81. - X. (Finistère), 27 novembre 1911.

 

J'étais atteinte de tuberculose au poumon gauche. Depuis 1897, trois médecins m'ont successivement soignée. Tous attribuaient ma maladie au surmenage et me conseillaient un repos absolu, chose impossible, vu mon poste de titulaire d'une école encore communale.

En avril 1907, j'eus une crise bien pénible qui m'épuisa ; elle se renouvela en novembre 1907, et ainsi chaque année, au commencement et à la fin de l'hiver, en augmentant toujours de gravité.

La crise, qui semblait devoir être la dernière, commença à la mi-octobre 1910 pour se terminer le 30 avril 1911. L'appétit avait disparu, la toux ne me laissait aucun repos, l'expectoration était abondante, par moments teintée de sang. J'avais de fréquentes suffocations, l'oppression était si forte qu'il me devint impossible de sortir, sinon pour communier, l'église étant à quelques pas.

Les derniers jours de mars, je dus garder le lit. Nos chères sieurs, s'attendant à ma lin prochaine, se désolaient à la pensée d'une laïcisation immédiate. Elles priaient, mais Dieu semblait sourd à leurs prières. C'est alors que la poésie de Sr Thérèse : « Mon chant d'aujourd'hui », m'arriva comme par hasard. Je me sentis attirée vers la petite sainte du Carmel et lui dis : « Pour éviter la laïcisation, pour le bien des âmes de nos enfants, demandez pour moi un délai au Cœur de Jésus. Ma petite sainte, laites que la volonté du bon Dieu s'accomplisse en moi. » Cette dernière invocation me devint familière, ce fut la seule que l'adressai à Sr Thérèse.

J'éprouvai dès ce moment un mieux sensible. Puis, le 30 avril, j'eus le bonheur de recevoir une relique de Sr Thérèse, et je la mis aussitôt sur moi. Alors un changement subit s'opéra : le matin, je toussais à faire pitié ; le soir, la toux, l'oppression, les suffocations avaient disparu pour faire place à l'appétit, à la vigueur, au vif désir de reprendre mes classes. Le lendemain, 1er mai, je repris mes fonctions, et je les ai continuées depuis sans éprouver la moindre fatigue.

Veuillez, ma Révérende Mère, m'aider à remercier votre sainte petite Sœur qui a daigné jeter sur moi un regard de pitié.

Sr X.,

Religieuse de la Providence.

Suit le certificat médical.

 

82. - S. G. la M. (Italie). 30 novembre 1911.

 

Nous soussignés, docteurs en médecine et en chirurgie, attestons ce qui suit :

 

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Mlle V. R., âgée de 72 ans, demeurant au monastère de la Visitation de S. G. la M., fut visitée par nous le 5 mai 1911. Elle avait, à la région latérale droite et postérieure de la langue, un petit nœud ulcéreux et sanieux avec infiltration glanduleuse aux régions situées sous la langue et le maxillaire de droite.

Les conditions générales de la malade étaient un affaiblissement total, le teint jaune, la déglutition gênée, l'haleine mauvaise ; la salivation augmentait, avec douleurs, en longeant les parties malades. Si bien qu'en présence de telles constatations, nous ne pouvions diagnostiquer autre chose qu'un ulcère cancéreux à la langue.

Et, de fait, ayant expérimenté en vain tous les remèdes de l'art et voyant s'évanouir de jour en jour tout espoir de guérison, nous fûmes contraints d'abandonner la malade aux ressources surnaturelles puisqu'elle ne voulait pas expérimenter le bienfait efficace de la chirurgie.

Ainsi se passèrent quelques mois depuis notre consultation médicale lorsque nous fûmes avertis, par la Supérieure dudit monastère, que Mlle  V. R. avait été, comme par miracle, débarrassée de son terrible mal qui l'avait tourmentée si longtemps.

Nous soussignés, à cette nouvelle, poussés par la curiosité et l'étonnement, nous nous rendîmes au monastère pour soumettre la malade à un rigoureux examen et, non sans surprise, nous pûmes constater que le nœud ulcéreux, diagnostiqué antérieurement, était alors détergé et cicatrisé.

Ceci étant donné, nous soussignés, en pleine conscience, nous pouvons Attester que Mlle V. R. est à présent guérie de sa terrible maladie. En foi de quoi nous signons :

 

Docteur S. V.

Docteur V. C.

Docteur A. R., médecin habituel. (Suit le récit détaillé écrit par la Révérende Mère Supérieure.)

 

83. – Saint-Lô (Manche). 4 décembre 1911.

 

Une jeune femme, dans une situation de fortune très précaire, mit au monde, il y a cinq semaines environ, une petite fille. Tout allait bien, quand 4 ou 5 jours après, elle fut prise de fièvre. L'état resta stationnaire environ 5 jours ; puis, assez rapidement, le mal s'aggrava. Les deux médecins avertirent le mari et la mère de la jeune femme que tout espoir était perdu. Elle fut administrée le jeudi 13 novembre, c'est-à-dire 10 jours environ après la naissance de son bébé. Les médecins la disaient atteinte de péritonite ; la sage-femme, à qui j'en ai parlé depuis la guérison, croyait qu'à la péritonite s'était jointe une grippe infectieuse intestinale et elle m'a déclaré, devant la religieuse garde-malade, que jamais elle n'a vu personne revenir d'aussi loin.

Je fus mise au courant de la situation par une amie qui avait occupé cette jeune femme. Aussitôt, l'idée me vint de faire une neuvaine à Sr Thérèse et d'envoyer une relique à la sœur garde-malade. Je le fis en lui disant combien on pouvait espérer du secours de notre chère petite

 

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sainte. Pendant la nuit du dimanche, elle appliqua la bienfaisante relique sur la malade. La fièvre, à ce moment, était intense : 41° ; et, le soir, on m'avait assuré qu'elle ne passerait pas la nuit.

Environ deux heures plus tard, la religieuse remarqua que la figure delà pauvre moribonde était moins défaite; puis, presque immédiatement, la lièvre tomba à 37° 5, puis à 37°, et y resta.

Quand le docteur vint dans la matinée il ne pouvait y croire ; la sage-femme aussi fut stupéfaite. Le mari, très incrédule en matières religieuses, ne put s'empêcher non plus de témoigner son étonnement. Seules la religieuse et moi savions à qui attribuer cet heureux changement.

Aujourd'hui même, je suis allée voir la ressuscitée ; elle faisait son ménage, et me fit remarquer qu'il y a aujourd'hui trois semaines exactement, elle se préparait à la mort et recevait les derniers Sacrements. Elle a encore l'estomac très délicat, et me disait que lorsqu'elle souffre, elle invoque sa bienfaitrice et éprouve aussitôt du soulagement.

X.

 

Le certificat médical atteste que la mort de la malade était «attendue d'heure en heure » et qu'elle est « parfaitement » guérie de sa « péritonite » et de sa «grippe intestinale infectieuse ».

 

Suivent les signatures du mari de la malade, de la religieuse qui la soignait, de la sage-femme. ; enfin, celle de M. le Cure de X. avec le cachet de la paroisse et celle du Vicaire qui administra la jeune femme.

Mission d'Océanie, 9 décembre 1911.

Dans ma dernière tournée à T..., de voisine, j'étais descendu chez l'instituteur français et catholique. Les enfants sont catholiques ; la mère seule reste protestante, par suite, parait-il, d'un vœu qu'elle aurait fait à sa mère à son lit de mort. Or, cette femme est malade depuis longtemps ; la poitrine est atteinte.

Devant elle et son mari, j'avais, en causant, relaté les merveilles opérées par Sr Thérèse, sans penser à rien autre. Samedi dernier (2 décembre) cette personne m'arrive avec une lettre de son mari, me faisant part de son désir à elle déposséder une relique de la chère petite Sœur. Je m'empressai de lui en remettre une, ainsi qu'une image, en lui recommandant de prier avec confiance et de demander à Sr Thérèse la guérison du corps avec la foi. Je désirais cette guérison et cette conversion qui pourraient être le point de départ de beaucoup d'autres.

Le 1er jour où Mme X. appliqua la relique sur sa poitrine, à l'endroit où la douleur est d'ordinaire très grande, elle souffrit beaucoup toute la journée.

Le lendemain, plus rien. Une visite d'un haut fonctionnaire lui causa beaucoup de travail, elle n'en éprouva aucune fatigue.

J'avais recommandé à toute la famille de s'unir aux prières de la pauvre femme. Celle-ci pleurait en se mettant à genoux pour la première fois. Tous pleuraient, même ses petits enfants. Dimanche dernier 13 décembre), second jour de la neuvaine, elle se disposait à aller au

 

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Temple; le second de ses enfants, âgé de 6 ans environ, la retint par sa robe en lui disant : « Maman, tu ne peux pas aller au Temple, car tu l'es mise à genoux hier: tu es catholique.»

De plus, ce même enfant lui donna une petite croix et lui dit encore : « Attache-la à ta relique. — Ce n'est pas la peine. — Si, épingle-la quand même... » La mère obéit.

Aujourd'hui, cette excellente femme est venue me trouver et m'a dit : « Mon Père, je voudrais m'instruire, je voudrais avoir quelqu'un à côté de moi pour m'expliquer la religion, je n'en sais rien.» Je lui ai donné un catéchisme bien détaillé, en lui recommandant de prier avec persévérance.

Cette protestante ne connaît même plus le respect humain qui tue tant de nos catholiques. La relique et la croix, par hasard, étaient sortis de son corsage et paraissaient en-dessus. Le haut fonctionnaire, cité plus haut, était là. L'aîné des enfants fit remarquer à sa mère la croix et la. relique qu'on voyait en dehors : «Laisse, dit la mère, cela ne fait rien.»

Ma joie est si grande que les mots se pressent sous ma plume qui ne peut les écrire tous, je voudrais la redire à tous les échos.

 

Rd P. X., missionnaire.

 

85. Uganda (Afrique). 10 décembre 1911.

 

Une de nos filles indigènes nous laissa pour aller travailler dans une mission éloignée. Là, elle tomba dans un grand péché, et ne voulait absolument pas consentir à laisser son compagnon et à se confesser. Quatre prêtres essayèrent de la ramener; mais elle refusa. Nous avons une de ses sœurs à la Mission ; je l'envoyai à son tour, mais la malheureuse égarée s'obstina dans son refus.

Nous fîmes alors une neuvaine à la «Petite Fleur» de Jésus et, le dimanche soir, la pauvre fille arrivait, amenant son compagnon pour être instruit avec elle. Elle s'est confessée et nous parait sincèrement convertie.

 

Sr M.

 

86. - Torokbalini (Hongrie), 10 décembre 1911.

 

Je ne sais si vous vous souvenez que nous vous avons recommandé, dans notre dernière lettre, une de nos novices ayant eu cinq crachements de sang bien inquiétants... C'est pour elle que vous avez eu la bonté de nous promettre, à partir du 15 octobre, une neuvaine de prières à votre angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Naturellement, nous étions de tout cœur unies à vous; mais pendant que vous demandiez la faveur pour nous, nous en remerciions déjà la bien-aimée petite Sainte.

En effet, notre malade, couchée depuis trois semaines, n'avait pas cessé de prier nuit et jour la chère petite Thérèse dont elle gardait constamment la relique à l'endroit d'une douleur très vive qu'elle ressentait au-dessous du poumon gauche, sous lequel se trouvait une

 

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espèce de gonflement sensible au toucher. Cette douleur lui correspondait dans le dos et était si forte qu'elle ne pouvait faire aucun mouvement de la main et du bras gauche sans en souffrir atrocement. Cependant, le 14 octobre, le docteur avait permis qu'elle se levât dans sa chambre une heure ou deux : il avait fallu l'aider dans tous ses mouvements.

En allant lui dire bonsoir, je lui rappelai que la neuvaine commençait le lendemain au Carmel de Lisieux... C'était dimanche... et j'ajoutai, mais en vérité pas sérieusement : « Si vous alliez demain à la Messe?... (la chapelle est assez prés de sa chambre), vous vous recoucheriez aussitôt après, ce sera le lever de la journée... — La novice ne parut pas accueillir avec grande joie ma proposition, mais elle ne me fit aucune objection; elle me dit seulement qu'elle éprouvait un peu de tristesse à la pensée de ne pouvoir s'habiller en religieuse, ne pouvant pour ainsi dire supporter aucun vêtement sur sa douleur de côté, ni faire les mouvements nécessaires pour revêtir sa robe.

Avant de s'endormir, elle pria ardemment encore la petite Sr Thérèse.

La nuit fut bien autre que les précédentes : elle dormit d'un sommeil très calme, et le matin, à son réveil, elle éprouva un sentiment de bien-être général qu'elle ne peut définir. La douleur au côté n'existait plus du tout; elle essaya des mouvements du bras, et les fit sans difficulté ni souffrance ; elle se leva, s'habilla seule, alla à la Messe sans éprouver aucune fatigue et resta levée toute la journée !... Dès le lendemain, sa ligure amaigrie et tirée reprit son teint ordinaire et son air de prospérité ; c'était frappant !

Depuis, elle a repris ses occupations habituelles.

Je n'essaierai pas, chère Mère, de vous exprimer nos sentiments d'étonnement émus d'abord, puis de vive reconnaissance, d'amour et de confiance encore plus grande envers votre bien-aimée petite Sainte !

 

Sr M., supérieure.

 

87. - X. (France).

 

Un soir on racontait devant moi un des miracles de la petite Sr Thérèse : celui d'un pauvre homme dont la langue rongée par un cancer avait, non seulement été guérie, mais encore avait repoussé. Je m'écriai : « Quant à celui-là, il faudrait que je voie la langue repoussée pour y croire ! »

Un moment après, me trouvant seule, je sens ma langue qui me fait mal. Je n'y prête pas attention ; mais, en me couchant, le mal augmente. Subitement, je pense à la petite Sœur et je me dis que, peut-être, elle m'en veut d'avoir douté de sa puissance; mais je m'en tiens là.

Cependant ma langue continue à me gêner beaucoup et je commence à être inquiète. Enfin, prise de peur, je me relève, je m'adresse à Sr Thérèse pour lui demander pardon, la priant de me donner confiance en elle. Immédiatement je cessai d'avoir mal à la langue.

Depuis lors elle m'a accordé plusieurs grâces intérieures bien grandes et je me sens pour cette puissante sainte une confiance illimitée.

 

Sr X., religieuse hospitalière.

 

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88. - Londres. 17 décembre 1911.

 

Mme Stuart a 45 ans, elle habite les faubourgs de Londres. Elle travaille comme femme de journée à la blanchisserie des religieuses de Marie-Auxiliatrice, pour gagner sa vie et celle de ses enfants.

Le 29 novembre dernier, vers huit heures du matin, elle venait comme d'ordinaire à son travail par le tramway électrique. Arrivée en face du Couvent, elle pria le conducteur de stopper; mais la voiture s'étant remise en marche avant qu'elle soit complètement descendue, elle fut traînée sur un parcours d'environ cent mètres. Arrivant au Couvent le visage décomposé et les vêtements couverts de boue, elle fut obligée de raconter son accident. La sœur infirmière vint la voir et lui donna ses soins : la jambe et le côté gauche étaient couverts de meurtrissures, le bras gauche était fortement contusionné et écorché. Mme Stuart, invitée à rentrer chez elle pour se reposer, insista pour rester et faire son travail, afin de ne pas perdre le salaire de sa journée. A cinq heures du soir, comme elle n'en pouvait plus, la sœur infirmière lui fit un nouveau pansement, et elle rentra chez elle.

Pour se déshabiller et se mettre au lit, il lui fallut le secours de ses filles, et de même le lendemain pour s'habiller. Mais elle persista à vouloir venir travailler. Les Sœurs, par charité, lui donnèrent un semblant de travail qu'elle pouvait faire en gardant son bras gauche appuyé. Déjà l'enflure avait gagné ce bras, et la sœur infirmière avait conseillé à Mme Stuart d'aller le montrer à un médecin de l'hôpital. La malade avait refusé, craignant d'être obligée au repos. Mais quand l'infirmière revint, vers cinq heures du soir, pour faire un nouveau pansement, elle constata que l'écorchure et les contusions du bras avaient beaucoup plus vilaine apparence que la veille et le matin même : l'enflure avait considérablement augmenté et les doigts étaient violacés, la plus légère pression sur le bras faisait crier la malade. La Sœur renouvela ses instances pour la faire aller à l'hôpital; ce fut en vain; alors, elle eut l'inspiration de recourir à la « petite Fleur », comme nous la nommons familièrement ici depuis que nous avons lu sa vie.

Après avoir de nouveau lavé la plaie à l'eau boriquée (c'est le seul remède qu'elle ait employé), elle promena sur tout le bras de la malade une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus en la priant de le guérir; puis, ayant rhabillé la pauvre femme qui était incapable même de plier le bras, tant elle soutirait, elle la conduisit à la chapelle, et là, lui mettant sous les yeux une image-portrait de la « petite Fleur », elle lui dit de lui demander sa guérison. Toutes deux prièrent ensemble pendant un quart d'heure environ, après quoi Mme Stuart regagna sa demeure.

Arrivée chez elle, elle se laissa tomber sur une chaise, à bout de forces. Sa fille aînée, la voyant si lasse, se mit en devoir de lui préparer une tasse de bouillon.

Cependant la malade s'était endormie, chose qu'elle n'avait pu faire depuis sa chute. Une heure plus tard, elle était réveillée par l'impression d'une personne debout et penchée près d'elle. Son visage, nous dit-elle, ressemblait à celui de la petite Sr Thérèse, tel qu'elle l'avait vu sur l'image...

 

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Sa fille, la voyant éveillée, lui présenta le bouillon qu'elle avait préparé, et, toute surprise de voir sa mère prendre la tasse de la main gauche, elle lui demanda comment était son bras. La pauvre femme, qui semblait sortir d'un rêve, à cette question palpa son bras et s'écria : « Mais je suis guérie ! » Pour s'en convaincre, elle plia et tourna dans toutes les directions ce bras dont elle ne pouvait absolument pas se servir et qu'on ne pouvait toucher sans lui causer de grandes douleurs. Sa surprise grandit encore lorsque, aussitôt après, en se déshabillant pour se mettre au lit, elle s'aperçut que ni le bras, ni le côté, ni la jambe ne portaient plus aucune trace d'enflure et de meurtrissure, et que l'écorchure était tout à fait cicatrisée.

Pendant ce temps, au Couvent de Marie-Auxiliatrice, la sœur infirmière, après avoir vu partir sa malade, revenait à ses occupations. Tout en y vaquant, elle se sentit soudain comme déchargée d'un poids énorme qui l'oppressait; car depuis deux jours elle était angoissée au sujet de cette femme qui ne voulait pas voir de médecin. Elle éprouva, a-t-elle assuré, quelque chose de surnaturel qui la remua profondément et qu'elle ne pourra jamais oublier.

Le soir, à la récréation, elle dit aux religieuses avec un accent qui les impressionna : « Mme Stuart est guérie ! Je sais que la « petite fleur » l'a guérie. Demain, quand elle reviendra, il n'y aura plus de traces de son accident. »

En effet, le lendemain, les Sœurs constatèrent que cette prophétie était vraie !

La reconnaissance de la malade et de la sœur infirmière ne se peuvent dire. Ensemble, elles sont aussitôt montées à la chapelle pour remercier Dieu de les avoir si vite et si complètement exaucées par l'intermédiaire de la chère petite Sainte : et chaque jour depuis, Mme Stuart ne manque pas, sa journée de travail achevée, d'aller faire une visite d'action de grâces au Très Saint Sacrement.

Dans toutes ses difficultés et ses embarras, elle a recours à l'Ange de Lisieux, et déjà elle est en voie d'obtenir, par son intercession, une grâce très importante qui intéresse sa fille aînée.

Il est inutile d'ajouter que la confiance de la sœur infirmière dans la  petite Sœur » n'a plus de bornes et que, tout en exécutant ponctuellement les ordonnances des médecins, elle attend bien plus de l'efficacité des reliques de cette grande petite sainte que de tous les remèdes qu'elle fait prendre à ses malades.

 

Sr X.

 

89. - X. (France), 21 décembre 1911.

 

Dans la nuit du 21 juin, je venais de finir l'Histoire d'une âme, j'étais encore sous l'impression de la mort de Sr Thérèse que je venais de lire. Il était minuit. Que se passa-t-il dans mon cœur r Je l'invoquais pour qu'elle protège mes deux enfants, mais elle fit plus. Elle me reprocha mes désordres, j'eus la contrition de tous mes égarements et je versai d'abondantes larmes en songeant à ma misérable vie de samaritaine !

 

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Alors. |e lui promis de changer de vie, et j'ai tenu parole. Maintenant je m'approche chaque mois de la sainte Table.

Ah ! il n'y a que Dieu pour savoir pardonner! Je m'explique pourquoi Sr Thérèse, cet ange de Dieu, ne repousse pas la prière d'une pécheresse...

 

X.

 

90. - T. (Nord),  15 décembre 1911.

 

Pierre D., âgé de trois ans et demi, tomba malade le 10 octobre dernier à midi, après avoir passé la matinée en promenade; il se plaignit de maux de ventre. Les douleurs allèrent en augmentant pendant trente-six heures, et, à l'issue d'une consultation, le docteurs jugèrent devoir faire l'opération de l'appendicite immédiatement. Le pauvre petit avait l'appendice aussi long que celui d'un homme; de plus, il était perforé, et il y avait déjà du pus dans le péritoine.

Dans la soirée, une de nos amies apporta une relique de Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus, nous recommandant de la prier avec confiance, car elle opérait des prodiges... La relique fut aussitôt placée sur le petit malade, et l’on demanda des prières au Carmel de Lisieux.

Les trois jours qui suivirent l'opération furent bons; mais après, le pauvre enfant recommença à souffrir, et les 17 et 18 octobre, ses souffrances devinrent atroces. Malgré cela, -il n'avait pas de lièvre, de sorte que les docteurs, ne comprenant pas ce qui le faisait tant sottffrir, craignaient de la paralysie d'intestin et de l'urémie. Enfin, le 21, les docteurs jugèrent qu'il fallait à nouveau recourir à une intervention chirurgicale : ils découvrirent du pus dans l'intestin et furent obligés de mettre deux drains.

Le lendemain 22, ils trouvèrent le petit malade d'une faiblesse extrême et se retirèrent désolés; à ce moment, une terrible péritonite avait gonflé le ventre jusqu'au dessus de l'estomac. Malgré nos angoisses, nous ne cessions d'invoquer Sr Thérèse avec confiance.

Le 24 octobre fut une journée terrible, c'était l'agonie... La plaie, qui avait toujours été belle, était affreuse... ; il y avait une odeur infecte dans la chambre du pauvre petit ; il avait d'affreux vomissements et soutirait horriblement... ; la figure était cadavérique, les yeux enfoncés et bleuis, les lèvres tombantes. Notre docteur, appelé en toute hâte, ne put que constater le dénouement de sa terrible maladie, disant : « Le corps de cet enfant doit être plein de pus; il est d'ailleurs condamné depuis le 20... » Il lui fit donc des piqûres de morphine en vue de lui adoucir ses souffrances qu'on croyait être les dernières, et nous n'attendîmes plus que le dernier soupir de notre cher enfant.

Nous n'osions plus prier pour sa guérison, nous demandions seulement à Dieu de ne plus laisser souffrir ce petit innocent. Nous le laissâmes à la garde d'une personne dévouée pendant la seconde partie de la nuit qui suivit cette journée terrible, mais nous étions dans une continuelle angoisse, nous attendant à chaque instant à être rappelés près de lui pour le moment suprême...

Quel ne fut pas notre étonnement, le lendemain matin, en le retrouvant

 

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tout rose, la figure reposée et nous disant lui-même : « Je vais mieux ! »

Bien vite on fit demander le docteur, qui le trouva en effet transformé ; son pouls était meilleur, et sa plaie saignait au contact des instruments de pansement : c'était la vie qui était revenue chez notre enfant !

La convalescence se fit très rapide; au bout d'un mois, toute trace de la terrible maladie avait disparu, et le petit Pierre, revenu à son état normal, avait repris toute sa gaieté et son entrain de jadis.

Suivent la signature des parents, des grand'mères. oncles, tantes et d'une amie de la famille, l'attestation de M. le curé, doyen de T.. et de son vicaire, avec le cachet de la paroisse, et le certificat médical, déclarant l'enfant atteint d'une appendicite perforatrice aiguë avec péritonite, le pronostic très grave et l'état actuel de complète guérison.

 

91. - Liverpool (Angleterre), 28 décembre 1911.

 

Pour accomplir une promesse faite à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je désire vous faire connaître la faveur qu'elle vient de m'obtenir.

Depuis le 10 novembre, ma voix était complètement éteinte. Le 26 décembre je promis à la « Petite Fleur » que si elle me guérissait en vingt-quatre heures je publierais cette faveur. La nuit du 26 au 27, j'eus la sensation d'une main qui me pressait la gorge doucement mais fermement, plusieurs fois de suite, et je sentis que la voix m'était rendue. Le jour suivant, c'est-à-dire hier 27 novembre, j'ai pu parler sans aucune difficulté, à la grande surprise de toutes les personnes de mon entourage ainsi que de ma garde-malade et mon docteur.

 

Mrs A.

 

92. - Dalkey (Irlande). 31 décembre 1911.

 

M. B., âgé de 72 ans, a depuis longtemps une dévotion particulière à la « Petite Fleur ». Il ne sait ni lire ni écrire ; mais sa femme lui a lu sa Vie et il porte toujours sur lui une image qui la représente.

Un matin, à l'heure où il aurait du se mettre en route pour son travail, sa femme, voyant qu'il ne s'apprêtait pas à sortir et lui trouvant un air singulier, lui demanda ce qui lui était arrivé.

« J'ai vu la « Petite Fleur », répondit-il, je ne sais si je dormais ou si j'étais éveillé ; mais je l'ai vue distinctement et elle m'a dit : « Ne va pas travailler dans cette carrière. »

Sa femme ne voulait pas le croire ; alors, les larmes aux yeux, il lui répéta : « Je l'ai vue ; elle était belle et ressemblait à son image ! »

Il n'alla donc point à son ouvrage.

Or, il se trouva que, ce jour-là, un autre ouvrier, allant travailler à la même carrière, fut blessé dans un grave accident dont M. B. aurait pu, comme lui, être victime, sans l'avertissement de Sr Thérèse.

Depuis, le pieux vieillard a revu sa céleste bienfaitrice, accompagnée

 

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d'une religieuse converse du couvent de X., pour l'âme de laquelle il avait beaucoup prié. Il comprit qu'elle voulait dire que ses prières étaient exaucées et que cette âme était au Ciel. X.

 

93. - Extrait des Annales de l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Suffrage de Saint-Denis (Ile de la Réunion).

(Numéro de décembre 1911.)

 

Nous donnons, dans sa rigoureuse fidélité, la déclaration qu'ont faite, de concert, les parents, les témoins et le docteur-médecin de la petite-malade, que nous avons interrogée nous-mêmes. La guérison, comme on le verra, est vraiment surprenante.

« Une fillette de 10 ans, Suzanne Mersanne, de Saint-Denis, soutirait depuis quelques mois d'une inflammation à la gorge. Des granulations purulentes se faisaient voir au fond de la gorge et le mal gagnait les parties nasales. Une opération devenait urgente et déjà le médecin préparait la jeune enfant à la subir, lorsque la famille entendit parler de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. On commença une neuvaine de prières pour demander à la petite sainte une guérison complète, et l'on mit de côté médicaments et médecin. La fillette se trouva radicalement guérie à la lin de la neuvaine. »

« Honneur, louanges et reconnaissance à la petite Fleur du Carmel ! »

Fait à Saint-Denis, le 31 août 1911, et signé par nous, avec reconnaissance

 

Mme Daniel Mersanne,
Mère de l’enfant.

 

 

F.  Jolian,

Voisin de la malade.

 

Certifié conforme, sincère et véritable.

Abbé Félix Hoarau,
Aumônier du Lycée Leconte de Lisle,
Directeur de l’Œuvre du Suffrage.

 

 

94. - X., décembre 1911.

 

Au mois de février, je reçus la visite de ma bonne vieille mére, me demandant de m'unir à une neuvaine de remerciement à l'angélique petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour une grâce qu'elle avait obtenue.

Voici ce dont il s'agit :

Ma mère a pris la pieuse coutume de réciter tous les soirs, en se couchant, une prière en l'honneur de Sr Thérèse. Après avoir fart cette prière, le soir du 27 février, elle se sentit très souffrante et fut obligée de s'asseoir sur son lit ; mais quel ne fut pas son étonnement de voir tout à coup se produire dans son appartement une grande clarté et de sentir un parfum exquis ! Tout émotionnée, elle posa la main sur l'image de la petite sainte qui se trouve prés de son lit et d'où partait

 

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cette lumière bénie, en disant : « Est-ce vous, ma petite Sr Thérèse ? Obtenez-moi, je vous en conjure, de ne pas aller en enfer! » (C'était sa grande crainte.)

Elle ajoute : « La grande lumière ne dura qu'un instant ; mais, pour me donner l'assurance que c'était bien elle, son image resta illuminée pendant une demi-heure. »

Ma mère me parut toute transfigurée en me faisant ce récit ; son émotion me gagna, j'aurais pleuré avec elle ; j'étais loin de penser à une pareille faveur, lorsque, peu de temps avant cette nuit mémorable, je plaçai l'image de notre petite sainte à la tête de son lit pour qu'elle soit sa gardienne.

Depuis, je trouve que ma mère est d'un recueillement qui ne lui était pas habituel. Elle a demandé à Sr Thérèse les larmes de la contrition, et elle dit que la petite sainte l'a pressée intérieurement de lire la Passion de Notre-Seigneur, ce qu'elle fait tous les jours, et elle ne peut achever sa lecture sans répandre d'abondantes larmes.

Je dois dire que ma mère était loin d'être une personne mystique ; elle ne remplissait que médiocrement son devoir, sans toutefois y manquer. Maintenant, elle fait la communion quotidienne.

Je crois qu'elle me cache d'autres faveurs, elle a du voir Sr Thérèse depuis le 27 février ou, du moins, être visitée par elle d'une manière sensible. J'ai réussi avec beaucoup de peine à lui faire avouer qu'elle l'avait sentie près d'elle dans la nuit de Noël (je pense même qu'elle l'a vue). Dans son émotion elle s'est écriée : «Est-ce vous, ma petite Sr Thérèse? » Et aussitôt l'image s'est illuminée.

Depuis la première grâce, ma bonne mère orne avec une dévotion touchante cette précieuse image. Elle n'est pas riche et ne peut acheter de fleurs ; mais toutes celles de son jardinet sont pour sa bien-aimée petite sainte.

Sr X.

 

95. - Missions de l'Uganda (Afrique). 1911.

 

La lettre suivante, adressée à un bienfaiteur, a été publiée par le journal The Irish Catholic.

 

Il y a 15 jours, deux enfants de notre école tombèrent malades : une petite fille, Madeleine, et un petit garçon, Vanati, tous deux âgés de 7 ans. Nous étions très inquiètes et nous priâmes Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour la guérison de Vanati, car le catéchiste venait seulement de l'amener d'un village éloigné, avec six autres petits garçons, pour les préparer à faire leur première communion. Il ne savait absolument rien de la religion, ayant été baptisé, il est vrai, mais repris par ses parents idolâtres qui relevèrent comme eux. S'il mourait, nous savions que le peuple de ce village serait effrayé du « Blanc Anglais » et retirerait ses enfants de nos Missions.

Quant aux parents de la petite Madeleine, ils demeuraient à deux milles seulement d'ici et n'étaient pas du tout effrayés.

Etant alors en travaux de réparations dans une partie de l'hôpital, les lits des enfants furent, par exception, placés à côté l'un de l'autre.

 

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Tous deux étaient mortellement atteints, et le prêtre vint leur administrer le sacrement de l’Extrême-Onction. C'était un touchant tableau de voir le modeste autel, décoré de roses, placé entre les deux lits des petits malades, et ceux-ci, regardant avec admiration les lumières et attendant le prêtre. Madeleine était étendue, haletante, ne disant jamais un mot, mourant, comme la plupart des Bagandas, avec indifférence. Mais Vanati était tout autre.

Nous espérions que la « petite Thérèse » le guérirait, elle fit mieux ! L'enfant s'assit et commença à parler aux personnes présentes dans la salle. « Priez, mes amis, et servez bien Dieu, parce qu'il est bon .. » Nous avions fait demander le père de l'enfant, qui vint avec quelques parents, et tous s'étonnèrent de la sagesse du cher petit. « Père, dit Vanati, il ne faut pas pleurer, je m'en vais où je serai si heureux ! et puis, rappelez-vous que je vais vous préparer une belle place dans le Ciel ; oui, je vais vous préparer une belle place, et je vais prier pour toute la tribu, et pour toutes les personnes qui sont actuellement dans cet hôpital. Oh ! que c'est bon, que c'est bon de venir ici et de mourir avec les Sœurs, car maintenant je suis heureux de mourir et de voir Dieu! » Quand un prêtre ou une religieuse venait près des enfants pour leur parler, le petit Vanati levait ses bras et voulait être soulevé pour faire le signe de la croix sur le front de son visiteur. Le second jour de sa maladie, il quitta son lit et, tout chancelant, alla faire ses adieux à tous les autres malades.

Le troisième jour, les deux enfants étaient si affaiblis que nous vîmes qu'ils mourraient avant le soir ; mais, toujours le petit Vanati parlait de Dieu avec une sagesse étonnante, et une vieille femme protestante, dont le lit était voisin de celui de Vanati, nous raconta qu'à la première lueur du jour, essayant de se soulever, il s'écria : « Amis, il est temps de prier, car le jour est arrivé ! » Puis il dit à son père : « Tenez-moi pendant que je vais m'agenouiller, il faut que je prie. » Alors, il murmura : « Oh ! Dieu est bon ! Je m'en vais, je m'en vais à lui... » et, s'affaissant, il expira.

Au même instant, la petite Madeleine mourait également.

La mort de Vanati, au lieu de nous enlever des enfants, nous amènera, je crois, un grand nombre de convertis, même des mahométans, desquels, pourtant, il est très difficile de toucher le cœur.

Un protestant me disait : « Mère, cet enfant n'avait pas une Ame d'enfant, mais celle d'un prophète divin ! »

La « Petite Pleur » ne nous a-t-elle pas aidées ?... Depuis que nous avons mis nos malades sous sa protection, aucun catholique n'est mort sans les sacrements et aucun infidèle sans le Baptême. Elle est extraordinaire, cette petite Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus !

 

Rde Mère Kevin.

 

L'hôpital en question fit appel en 1911, par le même journal irlandais, à la charité catholique, demandant des fondations de lits au nom de la Petite Fleur de Jésus. Les aumônes arrivèrent en abondance et, avec le surplus, les sœurs ont commencé à bâtir un hôpital pour les lépreux.

Afin d'obtenir le reste des fonds nécessaires, un nouvel appel a été lancé par le même journal, et la Révérende Mère Kevin n'a pas trouvé

 

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de meilleure récompense à offrir aux bienfaiteurs que de leur promettre de nommer la future léproserie : « Hôpital de la Petite Thérèse ».

Voici un autre fait qui prouve la popularité de la Servante de Dieu en Grande Bretagne.

Le Rd Frère Lanfranc, supérieur des Frères de Charité, à Rochdale (Angleterre), étant décédé le 30 décembre 1911, on imprima ce seul éloge funèbre sur son image mortuaire :

« Comme il ne pouvait plus travailler pour elle, la Petite Fleur est venue le chercher. »

« Frère Lanfranc fut particulièrement renommé pour son dévouement à la cause de la Petite Fleur de Jésus, Sr Thérèse de Lisieux, et travailla avec un zèle infatigable à la faire mieux connaître. »

 

96. - X., La Martinique. 2 janvier 1912.

 

Il y a deux mois, j'étais torturé par des tentations impures ; presque toute la nuit s'était passée à lutter contre elles, je n'avais cessé de prier Notre-Seigneur et sa très sainte Mère, j'avais récité plusieurs chapelets, récité l'invocation à saint Benoît, supplié le Cœur de Jésus de me délivrer, de ne pas me laisser succomber à la tentation. Rien n'y faisait. Alors, j'eus recours à votre chère petite sieur que j'appelle aussi ma sœur... Bientôt je la vis passer devant mes yeux, et j'entendis distinctement ces paroles au fond de mon âme : « Pureté angélique ! » Ce fut comme un baume, une consolation intense qui descendit en mon cœur, et toutes mes tentations disparurent à l'instant.

Depuis, chaque fois que j'en suis harcelé de nouveau, je n'ai qu'à me répéter ces mêmes paroles : « Pureté angélique », pour ressentir la même joie, la même consolation et éprouver les mêmes bons effets.

X.

 

97. – D. (Territoire de Belfort), 2 janvier 1912.

 

Dans une maison, toute voisine de celle où j'occupe un modeste étage, on avait fait un lieu de scandale, et ceux qui l'avaient établi avaient jure de pervertir, avant une année, toute la jeunesse de D. et des environs.

C'était, toutes les nuits, la débauche la plus éhontée dont les échos venaient troubler mon sommeil et surtout m'arracher des larmes de douleur. Les honnêtes gens avaient porté des plaintes au parquet, qui n'en tenait aucun compte. Je priais, mais en vain, lorsqu'un jour j'eus l'idée de m'adresser à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus à peu prés en ces termes « On dit que vous voulez être canonisée ; eh bien, je me ferai, dans votre Cause, l'avocat du diable et je plaiderai si bien que vous ne le serez jamais, si, dans huit jours, vous n'avez pas fait fermer cette mauvaise maison ! » Puis, prenant une de ses images, je la collai, la face contre le mur mitoyen, en disant : « Non, il n'est pas possible que vous, qui êtes un ange de pureté, vous puissiez vous souffrir en tel voisinage ! »

 

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La nuit suivante, il n'y eut pas d'autre résultat qu'une bataille.. « C'est très bien, dis-je à la chère petite Sainte, mais cela ne suffit pas. »

Le cinquième jour, le directeur de cette maison d'infamies recevait l'ordre du Procureur de la République de la vider aussitôt, à moins qu'il ne voulût attendre qu'on l'y contraignit.

De plus, le tenancier de cette infernale demeure fut obligé de quitter la localité, et l'autorité judiciaire lui défendit, sous peine d'emprisonnement, d'y revenir.

En partant de D., le malheureux, jetant un regard de malédiction vers mon appartement, s'écria : « Il n'y a que celui-là, oui, il n’y a que celui-là qui ait pu me faire partir ! »

Oh ! non, pauvre égaré, ce n'est pas moi qui ai eu ce pouvoir, mais la sainte petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle a relevé le gant ! Elle a voulu montrer qu'elle est digne d'être béatifiée et canonisée.

R. P. Joseph, missionnaire apostolique.

 

98. O. (Calvados), 5 janvier 1912.

 

Dans les derniers jours d'octobre, une enfant de ma paroisse, âgée de cinq ans environ, a été prise subitement d'une congestion pulmonaire et d'une très forte attaque de méningite. Personne n'espérait plus la sauver, et le médecin médisait un samedi matin : « Je ne reviendrai pas demain, à moins qu'on ne vienne me chercher de nouveau. »

Une personne du voisinage possédait une relique de votre petite Sr Thérèse; elle veut bien la donner à la mère, qui l'attache sur la poitrine de son enfant.

Quelques instants après, la petite malade se dresse sur son lit : elle ne souffre plus ! Dés le lendemain, à la grande surprise de tous, elle demande à se lever et, depuis ce jour, elle a repris sa petite vie ordinaire et ne se ressent de rien.

J'avais promis de vous écrire ce fait, ma Révérende Mère, je viens aujourd'hui accomplir ma promesse.

 

F. L., curé.

 

99. Trim-Meath (Irlande), 5 janvier 1912.

 

Une jeune femme de ma connaissance abandonna ses devoirs religieux il y a plusieurs années. Depuis, elle vivait loin de Dieu et n'assistait même plus à la messe le dimanche.

Le 23 décembre, elle reçut la brochure « Appel aux petites âmes ». Sans même la regarder, elle la posa sur une table et n'y pensa plus.

Soudain, le 2 janvier, elle se sent envahir par une impression extraordinaire de paix et pressée d'ouvrir le petit livre.

A peine en a t-elle lu quelques pages, qu'une transformation s'opère dans son âme. La lumière de la foi l'inonde subitement : elle est convertie.

 

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Elle reprit alors sa lecture et constata avec attendrissement que Sr Thérèse venait d'opérer cette merveille au jour anniversaire de sa naissance.

 

X.

 

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100. - Carmel de X. (France), 7 janvier 1912.

 

Depuis deux ans, ma mère, atteinte de la furonculose, souffrait de clous répétés. Les derniers prenaient des proportions inquiétantes et son état général me donnait de grands soucis.

Le jour de sa visite qui précéda l'Avent, au mois de novembre 1911, elle soutirait tant que je l'engageai à commencer une neuvaine à notre chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Quinze furoncles avaient formé sous le bras droit un énorme flegmon, le mal menaçait d'atteindre les glandes et causait des douleurs intolérables. — Les plaies encore vives, laissées par les précédents que l'on brûlait plusieurs fois par semaine, ne faisaient qu'accroître cet état douloureux. — Enfin je trouvais ma pauvre mère si triste, si changée, que je craignais ne plus la revoir !

Alors je me rappelai le songe que j'avais fait quelques jours auparavant. J'avais vu notre bien-aimée petite Sœur m'apparaître et m'affirmer qu' « on ne l'invoque jamais sans recevoir une réponse quelconque ». J'étais pleine de confiance et je communiquai cette confiance à ma mère qui résolut de cesser toute médication, pendant la neuvaine; et de remplacer par une relique de Sr Thérèse les applications, si douloureuses du thermocautère.

Nous commençâmes donc la neuvaine en communauté pendant que la chère malade la faisait de son côté, ne craignant pas de montrer au docteur (très incrédule) le remède qu'elle avait choisi. « En fait de miracle, lui dit-il, il nous en faudra venir dans quelques jours à l'opération ; non seulement nous recueillerons une tasse de pus, mais il vous faudra garder des drains pendant quelque temps. » Or, voici que cet énorme abcès commença à se vider de lui-même ; les plaies laissées par les précédents se fermèrent, et, à la fin de la neuvaine, tout était guéri, au grand étonnement du médecin. Ce qui le surprit davantage, paraît-il, c'est qu'il n'y avait plus trace de rien, tandis que ces sortes de maux, surtout quand ils sont répétés, laissent toujours pendant un temps très long des grosseurs qui, parfois même, ne disparaissent jamais.

Je n'ai pas besoin de vous dire, ma Révérende Mère, si notre reconnaissance est grande. Ma mère se propose de faire un pèlerinage d'action de grâces à la tombe de sa bienfaitrice dès les premiers beaux jours. — Ce qui l’a beaucoup frappée, c'est que deux de ses plaies se sont fermées le jour du pèlerinage d'une de mes amies, fait au cours de la neuvaine à cette tombe bénie.

 

Sr X.

 

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101. - T. (Seine-et-Oise), 8 janvier 1912.

 

Au mois de février 1911, après la préparation à la Communion privée de quatre de mes enfants, j'ai commencé à m'affaiblir d'une façon sensible. A la fin de mars, la lièvre me prenait, peu violente, mais continue et tenace, au point qu'il me fallut rester une grande partie de mes journées sur ma chaise longue : piqûres de cacodylate de fer, de strychnine furent essayées sans succès. A la fin de mai, un docteur de Paris porta un diagnostic peu rassurant et me mit au repos complet avec injections de radium. Juin et juillet se passèrent au lit et sur la chaise longue, sans résultat; au contraire, l'amaigrissement continuait et la fièvre persistait.

Août et septembre furent si mauvais que l'on m'enleva tous mes enfants. En octobre, je ne quittais plus mon lit, soignée par deux médecins des hôpitaux de Paris. Les progrès du mal furent si rapides qu'au commencement de novembre notre bon curé me prépara à faire le sacrifice de ma vie. Le docteur qui me soignait ne pouvait, d'une façon précise, diagnostiquer la maladie qui me minait, mais il était très inquiet de son issue à cause de mon extrême faiblesse. Je ne mangeais plus rien, on me soutenait au Champagne, au café, mes extrémités se refroidissaient.

Le 11 novembre, une nouvelle consultation eut lieu; mais, devant commencer le lendemain une neuvaine à notre petite Sr Thérèse, je refusai d'employer les moyens médicaux avec les surnaturels. Nous commençâmes donc notre neuvaine le 12, promettant ma visite au tombeau de notre petite sainte si elle voulait bien m'obtenir ma guérison.

Je dormis douze heures la nuit suivante, alors que depuis longtemps je ne connaissais plus le sommeil; et, le lundi 13, une force intérieure irrésistible me poussa hors du lit à 7 heures du matin, malgré une résistance de ma part. J'étais guérie, sans convalescence, reprenant immédiatement, sans transition, appétit, vie active, comme si rien ne s'était passé.

Depuis, j'ai augmenté de 35 livres, et j'ai affronté des fatigues physiques et morales peu ordinaires : voyage immédiat à Lisieux, garde de deux de mes enfants gravement malades, protégés aussi par ma petite sainte, avec laquelle, depuis ce temps, je vis dans une délicieuse intimité.

        J'ai oublié de dire que, dans le courant du mois de mars, une odeur de violette pénétrante et délicieuse m'avait envahie à deux reprises différentes.

C. F.

 

Suivent la signature de M. le Curé de T. et plusieurs autres. Suit également le certificat du mari de Mme X., docteur en médecine. Il se termine ainsi :

 

Après quelques mois de soins, suivis d'aggravation, je priai au mois de septembre mon ami, le Dr G., des hôpitaux de Paris, de me donner son avis et de diriger le traitement. Ses efforts furent aussi vains que les miens et, effrayé lui-même des progrès rapides faits en quelques semaines, il demanda à son tour l'avis du docteur R., professeur agrégé à la Faculté de Paris; celui-ci jugea l'état grave, non irrémédiable cependant, et nécessitant en tous cas des soins minutieux et très prolongés.

Le lendemain même de sa consultation, la malade était guérie et

 

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retrouvait, chose inexplicable, instantanément ses forces, malgré l'atrophie musculaire.

Depuis cette époque (deux mois exactement), la guérison ne s'est pas démentie, l'état demeure excellent.

Dr F.

 

102. - Carmel de X. (Irlande), 13 janvier 1912.

 

Le docteur G., de C.-G., a dit dernièrement à l'un de ses amis, en parlant de la « petite Fleur », qu'il a obtenu des « centaines de merveilles » avec la terre de sa tombe.

 

103. - Perpignan (Pyrénées-Orientales), 11 janvier 1912.

 

Au début de janvier 1911, Gabriel L. héritier, Agé de 20 mois, était atteint de fièvre scarlatine et d'angine diphtérique. Le mal fit un progrès si rapide que bientôt il n'y eut plus d'espoir de guérison. Le 12 janvier, après avoir déclaré que l'enfant n'avait plus que quelques heures à vivre, le docteur, décidé à ne plus revenir, présenta ses condoléances a la famille éplorée. La garde-malade avait préparé le suaire pour en revêtir le petit corps déjà refroidi. L'enfant soutirait beaucoup; il avait perdu l'ouïe et la vue et agitait la tête dans tous les sens.

Sur le soir, une personne présente (tante du petit malade et mère de celui qui écrit ces lignes) eut une inspiration subite : placer une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus sur la tête du mourant pour adoucir les derniers instants de sa cruelle agonie. A ce moment l'enfant ne bougeait plus, il était dans le coma. Mais voici que peu après, vers 3 heures du matin, il commença à ouvrir les yeux, à desserrer les dents et avala quelque liquide. Bientôt il demanda à manger. On appela le docteur; quelle ne fut pas sa stupéfaction à la vue de l'enfant hors de danger!

Le petit protégé de Sr Thérèse fut en quelques jours complètement rétabli. Il jouit présentement d'une santé florissante. La photographie de sa céleste bienfaitrice domine son berceau. Tous les jours il lui adresse une invocation reconnaissante. Cette guérison a laissé dans la famille une profonde impression de surnaturel. Depuis ce fait merveilleux, la renommée de la « petite Fleur » du Carmel de Lisieux s'étend de plus en plus dans notre ville. On veut lire l'Histoire de son âme, et chacun s'édifie de sa doctrine, à la fois « suave et forte », vraiment venue du ciel.

 

Abbé J. Vilenove, curé de Vira,
diocèse de Perpignan.

 

Suivent le cachet de la paroisse, la signature des parents, de plusieurs personnes de la famille, de la garde-malade et le certificat médical déclarant le pronostic « fatal » et la « guérison totale ».

 

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104. - Kingston (Irlande). 17 janvier 1912.

 

Je suis prête à déclarer sous serment que l'écrit suivant est l'exacte relation de la faveur que j'ai obtenue par l'intercession de la « petite Fleur de Jésus ».

Le lundi 1er janvier 1912, un peu après 4 heures du soir, je montai dans un tramway. Je déposai sur la banquette mon porte-monnaie contenant 35 fr. 40, et je me mis à lire. Le trajet était court; je ne tardai pas à descendre, oubliant ma bourse dans le tramway.

Je m'aperçus aussitôt de mon malheur. Etant très pauvre, cette perte était considérable pour moi. Je fis donc toutes les recherches possibles, mais hélas! je ne trouvai aucune trace de ma bourse, pas même au bureau des objets perdus.

Pendant tout ce temps, je priais Sr Thérèse, et le soir, bien que nul ne m'encourageât dans mon espoir, je dis à quatre personnes que j'avais la confiance de retrouver mon argent par l'intercession de la « petite Fleur ». J'avais son image, je récitai les prières imprimées, puis un rosaire en son honneur avant de me coucher. Je pouvais à peine dormir, le souvenir de la perte que j'avais faite me préoccupait, parfois je sanglotais, mais ne cessant d'appeler la petite sainte à mon secours. Et voilà que, tout à coup, je la vis comme elle est représentée sur son image; son bras droit était levé, montrant la ville; elle me souriait en disant : «Sois contente, j'ai ta bourse... je la garde là-bas pour toi», indiquant la direction du bureau des objets perdus.

Le lendemain matin, je racontai cela à deux personnes, qui me crurent folle et qui furent bien étonnées quand, après m'étre rendue où Sr Thérèse me l'avait indiqué, je revins à la maison avec ma petite bourse et tout son contenu !

Cette relation a été écrite et signée de ma main.

 

Miss Rosanna Mowles.

 

J'atteste que la dame qui a écrit cette lettre est digne de foi.

 

Signé : Richard Flemming, vicaire.
paroisse de Kingston.

 

J'atteste que l'apparition m'a été racontée le matin du 2 janvier, avant que la bourse ait été retrouvée.

 

Margaret Q.

 

 

105. - X. (France),  20 janvier 1912.

 

Il y a un an, je reçus une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et, en riant, je la mis de côté, car j'étais alors une impie.

Cependant chaque fois que je la retrouvais je me sentais forcée d'y fixer mon regard et, de guerre lasse, je fis la prière qui s'y trouve imprimée.

Poussée par je ne sais quelle force invincible je la refis le lendemain. Le surlendemain je reçus la visite d'un prêtre ; il venait donner une

 

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mission dans la paroisse voisine de la nôtre ; il nous invita à l'entendit prêcher.

L'invitation me parut une ironie et j'en ris d'abord. Aller à l'église écouter des sermons, moi que la souffrance a jetée dans le désespoir et que le désespoir a fait rouler au fond de l'abîme du vice !

Quelqu'un me dit : «Allons-y pour rire ! » Je ris bien fort de son idée et cependant je partis.

J'entrai, raide et hère, dans la demeure divine, et regardant avec dédain la foule recueillie, elle me semblait un troupeau d'esclaves et l'église une prison !

Le lendemain, pour rire, j'y retournai. Puis, par curiosité et fanfaronnade, j'entrai dans le confessionnal du prédicateur, où je m'agenouillai, bien résolue à partir au moment critique. Soudain, le guichet s'ouvre ! je veux fuir... Mais une force inexplicable me retient... Prise de peur, la parole expire sur mes lèvres, mon cœur cesse de battre, il me semble que je vais mourir. J'essaie encore de me lever, mais deux mains invisibles se posent sur mes épaules; je veux crier «au secours», aucun son ne sort de ma gorge. Enfin, par un miracle que je ne puis comprendre, le prêtre me confesse comme s'il m'avait connue depuis de longues années !

Ce fut ce que jamais je n'aurais osé dire qu'il aborda en premier... J'étais vaincue par la grâce et je sortis en pleurant.

Depuis, j'ai lu la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et je lui demande avec instance de prendre en pitié des Ames qui me sont chères et de les ramener à Dieu, comme elle m'y a ramenée moi-même.  

X.

 

106. - Rouen (Seine-Inférieure), 22 janvier 1912.

 

Mon fils était parti de la maison paternelle. Toutes mes prières pour obtenir son retour étaient restées sans résultat. Je m'adressai alors à Sr Thérèse et lui promis d'aller en reconnaissance faire un pèlerinage sur son tombeau. Elle entendit mes supplications : mon fils nous écrivit, demandant à rentrer à la maison ! Ah ! ma Révérende Mère, quelle joie pour nous ! Comment vous dire le chagrin que nous avions eu jusqu'à l'arrivée de cette heureuse nouvelle ! Depuis son retour ce pauvre prodigue nous a raconté qu'il avait voulu se suicider, mais qu'une force intérieure, quelque chose dont il ne se rend pas compte, l'avait retenu.

Il est maintenant changé du tout au tout, il est devenu un fils modèle. Je vous l'écris, afin que vous puissiez publier ce grand miracle dans la Pluie de roses.

 

Vve V . R.

 

107. - A. (Nord), 23 janvier 1912.

 

Mon frère René, après une longue maladie, s'est pieusement endormi dans le Seigneur, le dimanche 14 janvier, à 10 heures du matin. J'ai vu beaucoup de morts édifiantes dans ma famille; mais aucune ne ma laissé l'impression ineffable de celle-là.

 

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Il me dit un jour avec effusion : « Oh ! que tu es bonne ! comme je te remercie de m'avoir fait connaître Sr Thérèse ! Combien je suis changé depuis ; j'ai obtenu par elle tant de grâces spirituelles ! »

Il vit venir la mort sans inquiétude et fit généreusement le sacrifice de sa vie ; cependant il espérait que Sr Thérèse le guérirait et il garda cet espoir jusqu'à la dernière minute, croyant même, par une consolante et merveilleuse intervention de votre Ange, avoir obtenu le miracle de sa guérison, car il ne souffrit plus du tout à partir de la scène que je vais vous rapporter : C’était la veille de sa mort, ma mère se trouva un instant seule prés de lui. Il s'écria tout-à-coup : « Maman, regarde ; la petite Sr Thérèse est là !... Oh ! qu'elle est belle !» A ce moment j'entrai dans sa chambre avec mon autre frère et la religieuse garde-malade. René se tourna joyeusement vers nous et nous dit : « Vous allez sentir les violettes. » Lui qui, un moment auparavant, était dans un abattement profond et ne pouvait plus ni parler ni bouger, se mit à réciter un Ave Maria à haute voix et nous dit encore : « Vous sentez, n'est-ce pas, le parfum des violettes ?»

Ma pauvre mère, pâle d'émotion, l'engagea alors à réciter la prière pour demander la béatification de la petite sainte ; il le fit tout haut sans en omettre une syllabe. Puis, se croyant guéri, car il avait tout à fait cessé de souffrir et se sentait très bien, il s'assit sur son lit et voulut nous embrasser tous. Ensuite il demanda gaiement à manger et voulut boire du Champagne ; il dit à la sœur infirmière qu'elle perdrait son temps à le veiller, car il allait certainement bien dormir. Enfin, pendant deux heures, il fut plein d'entrain et de vie. Entre autres choses, il me dit que dés qu'il aurait fait assez d'économies, il m'emmènerait en pèlerinage d'action de grâces avec lui à Lisieux.

Enfin nous le quittâmes tous, sauf ma mère. Demeurée seule avec lui. elle lui demanda si vraiment il avait vu Sr Thérèse : «Oui, je l'ai bien vue, répondit-il. Elle était belle, très belle !... Oh ! qu'elle était belle !... » Il ajouta : « Elle m'a dit quelque chose... » — «Quoi donc ?» interrogea ma mère... » — « Ah ! tu verras... répliqua-t-il d'un air mystérieux, il va arriver quelque chose ici... mais... tu verras, maman. »

Il ne nous a pas dit son secret, mais nous gardons de cette inoubliable scène la conviction profonde qu'il a dû voir le céleste sourire de votre angélique sœur et que cet événement mystérieux qu'elle lui annonça était sans doute sa prochaine entrée dans le bonheur sans fin. Le cher enfant a du jouir de cette promesse sans la comprendre lui-même, car. je le répète, il ne ressentit plus aucun mal, son agonie fut sans souffrance et il se crut guéri jusqu'à l'instant suprême où le divin Médecin vint le prendre pour l'introduire dans la vie éternelle.

Cette mort si douce et si paisible était une réponse à la prière confiante du cher enfant qui, devant moi, avait demandé la grâce de ne pas avoir «une trop longue et trop pénible agonie». Il mourut en récitant le Pater, à ces mots : «Que votre nom soit sanctifié... »

 

V. D.