Bienheureux Daniel
BROTTIER
Nom:
BROTTIER
Prénom:
Daniel
Nom
de religion: Daniel
Pays: France
Naissance:
07.09.1876 à La Ferté-Saint-Cyr
(diocèse de Blois)
Mort: 28.02.1936 à Paris
Etat: Prêtre - Spiritain
Note: Prêtre en 1899. Spiritain en 1903. Au Sénégal pendant 8 ans
(1903-1911). Aumônier pendant la 1e guerre mondiale. Restaure
l'uvre des Orphelins Apprentis d'Auteuil (1923). Le tout sous la protection très
spéciale de Ste Thérèse de Lisieux.
Béatification:
25.11.1984 à Rome par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 28 février
Réf.
dans lOsservatore Romano: 1984 n.46 p.2
- n.49 p.1.4-5
Réf. dans la Documentation Catholique: 1985 p.38
Notice
Quand le Pape commence son homélie de béatification, le 25 novembre 1984,
il déclare: "C'est avec émotion que j'adresse un salut particulier à ceux
qui parmi vous ont connu le Père Brottier et en gardent vivement le souvenir.
C'est une joie de pouvoir honorer un homme qui est encore notre
contemporain".
Daniel Brottier naît en 1876 à la Ferté-Saint-Cyr dans le diocèse de Blois
(France). Quelques mois après sa première communion, en octobre 1887, il entre
au petit séminaire de Blois. A l'âge de 13 ans, à la suite d'une maladie, un
mal de tête se déclare qui ne le quittera plus jamais. C'est un bon élève et un
bon camarade, mais il a à combattre des tendances à l'orgueil et à la colère.
Il apprend à se dominer. Voici un témoignage se rapportant à la fin de ses
études secondaires: "Aucun art ne lui était indifférent. Il aimait
particulièrement la musique. Il jouait de l'orgue et chantait à merveille. Il
exécutait la photographie aussi bien que les maîtres de l'art." Il est
ordonné prêtre le 22 octobre 1899. Les trois premières années, il est
professeur. Pendant ce temps-là mûrit son projet de partir en mission.
Il s'oriente vers
la Congrégation du Saint-Esprit. Le 26 septembre 1902, il commence son noviciat
près de Paris, mais son père écrit au maître des novices qu'il n'a pas la santé
pour partir dans les pays de mission. Malgré cela, le Père Brottier s'engage le
30 septembre 1903 par la profession temporaire. Aussitôt, il part pour le Sénégal
dont le climat était réputé modéré. Le 27 novembre 1903, il arrive à
Saint-Louis dont il est nommé vicaire de la paroisse. Mais c'est l'époque des
lois anti-religieuses de Combes. Les religieuses et les Frères, au Sénégal
comme en France, doivent quitter leurs écoles et les hôpitaux. Le père Brottier
participe alors à la création et à l'organisation d'un patronage où l'on pourra
continuer à donner une éducation chrétienne à la jeunesse. Il se lance dans
dautres activités, mais, sa santé étant ébranlée à la suite d'une chute de
cheval puis d'une insolation, il rentre en France le 6 août 1906 pour un repos
de 6 mois. Il est de retour en janvier 1907 et reprend ses activités malgré
quelques avis contraires. Il s'intéresse notamment à la botanique. Il greffe
des mangues (il laisse son nom à la mangue Brottier). Il greffe aussi des roses
dont la vente lui permet de soutenir ses uvres. Il prend des photos dont il
fait faire des cartes postales. Mais le surmenage et une nouvelle insolation
l'obligent de nouveau à rentrer en France, cette fois définitivement, le 29
juin 1911. Il prend un temps de repos en Suisse puis fait un essai à la Trappe
(il y avait déjà songé lors de son premier séjour). Ce ne sont pas les
aptitudes qui lui manquent pour ce genre de vie, mais la santé. Il doit y
renoncer.
La guerre de 14
éclate. Jadis, il avait été réformé, mais il obtient du gouvernement la
permission de fonder un corps d'aumôniers volontaires: ainsi ce réformé passera
toute la guerre en 1ère ligne ! Les "poilus" sont
ébahis de le voir toujours indemne; lui-même ne comprend pas. La clé du mystère
lui sera donné quand il retrouvera son évêque de Dakar, Mgr Jalabert, venu en
France après la guerre: Ce dernier ouvre son bréviaire où il y a une image de
sainte Thérèse de Lisieux, image double à l'intérieur de laquelle le Père
Brottier aperçoit sa propre photographie avec cette inscription au verso:
"Petite Thérèse, gardez-moi mon Père Brottier". En effet, il comptait
sur lui pour édifier une cathédrale à Dakar. Pour cela, il le nomme son vicaire
général ... en France; et le Père Brottier s'attelle à la tâche. Après la
guerre également, il est cofondateur avec Clémenceau de l' "Union
nationale des combattants". Par ce moyen, il travaille à prolonger la
fraternité née dans le dépouillement des tranchées et le don héroïque de soi.
(Jean Paul II)
En 1923, on lui confie une uvre: les "Orphelins Apprentis
d'Auteuil". Elle avait été crée en 1866 pour s'occuper des enfants
abandonnés et leur donner une éducation chrétienne, mais par suite de la
guerre, elle était tombée en décadence et les enfants avaient mauvais esprit.
Le Père Brottier ne s'en émeut pas. "Les Allemands n'ont pas eu ma peau
confie-t-il à un ami - ce ne sont pas les gosses d'Auteuil qui l'auront!"
Sa première initiative est de lancer une souscription pour construire un sanctuaire
à sainte Thérèse: "Ce dont les enfants ont été sevrés, c'est d'affection,
dit-il. Thérèse sera leur maman". L'uvre croît. Au départ, ils étaient 70
enfants, au maximum des possibilités. A la fin, ils seront 1400. Pour eux il
diversifie les ateliers d'apprentissage qui leur permettront d'aborder la vie
avec un métier. Pour les ressources, le Père Brottier ne s'appuie que sur la
Providence, ce qui est encore le cas de nos jours (à peu de choses près). Aussi
le Père entretient une montagne de correspondance non seulement avec ses
bienfaiteurs mais avec beaucoup d'autres qui s'adressent à lui. Il entreprend
aussi une uvre formidable dans le domaine de la presse en créant plusieurs
journaux ou revues dont certains ont un grand tirage. Bref, tout lui réussit,
mais non sans peine: il est "actif jusqu'aux limites du possible", et
cela "de cinq du matin à
minuit". Pour ses enfants, il définit ainsi son objectif: "Un toit,
du pain, un métier, beaucoup d'amour". Il veut en faire "des hommes
debout" selon son expression. Il leur dit: "Devenir des hommes, tel
doit être votre idéal, mes enfants. Un homme, c'est celui qui sait ce qu'il
veut et qui l'accomplit coûte que coûte. (...) Ne soyez pas ces ombres d'hommes
qui vont devant eux au hasard".
Et que devient la cathédrale de Dakar? Le chantier arrive à sa fin, mais
le Père Brottier qui voit l'aboutissement de ses efforts est trop faible pour
être présent physiquement à sa dédicace, laquelle se célèbre le 2 février 1936
en la fête de la Présentation. Le 3 février, épuisé, il se couche pour ne plus
se relever. Une suite de complications douloureuses s'abattent sur lui. Il
achève ainsi son uvre sur terre par un "fiat" courageux et il meurt
le 28 du même mois.