PLUIES DE ROSES II

 

Quelques-unes des Grâces et Guérisons obtenues dans le cours de  l'année 1911 par l'intercession
 

DE LA SERVANTE DE DIEU

Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face

Permis d'imprimer Lisieux, le 29 février 1912.

+ Thomas, Ev. de Bayeux et Lisieux.

 

I

 

Conformément au Décret du Pape Urbain VIII, nous rappelons au lecteur que les mots suivants : miracle, relique, vision, sainte... ont été imprimés dans ces récits pour respecter le texte des lettres reçues, sans aucune intention de devancer et de préjuger la décision de l'Eglise.

 

II

 

Les faits rapportés dans cet opuscule n'ont pas été tous contrôlés scientifiquement ou canoniquement ; nous les publions néanmoins, afin de montrer combien est générale la confiance des fidèles en l'intercession de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

AVERTISSEMENT

 

La nouvelle Pluie de Roses présentée au lecteur ne contient que des grâces inédites obtenues dans le cours de l'année 1911. Quelques récits, pourtant, sont datés de janvier et même de février 1912; mais le lecteur remarquera que les faits eux-mêmes appartiennent à 1911, sauf une seule de ces grâces qui a été obtenue le 2 janvier 1912. L'édition précédente d'ailleurs avait empiété sur janvier 1911.

Déjà d'autres récits s'amoncellent pour former, s'il plaît à Dieu, l'an prochain, un nouvel opuscule. Comme dans les éditions précédentes, ce sont quelques-unes, parmi les roses les plus belles et les plus originales, qui ont été choisies et offertes au lecteur.

Un chiffre dira éloquemment quelle « pluie » serrée tombe sur la terre! Chaque jour, une soixantaine de grâces, en moyenne, sont signalées au Carmel de Lisieux.

Sr Thérèse vient au secours de toutes sortes de détresses, elle répond à tous les genres d'inquiétude, à toute espèce de désirs, même à beaucoup dont la réalisation semble de médiocre importance pour le bien temporel ou spirituel de ses clients.

Combien de candidats lui doivent leur réussite aux examens : de commerçants, de pauvres, le secours providentiel et parfois extraordinaire qui les préserve de la faillite et de la ruine ou les sauve de la misère !

Que d'oeuvres traversées par mille entraves ou sur le point de périr elle a aidé à fonder ou à faire prospérer !

Nous donnons, in extenso, le récit de son intervention merveilleuse lors d'un incendie, mais, dans plusieurs autres sinistres, sa puissance s'est montrée d'une manière aussi frappante.

Dans les inondations, les éboulements, on a eu recours à elle et on lui attribue le salut temporel de plusieurs pauvres mineurs

 

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enfouis dans une catastrophe et restés plusieurs jours sous terre sans nourriture.

Les uns, victimes d'accidents, lui rendent grâces de les avoir miraculeusement guéris de leurs blessures; les autres la remercient d'être intervenue au moment du danger pour les en préserver. Parmi ces derniers faits, il est intéressant de signaler l'apaisement instantané d'une terrible tempête, après que la Servante de Dieu eut été invoquée. Le commandant du navire s'écriait dans sa stupéfaction :

Voilà quarante ans que je navigue, et c'est la première fois que je vois une tempête s'arrêter ainsi subitement. »

Elles sont nombreuses les familles à qui Sr Thérèse a rendu l'union et la paix, où elle a adouci les chagrins, prévenu mille difficultés.

Mais, de même que la Providence de Dieu s'étend à tout ce qui respire, l'aimable sainte s'occupe des plus fragiles créatures. Jésus disait qu'il ne mourait pas un passereau sans la permission de son Père céleste; nous pourrions rapporter certains traits charmants de sa compatissante sollicitude envers de pauvres petits oiseaux...

On a vu autrefois qu'elle ne dédaignait pas de « descendre » dans les étables. Elle y « redescend » fréquemment pour conserver aux pauvres le bétail qui fait souvent toute leur fortune.

Mais qu'on nous pardonne de montrer qu'elle s'abaisse encore davantage pour le soulagement de ses frères de la terre; le fait suivant est plus curieux encore que trivial :

On sait que sainte Thérèse, grâce à ses prières, a délivré le Carmel réformé de cette gent insupportable qui s'appelle... les puces. Son angélique fille l'a imitée à l'égard de ses clients du monde et dans des circonstances qui ne sont pas ordinaires : une maison habitée par plusieurs familles était infestée de ces insectes désagréables — à cause des planchers, appelés communément « planchers à puces ». — Pour pouvoir prendre leur repos, les pauvres locataires devaient chaque soir se livrer à une chasse toujours très fructueuse ; l'un d’entre eux voulut voir un jour à combien se chiffrait l'hécatombe accomplie par lui seul : elle atteignait 70 !... Alors, se mettant en prières, il supplia Sr Thérèse de délivrer la maison de ce fléau. A partir de ce jour, les parasites disparurent, et les locataires des

 

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autres étages, rencontrant la personne en question, lui firent part de leur ébahissement et demandèrent si toute la maison avait bénéficié comme eux de cette disparition soudaine qu'ils ne savaient à quelle cause attribuer.

Mais que dire des grâces spirituelles obtenues par le secours delà Servante de Dieu ! Quelle multitude de mourants ramenés à Dieu au moment suprême : de pécheurs revenus au bien et faisant l'édification de leur entourage: que d'âmes chancelantes dans la vertu ou violemment tentées qu'elle a retenues sur le bord de l'abîme: combien d'autres, tristes et défiantes à qui elle a rendu la paix, la joie au milieu des tribulations, et qu'elle a jetées confiantes, comme de petits enfants, entre les bras du Père céleste.

Un personnage dont l'héroïque soumission au Saint-Père a tant édifié et réjoui l'Eglise de France, M. Marc Sangnier, au moment même où la grande épreuve que l'on sait s'abattait sur lui, trouva sur sa table de travail un « Appel aux petites Ames » que lui avait envoyé un inconnu. Après une hésitation, causée par le titre même, il ouvrit, la brochure, et subjugué par le charme divin de ces lignes, « il sentit avec une ineffable consolation la douceur de se détacher de tout pour demeurer uniquement et inviolablement attaché à Notre-Seigneur ».

La lettre de M. Marc Sangnier adressée à tous ses collaborateurs de France, pour les engager à la soumission au Saint-Siège, est datée du 6 septembre 1910, jour de l'exhumation de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus.

Un autre personnage, accablé d'épreuves comme Job, se voyant, après tout un passé de bonté et de tendre charité, rejeté par les siens et banni sur une terre étrangère, se trouvait dans un état de trouble cruel, à un de ces moments de vertige où il semble que Dieu lui-même abandonne sa créature. C'est alors que, lui aussi, trouva sur sa table de travail « L'Histoire d'une Ame », apportée là par un ange, sans doute, puisque personne dans la maison n'avait connaissance de ce livre.

Il était ouvert... Le pieux personnage, qui avait une tendre dévotion à Sr Thérèse, se mit à lire la page présentée à ses regards.

 

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Immédiatement l'orage cessa de gronder, et tandis que les larmes jaillissaient de ses yeux, une confiance filiale, un abandon complet au Père céleste rentrait dans cette âme meurtrie avec la paix et la joie des enfants de Dieu.

A cette époque où se multiplient, hélas ! les attentats sacrilèges contre la divine Eucharistie, le fait suivant encouragera les âmes à recourir à la Servante de Dieu pour faire cesser ces crimes horribles :

Une misérable femme, qui avait déjà jeté la consternation dans plusieurs grandes paroisses de P., par ses sacrilèges, prit dernièrement la paroisse de X. pour le théâtre de ses diaboliques exploits.

La police refusa d'intervenir ; alors une des paroissiennes qui avait assisté deux fois, impuissante et le coeur brisé, à ces affreuses profanations, invoqua Sr Thérèse avec toute l'ardeur de son âme. A partir de ce jour, la femme disparut, et plus jamais on ne la revit.

Quant aux grâces de parfums, l'angélique sainte les répand,à profusion.

Ce que ces parfums ont eu de spécial au cours de ion, c'est qu'ils se sont particulièrement exhalés de la terre recueillie sous son premier cercueil, lors de l'exhumation.

Avant d'aller plus loin, il serait bon, à propos de cette exhumation, d'avertir le lecteur d'un fait dont l'ignorance amène souvent des méprises regrettables.

Quand le cercueil contenant la virginale dépouille de la Servante de Dieu arriva sous les yeux des assistants, tous les membres se trouvaient en place et intacts; la tête était encore penchée à droite, comme au moment de la mort.

C'est seulement à l'instant où le cercueil fut posé sur les tréteaux, que le choc désagrégea les ossements.

Par conséquent, les personnes qui auraient recueilli dans la terre prise sous le cercueil ou à l'entour de la tombe quelques parcelles d'ossements, peuvent être sûres que ces parcelles n'appartiennent pas à la Servante de Dieu. En creusant la terre pour l'exhumation, les fossoyeurs ont trouvé plusieurs crânes et des os en quantité; les dents et fragments d'os que, de divers côtés, on a prié les Carmélites de Lisieux d'authentiquer, ne sauraient donc jamais l'être.

Pour en revenir aux parfums exhalés par la terre recueillie sous

 

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le cercueil, ils se sont manifestés d'une manière particulièrement remarquable dans deux hôpitaux, se faisant sentir durant de longs jours, et chose extraordinaire, plusieurs incroyants du personnel laïc les ont respires comme les autres témoins.

Dans l'un de ces hôpitaux, tous les moyens : aération, lavages de la boite contenant la relique, ont été employés pour faire évaporer le parfum, au cas où il eût été produit par une cause naturelle; il a cependant persisté.

Dans l'autre hôpital, le sachet odorant a été renvoyé au Carmel de Lisieux où il n'a exhalé aucun parfum et, revenu à l'hospice de X., il a répandu de nouveau ses ineffables senteurs qui sont pour les religieuses une consolation et un réconfort dans les fatigants et souvent si ingrats labeurs de leur vie de dévouement.

Des autres innombrables cas de parfums, nous ne citerons que deux : celui d'une image qui, depuis le mois de mai 1911, ne cesse d'en exhaler, même à distance. Des centaines de témoins les ont respires et, chose curieuse, la plupart du temps, les personnes réunies près de ce portrait sentent, au même moment, chacune un .parfum différent, tandis que d'autres ne sentent absolument rien.

La dévotion que cette image a fait naître dans les âmes à l'égard de la Servante de Dieu, a été la source de grâces nombreuses, de plusieurs guérisons et conversions.

Un fait moins important, mais assez original, mérite aussi d'être rapporté. Il prouve que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus aime à se voir reproduite même sur les cartes postales. Cette manière de répandre ses portraits en tous lieux lui est sans doute un moyen fécond d'apostolat.

Un fervent laïc, venu en pèlerinage sur sa tombe, se promenait dans les rues de Lisieux, absorbé dans ses pensées et sans rien regarder autour de lui. Soudain, un parfum d'encens l'arrête, mais ce parfum est localisé. M' X. tourne ses regards du côté d'où vient l'effluve embaumé et se trouve à la devanture d'une librairie, en face d'un rayon où sont étalées des cartes postales représenfant Sr Thérèse. Ce monsieur entra et acheta les cartes illustrées : « Remarquez bien, ma Révérende Mère, écrivait-il, que si je les ai achetées, c'est parce que je les ai senties !»

 

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La Servante de Dieu aime à voir publier les merveilles qu'elle opère, comme le prouve le récit n° 10; mais ses privilégiés ne s'y prêtent malheureusement pas toujours. Beaucoup imitent les neuf lépreux de l'Evangile.

Et cependant, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus montra plus d'une fois que le manque de reconnaissance pour les bienfaits reçus la contristait. On en trouvera plusieurs exemples dans cette Pluie de Roses.

Il en est peut-être qui se laissent effrayer par la crainte de la publicité; qu'ils se rassurent : un bien petit nombre de faits voient le jour, et, parmi ceux que l'on imprime, il est bien facile de remplacer un nom par une initiale et d'enlever toute indication de lieu et même de date précise qui puisse faire reconnaître la personne en cause.

A côté de ces petits châtiments infligés par la Servante de Dieu à l'ingratitude et bientôt suspendus en face du repentir, il est consolant de remarquer combien les âmes dévouées à faire connaître ses faveurs deviennent privilégiées ; elles sont comme des foyers autour desquels d'autres foyers rayonnent ; il en est dont chaque lettre contient une vraie « pluie de roses ».

L'angélique Thérèse l'avait dit d'elle-même à l'égard de ses rapports avec Dieu : « C'est la reconnaissance que je lui ai témoignée qui m'a attiré tant de grâces. »