Bienheureux Rupert MAYER
Nom:
MAYER
Prénom:
Rupert
Nom
de religion: Rupert
Pays: Allemagne
Naissance:
23.01.1876 à Stuttgart
Mort: 01.11.1945 à Pullach
Etat: Prêtre – Jésuite
- fondateur
Note: Prêtre en 1899, puis Jésuite. Prédicateur. Cofondateur de la
Congrégation des Sœurs de la Sainte-Famille vouée à l’éducation des filles
pauvres. Blessé pendant la première guerre mondiale, il reprend ses
prédications et s'oppose courageusement au nazisme. Emprisonné à deux reprises
(camp de concentration de Sachsenhausen), puis relégué au monastère d'Ettal de
1940 à 1945. Il meurt peu après.
Béatification:
03.05.1987 à Munich par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 3 novembre
Réf.
dans l’Osservatore Romano: 1987 n.19 p.4-5.16
- n.22
Réf. dans la Documentation Catholique: 1987 p.582
Rupert Mayeur naît à
Stuttgart en 1876. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1900, il est envoyé à
Munich où s’exercera pratiquement tout son apostolat, ce qui lui vaudra le
titre d’ “apôtre de Munich”. D’emblée, il est frappé par la détresse des
pauvres et des sans-abri. Pour eux il éveille et mobilise les consciences.
Soucieux avant tout du bien de la famille, il est cofondateur de la
Congrégation des Sœurs de la Sainte-Famille vouée à l’éducation des filles
pauvres. Aumônier militaire pendant la Grande Guerre, son héroïsme lui vaut des
distinctions militaires. Blessé, il est amputé de la jambe gauche. Après la guerre,
dès 1923, il s’oppose résolument et sans mâcher ses mots à la montée du
nazisme. Menacé de mort, il est finalement arrêté par deux fois et conduit en
camp de concentration. Réduit à la dernière extrémité, on n’ose cependant tuer
ce boiteux légendaire. On le relâche, mais il est contraint au silence dans un
monastère jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Il meurt peu après le
retour de la paix, le 1er novembre 1945. « Aujourd’hui aussi il
s’agit de donner à Dieu ce qui est à Dieu. Seulement alors sera donné à l’homme
ce qui est à l’homme. »
Notice développée
Rupert Mayer naît à
Stuttgart en 1876. Comme ses parents sont des commerçants très pris par leur
travail, c’est une gouvernante qui s’occupe de lui. Sa jeunesse est heureuse.
Très tôt, il suit son père à cheval dans ses tournées pour visiter ses clients
et il devient un excellent cavalier. A l’école, il brille à la première place
dans le sport, mais pour les études, il doit s’accrocher. Ce jeune homme plein
de vie est aussi très attentif aux souffrances des pauvres et des malheureux et
son cœur s’oriente très tôt vers le sacerdoce. En mai 1899, il est ordonné
prêtre à Rothenburg. Puis il pense à s’orienter vers les Jésuites ;
certes, ils sont considérés à cette époque comme des ‘ennemis de l’Empire’,
proscrits du pays et interdits par la loi. Lui-même les décrit comme ‘des
parias, des bannis et des apatrides’, mais cette persécution ne fait que
l’ancrer dans sa décision. Il entre au noviciat en 1900. En 1906, il est
affecté aux missions populaires dans les paroisses, où sa parole énergique et
franche touche les cœurs et met en confiance. En 1912, il est nommé à Munich où
se déroulera tout son ministère, hormis la parenthèse des deux guerres
mondiales. Très préoccupé du bien de la famille, il fonde avec deux autres
prêtres la Congrégation des Sœurs de la Sainte-Famille vouée à l’éducation des
filles du milieu populaire ; en effet à cette époque, la misère pousse
beaucoup de paysans vers la ville et les filles, spécialement, sont en danger.
En 1914, il s’engage comme
aumônier militaire. Sur le territoire français, sa conduite intrépide dans le
service sanitaire lui vaut une belle brochette de décorations ; puis il
est envoyé sur le front de l’Est. Il lui arrive de dire la messe à quelques mètres
des tranchées adverses. Pour finir, il reçoit une grenade et on doit l’amputer
de la jambe gauche, à deux reprises. Grandes souffrances, mais il est heureux
de partager le sort de si nombreux soldats. Dès son retour, ce boiteux devenu
légendaire reprend son apostolat dynamique de prédication, de confession et
d’action caritative. Les nécessiteux en tous genres se pressent pour recevoir
son aide et ils l’appellent ‘notre 15ème saint auxiliaire’ (la liste
traditionnelle en comporte 14). A partir de 1921,on lui confie la ‘Congrégation
mariale’ pour les hommes ; il l’amplifie considérablement. (La
Congrégation mariale des dames, comme celle des hommes, est une création des
jésuites au XVIIe siècle.)
Puis le nazisme fait peu à
peu son apparition. Dès le principe, en 1923, lors du coup d’état manqué de
Munich, le Père Rupert Mayer déclare qu’un catholique ne peut adhérer au
‘national-socialisme’. Si bien que lorsque Hitler accède en 1933 au poste de
chancelier et prend les pleins pouvoirs en 1934, les sermons du père sont
surveillés de plus en plus étroitement par des mouchards de la Gestapo ;
mais il n’en a cure. Avec ses hommes de la Congrégation, il défend le cardinal
Faulhaber menacé de mort à cause de son opposition aux pratiques eugénistes des
nazis, lesquels veulent supprimer ‘les bouches inutiles’. (C’est ce vieux
cardinal ‘à la stature imposante’ qui ordonnera prêtre le jeune Joseph
Ratzinger en 1951.) Finalement, le Père Mayer est arrêté. Avant d’être
incarcéré à Landsberg, il fait inscrire au procès-verbal devant la
police : « Je déclare que au cas où je serais libéré, je continuerai
de prêcher malgré l’interdiction de prendre la parole qui m’a été donnée, tant
dans les églises de Munich que dans toutes celles de la Bavière et ce, pour des
questions de principe. » On pense à la formule de saint Paul :
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » A
l’occasion d’une amnistie générale, il est libéré, mais on le tient à l’œil.
Arrêté de nouveau, il écrit : « Lorsque la porte de la prison se
referma et que je fus seul dans ma cellule, où j’avais déjà passé tant
d’heures, les larmes me vinrent aux yeux, mais c’étaient des larmes de joie, la
joie d’être interné à cause de ma profession, et livré à un avenir plein
d’incertitudes. » En décembre 1939, il est transféré au camp de
concentration de Sachsenhausen. Normalement, l’issue serait la mort, mais il
est à nouveau libéré on ne sait pour quelles raisons : son passé de
héros ? des pétitions en sa faveur ? crainte d’en faire un
martyr ? En revanche il est tenu de se taire ; pour cet apôtre de feu
ce sera la plus grande souffrance de sa vie. Il demeure confiné jusqu’à la fin
de la guerre dans le monastère bénédictin d’Ettal.
Certains avaient même cru
qu’il était mort. Aussi, à son retour parmi les siens, on s’apprête à lui faire
un triomphe, mais son humilité y met obstacle. Ce « prêtre de Dieu que
rien n’a pu briser » reprend son apostolat, mais pas pour longtemps. Le 1er
novembre 1945, en la fête de la Toussaint, il célèbre la messe à Pullach, près
de Munich, et à la fin de son homélie il est frappé par une congestion
cérébrale. « Le Seigneur… » dit-il par trois fois ; il s’arrête
et vacille mais ne tombe pas. Il meurt peu après. « Celui-là, même dans la
mort, il n’est pas tombé » dira le peuple de cet athlète du Christ demeuré
invaincu.
Le principe auquel le P.
Rupert Mayer est resté fidèle toute sa vie est le suivant : « Le
Christ, centre de notre vie. Il n’existe pas de solution intermédiaire. »