Bienheureuse Jacinthe MARTO
Nom: MARTO
Prénom: Jacinthe (Jacinta)
Pays: Portugal
Naissance: 11.03.1910
à Aljustrel
Mort: 20.02.1920
à Lisbonne
Etat: Laïc
Note: Avec son frère François 2 et sa cousine Lucie, elle est favorisée de
plusieurs apparitions de la Vierge Marie, en 1917. Elle meurt de la grippe espagnole ayant
appris du ciel à offrir ses souffrances pour les pécheurs.
Béatification: 13.05.2000 à Fatima par
Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 20 février
Réf. dans lOsservatore Romano: 2000 n.19 p.10
n.20 p.1-5 n.21 p.12 - Le Secret: 2000 suppl. n.27
Réf. dans la Documentation Catholique: 2000 n.11
p.516-522 -
Le Secret: 2000 n.14 p.671-683
LA BÉATIFICATION
Le samedi 13 mai 2000, Jean Paul II a béatifié les deux petits
voyants de Fatima, Fracisco et Jacinta Marto, en présence de la troisième voyante encore
vivante, leur cousine Lucia, âgée de 93 ans et carmélite à Coïmbra, sous le nom de
Sur Marie du Cur Immaculé. C'est la première fois que l'Église béatifie
des confesseurs non-martyrs aussi jeunes, des enfants. Ils sont morts à presque 11 et 9
ans. (Saint Dominique Savio 2, le plus jeune jusqu'ici des saints non-martyrs, avait 15 ans).
Cette solennelle béatification a rassemblé plus de 500'000 personnes à la Cova da Iria,
sur le lieu des apparitions où se trouve maintenant la basilique et une immense
esplanade. Devant l'autel, beaucoup d'enfants portaient les mêmes habits que les petits
bergers de l'époque. Pour eux le Pape eut un mot spécial et spontané d'affectueuses
félicitations et il les exhorta à prier, eux aussi, pour la conversion des pécheurs.
LES PREMIÈRES ANNÉES DES PETITS VOYANTS
Ils naissent à Aljustrel, hameau de la paroisse de Fatima dans
le canton de Vila Nova de Ourém. La région dépendait du Patriarcat de Lisbonne,
aujourd'hui diocèse de Leiria. Leur maman a eu deux enfants d'un premier mariage. De ses
deuxièmes noces, avec Pedro Marto, elle a sept enfants. Francisco et Jacinta sont les
deux derniers. Lui a presque 9 ans et elle 7 ans au début des apparitions. Leur famille
est très chrétienne (comme tout le Portugal à cette époque, bien qu'il y ait à la
tête du pays un gouvernement maçonnique et violemment anti-clérical). On leur donne le
culte de la vérité, jamais ils ne doivent mentir, même si cela leur cause des ennuis
(on le verra au moment de l'interrogatoire). On a soin également de leur éviter tout ce
qui pourrait ternir leur innocence. Ils ont toutefois, eux aussi, de petits défauts.
Jacinthe, très vive et sensible, est parfois emportée ou susceptible. Quant à
François, "il devra dire beaucoup de chapelets" avant d'aller au ciel, mais la
Sainte Vierge n'explicite pas le sens de cette parole mystérieuse. Comme leurs parents
leur recommandent de dire le chapelet sur le lieu où ils gardent leurs troupeaux, ils ont
trouvé un moyen de l'expédier pour aller plus vite jouer, disant seulement "Ave
Maria" sur chaque grain au lieu de dire l'Ave tout entier. La Sainte Vierge le leur
reprochera.
LES APPARITIONS DE L'ANGE
Un an avant les apparitions de Notre Dame, ils ont trois apparitions d'un Ange resplendissant de jeunesse et de beauté.
L'ange de la paix. La
première fois, au printemps 1916, au creux du rocher la "Loca de Cabeço" il se
présente ainsi: "Je suis l'Ange de la Paix". A genoux, le front contre terre,
il fait une prière que les enfants répètent dans la même position: "Mon Dieu, je
crois, j'adore, j'espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient
pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et ne vous aiment pas".
L'ange du Portugal. La deuxième fois,
l'été 1916, il se présente comme "l'Ange du Portugal". Tandis que les enfants
jouent près d'un puits, dans le jardin de la maison de Lucie, il leur demande: "Que
faites-vous?" Et il ajoute immédiatement: "Priez beaucoup. Les curs de
Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au
Très-Haut des prières et des sacrifices". A partir de ce moment-là, les enfants
commencent à offrir au Seigneur tout ce qui les mortifie.
L'Ange de l'Eucharistie. La troisième
fois, à l'automne 1916, au "Loca de Cabeço", il apparaît tenant un calice
au-dessus duquel est suspendue une Hostie de laquelle tombent quelques gouttes de sang
dans le calice. L'Ange de l'Eucharistie leur fait répéter trois fois cette prière:
"Très Sainte Trinité, Père, Fils, Saint-Esprit, je vous adore profondément, et
vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent
dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et
indifférences dont il est lui-même offensé, et, par les mérites infinis de son très
Saint Cur, et du Cur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des
pauvres pécheurs". Et il donne la communion aux enfants. François sent bien que le
Seigneur est en lui, mais n'ayant pas entendu les paroles de l'Ange, il se les fait
répéter (il en sera ainsi au cours de toutes les apparitions), et il réalise ainsi avec
joie qu'il a communié. Lucie dira plus tard que c'est François qui a le mieux compris le
message de l'Ange. Aussi, de toutes les apparitions, c'est celle qui l'a le plus marqué.
Désormais, il n'aura plus qu'un unique désir: consoler et contenter Jésus. Sa vie en
sera transformée: prière continuelle et intense, union mystique avec le Seigneur,
purification progressive de l'esprit, renoncement à ce qu'il aime le plus, même les jeux
innocents des enfants.
LES APPARITIONS DE NOTRE DAME
Le dimanche 13 mai 1917.
Les trois bergers sont sur la colline de la "Cova da Iria". Ils voient
d'abord un éclair qui jaillit dans un ciel serein. Craignant un orage, ils redescendent
la colline avec leurs brebis et tandis qu'ils sont en chemin, ils aperçoivent sur un
petit chêne vert , "une Dame vêtue de blanc, plus brillante que le soleil".
Elle leur demande de venir le 13 de chaque mois, pendant six mois. "Voulez-vous, leur
dit-elle, vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'il voudra vous
envoyer en acte de réparation pour la conversion des pécheurs? Oui, nous le
voulons. Vous aurez beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre
réconfort. (
) Récitez le chapelet tous les jours, afin d'obtenir la paix pour le
monde et la fin de la guerre."
Le 13 juin. "Jacinthe
et François iront bientôt au ciel, dit la Dame, Lucie restera pour aider à répandre
dans le monde la dévotion au Cur Immaculé." Comme Lucie s'attriste de ne pas
aller immédiatement au ciel et d'être séparé de ses cousins, la Dame lui dit:
"Mon Cur sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu." Dans
sa main droite apparaît alors un cur couronné d'épines qui semblent s'enfoncer
dans la paume, signe de la souffrance que lui causent les péchés, et les enfants se
sentent portés à réparer ces offenses.
Le 13 juillet. "Qui
êtes-vous?" interrogent les enfants et ils demandent un miracle pour convaincre les
incrédules. La Dame leur demande de continuer à réciter le chapelet tous les jours en
l'honneur de Notre-Dame du Rosaire et pour obtenir la paix du monde et la fin de la
guerre, "car elle seule pourra vous secourir". "Sacrifiez-vous pour les
pécheurs, leur dit-elle, et dites souvent: 'O Jésus, c'est par amour pour vous, pour la
conversion des pécheurs et en réparation des péchés commis contre le Cur
Immaculé de Marie'." Alors dans le rayonnement de la lumière de sa main, la terre
semble s'entrouvrir et, devant les enfants épouvantés, apparaît l'enfer avec les
démons et les âmes en proie aux tourments. "Lorsque vous récitez le chapelet, leur
dit-elle, dites après chaque mystère: 'O mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du
feu de l'enfer, attirez au Paradis toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus
besoin'." Vient alors le "secret de Fatima". Les deux premières parties
ont été communiquées par Lucie en 1929 à l'Évêque de Leiria; elles parlent des
châtiments de Dieu mérités par nos péchés et donnent les moyens proposés pour
éviter ces châtiments: la dévotion au Cur Immaculé de Marie, avec la pratique
des premiers samedis et la communion réparatrice, la consécration de la Russie au
Cur Immaculé de Marie. La troisième partie du secret, remise à l'Évêque de
Leiria en 1944 et envoyée à Rome en 1957, restera cachée jusqu'à ce que Jean Paul II
ordonne de la dévoiler à l'occasion de cette béatification des enfants et de l'Année
Sainte. Elle concerne un attentat contre un "Évêque habillé de blanc" (le
Pape), lequel s'avance avec d'autres au milieu d'une ville en ruine jonchée de cadavres
(cf les nombreux martyrs du XXe siècle) vers le sommet d'une colline dominée
par une grande croix. La Congrégation de la Foi chargée par le Saint Père de donner un
commentaire théologique du secret dit notamment ceci: Il ne faut pas chercher dans les
visions prophétiques une chronologie historique stricte. Il ne faut pas être fataliste
et attendre passivement que le malheur arrive. C'est plutôt un avertissement
miséricordieux du ciel pour nous éviter d'y tomber. "Pénitence!" s'écrie un
ange par trois fois. Donc en se convertissant et en priant, on peut changer le cours des
événements. La preuve, c'est que dans la vision, l'Évêque habillé de blanc est mis à
mort, alors que l'attentat du 13 mai 1981, une main a tiré, mais une main maternelle
(celle de la Vierge) a dévié la balle mortelle.
Le 13 août. Trois
ou quatre mille personnes sont sur place, mais la Dame n'apparaît pas, néanmoins les
gens obtiendront quelques 'signes' de consolation. En effet les enfants ont été
emprisonnés par l'administrateur anti-clérical de Vila Nova de Ourém qui tente
d'arracher leur secret en brandissant des menaces de mort; il fait préparer devant leurs
yeux un bassin d'huile bouillante. Peine perdue. Fidèles à leur promesse, ceux-ci ne
disent rien. François même, croyant sa dernière heure arrivée, se réjouit d'être
bientôt au ciel. Dans la prison où on les a mis, ils font prier les prisonniers. De
guerre lasse, on doit les relâcher le 15 août, fête de l'Assomption. Et le dimanche
suivant, 19 août, la Dame leur apparaît aux 'Valinhos'. Avec un air triste elle leur
dit: "Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup
vont en enfer parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie et prie pour elles".
Le 13 septembre. Il
y a plus de 25'000 personnes. "Dieu est satisfait de vos sacrifices" dit la Dame
aux enfants en leur défendant de dormir avec la corde qu'ils utilisent comme instrument
de pénitence; ils doivent la porter le jour seulement. En effet la vision de l'enfer et
la tristesse de la Dame à cause des pécheurs qui se perdent poussent les enfants à
prier et à se sacrifier. La Dame annonce pour le mois d'octobre le miracle attendu.
Le 13 octobre. Foule
de 70'000 personnes. La Dame demande une chapelle en son honneur (qui pourra être bâtie
avec les dons que font déjà les pèlerins) et elle dit: "Je suis Notre-Dame du
Rosaire". Les enfants lui transmettent les multiples demandes des pauvres pèlerins.
Certains seront exaucés, d'autres non: "il faut qu'ils se corrigent", dit-elle,
et avec un air triste: "que l'on n'offense pas davantage Dieu, Notre Seigneur, qui
est déjà trop offensé". Il pleut interminablement
, mais à un moment donné,
Lucie demande: "Fermez les parapluies". Alors, la lumière dans les mains de la
Vierge se reflète sur le soleil et le miracle se produit: pendant dix minutes, le soleil
tourne sur lui-même en projetant des faisceaux colorés, puis il semble se précipiter
sur la foule terrorisée. Pendant ce temps là, les enfants voient d'abord Notre Dame et
Saint Joseph avec l'Enfant Jésus qui paraissent bénir la foule, puis Notre-Dame des
Sept-Douleurs, et Notre Seigneur bénissant la foule, enfin Notre-Dame du Mont Carmel.
Après cette vision, les pèlerins sont surpris de constater qu'ils sont tout secs.
FRANCISCO
Francisco (François) Marto naît le 11 juin 1908. Enfant au
caractère doux, il est pacifique, serviable et lorsqu'il y a contestation il ne cherche
pas à faire valoir ses droits, prêt à donner ce qu'on lui réclame, même injustement.
"Ça m'est égal, à moi" dit-il. IL aime la solitude et, comme son patron Saint
François, il protège les oiseaux. Il aime aussi chanter et jouer du fifre. Lors des
apparitions, il voit les personnes, mais n'entend pas les paroles. Alors avec la
permission de la Dame, les deux petites voyantes lui rapportent tout. Marqué
spécialement par la troisième apparition de l'Ange, lequel leur parle des offenses
faites au Seigneur, François veut être le consolateur de Jésus. Une nuit, son père
l'entend sangloter dans son lit; il va le trouver et François lui dit: "Je pense à
Jésus qui est si triste à cause des péchés commis contre lui". Désormais, il lui
arrive souvent de quitter le jeu et la companie de sa sur et de sa cousine pour
aller prier à l'écart. Un jour elles le cherche partout et finissent par le trouver le
soir, prosterné à terre. Absorbé, il n'avait pas entendu leurs appels. "J'ai
commencé à dire la prière de l'Ange, dit-il, et ensuite je me suis mis à
'penser'". Chaque soir quand il revient à la maison, il réclame qu'on dise le
chapelet en famille comme c'est la coutume et si sa mère, débordée par ses occupations,
n'a pas le temps de prier, il lui dit qu'elle peut prier en marchant. Tombé malade, les
gens aiment bien venir le voir dans sa chambre. "Je ne sait pas ce qu'a François, on
se sent bien ici", disent-ils. Il désire vivement communier avant de mourir (il n'a
communié que des mains de l'Ange). Quand sa cousine Lucie va communier à la messe, il
lui fait ses commissions pour 'Jésus caché'. Enfin il fait une dernière confession et
le lendemain, veille de sa mort, il a la joie de communier dans sa chambre. Il dit à sa
petite sur Jacinthe: "Aujourd'hui je suis plus heureux que toi, parce que j'ai
dans ma poitrine Jésus caché". Le lendemain, au matin, il dit à sa mère: "Oh
maman! Quelle belle lumière près de la porte!" et il meurt en souriant. C'était le
4 avril 1919, à 10 heure. Parti pour le ciel avant Jacinthe, celle-ci désormais est
souvent pensive et triste, et quand on l'interroge, ses yeux se remplissent de larmes et
elle dit: "Je pense à François. Comme j'aimerais le voir". Telle était
l'amitié pure et simple qui unissait les trois petits pâtres.
JACINTA
Elle naît le 11 mars 1910. De caractère joyeux et insouciante,
elle aime à danser, ce qu'elle fait avec grâce, et jusque dans la prison de Vila Nova de
Ourém! Très marquée par la vision de l'enfer, elle s'attache spécialement à prier et
à se sacrifier pour la conversion des pécheurs. Elle redit souvent la prière enseignée
par Notre Dame et elle invite son frère et sa cousine à prier "pour sauver les
âmes de l'enfer". Le 13 octobre 1917, un ecclésiastique lui demande de prier pour
le Saint Père. Elle lui demande qui est 'le Saint Père', et dès lors, à chaque prière
ou sacrifice, elle ajoute "
et pour le Saint Père". Après chaque
chapelet, elle ajoute trois Ave pour lui. Elle aurait tant aimé le voir! "Beaucoup
de personnes viennent ici, dit-elle, mais jamais le Saint Père". Deux fois elle aura
une vision du pape Benoît XV, priant et souffrant. (Paul VI viendra à Fatima en 1967
pour le cinquantenaire des apparitions, et Jean Paul II 4 fois, en 1982, 1984, 199? et
2000). Elle tremble devant la perspective de la deuxième guerre mondiale "pire
encore que la première" (apparition du 13 juillet 1917) qui arrivera si l'on
n'écoute pas les demandes de la Vierge, et dont les horreurs lui paraissent présentes.
"Tant de gens qui vont mourir. Et presque tous vont en enfer! Beaucoup de maisons
seront détruites et beaucoup de prêtres tués". Ainsi offre-t-elle généreusement
ses sacrifices: repas donnés aux brebis, puis aux pauvres support des visiteurs
qui la questionnent mauvais traitements, moqueries maladie et séparation
des siens. Elle dit aussi: "J'aime tellement le Cur Immaculé de Marie. C'est
le Cur de notre petite maman du Ciel!" Et elle chante sur des airs à elle:
"Doux cur de Marie, soyez mon salut! Cur Immaculé de Marie, convertissez
les pécheurs, sauvez les âmes de l'enfer". Elle regrette de ne pouvoir communier à
ces intentions. Devant partir à l'hôpital, elle fait ses dernières recommandations à
Lucie, inspirées des messages de la Vierge, et elle annonce qu'elle ira dans deux
hôpitaux, non pas pour guérir mais "pour souffrir davantage" et qu'elle mourra
"toute seule". Elle reçoit plusieurs 'visites' de la Sainte Vierge et meurt le
20 février 1920. C'est la date qui sera choisie pour la fête des deux petits voyants.