Sainte Marie GORETTI

Nom: GORETTI

Prénom: Marie (Maria)

Pays: Italie

Naissance: 16.10.1890  à Corinaldo (Province d'Ancône)

Mort: 06.07.1902  à Près de Nettuno (Marais Pontins - Diocèse d'Albano)

Etat: Laïque - Enfant - Martyre

Note: Fillette du Latium (Marais Pontins), martyre de sa fidélité à sa pureté.

Béatification: 27.04.1947  à Rome  par Pie XII

Canonisation: 24.06.1950  à Rome  par Pie XII

Fête: 6 juillet (Mémoire facultative)

Réf. dans l’Osservatore Romano: 1991 n.41 p.9

Réf. dans la Documentation Catholique: 1950 col.897-902

Notice brève

Maria Goretti naît en 1890 à Corinaldo, région montagneuse de la Province d'Ancône, d'une famille de cultivateurs. La pauvreté les pousse à émigrer non loin de là dans les marais Pontins, encore insalubres, à Nettuno, au diocèse d'Albano. Elle n'a que dix ans quand son père meurt de la malaria. Elle s'occupe alors de ses cinq frères et sœurs tandis que sa mère travaille aux champs. C'est dans l'Eucharistie et la communion fréquente qu'elle vient puiser consolation et réconfort, tant pour son travail que pour vivre en chrétienne. Elle n'a pas tout à fait douze ans lorsqu'un jeune homme habitant la même ferme se met à la solliciter. Exaspéré par la résistance de Marietta, il finit par la menacer d'un poinçon de 20 cm de long, et la frappe de coups répétés. La sainte meurt le lendemain, 6 juillet 1902, après avoir pardonné à son agresseur. Une foule immense assistait à sa canonisation par Pie XII en 1950 dans laquelle se trouvaient et sa mère et son meurtrier converti.

Notice développée

Maria Goretti naît le 16 otobre 1890 à Corinaldo, village perché entre deux monts sur une hauteur fouettée par le vent, situé au sud d'Ancône dans la province des Marches, sur l'Adriatique. Dans ce village, les habitants vénèrent une "Madone, Reine des Martyrs" (la dernière parole de Maria en mourant sera un cri d'amour: "ô Madonna"). Ses parents, Luigi et Assunta, sont pauvres mais très pieux: prière en famille le soir, éducation des enfants dans la crainte de Dieu et le respect de ses commandements. Mais le petit lopin de terre n'arrive pas à nourrir la nombreuse maisonnée: 7 enfants dont Maria est l'aînée. On leur fait miroiter des conditions de vie meilleure dans des exploitations vacantes au sud de Rome. Assunta est attachée à sa maisonnette qu'elle entretient avec un soin méticuleux et elle ne voudrait pas la quitter; mais nécessité fait loi: ils vendent leur ferme et partent.

Après un premier séjour au village de Colle Gianturco, ils se fixent en 1899 dans celui de Ferriere di Conca, au diocèse d'Albano, au sur de Rome sur le bord de la Méditerranée. C'est la région des "marais Pontins" (appelée maintenant Pontine). Malheureusement, à cette époque, les marais ne sont pas encore asséchés et la région est insalubre. Luigi travaille d'arrache-pied, mais il sera bientôt arrêté par le paludisme. Pour comble de malheur, la famille doit collaborer avec un veuf et son fils. Le père, Jean Serenelli, auquel Luigi est associé, est fainéant et buveur. Son fils Alessandro est un jeune homme de 19 ans grossier et vicieux. Luigi a compris le danger de cette proximité. Avant de mourir, en 1900, rongé par la fièvre paludéenne, le typhus et une pneumonie, il dit à sa femme: "Assunta, retourne à Corinaldo!" Mais c'est impossible car elle est liée par son fermage et endettée. La petite Marietta (Maria) n'a que dix ans à la mort de son père. Elle en est très affligée; elle va souvent au cimetière pour prier sur sa tombe. D'autre part elle fait tout pour consoler sa mère et la seconder dans sa lourde tâche. Elle lui dit: "Courage, maman, n'ayez pas peur, nous grandissons. Il suffit que Notre Seigneur nous donne la santé. La Providence nous aidera. Nous lutterons, nous lutterons!"

Marietta a été confirmée dès l'âge de 6 ans. Elle prie sans cesse, avec une prédilection pour le chapelet qu'elle tient toujours enroulé autour de son poignet. "Pourquoi pries-tu tant?" lui demande un jour une amie. "Je prie pour consoler Jésus et Marie de tant de péchés" répond-elle et elle se met à pleurer. Elle désire ardemment faire sa première communion. "Je veux Jésus - dit-elle à sa mère - je ne veux plus être sans Jésus." Mais elle a 10 ans et à l'époque, on ne communie pas avant 11 ans. De plus elle est illettrée et sa mère n'a pas de quoi lui acheter une robe de première communiante. Marietta insiste. Alors l'archiprêtre de Nettuno, la ville voisine, l'interroge et il est surpris par ses connaissances. Les habitants du village se cotisent pour lui fournir le nécessaire et le 29 mai 1902, en la solennité de la Fête-Dieu, maria, avec son frère Angelo et d'autres enfants fait sa première communion dans la petite église de Ferriere. En le recevant dans son cœur Marietta dit à Jésus qu'elle veut se conserver tout entière pour lui.

Le spectacle de cette famille pieuse a quelque influence sur Alessandro. Parfois il participe à la prière du soir et il va à l'église de temps en temps pour une grande fête. Mais peu à peu, la passion le prend à la vue de cette fille, qui, bien qu'elle n'ait pas encore 12 ans, est déjà grande et belle. Il lui fait des sollicitations que d'abord elle ne comprend pas. Puis il se fait menaçant tout en lui disant: "Si tu le dis à ta mère, je te tue." Maria, terrorisée, supplie souvent sa mère de ne pas la laisser seule, mais sans lui dire pourquoi, à cause des menaces d'Alessandro, et Assunta ne comprend pas. Le vendredi 5 juillet 1902, elle lui a réitéré sa demande. Croyant à un caprice, Assunta part tout de même au travail, non loin de là. Maria reste seule pour garder la petite Thérèse encore au berceau. A trois heure de l'après-midi, Alessandro demande à Assunta de le remplacer pour conduire les bœufs. Il gagne alors la maison toute proche et entraîne Maria de force dans la cuisine et exige qu'elle se plie à ses désirs. Maria se débat et lui dit: "Ne fais pas cela! C'est un péché! Tu iras en enfer!" Exaspéré par la résistance de Maria, il la menace d'un poinçon de 20 cm de long qu'il a fabriqué exprès et il la frappe de coups répétés. Il s'éloigne un peu, puis l'entendant encore gémir, il revient à la charge et lui porte de nouveaux coups: 14 en tout. Alerté par les cris de la petite Thérèse, le père Serenelli accourt suivi d'un ouvrier agricole et d'Assunta. Alessandro s'est barricadé dans sa chambre. Les gendarmes intrerviennent et l'emportent, lié, marchant entre deux chevaux. Ils empêchent ainsi la foule hostile qui s'est formée de le lyncher. Maria est conduite à l'hôpital de Nettuno, placée sur un char à bancs dont les secousses avivent la douleur de ses blessures. Le convoi n'arrive qu'à six heures du soir. Les médecins sont étonnés qu'elle vive encore car elle a été atteinte au cœur, au péricarde, aux intestins et au poumon gauche. Attachée sur la table d'opération, Maria a la consolation de voir arriver un prêtre; puis on l'opère pendant deux heures, sans l'endormir. Pendant l'opération et jusqu'à sa mort, Maria meurt de soif, comme Jésus sur la croix, mais on ne peut lui donner à boire par crainte de la péritonite. Avant de mourir, deux grandes grâces lui sont accordées: elle est inscrite dans la "Congrégation des enfants de Marie", et on en dépose la médaille sur sa poitrine haletante. La seconde grâce, c'est la Sainte communion avec l'Extrême Onction. Avant de lui donner l'hostie, le prêtre demande à la victime si elle pardonne à son agresseur comme Jésus a pardonné sur la croix à ses bourreaux. Surmontant un mouvement de répulsion, elle déclare: "Oui, pour l'amour de Jésus je pardonne. Je veux qu'il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi je lui ai déjà pardonné." Puis vient l'agonie. Elle meurt le 6 juillet à 3 heure de l'après-midi, premier samedi du mois.

Quant à Alessandro, il ne manifeste aucun repentir. Il est condamné à 30 ans de travaux forcés. Il est dans une prison en Sicile. Après un an, Mgr Blandini, l'évêque du lieu, vient le visiter. Le gardien lui dit: "Vous perdez votre temps. C'est un dur, vous verrez!" Effectivement, il est mal reçu, mais quand il lui parle de Maria et de son pardon, Alessandro se met à pleurer et il écrit une lettre de pardon à l'évêque. Une nuit, en 1910, Maria lui apparaît en songe. Elle est vêtue de blanc; elle cueille des fleurs au jardin du Paradis et lui en offre. Allessandro est libéré plus tôt, pour bonne conduite, après 27 ans de détention tout de même. En 1937 il se rend à Corinaldo où Assunta est retournée vivre. Il se jette à ses pieds. "C'est moi Alessandro! Je viens demander pardon pour l'assassin de votre fille." "Maria vous a pardonné, lui dit-elle, comment ne vous pardonnerais-je pas à mon tour?" Le lendemain - c'était Noël - ils communient côte à côte à la sainte table. Puis tous les deux sont invités à prendre leur repas chez l'archiprêtre. Par la suite Alessandro entre comme jardinier chez les Franciscains. Et c'est sous l'habit de religieux tertiaire franciscain qu'en 1947 il participe à la béatification de Maria, aux côtés d'Assunta et de la famille. Et de même pour la canonisation le 24 juin 1950.

Pour le 100e anniversaire de sa naissance, en 2002, Jean Paul II a adressé un Message spécial à l'Évêque d'Albano en soulignant l'actualité de cette Martyre de la pureté.