PSAUME CXXI

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EXPLICATION DU PSAUME CXXI. « JE ME SUIS RÉJOUI, LORSQU'ON M'A DIT : NOUS IRONS DANS LA MAISON DU SEIGNEUR. »

 

ANALYSE.

 

1. Le Psalmiste nous montre les avantages des épreuves par l'exemple de la captivité des Juifs. Eux, qui auparavant ne voulaient pas entendre la parole sainte et qui priaient avec dégoât, se réjouissent d'apprendre qu'ils reverront la maison du Seigneur.

2. C'est qu'il y avait pour eux de grands avantages dans la nécessité où ils étaient de monter à Jérusalem pour les grandes solennités : les principaux étaient d'entretenir entre tous l'esprit de charité, et de conserver parmi eux la connaissance du vrai Dieu et le souvenir des merveilles opérées en leur faveur. En retour, Dieu les récompense par ses bénédictions les plus abondantes.

 

 

1. Voilà une parole qu'on n'aime guère aujourd'hui. Qu'on soit invité à aller au cirque, au théâtre d'iniquités, on accourt en foule, mais s'il s'agit de la maison de prière, il y a bien des indifférents. Il n'en fut pas ainsi des Juifs: et, chose bien grave à observer, c'est que les Chrétiens paraissent plus négligents qu'eux. Mais d'où venaient aux Juifs de pareils sentiments? Je l'ai déjà dit, ce fut la captivité qui les rendit meilleurs. — A dater de ce temps ceux qui auparavant abandonnaient avec dégoût, le temple et l'audition de la parole sainte pour courir sur les montagnes, sur les collines, dans les bois se livrer à toutes sortes d'infamies, se détachèrent de ce culte impie et depuis lors cette annonce les ranima, les excita, les fortifia et remplit leur âme de joie. Ils étaient encore tourmentés par la faim et parla soif, mais cette fois il ne s'agissait plus de pain ni d'eau, mais bien de la parole de Dieu dont ils étaient affamés et altérés. (Amos, VIII, 11.) Ainsi corrigés par le châtiment qu'ils venaient

de subir, ils désiraient ardemment de recouvrer cette maison de Dieu qu'ils avaient perdue. Alors ils embrassaient jusqu'au sol lui-même, et ils s'écriaient: « Ces ruines ont été agréables à vos serviteurs et ils auront compassion de cette terre (Ps. CI, 15); » et encore: « Quand viendrai-je et quand paraîtrai-je devant la face de mon Dieu (Ps. XLI, 3) ? » ou bien . « Je me souviendrai de vous dans la terre du Jourdain, près d'Hermon, et de la petite montagne (Ibid. 7) ; » enfin : « Je me suis souvenu de ces choses et j'ai répandu mon âme au dedans de moi-même. » (Ib. 5.) Mais dites-nous quelles sont ces choses dont vous vous êtes souvenu : « C'est que je passerai dans le lieu du tabernacle admirable où paraît la gloire du Seigneur, et que j'irai jusqu'à la maison de mon Dieu. » (Ib. 5). C'est-à-dire, je verrai de nouveau les danses et les grandes assemblées, le culte de mon Dieu et ses cérémonies. « Mes pieds étaient fermes dans ton enceinte, ô Jérusalem {2) ! » Une (176) autre leçon porte: « Je me suis réjoui lorsqu'on m'a dit : Nous allons dans la maison du Seigneur. Nos pieds sont arrêtés à tes portes, ô Jérusalem ! » Quelle allégresse extraordinaire ! On croirait les voir déjà en possession de ce qu'ils souhaitent si ardemment, tant ils se réjouissent d'en parler, 'embrassent de leurs désirs la maison de prière et la ville sainte. C'est ainsi que Dieu a toujours coutume d'agir: quand nous ne savons pas apprécier les biens que nous possédons, il les arrache de nos mains, afin que la privation opère ce que l'usage n'a pu faire. Aussi les Juifs remis en possession de leur ville et de leur temple rendent de grandes actions de grâces pour avoir recouvré leur patrie. «Jérusalem qui est bâtie comme une ville (3) ; » ou bien: « Jérusalem bâtie comme une ville. »

Selon les Septante, il s'agit ici du temps qui a précédé la construction de Jérusalem et il faut traduire : « Jérusalem sera bâtie comme une ville. » —  Selon un autre interprète, il est question de ce qui est arrivé après la captivité et on doit lire : « Nous avons recouvré a Jérusalem bâtie comme une ville. » Comme il régnait alors une solitude extrême dans la ville sainte qui n'offrait que des ruines, en sorte que ses tours rasées, ses murailles abattues ne présentaient plus que des vestiges de l'ancienne patrie, les Juifs, en voyant à leur retour une pareille désolation, se souviennent de la prospérité d'autrefois; ils racontent les splendeurs du passé et rapportent comment a été réduite à un état si honteux, celle qui était autrefois magnifique et illustre, qui possédait un temple, des princes, des rois et des pontifes, qui était la plus belle et la plus ornée. Si vous doutez qu'il en fût ainsi, écoutez ce qui suit: « Jérusalem qui est bâtie comme une ville. » Donc, ce n'était plus une ville alors, et cette vérité ressort encore de ce qui suit: « Dont toutes les parties sont dans une parfaite union entre elles. » Ces paroles indiquent qu'avant la captivité il y avait des édifices nombreux, solides et bien disposés, en sorte qu'ils présentaient un ensemble compacte et harmonieux et servaient de retraite à une population immense. Et c'est ce qu'a voulu faire entendre un autre interprète quand il a dit de Jérusalem qu'elle était «parfaitement unie.» Voici d'autres attributs de Jérusalem qui proclament sa gloire: « C'est là que sont montées toutes les tribus, les tribus du Seigneur, comme les témoins et les députés d'Israël, pour y célébrer les louanges du nom du Seigneur (4). » Ce qui en effet faisait une des plus belles gloires de la cité, c'était moins sa grandeur et ses édifices, que parce qu'elle était le centre où tout aboutissait, soit qu'il s'agît d'un conseil, d'une assemblée sainte ou d'une délibération sur un sujet quelconque. C'est qu'en effet là était le temple où s'accomplissaient tous les rites, toutes les cérémonies; là étaient les prêtres, les lévites, la demeure royale, le sanctuaire, les vestibules, et l'autel des sacrifices, et les fêtes, et les grandes assemblées, et les prières, et les lectures publiques, et pour tout dire en un mot, là résidait tout ce qui constituait la forme du gouvernement. Et voilà pourquoi toutes les tribus devaient s'y réunir principalement trois fois par an, aux fêtes publiques et solennelles de Pâques, de la Pentecôte et de la Scénopégie ou des Tabernacles. Et il n'était pas permis d'aller ailleurs. C'est donc pour célébrer cette prérogative glorieuse de Jérusalem que le Psalmiste s'écrie : «C'est là que sont montées toutes les tribus. » Ou, « que sont montés tous les sceptres, » selon une autre version. Et remarquez que le Prophète n'a pas dit simplement « toutes les tribus, » mais, « toutes les tribus du Seigneur. » Bien que toutes les tribus appartinssent au Seigneur, il ne leur était pas permis d'exercer clans leur pays les actes dont nous venons de parler. — C'était un privilège réservé à la métropole qui rassemblait tout et attirait tout à elle.

2. Il en était ainsi afin que les Juifs eussent une raison de connaître Dieu; car, dispersés çà et là, ils auraient pu être portés à l'idolâtrie et s'engager dans le culte des fausses divinités. C'est pourquoi le Seigneur leur ordonna de s'assembler à Jérusalem pour y célébrer leurs fêtes, sacrifier et prier, afin que leurs dispositions au vagabondage et à t'impiété fussent ainsi limitées, comprimées et retenues. Tel est le sens de ces paroles : « Les tribus du Seigneur, comme les témoins et les députés d'Israël. » Que signifient ces « témoins d'Israël? » C'est-à-dire, le témoignage le plus grand, la marque évidente de la Providence divine, en sorte qu'il n'était plus possible d'excuser ceux qui abandonneraient leur Dieu pour courir aux idoles , car le Seigneur ne pouvait pas donner une preuve plus éclatante de sa providence, de sa puissance et de sa sagesse. C'est là, en effet, qu'on lisait la Loi (177) contenant le récit des faits mémorables du passé et de l'histoire. Ce temps qu'ils passaient ensemble resserrait les liens de la charité qui les unissait. Les fêtes qu'on devait célébrer étaient un motif de réunion , et une plus grande crainte du Seigneur, une piété plus vive et d'autres biens innombrables résultaient de leur assemblée dans la ville sainte. « Pour y a célébrer les louanges du nom du Seigneur, » c'est-à-dire pour rendre grâces, adorer, prier, offrir des sacrifices qui les portaient à la piété et rendaient plus sûre l'observance des moindres détails de leur religion. « Car c'est là qu'ont été établis les trônes pour la maison de David (5). »

Voici encore une autre prérogative de la ville sainte, qui est d'être la demeure des rois. Car c'est le sens de ces paroles : « C'est là qu'ont été établis les trônes pour la maison de David, » ou « de la maison de David. » Jérusalem, en effet, était le centre d'une double principauté; la principauté des prêtres et celle des rois, qui étaient en quelque sorte inséparables, en sorte que la ville était ornée comme d'une double couronne et d'un double diadème. C'est là que résidaient les juges auxquels on déférait tout ce qui surpassait l'intelligence, de la multitude. Si, dans les autres villes, il avait été porté une sentence sur la justice de laquelle il y avait doute, la cause était déférée aux juges qui siégeaient à Jérusalem, comme il arrive dans les appels. Quand ils avaient prononcé, on ne pouvait plus en revenir. C'est ainsi qu'il en était autrefois, mais aujourd'hui quel spectacle navrant ! partout la solitude et des ruines; on aperçoit quelques restes d'édifices ravagés par le feu, d'une apparence misérable, tristes vestiges et souvenirs bien minimes d'une grandeur qui n'est plus. Aussi le Prophète ne termine-t-il pas son discours par cet affligeant tableau, mais il rappelle les Juifs à des espérances plus joyeuses en leur disant: « Demandez tout ce qui peut contribuer à la paix de Jérusalem (6). » Que signifient ces paroles : « Demandez tout ce qui peut contribuer à la paix de Jérusalem? » C'est-à-dire priez, sollicitez. Une autre leçon porte : « Embrassez, » ou, « saluez Jérusalem. » En d'autres termes : Demandez à ce qu'elle revienne à son ancienne prospérité, afin qu'elle soit à l’abri des guerres fréquentes et que désormais elle jouisse de la sécurité. Si tel n'est point le sens de ces paroles, elles sont une prédiction, et alors « demandez tout ce qui peut contribuer à la paix de Jérusalem, » indique qu'elle jouira de la paix. « Et que ceux qui l’aiment, ô ville sainte, soient dans l'abondance, » ou bien, « qu'ils soient en paix; » ou bien encore, « qu'ils soient dans la prospérité. » C'est là une grande source de bonheur, que non-seulement les biens soient dans Jérusalem, mais que ceux qui l'aiment puissent en jouir. C'est le contraire qui arrivait autrefois. Car ceux qui la haïssaient et qui l'opprimaient étaient les plus puissants, les plus célèbres et les plus illustres et ils triomphaient facilement. Mais maintenant ceux qui la chérissent seront dans une grande sécurité, ainsi que ceux qui font cause commune avec elle. Par ces derniers, le Psalmiste entend ceux qui devaient soutenir son parti, ou ses propres habitants. « Que la paix soit dans tes forteresses. » ou « dans ton avant-mur, » ou bien, « dans tes remparts (7). »Dans tes forteresses, c'est-à-dire dans ta substance, dans ceux qui t'habitent, dans ta prospérité. Comme la guerre est chose pernicieuse et que c'est ce qui l'a perdue, il lui souhaite la paix, « et l'abondance dans tes tours, » ou bien, « dans les palais. » Selon un autre interprète le Psalmiste souhaite à Jérusalem « la félicité » ou « le repos. » Il ne prédit pas seulement sa future délivrance des maux, mais la possession de biens innombrables, la paix, l'abondance, la fertilité. De quel prix, en effet, peut être la paix pour ceux qui vivent dans la pauvreté, la faim et la misère ? A quoi sert l'abondance dans les périls de la guerre? C'est pourquoi le Prophète prédit ces deux biens à la fois : l'abondance et la paix qui permettra d'en jouir. — « A cause de mes frères et de mes proches (8). » Ou il s'agit des voisins qui se sont réjouis de la chute des Juifs, et. il souhaite la paix afin qu'à leur tour ils soient confondus et qu'ils reconnaissent la puissance de Dieu; ou, par ses frères il entend ceux qui habitent la ville, et dans ce dernier cas il veut dire : A cause de mes frères et de mes proches je prie pour la paix afin qu'ils respirent enfin, maintenant que le malheur les a rendus meilleurs.

« J'ai parlé de paix pour toi, ô Jérusalem ! — J'ai cherché à te procurer toutes sortes de  biens à cause de la maison du Seigneur, notre Dieu (9). » Une autre version porte : « Je  parlerai afin que la paix soit au milieu de toi. » Comme le Psalmiste avait dit : « A (178) cause de mes frères et. de mes proches, » il a voulu montrer qu'il n'appuyait pas sa prière sur leurs mérites, mais qu'il souhaitait seulement de les voir comblés d'un plus grand bienfait, et voilà pourquoi il a ajouté : « A cause de la maison du Seigneur, notre Dieu.» C'est-il dire, par sa gloire je souhaite la paix, afin que son cule soit de nouveau rétabli et sa doctrine répandue partout. Comme il y avait des Juifs qui étaient nés au temps de la captivité, tandis que les autres avaient été témoins du départ et du retour; quand ils s'étaient acquittés de leurs devoirs envers Dieu, ils s'entretenaient ensemble du passé, et les anciens parlaient et de leur félicité d'autrefois, et de la prospérité dont, ils avaient joui et qu'ils avaient perdue. Admirons aussi comment le Psalmiste réprime l'arrogance des Juifs : Dans la crainte qu'ils ne s'imaginent qu'ils ont suffisamment expié leurs fautes , puisqu'ils ont recouvré leurs biens, il leur apprend que c'est à cause de la gloire de Dieu qu'ils sont de retour dans leur patrie, afin que cette connaissance leur procure la sécurité et les préserve du péché qui leur attirerait de nouveau les mêmes châtiments.

Pour nous, qui sommes instruits de ces choses, faisons tous nos efforts pour ne pas tomber; et, s'il nous est arrivé de commettre le mal, appliquons-nous à nous relever promptement, et à ne pas retomber de nouveau dans la crainte d'encourir la menace qui fut faite au paralytique : « Vous voilà guéri, ne péchez plus à l'avenir, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis. » (Jean, V, 14. )En parlant ainsi, Notre-Seigneur a voulu exhorter les bons à se conserver avec soin dans la vertu et ceux qui sont délivrés de leurs péchés à persévérer dans leur conversion, afin que tous ensemble nous obtenions les biens célestes. Puissions-nous en jouir tous, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et la puissance, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

 

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