foi. Je me
glorifie en la Croix de mon Seigneur et Dieu». Mamdouh furieux dégaine son
revolver et fait feu. La balle lui traverse la nuque. Il tombe à terre et,
avant de rendre l'âme, il s'exclame: «Seigneur, prends pitié de moi, entre tes
mains je remets mon esprit».
Mgr Maloyan est béatifié au cours du
Synode ayant pour thème: L'évêque. Ainsi est exaucé le vu du patriarche des
Arméniens catholiques qui avait déclaré: "Je souhaite que cette béatification
puisse avoir lieu au cours du synode des évêques, pour concrétiser le thème du
synode sur le rôle et la mission de l'évêque dans son diocèse."