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108. - X. (France), 23 janvier 1912.

 

Dans les derniers jours de novembre 1911, une personne demandait à me voir : elle m'était complètement inconnue. C'était une pauvre âme aux prises, tout à la fois, avec une grande misère matérielle et une non moins grande détresse morale.

Après avoir discuté un peu sur le but de sa visite qui était de me demandera l'aider pour trouver de l'ouvrage, je l'engageai à prier Sr Thérèse afin d'obtenir du bon Dieu le secours nécessaire. « Je n'ai pas la foi », répond-elle sur un ton farouche, indiquant le plus profond désarroi intérieur. Nouvelles instances de ma part. J'entremêle de paroles compatissantes ma recommandation de prier et de s'abandonner à la Providence par la « petite Thérèse » dont je lui remets une image, en lui conseillant de faire devant elle une confiante neuvaine. Déjà la malheureuse parait vaincue en voyant ce touchant portrait. Cependant elle ajoute : « J'ai trop offensé Dieu pour qu'il m'exauce. — Que pouvez-vous donc avoir fait de si extraordinaire... demandai-je, ce que tant d'autres ont fait sans doute ? — Je ne puis vous le dire ici où l'on nous entendrait. » Et déjà sa voix est coupée par les sanglots.

Je la conduis à l'écart et là je reçois un complet et émouvant aveu des grandes misères qui remplissaient son âme vaincue à cet instant par la grâce. Quelles larmes et quelle contrition ! Quel désir sincère de se réconcilier avec Dieu et de vivre chrétiennement !

Depuis elle est revenue plusieurs fois à la Table sainte. Mais Sr Thérèse ne s'en est pas tenue là ; la situation matérielle de cette pauvre femme s'est améliorée sensiblement. A la suite de sa neuvaine, elle a obtenu un travail suffisant pour écarter de cruelles difficultés.

Abbé X., prêtre.

 

109.

 

A la relation qui précède, M. l'abbé X. ajoute la copie d'une lettre qu'il reçut dernièrement. Nous la donnons ici :

 

Monsieur l’Abbé,

 

C'est sous l'inspiration de l'angélique Thérèse de l’Enfant-Jésus que je trace ces lignes ; c'est elle qui m'envoie vers vous. Voilà deux nuits que je m'éveille subitement avec son nom à l'esprit. A tout prix, elle veut que je rentre en grâce avec Dieu.

Je ne sais. Monsieur l'abbé, si je pourrai aller jusqu'au bout, car l’aveu est terriblement dur. Mais la petite sainte le veut... Demain je vous dirai mes fautes afin d'en obtenir le pardon ; ce soir, sous son inspiration, je commence une neuvaine afin d'obtenir la grâce de renouveler totalement ma vie.

 

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110. - Valence (Espagne), 24 janvier 1912.

 

Je prends la hardiesse de vous écrire, ma Rde Mère, pour vous demander une petite relique de Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus. C'est pour un jeune homme impie, très connu dans la ville, et qui lui doit le miracle de sa conversion. On avait porté chez lui la photographie de Sr Thérèse, et la pensée lui vint, un jour de grande souffrance, car il est poitrinaire, de l'invoquer pour un mal de dent : « Si vous êtes une mainte à miracles, lui dit-il, faites que je cesse d'avoir mal et que cette dent ne me fasse plus jamais souffrir ! » Sa prière finie, le mal cessa immédiatement. Depuis il eut confiance et la pria du fond du cœur... mais il fallait la conversion entière.

Une nuit l’angélique vierge lui apparut, laissant après elle un parfum délicieux. Transformé par la grâce et voulant « faire plaisir à Sr Thérèse », il déclara le lendemain : « Je veux me confesser : je suis catholique. Je déteste ma vie passée et je voudrais me porter assez bien pour pouvoir publier dans toute la ville le nom de cette sainte qui m'a converti ! »

Il est resté depuis dans ces excellentes dispositions.

 

X.

 

111. - III A. Castles Peace, Roman Road. Motherwell (Ecosse), 24 janvier 1912

 

J'entrai comme postulante au noviciat des Petites Sœurs des Pauvres de Glasgow, le 24 septembre 1910. Peu de temps après, en voulant arranger une fenêtre, je perdis l'équilibre et je tombai sur le plancher. D'abord je ne fis aucun cas de l'accident ; mais quinze jours plus tard je commençai à avoir mal à la tête et ma vue s'affaiblit tellement que je ne pouvais plus rien voir de l'œil gauche. Le 5 janvier, une des Sieurs m'amena chez le docteur S., qui, après m'avoir examinée, déclara que j'avais la cataracte sur l'œil gauche et que, pour l'enlever, il fallait une opération. Ce fut le seul qui parla de cataracte: tous les autres médecins que je vis dans la suite furent d'un avis différent. Alors toutes les Sœurs m'aidèrent à faire une neuvaine à la « Petite Fleur de Jésus »; mais, d'abord, elle sembla ne faire aucun cas de nos prières. Cependant je ne perdis pas confiance en elle et je gardai toujours l'espoir qu'elle me guérirait.

Le 4 février, je fus envoyée dans ma famille pour me soigner. Deux jours après je me présentai à la clinique de la rue Regent, et là les professeurs me dirent qu'ils ne pouvaient rien pour moi, car la vue de l’œil gauche était complètement éteinte, et ils me conseillèrent de soigner l'œil droit, que j'étais en danger de perdre aussi.

J'eus l'idée d'aller à la clinique pour les yeux, de la rue Berkeley ; le professeur F. dit que j'étais incurable et que la seule chose qu'il puisse faire pour moi était de me donner un mot pour un opticien, afin de me procurer une paire de lunettes spéciales pour la préservation de l’œil  droit.

 

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J'allai encore consulter le docteur de la famille à Motherwell et. comme les autres, il me dit que j'étais incurable. Après avoir entendu l'avis de tous les professeurs et docteurs, je priai la « Petite Fleur » plus ardemment, car je savais que les saints de Dieu peuvent faire plus que les plus savants médecins.

Je fis une neuvaine de communions en l'honneur de la « Petite-Fleur » pour obtenir ma guérison. La neuvaine finit le vendredi sans que je fusse guérie, mais je ne perdis pas encore confiance.

Le lendemain samedi, 25 février 1911, j'allai communier et je priai avec plus de ferveur que jamais... O merveille ! subitement en quittant l'église, je m'aperçus que je voyais très bien ! Cependant je ne pouvais croire que je fusse guérie : n'y avait-il pas trois semaines que tous les docteurs et professeurs m'avaient abandonnée comme incurable !... Je mis alors la main sur mon œil droit, et, de cet œil gauche, complètement éteint quelques secondes plus tôt, je distinguai nettement tout ce qui m'entourait. Nul doute : j'étais parfaitement et miraculeusement guérie !

Quand j'arrivai à la maison, mes parents se refusèrent d'abord à croire l'heureuse nouvelle. Pour s'en convaincre, ma mère me banda l’œil droit et chacun me montrait des objets et s'émerveillait en m'entendant nommer ce qui m'était présenté.

Je voulus, pour prouver mieux encore à tous ma guérison, rester ainsi pendant deux jours, l’œil droit bandé, et, durant ce temps, avec mon œil gauche, je ne cessai de travailler dans la maison.

Je retournai ensuite chez le docteur J., à Motherwell ; il m'avoua qu'il n'avait jamais vu chose semblable et qu'un vrai miracle avait été accompli en ma faveur.

Avec quelle gratitude je reconnais devoir ce miracle à la « Petite Fleur » de Jésus !

Miss Margaret Malone.

 

30 janvier 1912.

 

C'est un grand honneur aussi bien qu'un grand plaisir pour moi de rendre témoignage à la vérité de tout ce que Mlle Margaret Malone a écrit. Je la vis souvent chez elle, et tous les jours à la sainte communion durant sa grande épreuve, et j'étais sûr que sa grande foi serait bientôt récompensée.

Plusieurs médecins, faisant autorité dans la région par leur expérience et leur savoir, déclarèrent son cas désespéré. Il faut remarquer que celui de ces médecins qui a donné le certificat, constatant la guérison en dehors de ses prévisions, est protestant.

Je me rappelle très bien le jour et l'instant où, après une neuvaine de communions en l'honneur de la « Petite Fleur » durant laquelle elle s'était servie d'une de ses reliques, Mlle Margaret Malone me dit et me prouva en présence de ses parents qu'elle était radicalement guérie.

Grâce à cette guérison, elle put être réadmise au noviciat des Petites Sœurs des Pauvres. Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus a encore montré ce que peuvent attendre d'elle ceux qui la prient avec foi !

 

R. H. Grey-Grahac,
vicaire à Our Lady of Good Rid, Motherwell N. B. Ecosse.

 

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Voici l'attestation d’un des médecins : 19 août 1911. Ceci est pour certifier que Mlle Margaret Malone, III Roman Road. Motherwell, me consulta, à différentes reprises, au sujet de son œil gauche dont la vue avait complètement disparu. En faisant l'essai de cet œil, plusieurs fois je constatai qu'il ne pourrait jamais recouvrer la vue.

Je l'ai eue sous mes soins pendant un temps assez court, durant lequel il n'y eut aucune amélioration. Je l'envoyai de nouveau à la clinique des yeux, afin de voir si l'on pourrait faire quelque chose pour elle; on lui dit que l'on ne pouvait rien de plus et on lui prescrivit un traitement pour préserver l'autre œil. Selon mon opinion, la condition de l'œil gauche existait depuis l'enfance, ou au moins depuis longtemps, sans qu'on s'en soit aperçu.

J'ai constaté que maintenant Mlle Malone voit parfaitement bien avec son œil gauche, chose à laquelle je ne me serais jamais attendu.

 

Docteur D. J.

 

112. - R. (Seine-Inférieure), 25 janvier 1912.

 

Ma Révérende Mère, Je viens vous soumettre un cas de guérison vraiment merveilleuse, due à l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

J'ai prié la sœur qui a soigné la malade en question de me faire le petit rapport ci-inclus, lequel a été contrôlé par sa Supérieure.

 

X., prêtre-aumônier.

Relation de la Sœur infirmière.

 

Le 18 novembre 1911, à 11 heures du soir, la Maternité de l'hôpital de A. recevait une malheureuse créature en pleines crises éclamptiques, son médecin trouvant le cas trop grave pour la soigner chez elle. Il ne croyait pas d'ailleurs qu'elle passerait la nuit.

Dès son arrivée, je fis venir le docteur de la Maternité qui pratiqua une saignée et donna les remèdes usités en pareil cas. Elle se trouvait dans l'impossibilité absolue de s'alimenter et je la nourrissais au moyen d'une sonde.

Le 19, à 9 heures du matin, la voyant à toute extrémité, je lui fis administrer l'Extrême-Onction ; elle était alors sans connaissance.

A 10 heures, le docteur, trouvant le cas désespéré et s'apercevant que les autres malades en étaient très effrayés, me dit de retirer celle-ci de la salle.

A 11 heures ½, je la plaçai sur un chariot roulant pour la conduire, par une galerie de 16 mètres, dans une chambre séparée. En chemin, je m'arrêtai un moment, croyant qu'elle allait rendre le dernier soupir : lorsque, enfin, j'arrivai avec elle prés du lit qui lui était destiné, je dis à ma compagne, tant j'étais persuadée de sa fin imminente : « Laissons-la mourir sur le chariot. »

C'est alors que j'eus l'inspiration d'implorer Sr Thérèse de l'Enfant-

 

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Jésus : je lui dis du fond de l'âme : « Ma bonne petite sœur, demandez à la Sainte Vierge que cette malheureuse fille recouvre sa connaissance afin de pouvoir se confesser. » A ce moment, je n'ai pas vu, mais j'ai senti que Sr Thérèse était près de moi et, en écrivant ces lignes, j'en suis encore tout émue.

Immédiatement, les crises cessèrent et la connaissance revint.

Les choses se passèrent ensuite d'une manière extraordinaire. Le médecin ne pouvant rien pour elle, à cause d'un œdème considérable, l'enfant vint cependant au monde, le 23 novembre, dans les meilleures conditions, à notre grand étonnement.

Lorsqu'elle fut complètement remise, je lui racontai comment elle devait sa guérison à Sr Thérèse. C'est alors que j'ai vu ma prière exaucée : touchée par la grâce, la protégée de l'angélique sainte s'est approchée des Sacrements avec beaucoup de foi et un grand repentir.

Depuis, le double miracle se maintient : elle vient me voir toutes les semaines, elle va bien physiquement et moralement. Sr Thérèse, qu'elle prie tous les jours, n'a pas fait les choses à demi pour cette âme repentante !

Sr X.

113. - Couvent de Notre-Dame St Helens (Lancashire) Angleterre, 20 janvier 1912.

 

Mme Webster, âgée de 58 ans, et demeurant à Saint-Helens, 85, Vincent Street (Lancashire), commença, au mois d'avril dernier (1911), à se sentir très indisposée ; elle se fatiguait facilement, avait un malaise général, surtout à l'estomac, était tourmentée d'une grande soif et d'étourdissements. Son état empira jusqu'au mois de juin ; elle fut alors obligée de consulter son médecin. H lui dit qu'elle avait le diabète, ajoutant : « C'est très grave. » Elle suivit un traitement sans aucune amélioration ; au contraire, elle s'affaiblit visiblement de jour en jour.

            Sa fille Marguerite, qui est domestique- au couvent de Notre-Dame North Road, lui conseilla d'invoquer la « Petite Fleur de Jésus » qui fait tant de prodiges. La mère commença donc une neuvaine le 17 novembre, et le 24, huitième jour de la neuvaine, tous les symptômes de sa maladie disparurent, son appétit devint normal, et son organisme sembla se renouveler entièrement. Elle reprit tout de suite sa besogne ordinaire, sans fatigue, faisant même aisément la lessive.

L'heureuse cliente de la « Petite Fleur » montre la plus vive reconnaissance envers elle.

 

Suivent les signatures de Mme Webster, de ses cinq enfants, d'un Révérend Père Jésuite, de la Supérieure du couvent de Notre-Dame et d'une des religieuses.

 

114. - Rahan (Tullamore), Irlande, 29 janvier 1912.

 

Mon enfant, âgé de 14 mois, tomba malade le mardi 19 septembre 1911. Le  mercredi, deux prêtres qui passaient devant chez moi et que je

 

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priai d'entrer pour bénir le pauvre petit, le trouvèrent en grand danger et me conseillèrent d'appeler le médecin.

Il vint aussitôt et dit que le baby était très mal, qu'il avait le choléra d'été et que beaucoup d'enfants en mouraient à ce moment.

Il prescrivit quelques remèdes, mais l'état du petit patient empira et le vendredi 22 septembre, depuis une heure de l'après-midi, il parut mourant.

Le docteur vint vers quatre heures et essaya par toutes les manières de le ramener à la vie. Il lui pinça les oreilles, le prit par un pied et, lui tenant la tête en bas, le secoua plusieurs lois. Je le suppliai de le laisser mourir en paix et plusieurs personnes présentes tirent de même.

Après une heure de ces soins violents, il mit le pauvre petit sur mes genoux en disant : « Il est mort! » Puis, il se rendit chez une autre malade et dit de même : « Le bébé est mort ! »

Avant cela, j'avais envoyé ma fille au couvent de la Présentation pour demander des prières. Je désirais avoir aussi une image de la « Petite Fleur », mais je n'en avais rien dit. Cependant, les religieuses ne trouvèrent rien de meilleur à m'envoyer qu'une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Quand le médecin fut parti, j'appliquai cette image sur la poitrine de mon enfant et priai avec ferveur la «. Petite Fleur» de Jésus de le sauver.

Une demi-heure après, il remuait la main ! Je lui mouillai les lèvres avec du thé, et le petit malade s'endormit pour jusqu'au lendemain matin 23 septembre.

En s'éveillant de ce bon sommeil, il se jeta dans mes bras avec force : il était entièrement guéri et tout joyeux !

Par précaution, mon mari m'a obligée à le laisser couché pendant huit jours ; mais, depuis, l'enfant court par toute la maison. Tous les témoins aliment que le fait est un prodige. Chaque soir, depuis le miracle, nous prions en famille pour la béatification de la « Petite Fleurs».

 

Maggie Grennan.

 

Suivent les signatures du père, de la sœur et d'une voisine et le certificat médical déclarant le fait «merveilleux ».

 

115. - Couvent des Petites Sœurs des Pauvres, I. (Angleterre), 5 février 1912.

 

Pour accomplir la promesse que j'avais faite, je vous envoie les détails de la guérison de l'un de nos vieillards, nommé John Mac Cormick et âgé de 65 ans. Le fait a eu lieu au commencement de novembre 1911.

Cet homme était à travailler lorsqu'il s'enfonça un morceau de verre, ou quelque chose d'analogue, dans un doigt de la main droite. Le doigt devint malade et quand je le vis quelques jours après, il était tout enflé et avait très mauvaise mine. J'y appliquai un cataplasme et fis d'autres remèdes pendant plusieurs jours, mais rien ne produisait d'effet : au contraire, l'état empirait et je découvris bientôt tous les symptômes de l'empoisonnement du sang ; l'inflammation couvrait entièrement le dessus de la main et le doigt était tout noir.

 

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Tout à coup il me vint à la pensée que si je priais la « Petite Fleur de Jésus » elle aurait compassion de ce pauvre vieillard et je lui dis « Si vous voulez, vous pouvez le guérir, et si vous exaucez ma prière je promets de demander la permission de publier le fait. »

Le lendemain matin, lorsque j'allai voir le vieillard, il me dit qu'il avait souffert toute la nuit, ayant des douleurs jusque dans le bras : de sorte que j'avais presque peur d'enlever le cataplasme, craignant de trouver le doigt beaucoup plus mal.

Mais, quelle ne fut pas ma surprise de voir l'enflure complètement disparue et la main parfaitement bien : le pauvre homme était entièrement guéri !

Quoiqu'il eût pu se rendre à l'ouvrage ce jour-là, je ne lui en laissai pas la liberté. Il y retourna le lendemain et, depuis, il travaille continuellement.

Je racontai le miracle aux autres vieillards et, le matin suivant, l'un d'eux vint me dire : « Je vous ai bien écouté hier soir, lorsque vous parliez de la « Petite Fleur de Jésus», et je lui ai demandé de me guérir, car je n'avais pas dormi depuis huit jours à cause du mal de dents. Les douleurs ont complètement disparu et j'ai dormi toute la nuit. »

 

Sr X.

 

Suivent les signatures du vieillard, du chapelain, de la Révérende Mère Supérieure et de plusieurs témoins.

 

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114. - Prieuré de Notre-Dame du Bon Conseil, Haywards Heath, (Sussex) Angleterre, 5 février 1912.

 

William Tuttle était gardien des forçats dans la Prison d'Etat de New port (île de Wight) depuis environ six ans, lorsque différentes causes amenèrent en 1910 un état de langueur, accompagné d'insomnies et d'autres symptômes inquiétants ; il était atteint d'une anémie pernicieuse. Après plusieurs mois de soins et un séjour à l'hôpital, les médecins le déclarèrent incurable, et il fut conséquemment démissionné.

La maladie s'aggrava. Tuttle ne pouvait faire plusieurs pas sans perdre connaissance ; il ne mangeait plus, ne dormait plus, et sa pâleur devenait effrayante. Cet état alarmant durait depuis février 1911, lorsque vers la fin d'octobre, plusieurs neuvaines à Notre-Dame de Lourdes n'ayant obtenu aucun résultat, on commença une nouvelle neuvaine, cette fois-ci à la sainte petite thaumaturge, Thérèse de Lisieux.

Le second jour, 23 octobre, je crois, le médecin dit en terminant sa visite, que tout secours humain était impuissant, que les remèdes devaient être abandonnés. Il quitta le malade, croyant bien ne plus le retrouver en vie.

C'est à l'heure où tout secours humain avait disparu que la « Petite Fleur» montra son pouvoir. Cette même nuit, Tuttle vit une lumière brillante dans sa chambre, et une paix, une joie inconnues inondèrent son âme, tandis qu'un sentiment extraordinaire de vie s'emparait de tout son être. Il était guéri !

Sa mère (une protestante) qui le veillait, voyant que son fils se

 

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soulevait dans son lit, s'apercevant de quelque chose d'inusité dans son état, s'approcha et lui demanda s'il désirait quelque chose. «J'ai faim, très faim », répondit-il, sans faire allusion à l'intervention miraculeuse que sa mère n'aurait pas comprise, vu la différence de religion.

Il mangea du pain et, depuis cette heure, ses forces revinrent si rapidement que, trois jours après, non seulement il circulait partout, mais même se mit à scier du bois.

Le docteur, prévenu de ce mieux extraordinaire, refusa de croire au changement avant un examen sérieux, qui l'obligea à reconnaître que le mourant d'hier était parfaitement guéri.

Cette relation a été écrite après avoir interrogé Tuttle lui-même et d'après les renseignements reçus du Rd Monsignor C., chapelain de la prison des forçats.

Tuttle fait tous les jours, pour se rendre à son travail, un trajet de plusieurs milles anglais, ce qui est encore une preuve de la réalité de sa guérison.

Nous lui avons donné une petite image de sa céleste bienfaitrice, il ne veut plus s'en séparer ; et serait comblé de joie s'il recevait une de ses reliques.

Sr X., Prieure.

 

117. (France).

 

Le fait que je viens rapporter s'est passé en mars 1911 :

Mr X., âgé de quarante ans, était sur le point de mourir. La maladie qui le tenait depuis une année n'avait pas ramené vers Dieu ce grand pécheur ; son entourage, craignant de lui faire deviner sa fin prochaine, ne voulait pas laisser venir le prêtre ; c'était une âme qui s'en allait vers son éternelle damnation !

Après avoir vainement essayé de faire arriver M. le Curé jusqu'à lui, je commençai en famille une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Dès les premiers jours, ma femme réussit à donner au malade une image de la petite sainte, qui fut acceptée de bonne grâce. Il la regardait avec plaisir et lisait la prière plusieurs fois par jour.

Dans la nuit qui précéda la clôture de cette neuvaine, Sr Thérèse lui apparut : « Oh ! qu'elle était belle! disait-il. C'est au point que je l'ai prise pour la sainte Vierge ! » Mais ensuite il la reconnut, par sa ressemblance avec son portrait.

Elle lui avait annoncé sa mort prochaine et fait entrevoir l'éternel châtiment qui l'attendait, s'il ne se réconciliait avec Dieu, pendant qu'il en était temps encore... Il ne peut exprimer l'ineffable autorité avec laquelle cet ange lui avait dit : « Sauvez votre âme ! ! ! » ! Dès sept heures du matin, il nous fit demander un prêtre. M. le Curé y alla lui-même immédiatement. Le malade se confessa, communia en pleine connaissance, avec des dispositions admirables.

La conversion était complète et, pendant les trois jours qu'il vécut encore, le mourant ne cessa d'affirmer hautement et avec bonheur que, si la santé lui était rendue, il recommencerait une vie nouvelle, « car il savait maintenant quelle voie il devait suivre... »

 

X.

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118. - Carmel de X*** (Amérique).

 

Notre regrettée Sr Thérèse de Saint-Augustin, ma dernière professe et mon enfant de prédilection, aimait beaucoup votre petite sainte. Elle se nourrissait de la lecture de sa vie et me disait souvent : « La petite Thérèse faisait comme ceci ; elle disait telle chose... Si elle me prenait dans sa petite phalange? Je n'en suis pas digne!» Un jour elle vint me dire : « Ma Mère, je vais mourir. J'ai demandé à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de venir me chercher. Je ne peux plus vivre ici-bas, je veux voir mon Jésus !» Je la grondai un peu, lui disant qu'elle ne pouvait demander cela sans permission et que le plus parfait, c'est de se laisser faire par le bon Dieu. Toute triste, elle me répondit : « Je ferai comme voudrez, ma Mère ! mais, je sens que Notre-Seigneur va m'exaucer. » Depuis ce moment, elle me parlait très souvent de sa mort prochaine et de son désir d'être dans la phalange des petites âmes, victimes de l'amour miséricordieux, que Sr Thérèse a demandée au bon Dieu.

Quand mus vîmes notre chère enfant atteinte de la tuberculose, nous fîmes plusieurs neuvaines à votre séraphin, et Sr Thérèse de Saint-Augustin riait, disant : « Elle ne me guérira pas, elle vient me chercher. »

Quelque temps avant nos élections, où je fus déposée de la charge de Prieure, je lisais, à la récréation, la relation de la grâce dont une de nos chères sœurs d'un Carmel de Fiance avait été favorisée, en écrivant le miracle de Gallipoli. « Petite Thérèse, m'écriai-je tristement, vous faites partout des miracles et vous ne guérissez pas notre petite fille, je travaille pourtant beaucoup pour vous... »

Toute la soirée j'avais le cœur brisé. Enfin, après matines, je continuai d'exhaler mes plaintes à notre angélique sœur. Et le sommeil vint avec ce doux songe : Les cloches sonnaient à toute volée, la communauté psalmodiait le Lœtatus sum.

Bientôt, l'harmonium de l'église fait entendre de mélodieux accords, une multitude de voix chantaient avec allégresse : une, plus distincte que les autres et plus forte, m'apportait ces mots que je me rappelai au réveil :

« Elle a toujours désiré la Patrie ! Le Ciel est ouvert... Je l’y introduirai sans retard... »

Je m'éveillai l’âme remplie à la fois de tristesse et de joie. Je ne puis définir l'atmosphère surnaturelle qui m'environnait...

Quand Sr Thérèse de Saint-Augustin m'entendit lui raconter ce rêve mystérieux, toute joyeuse elle s'écria : « O ma Mère ! c'est moi ! La petite Thérèse va venir me chercher. »

La veille de sa mort, étant auprès de notre chère malade et voulant lui donner un breuvage, je respirai, tout à coup, un parfum exquis qui m'apporta une bien douce consolation. Après m'être assurée qu'il n'y avait rien dans l'infirmerie qui put produire ce parfum, je me dis : « C'est Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui est auprès du lit de notre enfant... »

Le 30 août, notre chère petite Sœur invita toutes celles qui l'entouraient à considérer les belles roses parsemées sur son drap. Et le était

 

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seule à voir ces fleurs du Ciel que Sr Thérèse, sans doute, avait fait « pleuvoir » sur elle ! Puis, on lui apporta le Saint Viatique. Immédiatement après avoir reçu la sainte Communion, elle ouvrit les yeux , ils étaient d'une sérénité céleste; elle sembla contempler longtemps une beauté ineffable et, dans cette extase d'amour, elle expira.

 

Rde Mère X.

 

119. - Guérison d'une petite sourde-muette à X. (France).

 

Cette enfant, née le 17 avril 1903, fut atteinte, à l'âge d'un an, d'une forte grippe et de convulsions, à la suite desquelles elle devint complètement sourde. Comme conséquence inévitable elle demeura muette, ne prononçant que quelques mots à peu près inintelligibles et se faisant comprendre par signes.

Ses parents étaient décidés à la faire admettre à l'école des sourdes-muettes, lorsque, dans le courant de septembre, Mlle C. leur proposa une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour demander la guérison de la fillette. Toute la famille C. s'intéressait à la petite infirme qu'elle avait eu souvent l'occasion de voir et qui lui paraissait une aimable et gentille enfant.

Ils choisirent à dessein le 30 septembre 1911, anniversaire de la mort de la Servante de Dieu, pour commencer la neuvaine. La petite fille venait la faire chaque jour avec Mlle C. ; c'est-à-dire qu'elle s'y unissait en s'agenouillant devant une relique de Sr Thérèse, tandis que la charitable demoiselle récitait les prières.

Le 3 octobre, elle recouvre l'ouïe ; sa mère est la première à s'en apercevoir. Elle se retrouve alors, sous le rapport de la parole, au point où elle en était lorsqu'elle cessa d'entendre : se servant des mots que peut comprendre et répéter une enfant d'un an. La parole lui est rendue ; mais il faut qu'on lui apprenne à parler, ce qui est un travail d'intelligence et de mémoire et ne peut se faire que peu à peu. L'enfant d'ailleurs est très bien douée et retient facilement les mots usuels et les courtes prières que lui enseigne Mlle C.

Celle-ci, chaque jour de la neuvaine, présente la relique à la petite fille pour la lui faire baiser. Or, le vendredi 6 octobre, l'enfant lui fait comprendre qu'elle avait senti un parfum se dégager de la relique et elle raconte par signes, s'aidant des quelques mots de son vocabulaire, qu'étant dans son petit lit, elle avait vu Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, très belle et tout auréolée de lumières ; qu'elle avait étendu les mains sur elle, comme pour la bénir, puis qu'elle était repartie au Ciel.

Mlle C. essaie de s'assurer de la réalité de l'apparition et présente à l'enfant une étoffe de la couleur de la bure des Carmélites. La petite fille s'approche immédiatement du portrait et pose sur la robe de Sr Thérèse, un petit coin de l'étoffe, indiquant ainsi que telle était bien la couleur de l'habit de son angélique visiteuse. Puis elle prend un air satisfait.

Pendant cette journée, elle resta toute pensive et, depuis, son visage rayonne chaque fois qu'elle regarde l'image de sa céleste bienfaitrice. Son grand bonheur est de prier devant la relique que son père reconnaissant veut voir, chaque jour, ornée de fleurs.

 

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La joie qu'elle manifeste encore actuellement (janvier 1912) lorsqu'on lui parle de Sr Thérèse ou qu'on lui met en main son image, a frappé plusieurs témoins. Cet enthousiasme, à plusieurs mois d'intervalle, paraît, étant donné la légèreté des enfants qui oublient si facilement et se fatiguent si vite d'un même objet, la meilleure preuve de sa vision.

On a écrit depuis au Carmel de Lisieux :

« La petite miraculée commence à donner des détails sur l'apparition. Ainsi, quand elle voit le soleil frapper sur de la dorure, elle dit joyeusement en désignant le reflet : « Petite Thérèse !... » Il en est de même à la vue d'un cercle doré ; alors elle encadre sa tête avec ses mains et cite encore la petite Sœur. »

Ce récit est fait d'après les relations des familles X. et C, les rapports médicaux du docteur et de la sage-femme qui soignèrent l’enfant et les renseignements fournis par M. de X. qui a bien voulu se charger d'obtenir ces documents et de les faire légaliser à la mairie et aux paroisses respectives.

 

120. - Communauté de X. (Limbourg hollandais).

 

Une de nos sœurs converses, Sœur Saint-Pierre, soutirait depuis longtemps de douloureux rhumatismes ; ses pauvres mains enflées devenaient de plus en plus impotentes et la souffrance augmentait à tel point, que le sommeil devenait presque impossible. Le docteur appelé ordonna des frictions, mais la sœur avait mis sa confiance en la « petite Thérèse ». Le soir, elle enveloppait la main la plus malade dans un linge où elle avait placé l'image de Sr Thérèse.

Un soir que la sœur infirmière avait été empêchée de faire la friction, sœur Saint-Pierre appela plus instamment sa céleste amie à son secours Au milieu de la nuit, elle sentit une douce main qui la frictionnait et elle assure que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus — car elle ne doute pas que ce soit elle — s'éloigna lentement de son lit.

Je dois avouer, et avec quelle joie ! que depuis cette nuit de grâce, le rhumatisme a complètement disparu, l'enflure aussi. Notre bonne sœur se livre à tous les travaux ; les jours de lessive, elle lave dans l'eau froide sans en éprouver aucun malaise. En un mot, elle est guérie !

Que Dieu soit béni de toutes les grâces accordées à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus et par son intercession !

Sr X.

 

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121. - Entrée dans l'Eglise Catholique d'un Ministre Protestant Presbytérien d'Edimbourg.

 

34. Warrender Park Terrace, Edinburgh (Ecosse), 23 avril 1911.

 

Ma Révérende Mère,

 

Il y a maintenant plus d'un an que j'ai, pour la première fois, fait la connaissance de l'autobiographie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus (traduction anglaise). Je l'ouvris au hasard, et je m'arrêtai de suite devant la beauté et l'originalité des pensées. Je trouvai qu'il m'était tombé entre les mains l'œuvre d'un génie, aussi bien que celle d'une théologienne, d'un poète de premier ordre.

Je revins alors au commencement du livre et je le lus en entier. L'impression fut aussi durable qu'elle était extraordinaire. Je ressentis ce qu'éprouve une personne à qui le monde invisible apparaît tout d'un coup, et je m'écriai : « Thérèse est dans cette chambre ! » La pensée de cette belle âme me hantait. A certaines heures, il me semblait que je lui rendais un culte qui touchait presque à l'idolâtrie, tant elle m'apparaissait aimable. Puis, effrayé, je m'arrêtai sur cette voie dangereuse, m'accusant d'être un superstitieux... Ce fut inutile. Bientôt son image revint à mon esprit, et mon cœur était de nouveau son esclave, car elle refusait absolument de me quitter, disant : « C'est ainsi que les saints aiment en Jésus-Christ. Ecoutez-moi ! Choisissez ma petite voie, car elle est sûre et c'est la seule véritable. »

Sous les charmes de ces suaves paroles, je répondis : « Eh ! bien, ma « Petite Fleur », je tâcherai de suivre votre conseil, si vous m'y aidez, car depuis que je vous connais, mon âme soupire après votre voie si belle et si divine. Vous avez vraiment changé mon cœur. »

Ces quelques paroles rendent bien imparfaitement l'impression produite sur mon esprit par cette âme angélique, surtout depuis le jour où, pour la première fois, j'ai ouvert ce livre incomparable « Histoire d'une âme » (édition française), lequel, par les desseins de la Providence, j'ai acheté le jour même où se terminait une neuvaine à la « petite Thérèse », neuvaine faite à mon insu par certains amis. Mais ce n'est que dernièrement, à vrai dire, que j'ai commencé d'invoquer son aide.

Pour un ministre protestant, ce n'était d'abord pas chose facile. Mes préjugés — cinquantenaires — étaient là pour me le défendre. Après quelques efforts cependant, j'ai pu continuer avec une joie que je renonce à décrire. Un jour, étant sur le point de prier, elle me dit subitement : «  Pourquoi me demandez-vous de prier pour vous, si vous ne voulez pas connaître et invoquer la Sainte Vierge? » Aussitôt — car ce fut comme un éclair qui traversa mon esprit — J'ai compris combien c'était peu logique d'invoquer Thérèse et de négliger la Mère de Dieu. La lumière s'était faite, et immédiatement je me suis adressé à la sainte Vierge. La promptitude de la réponse m'étonna. A l'instant, mon âme fut débordée par un amour passionné, nouveau-né, un amour qui s est agrandi et qui maintenant est un abîme. Mes préjugés disparurent, et

 

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je ne doutai plus qu'il me fallait traiter Marie comme un enfant caresse sa mère. La conséquence de ce nouvel état d'esprit fut que je m'élançai dans une étude plus sérieuse et plus approfondie de la foi catholique.

Le samedi suivant, dans mon voyage à X., où je devais prêcher, j'emportai avec moi plusieurs livres catholiques que je lus en chemin et au presbytère. L'étude de ces volumes a gravé plus profondément dans mon âme certaines impressions favorables. Toutefois, j'étais bien loin d'une résolution d'embrasser la vraie foi. Une masse de notes prises alors — elles sont encore sur ma table — me démontrent combien j'étais encore indécis, mais en même temps combien mon attachement au protestantisme était en train de s'affaiblir et combien s'affermissait chez moi l'attrait de l'Eglise catholique.

La lutte devenait aiguë, et, en moins d'une semaine, j'ai vu qu'il me fallait en venir à bout. C'était une semaine d'angoisses, une agonie d'incertitudes, laquelle se prolongea encore huit jours. Bien des fois, pendant cette quinzaine, j'ai du subir des attaques de la part de Satan. Il me souilla que tout cela c'était de la folie, que je n'y gagnerais absolument rien. L'angoisse était telle que je faillis y perdre la raison, et je fus plus d'une fois bien près de suivre le conseil du tentateur et de rebrousser chemin.

Alors Thérèse intervenait. Avec quelle douceur pénétrante elle me disait tout bas : «Suivez-moi! Ma voie est sûre! » En même temps, ces paroles de l'Evangile retentissaient à mon oreille : « Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple. » Thérèse triompha ! Je me suis décidé à entrer dans la vraie Eglise et, pour couper court une fois pour toutes aux attaques de l'ennemi, j'ai de suite écrit à mes supérieurs d'alors, annonçant que mes rapports avec l'Eglise protestante étaient terminés.

Par une coïncidence frappante — non pas la première — mais laquelle on n'a remarquée que plus tard, ce fut le 9 avril, jour même où votre digne enfant brisa les liens qui la retenaient loin du Carmel, que j'ai rompu les miens pour me sauver dans l'Arche bénie de l'Eglise catholique.

Après quelques jours d'instruction, j'entrai dans la seule vraie bergerie, le jeudi 20 avril, prenant comme noms de baptême, ceux de ma céleste libératrice :

 

Franciscus-Maria-Teresia.

 

Quelle heure solennelle pour moi ! Ce fut bien la plus touchante de ma vie. Je ne l'oublierai jamais. Et moins encore le matin du jour suivant lorsque je fis ma Première Communion. — Mais Thérèse l'a dit : « Ces choses ne peuvent s'exprimer. »

Maintenant, comment pourrai-je jamais lui prouver ma reconnaissance ?... Je lui dois toute la joie de la foi ; elle a été l'étoile qui m'a conduit à Bethléem... Sans elle, je serais encore un protestant malheureux, errant dans la nuit profonde. Sans elle — et je tiens à répéter ici ce que j'ai publié dans la presse et proclamé partout, ce que je confesserai toujours — sans elle, je n'aurais jamais prêté l'oreille à la voix de la vérité catholique. Ce serait donc me faire une faveur, ma Rde Mère, que de publier, vous aussi, la grâce immense dont j'ai été l'objet, afin

 

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que l'on connaisse davantage la puissance d'intercession de la Sainte de Lisieux, et que, par elle, d'autres âmes soient éclairées et sauvées.

Veuillez agréer, ma Rde Mère, l'expression de mon profond respect et prier pour moi, afin que je sache comprendre de plus en plus la doctrine de ma céleste Maîtresse, me faisant à son exemple petit enfant entre les mains de Dieu, car n'est-ce pas la « voie sûre » dans laquelle, avec tant d'insistance, elle m'a engagé à marcher ?...

 

François-Marie-Thérèse Grant (1).

 

1 Le Rev. Alexandre J. Grant, membre de l’United Free Church, Eglise Libre-Unie, en Ecosse, a été reçu dans l'Eglise catholique par le R. P. Widowson, S. J., le 20 avril 1911, à Edimbourg.

Il est le premier ministre de l'Eglise Libre-Unie qui se soit fait catholique. Le Rev. A. J. Grant est Ecossais, né à Caithness. Il fit ses études au Collège de la Free Church, à Edimbourg, sous les maîtres les plus distingués, dont il se montra constamment digne autant par son travail que par ses talents.

A Fort Wiliam, Inverness, Ullapool et Tirée, où il exerça successivement son ministère, il s'attira l'estime et l'affcction de tous par ses remarquables qualités d'esprit et de cœur. Nommé, en 1896, ministre à Loch Ranza, Arran, il y resta douze ans. Or, pendant qu'il était à ce poste, sa femme embrassa le catholicisme. L'événement rendit la position si difficile au sein d'une population absolument réfractaire aux idées catholiques, que le Rev. A. J. Grant prit le parti de démissionner et d'aller se fixer à Edimbourg. Il continua à prêcher pour l'Eglise Libre-Unie dans la ville et les environs, car il est célèbre comme orateur et très connu par son érudition, jusqu'au jour où la vérité apparut clairement à son esprit. Cf. — Glascow Observer, 21 avril 1911.

 

 


 

Cantique pour demander la béatification

de la Servante de Dieu

Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face.

(Musique de Mr F. de la Tombelle.)

 

 

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I

 

Par ta crèche, ô Jésus, Thérèse fut ravie,
Et tes traits enfantins, dans son âme attendrie,
Ont laissé leur empreinte et leur charme si doux ..
Daigne glorifier sa petitesse aimable,
Eléve sur l'autel l'amante de l'étable,
Nous t'en supplions à genoux !

 refrain 

Seigneur! fais luire au firmament sans voiles,
Pour les pécheurs, ce céleste flambeau ;
Ils ont rêvé d'éteindre les étoiles :
Ah ! sauve-les par cet astre nouveau !

 

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II

 

De ta Face sacrée elle adorait les charmes,
Et tes traits douloureux qu'elle baignait de larmes,
En la blessant d'amour, s'imprimaient dans son cœur.
Elle avait désiré ton sanglant diadème ;
Sur son front mets bientôt l'auréole suprême,
Nous t'en conjurons, doux Sauveur !

 

III

 

De ta « Petite Fleur », oh ! souviens-toi, Marie !
Ses suaves parfums, venus de la Patrie,
Nous font, dès cet exil, respirer l'air du Ciel.
Mère, pour embaumer toute la sainte Eglise,
« En son éclat » splendide, « en sa fraîcheur» exquise,
« Qu'elle brille enfin sur l'autel !»

 

IV

 

O Père tout-puissant ! elle veut, sur la terre,
Revenir effeuiller, semer, dans le mystère,
Les roses que ton Cœur a fait éclore aux cieux !
Quel déluge d'amour, quelle pluie ineffable
Tomberait à torrents sur l'homme misérable,
Si tu voulais combler nos vœux !

 

V

 

Et toi, divin Esprit, doux Hôte de son âme,
Toi qui la consumais de ta brûlante flamme,
De sa gloire, ô Seigneur, fais briller l'heureux jour !
Prouve ainsi que ton souffle inspira sa doctrine,
Pour qu'on marche, nombreux, dans sa voie enfantine
Et qu'elle fasse « aimer l'Amour! »

 

 

Le 12 décembre 1911, avait lieu, à Baveux, la séance de clôture du procès in formatif de béatification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Mgr Lemonnier, évoque de Bayeux et Lisieux, voulut donner à cette dernière session une extraordinaire solennité. Il la tint, en présence d'un nombreux clergé, dans la chapelle du grand séminaire et ordonna, pour le même jour, une bénédiction très solennelle du Saint Sacrement dans la chapelle du Carmel de  Lisieux.

M. le chanoine Domin, aumônier des Bénédictines de Lisieux, qui fit faire à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus sa première communion, donna le Salut. Il était assisté par M. le chanoine Faucon duquel la Servante de Dieu reçut la dernière absolution.

Monseigneur avait autorisé le célébrant à réciter la prière pour demander la béatification de la Servante de Dieu. Elle fut dite après l’Adoremus. et suivie du cantique qu'on vient de lire (La permission de chanter ce cantique est spéciale à la chapelle du Carmel de Lisieux.).

 

Dans la nuit qui précéda cette fête, c'est-à-dire du 11 au 12 décembre, quelqu'un d'étranger au diocèse de Bayeux, qui n'a jamais été favorisé de grâce semblable et qui ignorait l'événement du lendemain, vit venir à lui, dans un songe mystérieux, une jeune Carmélite qu'il reconnut aussitôt (à cause de sa ressemblance avec ses portraits) pour être Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle était souriante ; et, tandis qu'il la contemplait avec ravissement, elle lui dit :

«Demain il y aura fête en mon honneur à Bayeux... Je ferai tomber un torrent de roses... »

Alors il se sentit pressé de réciter la prière : « O Dieu qui avez embrasé de votre Esprit d'amour, etc.. », et celle qui demande la béatification de la Servante de Dieu. Puis Sœur Thérèse disparut à ses yeux, mais il continua plusieurs jours à sentir sa présence qui le portait à une très grande ferveur.


PRIÈRE

pour obtenir la béatification de la Servante de Dieu THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS et de la SAINTE FACE

 

O Jésus, qui avez voulu vous faire petit enfant, pour confondre notre orgueil, et qui, plus tard, prononciez cet oracle sublime : « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des cieux », daignez écouter notre humble prière, en faveur de celle qui a vécu, avec tant de perfection, la vie d'enfance spirituelle et nous en a si bien rappelé la voie.

 

O petit Enfant de la Crèche ! par les charmes ravissants de votre divine enfance; ô Face adorable de Jésus! par les abaissements de votre Passion, nous vous en supplions, si c'est pour la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, faites que bientôt l'auréole des Bienheureuses rayonne au front si pur de votre petite épouse THERESE DE L'ENFANT-JESUS ET DE LA SAINTE FACE. Ainsi soit-il.

 

O Dieu, qui avez embrasé de votre Esprit d'amour l'âme de votre servante, Thérèse de l'Enfant-Jésus, accordez-nous de vous aimer, nous aussi, et de vous faire beaucoup aimer. Amen.

 

Imprimatur :

 

21 novembre 1907.             + Thomas, év. de Bayeux et Lisieux.

 

50 Jours d'indulgence.

 

17 juillet 1909.                  + Thomas, év. de Bayeux et Lisieux.