Saint Maximilien-Marie
KOLBE
Nom: KOLBE
Prénom: Raymond
Nom de religion: Maximilien - Marie
Pays: Pologne
Naissance: 08.01.1894
à Zdunska Wola (près de Lodz)
Mort: 14.08.1941
à Auschwitz
Etat: Prêtre - Franciscain Conventuel - Martyr
Note: Prêtre le 28 avril 1918. En 1927 il fonde la
cité de l'Immaculée (Niepokalanow). Il offre sa vie à la place d'un inconnu. Dans le
bunker de la faim il est achevé par une injection. Martyr "en vertu de mon autorité
apostolique" (Jean Paul II)
Béatification: 17.10.1971 à Rome par
Paul VI
Canonisation: 10.10.1982 à Rome par
Jean Paul II
Fête: 14 août
Réf. dans lOsservatore Romano: 1982 n.35 -
n.42 - n.43
Réf. dans la Documentation Catholique 1971
p.952-954 (Avec Conf. du Card Wojtyla) - 1982 p.1017
Maximilien-Marie Kolbe est né en 1894, près de Lodz, en
Pologne. Frère mineur conventuel, il est ordonné prêtre le 28 avril 1918.
L'inspiratrice de toute sa vie fut la Vierge Marie, l'"Immaculée", sous la
protection de qui il entreprit une uvre immense: fondation du couvent de
Niepokalanow qui regroupa jusqu'à 700 frères, apostolat par la presse qui le conduisit
jusqu'à Nagasaki au Japon où il fonda un couvent qui sera épargné lors de l'explosion
de la bombe atomique. Mais c'était avant tout un homme de vie intérieure qui savait le
prix suréminent de la souffrance offerte. Il mérita le titre de "martyr de la
charité" lorsqu'au camp de concentration d'Auschwitz, il se livra à la place d'un
père de famille condamné au bunker de la faim. Il mourut à 53 ans la veille de
l'Assomption 1941.
Providentiellement, le Père Kolbe a été béatifié par le
Pape Paul VI au moment où se tenait le Synode sur les prêtres (1971), alors que certains
reposaient la question du célibat sacerdotal. Le Père Kolbe s'est offert à la mort en
répondant seulement à la question brutale de Fritch, 'Qui donc es-tu?': 'Je suis un
prêtre catholique'. Pour Paul VI cette béatification est alors, "en cette heure
d'incertitude, un réconfort pour les prêtres et religieux animés du souci d'offrir leur
vie pour sauver celle des autres." De même le Cardinal Wojtyla (qui le canonisera
plus tard comme Pape) notait dans une conférence de presse à l'occasion de cette
béatification: "Au moment où tant de prêtres dans le monde entier s'interrogent
sur leur 'identité', le Père Maximilien Kolbe se dresse au milieu de nous pour
répondre, non par des discours théologiques, mais avec sa vie et sa mort." Voyons
donc quelle fut sa vie pour y trouver cette réponse non pas théorique mais concrète.
Il naît à Zdunska Wola (Pabianice) près de Lodz (Pologne) le
8 janvier 1894. Au baptême, il reçoit le nom de Raymond. Ses parents sont de pauvres
tisserands. Sa mère Marie Dabrowska aurait voulu éviter le mariage et entrer en
religion, mais devant l'impossibilité de réaliser son vu, elle se marie avec Jules
Kolbe qu'elle aide dans son travail. Elle mène le ménage avec énergie. Ils n'auront que
des garçons dont trois survivront. Raymond est le second. Enfant très vif, sa mère
malgré son autorité, a de la peine à en venir à bout. Quand elle se fâche, docilement
le petit vient s'étendre sur un banc et lui tend le fouet, quitte à recommencer ensuite.
Un jour, découragée, elle lui dit: "Mon pauvre enfant, qu'est-ce que tu
deviendra?" Bouleversé, Raymond demande à la Vierge: "Qu'est-ce que je
deviendrai?" Ensuite, à l'église, il lui repose la même question. "Alors,
raconte-t-il, la Sainte Vierge m'est apparue, en tenant deux couronnes, l'une blanche et
l'autre rouge. Elle me regarda avec amour et me demanda laquelle je choisissais: la
blanche signifie que je serais toujours pur, et la rouge que je mourrais martyr. Alors
moi, j'ai répondu à la Sainte Vierge: 'Je choisis toutes les deux!' Elle sourit et
disparut." A l'époque, Raymond a 10 ans (1905). Sa mère remarque bien que son
comportement a changé. Il est devenu très sage et obéissant. Souvent il se retire
derrière l'armoire où se trouve un petit autel de Notre-Dame de Czestochowa; il prie
longuement et il en sort les yeux rouges de larmes. Sa mère lui fait avouer son secret.
Elle note: "Sa transformation radicale prouve bien que l'enfant disait la vérité! A
partir de ce jour il ne fut plus le même. Souvent, et le visage tout rayonnant, il me
parlait du martyre et c'était son grand rêve."
Les parents envoient l'aîné à l'école, cela représente un
gros sacrifice financier, mais Raymond doit rester à la maison pour aider sa famille. Il
seconde sa mère qui a également ouvert une petite boutique pour essayer d'arrondir le
budget. Il le fait avec beaucoup de compétence, mais du coup son avenir intellectuel
semble bouché. Un jour il va chercher un médicament chez le pharmacien et lui récite la
formule latine par cur. Étonné de son intelligence, le pharmacien se charge de lui
donner des leçons. A 13 ans, en 1907, il suit son frère François qui entre au petit
séminaire franciscain de Lvov. Très fort en sciences et s'intéressant spécialement à
la stratégie, il rêve de conquêtes au service de sa Reine, Notre-Dame. A 16 ans el
entre en crise, pensant qu'il doit sortir du couvent pour combattre en chevalier, plutôt
que de se présenter au noviciat. Au moment précis où il se rend chez le Père
Provincial pour lui annoncer la chose, on l'appelle au parloir. Sa mère lui annonce que
toute la famille entre au couvent, son père chez les Franciscains de Cracovie, elle chez
les Bénédictines de Lwow, et le dernier, Joseph, chez les Franciscains. Coup de foudre
pour Raymond: il reste! Au noviciat il reçoit le nom de Maximilien (auquel s'ajoutera le
nom de Marie). Cet être qui ne veut pas de limites change pour lui la devise de Saint
Ignace: "ad majorem Dei gloriam" (pour la plus grande gloire de Dieu) en
"ad maximam Dei gloriam", qu'on pourrait traduire: "pour la gloire maximum
de Dieu". Peut-être est-ce un jeu de mot sur son nom. En tout cas le Père
Maximilien est un maximaliste: son désir de sauver les âmes est illimité. Il ne dira
jamais 'sauver des âmes', mais: "toutes les âmes, celles qui sont sur cette terre
et celles qui seront jusqu'à la fin des temps."
En 1911 il fait ses vux temporaires. En 1912, vu ses
capacités extraordinaires, on l'envoie étudier à Rome. En 1914 son père meurt comme
officier dans le conflit qui oppose la Pologne à la Russie. Lui-même est exempt de
service, car, tuberculeux, il n'a plus qu'un poumon. En 1915 il est docteur en théologie,
et deux ans plus tard il fonde la 'Militia Immaculatae' (Milice de l'Immaculée). Deux
raisons l'y poussent: la décadence de son Ordre, car il faut, comme le lui disait un
ancien, 'remettre sur pied ou abattre'. D'autre part, il est choqué par une manifestation
de francs-maçons qui promènent des étendards sataniques sous les fenêtres du Vatican.
Alors se fait jour l'idée de fonder une association pour combattre tous les 'suppôts de
Lucifer'. En 1918 il est ordonné prêtre et dit sa première messe à Saint Andrea della
Fratte, là où le Juif Ratisbonne, qui venait de recevoir une médaille miraculeuse,
avait eu une apparition de Notre-Dame et s'était converti. La médaille miraculeuse est
la grande arme du Père Kolbe, il l'offre à tout le monde. En 1919 il est docteur en
théologie. Voyant les foules se précipiter sur les mauvais films en cette époque encore
nouvelle pour le cinéma, les religieux se lamentent. Lui pense qu'il faut utiliser cette
arme pour l'apostolat. C'est sa tactique: s'emparer de toutes ces inventions modernes qui
servent souvent au mal et les employer pour le bien. Il songe surtout à la presse.
Il revient en Pologne très malade. Pourtant, vu le manque de
personnel en ce temps d'après-guerre, on le nomme professeur, mais ses confrères se
moquent de ce faiblard. En 1920 il doit faire un premier séjour au sanatorium de Zakopan.
Contraint au repos, il reste apôtre et convertit, par exemple, un juif sur son lit de
mort. La mère est furieuse et on veut interdire au Père Kolbe les visites à l'hôpital,
mais il fait valoir le droit de visite, commun à tous, et il continue. Il rêve aussi
d'une revue qui porterait l'Évangile à tous les peuples sous la protection de
l'Immaculée. Il ne manque pas de souffle!... Et pourtant il n'a plus qu'un quart de
poumon. En 1922 paraît à Cracovie le premier numéro du 'Chevalier de l'Immaculée',
tiré à 5000 exemplaire. A Grodno. Grâce à Sur Faustine 2, il achète une vielle machine à imprimer...dont il convertit
le propriétaire. Des 'frères ouvriers' se groupent autour de lui, et cela dans un climat
d'égalité entre pères et frères, au service d'une uvre à laquelle tous
travaillent avec acharnement. Et en plus, il faut faire le travail conventuel dont ils ne
sont pas dispensés, ni eux ni le Père Kolbe. C'est l'exemple du Père qui entraîne
librement les frères. Il n'a qu'une seule exigence: "J'exige que vous soyez des
saints, et de très grands saints!" Les abonnements se multiplient alors qu'on est
dans une période de récession et que d'autres journaux périclitent. En 1924 le Pape Pie
XI lui envoie sa bénédiction. Il avait déjà reçu celle de Benoît XV pour son
Mouvement en 1919. C'est une ruche que ce couvent fait de baraques qui ne payent pas de
mine et où lon vit très pauvrement, mais les frères sont heureux et ils chantent.
Les paysans d'alentour le remarquent bien.
Gravement malade, le Père doit faire un deuxième séjour à
Zakopane qui durera un an et demi. D'abord tenté par le désespoir, il se console en
pensant que la Vierge poursuivra son chef-d'uvre. Lui, il n'est qu'un instrument. Au
retour, en avril 1927, il rencontre dans le train des étudiants japonais, sympathiques,
à qui il donne des médailles miraculeuses, mais il mesure la déréliction d'un monde
païen, et c'est de là que germe son projet d'implantation au Japon. La même année, il
achète un terrain près de Varsovie et construit le couvent de Niepokalanow: la cité de
l'Immaculée. En 1930, il se rendra au Japon, mais il n'a ni argent, ni relations, ni
connaissances de la langue. Et pourtant dès le premier mois paraît une revue en
Japonais. En 1931 à Nagasaki, il construit un couvent sur une colline, le dos tourné à
la ville, à l'étonnement de tous: ce sera le seul bâtiment resté debout lors de
l'explosion de la bombe atomique! Convoqué d'autorité pour un chapitre provincial, il
doit retourner en Pologne en 1933. On voudrait qu'il se contente de faire fructifier son
premier journal et d'en retirer les dividendes qui serviraient à lui et à son ordre,
mais le but du Père Kolbe n'est pas de surveiller une machine qui ronronne bien. Le feu
sacré de l'apostolat le pousse à augmenter toujours son rayon d'action. Bien sûr les
Supérieurs sont dérangés par ce trublion. Alors le Père Kolbe se déclare prêt à
leur obéir comme à la voix de Dieu; mais investis d'une telle responsabilité et
redoutant le jugement du Seigneur, les Supérieurs préfèrent lui donner le feu vert.
D'autres parutions se font jour. C'est d'abord "le Petit Journal" en réponse à
l'attente des évêques polonais qui souffraient de ne pas avoir de journal catholique
pour le pays. L'humble feuille, lancée en 1935, va droit au cur du peuple. Elle
déclare une guerre sans merci à toutes les formes d'abus, combattant la pornographie,
assainissant les murs. C'est le quotidien des petites gens, des paysans, des
ouvriers. Chacun se sent compris et défendu. En peu de temps, le tirage de la petite
feuille, blanc et bleu aux couleurs de la Vierge, atteint 320'000 exemplaire. En même
temps, il entreprend la publication en latin du "Miles Immaculatae" destiné à
rallier le clergé de toutes les races et de toutes les langues.
Le 8 décembre 1936, répondant à ses vux, l'ordre des
Frères Mineurs conventuels se consacre à l'Immaculée. En 1938, il lance une station de
radio sur le terrain de Niepokalanow. Le couvent regroupe alors plus de 700 frères et le
'Chevalier de l'Immaculée' tire à un million d'exemplaires. Mais, à l'étonnement de
son entourage, il prévoit 'le conflit atroce' qui va s'abattre sur le monde et
spécialement sur la Pologne. En septembre 1939 il est arrêté une première fois et
battu à mort ou presque à cause de son habit religieux et de sa foi. Il est libéré le
8 décembre. En février 1941 il est arrêté à nouveau et conduit au camp de
concentration d'Auschwitz sous le Numéro 16'670. De nouveau il est battu et laissé pour
mort. Notons qu'on n'a jamais pu percevoir dans son regard la moindre lueur de haine.
C'est la victoire de la charité qui trouve son couronnement dans le don de sa vie. En
effet, un détenu s'étant échappé, dix hommes, choisis au hasard, sont condamnés à
mourir d'inanition dans le sinistre bunker de la faim, et parmi eux un père de famille
que le Père Kolbe demande à remplacer. Demande acceptée. Avec les neuf autres
condamnés le Père prie et chante, là où l'on n'entendait auparavant que des cris de
désespoir. D'ailleurs, avec son arrivée au camp, l'atmosphère avait été changée.
Tous l'ont noté. Et cela perdurera jusqu'à la fin de la guerre. Seul survivant de tous
ses compagnons du bunker, il est achevé par une piqûre, le 14 août 1941, à l'âge de
53 ans. Le lendemain 15 août, fête de l'Assomption, son corps est brûlé au four
crématoire. Ainsi s'est consumé entièrement au service de Notre-Dame, celui qui
désirait 'être calciné' (sic) pour la gloire de Dieu.
La dernière lettre qu'il a écrite en prison se termine par ces
mots: "Laissons-nous conduire par Elle de plus en plus parfaitement, où qu'elle
veuille et quel que soit son bon plaisir, afin que, remplissant nos devoirs jusqu'au bout,
nous puissions, par amour, sauver TOUTES les âmes." (12 mai 1941)