Bienheureux Marcel CALLO
Nom:
CALLO
Prénom:
Marcel
Pays: France
Naissance:
06.12.1921 à Rennes
Mort: 19.03.1945 à Mauthausen
Etat: Laïc - Martyr
Note: Typographe - JOC - Requis pour le travail obligatoire en Allemagne
(STO).Organise la JOC aux camps de Zella-Mehlis. Arrêté par la Gestapo
("trop catholique"). Meurt au camps de Mauthausen.
Béatification:
04.10.1987 à Rome par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 19 mars
Réf.
dans l’Osservatore Romano: 1987 n.41
- 1995 n.13 p.9
Réf. dans la Documentation Catholique: 1987 p.983
Au début du synode sur les
laïcs, le 4 octobre 1987, le Saint-Père béatifie trois jeunes laïcs martyrs,
dont Marcel Callo. Il naît en 1921 à Rennes en Bretagne (France), second d’une
famille de 9 enfants. Ses parents, qui viennent de la campagne, sont ouvriers
dans une usine de produits chimiques. Marcel a un caractère entier; il est
joueur, farceur, et déjà meneur, mais il a de la peine à céder. Il a eu un
milieu porteur au point de vue chrétien : sa famille, la paroisse, la
“Croisade eucharistique” dont la devise est ‘‘Prie, communie, sacrifie-toi,
sois apôtre’’. Puis, c’est le scoutisme qui l’enthousiasme.
A 12 ans, il fait ses
débuts dans l’imprimerie comme typographe, mais le milieu est délétère, car les
anciens se targuent d’ ‘initier’ les plus jeunes. Sur les conseils de sa mère,
il se tourne vers la Vierge. A 14 ans, on l’oriente vers le mouvement de la JOC
(Jeunesse ouvrière catholique). Non sans regret, il quitte le scoutisme, mais
l’idéal JOC ne tarde pas à l’enflammer, ne serait-ce que par cette phrase de
son fondateur, l’abbé Cardjin: “Un apprenti vaut tout l’or du monde”. Difficile
d’être chrétien et de témoigner dans son atelier. Un jour, un des anciens lui
lance: “Eh! Jésus-Christ! (c’est ainsi qu’on le nomme par dérision) viens te
battre si tu es un homme!” Marcel ne répond pas et continue son travail. Peu à
peu, il devient un ouvrier compétent et honnête, apprécié par son contremaître
et par les plus jeunes qui le prennent en affection comme un ‘grand frère’.
Puis vient la guerre, la
défaite de 1940 et l’invasion allemande. Toutes les associations sont
officiellement interdites, mais la JOC continue dans la clandestinité. En 1943,
sa sœur meurt sous les bombardements alliés et lui-même est réquisitionné pour
le ‘service du travail obligatoire’ en Allemagne (STO). Il ne cherche pas à s’y
soustraire pour deux raisons: Il ne veut pas provoquer des représailles pour sa
famille et il y voit une possibilité d’apostolat. Il écrit à sa tante: “Tu
sais, tante, je pars, mais c’est comme missionnaire.” Car il a cette conviction
que la JOC lui a inculquée: “Un chrétien, s’il ne milite pas, n’est pas digne
de ce nom.” Oui, Marcel a rencontré la Croix en s’arrachant non seulement à
l’affection de sa famille, mais à l’amour d’une fiancée, Marguerite, jociste
comme lui, et qu’il aime ‘tendrement et chastement’ (homélie du Saint-Père).
Arrivé là-bas, à Zella-Melhis, le choc initial est rude et il connaît un moment
de découragement, mais il se ressaisit. Il fait connaissance de jocistes
allemands dont l’aumônier parle bien le français. A leurs messes, Marcel entraîne des camarades
français qui ne sont guère familiers de l'église. Un groupe chaleureux se forme
ainsi autour de lui, ce qui attire aussitôt l'attention de la Gestapo. Marcel,
jugé ‘trop catholique’ est envoyé à la prison du Gotha avec les principaux dirigeants
jocistes de Thuringe, puis en camp de concentration, d’abord à Flossenburg,
puis à Mauthausen. Là, tout se conjugue pour exterminer rapidement un
homme : travail harassant dans une usine souterraine, faim, soif, coups.
Marcel envisage cette épreuve avec foi. Il écrit à son frère aîné Jean, récemment
ordonné : « Heureusement, il est un Ami qui ne me quitte pas un
instant et qui sait me soutenir et me consoler. Durant les heures pénibles et
accablantes, avec Lui on supporte tout. Combien je remercie le Christ de
m’avoir tracé le chemin que je suis en ce moment. » L’amour de sa fiancée
soutient aussi son moral. Mais le corps, lui, ne ‘suit’ pas. Marcel souffre
terriblement de l’estomac et on l’envoie à l’infirmerie du camp. « Le colonel
Tibodo, qui a vu mourir des milliers de prisonniers, l’assiste à l’aube du 19
mars ; il témoigne avec insistance et émotion : Marcel avait le
regard d’un saint » (Jean Paul II).
Marcel n’est pas devenu
saint d’un coup. Emile Biet, un camarade
d’école, disait à propos d'un article qu'il avait lu : "Je n'y reconnais
pas Marcel ; on a gommé ses défauts :
c'était un garçon comme nous". Il a connu les combats contre lui-même et
contre le monde, ‘‘mais, conclut Jean Paul II, pleinement ouvert à la grâce, il
s’est laissé progressivement conduire par le Seigneur, jusqu’au martyre’’.