Saint Pie X – Joseph Melchior SARTO
Nom:
SARTO
Prénom:
Joseph Melchior (Giuseppe)
Nom
de Pape: Pie X
Pays: Italie
Naissance:
02.06.1835 à Riese (Diocèse de Trévise
- Vénétie)
Mort: 20.08.1914 à Rome
Etat: Pape Pie X
Note: Prêtre le 17.09.1858 – Evêque de Mantoue le 16.11.1884 –
Cardinal le 12.06.1893 – Patriarche de Venise le 15.06.1893 – Pape le
04.08.1903.
Béatification:
03.06.1951 à Rome par Pie XII
Canonisation:
29.05.1954 à Rome par Pie XII
Fête: 20 août
Réf.
dans l’Osservatore Romano:
Réf. dans la Documentation Catholique: 1951 col.705 ; 1954 col.711
Notice brève.
Saint Pie X naît
en 1835 à Riese, en Vénétie. Il semble que tout réussit facilement au petit
Joseph Sarto qui, issu d'une famille nombreuse et pauvre, arrive par degrés
jusqu'au suprême Pontificat. En fait, il aurait aimé rester curé de Salzano et,
parvenu à l'épiscopat – charge qu'il redoute – il se définit encore comme un
"curé de campagne". Elu Pape, il accepte cette charge dont il se sent
incapable "comme une croix". Il ne perd rien de sa simplicité et même
de ses bons mots, véritables "fioretti". Fidèle à sa devise:
"Tout restaurer dans le Christ", Il restaure la liturgie dans sa
simple beauté (grégorien), réforme et simplifie le bréviaire et le droit canon.
Il lutte pour la liberté de l'Eglise de France spoliée par le gouvernement
anti-clérical de Combes, puis contre le modernisme qui met la foi de l'Eglise
universelle en danger. Il avance l'âge de la première communion pour les
enfants. Voyant venir le spectre de la Grande Guerre, il lutte pour retenir
l'Europe chrétienne sur le bord de l'abîme. En vain! Accablé de douleur, il
meurt peu après l'éclatement du conflit (août 1914).
Giuseppe (Joseph) SARTO,
plus connu sous le nom de Pie X, naît en 1835 à Riese, bourg de 4’500 habitants
en Vénétie (Italie). Il est baptisé le lendemain. Famille pauvre de 10 enfants
dont 2 meurent en bas âge, notamment le premier-né, un Giuseppe dont le second,
notre Giuseppe, héritera du prénom, si bien qu'il sera l'aîné de 8 enfants
vivants, avec 6 sœurs et un frère. Son père est un modeste huissier municipal,
sa mère, couturière (quand sa famille lui en laisse le temps). Le curé, don
Fusarini, remarque la piété précoce de Joseph qui, par ailleurs, est le premier
de sa classe. Voyant son désir d'être prêtre, il l'aide pour ses études
secondaires. L'enfant poursuit donc sa scolarité de 1846 à 1850 à la ville de
Castelfranco distante de 7 kilomètres. Chaque matin, il s'y rend à pieds avec
un morceau de pain en poche pour son repas et il revient le soir. Toujours
premier, mais n'ayant pas assez d'argent pour continuer ses études, il obtient
une bourse du patriarche de Venise, lui aussi originaire de Riese. Il peut donc
entrer au séminaire de Padoue en 1850 où il restera 8 ans. La mort de son cher
papa en 1852 l'empêcherait de continuer ses études s'il n'était à nouveau aidé
par don Fusarini, ange consolateur, qui soutient également sa famille au bord
de la misère. Toujours aussi brillant dans ses études, il s'intéresse
spécialement au chant sacré et aux Pères de l'Eglise.
Il est ordonné
prêtre à la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858. Son évêque ne le
laisse pas poursuivre ses études théologiques comme il l'aurait souhaité et le
nomme vicaire à Tombolo. C'est un village qui n'a pas bonne réputation. L'abbé
Joseph y vit pauvrement aux côtés d'un bon curé, en exerçant une grande charité
envers les pauvres. Plus tard il dira que ces années furent les meilleures de
sa vie. En 1867, il est nommé curé de Salzano. Ses sœurs viennent l'aider pour
tenir la maison. Non sans peine, car le jeune curé distribue aux pauvres tout
ce qui lui tombe sous la main. Le choléra de 1873 lui permet de donner toute la
mesure de son dévouement. En 1875, l'évêque de Trévise appelle près de lui ce
curé exceptionnel, le nomme chanoine, lui confie la chancellerie de l'évêché et
la direction spirituelle du séminaire. A la mort de l'évêque, il est vicaire
capitulaire (1879-1880). Dans ce rôle habituellement de transition, il déploie
une vaste activité. Son plus grand souci est que le peuple soit instruit de la
religion, les enfants, catéchisés et préparés à la première communion.
En 1884 ,il est
nommé par Léon XIII qui l'a remarqué, évêque de Mantoue. "Il ne manquait
plus que ça!" s'écrit-il dans son humilité, mais le pape maintient sa
décision. Il reçoit la consécration épiscopale le 10 mars 1884. La première
année, il ne fait qu'une ordination. Aussi s'occupe-t-il particulièrement du
séminaire, prenant lui-même en charge les cours de morale et de chant. Les
vocations augmentent. Le 12 juin 1893, il est créé cardinal et 3 jours plus
tard il est nommé patriarche de Venise. Mêmes protestations mais en vain. Comme
pour Mantoue, il doit attendre longtemps l'autorisation du gouvernement pour
prendre en charge son diocèse. Entre-temps, il a la douleur de perdre son
admirable mère (2 février 1894). L'acceptation du gouvernement arrive enfin: il
a fallu que le pape promette d'enlever l'Erythrée aux lazaristes français pour
la confier aux capucins italiens (!) Le 14 novembre 1894, le cardinal Sarto
fait une entrée triomphale à Venise. Dans sa Vénétie natale il se sent chez
lui. Il aime marcher le long de la lagune et parler aux gens. Il encourage les
ateliers donnant du travail aux pauvres. Il réorganise son séminaire, anime les
retraites de prêtres et leur impose des conférences de formation; il combat
dans le clergé un esprit d'indiscipline qui lui fait dire que 30 curés au moins
se considèrent comme des évêques.
Au
conclave qui suit la mort de Léon XIII (20 juillet 1903) c'est d'abord le
Cardinal Rampolla qui rassemble le plus de voix, mais dans un geste
anachronique, l'Autriche oppose son veto, ce qui révolte les cardinaux (en fait,
après la mort de Rampolla, on découvrira – dit-on – des documents prouvant
qu'il était un franc-maçon militant). Finalement, le cardinal Sarto est élu le
4 août 1903. Plus que jamais, il se sent incapable d'assumer cette
responsabilité écrasante mais il finit par accepter cette charge comme une
croix. Il choisit le nom de Pie en se référant aux saints pontifes "qui
ont honoré ce nom par leurs vertus et qui ont défendu l'Eglise avec force et
douceur". Il fait preuve en effet d'une grande fermeté car il réfléchit
longuement avant d'agir mais, comme le note son secrétaire d'état le cardinal
Merry del Val, une fois qu'il a vu clair et que sa décision est prise, il abat
le poing sur son bureau et dès lors rien ne saurait le faire changer; son
blason ne représente-t-il pas une ancre sur une mer agitée? Sa devise:
"Omnia instaurare in Christo": Tout restaurer dans le Christ (cf.
Eph. 1,10). Dès la première année, il veille à restaurer le chant sacré,
notamment en le simplifiant. Il dit: "Je veux que mes enfants prient sur
de la beauté." Le grégorien retrouve sa première place. De même, dès le
début de son pontificat, il entreprend de simplifier le Droit canon et le
dédale de ses lois séculaires. En 1905 le gouvernement anti-clérical français
confisque tous les biens de l'Eglise et interdit aux clercs, religieux et
religieuses d'enseigner et de soigner dans les hôpitaux. Pie X refuse le
compromis des "associations cultuelles" qui seraient établies sans
consultation préalable avec le Saint-Siège: douloureuse décision à prendre pour
le pape car il sait que ce refus prive l'Eglise de toutes ressources
matérielles. Néanmoins à la longue sa fermeté est payante: en 1908 il pourra se
féliciter que tous, des prélats aux fidèles, ont "écouté la parole du Pape
comme la parole même de Dieu." En 1907, il s'en prend au
"modernisme" qui menace la foi à l'intérieur de l'Eglise. Le
saint-Office publie le décret "Lamentabili" concernant 65
propositions fausses sur l'inspiration et l'historicité des Livres saints, etc.
Puis la même année le pape fait une critique de cette tendance dans
l'encyclique "Pascendi". Le fondement du système moderniste est une
philosophie inavouée mais diffuse qui par son agnosticisme annule toute
démonstration à base rationnelle sous prétexte d' "immanence vitale".
En 1910 le décret "Quam singulari" oblige les prêtres à proposer la
communion (avec confession préalable) aux enfants dès l'âge de raison :
mesure "prophétique"! En 1911 il réforme et simplifie le bréviaire
devenu trop lourd, surtout pour les prêtres
chargés de ministère. Quant à la refonte définitive du droit canon, ce travail
énorme ne sera conclu qu'après la mort du Pontife par la parution du nouveau
Code (1917), mais tout le mérite en revient à Pie X.
Avec une certitude
de prophète, dès 1906, saint Pie X voit approcher les horreurs de la Grande
Guerre, où l'Europe de tradition chrétienne va se plonger dans un combat
fratricide. Malgré ses efforts, notamment auprès du catholique empereur
François-Joseph qui ne répond pas à une longue lettre, la guerre éclate (août
1914). Il lui reste à peine un mois à vivre. On l'entend qui implore:
"Seigneur prenez ma misérable vie, mais arrêtez le massacre de tous mes
enfants." Il souffre spécialement à la pensée que des prêtres s'affrontent
sur le champ de bataille. Dans une dernière tentative, il écrit une lettre aux
catholiques du monde (2 août). Désormais, il apparaît aux yeux de tous comme
figé par cette épouvantable tragédie, laquelle, avec le poids de sa charge,
finit par avoir raison de sa robuste constitution. Il attrape une bronchite et
meurt le 19 août 1914.