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CINQUANTIÈME HOMÉLIE. « Rébecca conçut et les deux enfants s'entrechoquaient dans son sein. » (Gen XXV, 21, 22.)

 

ANALYSE.

1. Commentaires des versets 21-33 du chap. XXV. — 2. Da mépris des richesses.

 

1. Voulez-vous, encore aujourd'hui, mes bien-aimés, que nous vous servions les restes de la lecture d'hier ; car nous n'avons pas pu épuiser notre sujet. Nous vous avons montré les prières assidues d'Isaac, donnant à Rébecca la fécondité, réparant pour ainsi dire l'infirmité de la nature. Nous avons hier assez insisté sur l'enseignement qui ressort du texte ; nous vous avons montré pendant combien d'années ce bienheureux a continué de prier, de supplier le Seigneur. Nous avons fait une digression, à propos des femmes stériles, et, après vous avoir expliqué pourquoi les femmes de ces hommes justes furent frappées de stérilité, nous ne nous sommes pas engagé plus avant. Ce qu'il faut aujourd'hui , c'est apprendre quelle fut la piété de Rébecca, de telle sorte que nous ne fassions pas notre profit seulement de la vertu de l'homme juste, mais que l'histoire de Rébecca aussi, nous donne les moyens de provoquer un généreux zèle dans les âmes de ceux qui nous écoutent. En effet, quand le Seigneur eût exaucé la prière de l'homme juste, et quand Rébecca eût conçu, les deux enfants, dit le texte , s'entrechoquaient dans son sein, ce qui lui causait une grande douleur. En effet, selon le texte, elle dit : Si cela devait m'arriver, qu'était-il besoin que je conçusse ? Ce n'était pas un enfant seulement qui allait naître; elle en portait deux à la fois dans son sein, et ces enfants ainsi resserrés lui causaient une grande douleur. Mais ici, considérez, je vous en prie, la piété de cette femme, elle ne fait pas comme tant de femmes dont la vie est relâchée; elle ne cherche pas un secours auprès des hommes; elle ne va pas interroger ceux qui font des conjectures, des raisonnements, et qui ont la prétention de juger ces choses par leurs lumières propres; elle ne s'expose pas à être la dupe des charlatans, et de tous ceux qui osent promettre ce qui dépasse la nature humaine. Mais, Elle alla, dit le texte, consulter le Seigneur. Voyez la sagesse de cette femme. Comme elle vit que celui qui avait guéri sa stérilité, qui l'avait soudain rendue féconde, était le Maître et Seigneur de la nature; comme elle vit que le poids qui chargeait ses entrailles, renfermait une grande et mystérieuse promesse, Elle s'en alla, dit le texte, consulter le Seigneur. Qu'est-ce à dire, Elle s'en alla consulter le Seigneur? Elle courut où est la vraie science ; elle s'empressa d'aller trouver le prêtre, ministre de Dieu; elle était avide d'apprendre secrètement de lui la science dont elle avait besoin. Et, en lui racontant tout ce qui lui était arrivé, elle connut parfaitement tout ce qu'il lui fallait savoir; la miséricorde de Dieu, par la bouche du prêtre, lui révéla tout, et ranima son courage. Et, pour que vous sachiez bien quelle était alors la dignité des prêtres, le texte ne dit nulle part que le prêtre lui ait répondu; mais, après ces paroles : Elle alla consulter le Seigneur, l'Ecriture ajoute : Et le Seigneur lui dit (Ibid. 23), (336) évidemment par la bouche du prêtre Deux nations sont dans vos entrailles. Il faut que vous sachiez que, dans un autre passage, la divine Écriture appelle le prêtre, un ange, montrant par là que le prêtre dit ce que lui inspire la grâce de l'Esprit-Saint.

Donc le Seigneur lui dit, par la bouche du prêtre : Deux nations sont dans vos entrailles, et deux peuples, sortant de vôtre sein, se diviseront l'un contre l'autre; l'un de ces peuples surmontera l'autre peuple, et l'aîné sera assujetti au plus jeune. (Ibid. 23.) Voyez la prophétie qui lui prédit manifestement tout l'avenir. En effet, les enfants qui sautaient, qui s'agitaient dans son sein , de mouvements désordonnés, lui révélaient, dès ce moment, tout, d'une manière parfaitement claire; et, dès ce moment, la mère apprit non-seulement qu'elle mettrait au monde deux enfants, mais que de ces enfants sortiraient des peuples, que le plus jeune assujettirait l'aîné. Et lorsque ensuite vint l'enfantement, celui qui sortit le premier, dit le texte, était roux et tout velu comme une peau d'animal, et il fut nommé Esaü. Et ensuite sortit son frère, et il tenait, de sa main, le talon d'Esaü. C'est pourquoi il fut nommé Jacob. (Ibid. 25.) Dès le commencement Dieu fait presque voir que le plus jeune, conformément à la parole, dominera l'aîné. En effet, le texte dit qu'il tenait par la main le talon d'Esaü, ce qui était la marque de la supériorité promise sur celui qui paraissait le plus fort. Et considérez comme la divine Écriture se hâte d'annoncer l'avenir, comme, dès le commencement,, elle nous montre les goûts de chacun des deux frères : l'un adonné à la chasse; l'autre, cultivant les champs, homme simple, se renfermant dans sa demeure. Aussi, Rébecca chérissait Jacob; Isaac, de son côté, chérissait Esaü, Parce qu'il mangeait de ce qu'Esaü prenait à la chasse. (Ibid. 28.) Voyez la distinction établie entre les enfants : la mère montrait plus d'amour pour Jacob , parce qu'elle le voyait simple, retiré à l'a maison; le père, de son côté, chérissait Esaü, et parce que c'était le premier-né, et parce qu'il mangeait de sa chasse. Telles étaient les dispositions des parents, suivant l'impulsion de la nature. Cependant peu à peu s'accomplissait la prophétie, celle qui disait : L'aîné sera assujetti au plus jeune. Voyez en effet tout de suite. Jacob, dit le texte, ayant fait cuire de quoi manger, Esaü revint des champs bien fatigué, et il dit à Jacob : Donne-moi de ce mets roux, parce que je suis fatigué. C'est pour cette raison qu'il fut depuis nommé Edom, c'est-à-dire roux. Et Jacob lui dit: Cédez-moi votre droit d'aînesse. (Ibid. 29, 30, 31.) Or, celui-ci répondit : Que me servira ce droit d'aînesse quand je me sens mourir, si je ne prends pas de nourriture. (Ibid. 32.) Mais Jacob exigeait un serment pour qu'il n'y eût pas à revenir sur la cession. Et, dit le texte, Esaü lui fit le serment. (Ibid. 33.)

2. Voici donc maintenant l'ordre naturel interverti, la dignité de l'aîné passe à celui qui l'emportait par la vertu. Et, dit le texte, Esaü vendit son droit d'aînesse, c'est-à-dire que, pour de la nourriture, il vendit le privilège que la nature lui avait donné. Aussi le texte ajoute : Et Esaü se mit peu en peine de son droit d'aînesse. (Ibid. 34.) Comme si l'Écriture disait : l'insensé ne méritait pas le rang qu'il devait à la nature. Or, tout cela n'arriva que pour montrer la démence de cet aîné des deux frères, et pour accomplir l'oracle de Dieu.

Instruits par cet exemple, sachons apprécier toujours les dons du Seigneur; n'abandonnons pas, pour des objets sans valeur et méprisables, ce qui est grand et précieux. Pourquoi, voyons, répondez-moi, quand on nous propose le royaume du ciel et tant de biens ineffables, pourquoi ce désir insensé des richesses, pour, quoi préférer de fugitives jouissances,qui souvent ne durent pas jusqu'au soir, au bonheur durable, impérissable, éternel? Quoi de plus détestable que ce délire, qui nous prive des biens d'en-haut, à cause de notre trop d'amour pour ceux d'ici-bas, et qui ne nous laisse jamais la pure jouissance même de ces biens de la terre ? Quelle est enfin, je vous en prie, l'utilité des grandes richesses? Ignorez-vous que l'accroissement de, la fortune n'est qu'au accroissement de soucis, d'inquiétude, qui chasse le sommeil? Ne voyez-vous pas que ces riches sont surtout, à vrai dire, des esclaves; d'autant plus esclaves que la fortune leur vient avec plus d'abondance? Et, chaque jour, il leur suffit de leur ambre pour les faire trembler; car c'est de là que naissent les trames perfides, l'envie, les haines, et tant d'autres malheurs sans nombre. Et souvent vous voyez celui qui possède dix mille talents d'or, enfouie et cachés, envier le bonheur de l'ouvrier qui doit sa nourriture au travail de ses mains. Quel est donc le plaisir, quel est donc le profit des richesses, puisque nous n'en jouissons pas, et (337) que le désir insatiable de les posséder nous prive de biens plus précieux? Et à quoi bon parler de biens plus précieux, s'il faut ajouter aux malheurs présents, à la perte des biens à venir, l'éternelle torture? Et je ne parle pas encore des péchés sans nombre, que la richesse attire et rassemble, fourberies, calomnies, rapines, fraudes. Supposons un homme, affranchi de tous ces dangers, ce qui est très-rare et très-difficile au sein de l'opulence; supposons qu'il jouisse de ses trésors, tout seul, sans rien communiquer aux indigents, le feu éternel attend ce riche, vérité que met en toute évidence la parabole de l'Evangile, plaçant les uns à droite, les autres à gauche, disant aux premiers que le royaume des cieux leur est préparé parce qu'ils ont eu soin de l'indigence. En effet, dit le texte : Venez, vous les bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde. Pourquoi? Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger (Matth. XXV, 34, 35) ; aux autres maintenant, c'est- le feu éternel que la parole annonce : Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. (Ibid. 41.) Lourde et terrible parole : le Seigneur, le Créateur du monde dit : J'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger. (Ibid. 42.) A ces paroles quelle âme résisterait, fut-elle de pierre? ton Seigneur a faim, il cherche sa nourriture, et tues dans les délices; et ce n'est pas tout; toi, qui es dans les délices, tu le méprises, quoiqu-il ne te demande rien de précieux, rien qu'un morceau de pain, pour soulager la faim qui le tourmente. Il a froid, il marche pour se réchauffer, et toi, revêtu de tissus soyeux, tu ne le regardes même pas; tu ne lui montres aucune compassion; sans pitié, sans miséricorde tu poursuis ton chemin. Quelle pourrait être l'excuse de cette conduite ? Cessons donc de n'avoir que le désir unique de tout amasser, par tous les moyens; proposons-nous plutôt de faire, de ce que nous possédons, un bon usage; consolons l'indigence; ne perdons pas les biens éternels, au-dessus de tout changement. Car, si le Seigneur nous a laissé ignorer notre dernier jour, c'est pour nous forcer à pratiquer sans cesse la vertu , à veiller toujours, à faire chaque jour plus d'efforts pour devenir meilleurs. En effet, dit l'Ecriture : Veillez, parce que vous ne connaissez ni le jour ni l'heure. (Matth, XXV, 13.) Or, nous faisons tout le contraire, et nous dormons d'un plus lourd sommeil que le sommeil de la nature. Car, le sommeil naturel n'opère ni bonnes ni mauvaises couvres; mais nous dormons, nous, de l'autre sommeil; endormis pour la vertu, éveillés pour les oeuvres coupables, actifs pour le mal, paresseux pour le bien. Et nous menons cette conduite, quand nous voyons, chaque jour, un si grand nombre de vivants quitter la terre, quand nous voyons ceux qui restent exposés dans la vie présente, à tant de vicissitudes; et cette si grande instabilité des choses humaines ne nous persuade pas la vertu, ne nous inspire pas le mépris du présent, l'amour de la vie à venir; à ce qui n'est qu'un songe, qu'une ombre, nous ne préférons pas la vérité. En quoi les choses présentes diffèrent-elles des ombres et des songes? Eh bien ! désormais, cessons de nous tromper nous-mêmes; ne nous attachons plus à suivre des ombres. Il est bien tard, mais qu'importe? appliquons-nous enfin à notre salut; vidons nos trésors dans les mains des indigents, afin de mériter, par ce que nous aurons fait pour eux, la miséricorde du Seigneur. Puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire , l'empire , l'honneur, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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