55. - Berzée (Belgique), 20 août 1911.

 

Des circonstances vraiment providentielles m'ont amené à restaurer le culte séculaire de Notre-Dame de Grâce et de l'instaurer dans notre église paroissiale, modeste église de campagne. Vous allez constater avec bonheur que votre chère petite sainte aura mis une des plus belles pierres à cet édifice élevé à la gloire de Marie, Mère de Grâce, et pour la consolation en même temps que la sanctification des âmes.

Le dimanche 9 juillet dernier, nous avions le premier grand pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Grâce. Il comptait 3.000 pèlerins. Ce fut un beau et grand triomphe pour la sainte Vierge.

Mme Meunier, de Cour-sur-Heure, femme d'une grande piété et d'un rare dévouement aux œuvres religieuses, avait beaucoup contribué à ce succès. A l'heure de la procession générale, au moment du départ de la

Pluie de Roses.

 

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procession de Cour-sur-Heure pour se rendre à Berzée. Mme Meunier qui, le matin, avait communié ici et assisté à l'office, fut frappée d'apoplexie. Cet accident, compliqué d'un état d'albuminurie, fut excessivement grave et mit la malade en grand danger de mort. Ce fut dans la localité, une consternation générale et une réelle stupeur: cette personne est si aimée et si vénérée !

Pour nos adversaires, ce fut l'occasion de pousser un cri de joie et de triomphe : « Voilà, dirent-ils, le miracle de Notre-Dame de Grâce ! » Quelle épreuve pour notre foi qui ne doutait de rien !

Le lendemain, je vis la pauvre malade paralysée et percluse de ses membres. « Quelle grande grâce la très sainte Vierge m'a faite ! me dit-elle : j'avais peur de mourir, et maintenant la mort me semble si douce. Que la volonté de Dieu soit faite ! »

Pendant dix jours, Mme Meunier resta sans prendre la moindre nourriture, sans pouvoir trouver de sommeil, sans cesse menacée d'une nouvelle congestion qui aurait inévitablement causé la mort. Après ces dix jours, ne constatant aucun changement, aucune amélioration dans l'état de la malade, nous lui avons proposé de demander sa guérison au bon Dieu par l'intercession de Notre-Dame de Grâce; cette guérison confirmerait la valeur réelle de cette belle dévotion et attesterait en même temps la réalité de tant de faveurs spirituelles et temporelles attribuées à Marie Mère de Grâce, invoquée spécialement en notre église.

La pensée nous vint alors de choisir Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus comme médiatrice auprès de la sainte Vierge, et une relique de la petite sainte fut donnée à la malade.

Le lundi 14 juillet, nous commençâmes une fervente neuvaine. La famille de Mme Meunier se réunit le soir dans sa chambre pour réciter avec elle les premières prières. Elle eut à ce moment une crise terrible, puis entra aussitôt dans un très doux sommeil, le premier depuis le jour de l'accident. Son fils resta près d'elle toute la nuit et fut remplacé vers le matin par son père. Celui-ci, à 5 heures, sortit un instant, et, rentrant dans la chambre, constata que la malade avait fait un mouvement. Il s'approche et lui demande ce qui s'était passé; alors, se réveillant, elle dit : « Je suis guérie ! » Et comme son mari reste incrédule, l'infirme, la percluse lève le bras et fait le signe de la croix. M. Meunier, stupéfait, mais non pleinement convaincu, s'inquiète si la jambe est aussi guérie. Alors sa femme sort du lit, se dresse, marche, appelle tout le monde de la maison...

Il se produisit une scène indescriptible : on se mit à genoux pour réciter le chapelet et les litanies de la sainte Vierge. Puis la miraculée se mit à table, prit de la nourriture, demanda du travail et prouva de toutes les façons que réellement elle était bien guérie.

Stupéfaction du médecin qui, après un minutieux examen de la malade, déclare cette guérison subite, radicale, vraiment extraordinaire.

Toute la population de Cour-sur-Heure arriva, dès le lendemain, au sanctuaire de Notre-Dame de Grâce, afin d'y témoigner sa gratitude pour le miracle accordé par l'intercession de la céleste petite soeur.

 

Abbé Prélat, curé de Berzée.

 

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56. -  A. (Loire Inférieure). 30 août 1911.

 

J'étais atteinte depuis quatre mois d'une maladie de cœur, accompagnée de congestion pulmonaire. Mon état était si grave que l'on me voyait toujours mourante et taisant mes dernières recommandations. J'étouffais, continuellement et j'étais enflée par tout le corps.

Deux de mes amies étaient allées pour moi à Lisieux en pèlerinage au tombeau de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, vers la fin de juin. Depuis ce moment je l'avais invoquée chaque jour, lui disant que s'il me restait encore un peu de vie, je serais heureuse de propager l'image de la Sainte Face.

Cette petite sainte eut pitié de moi et m'obtint un miracle que je n'aurais jamais osé demander : à 71 ans on ne demande plus à guérir, mais à mourir !

Le 16 juillet donc, senfant un soulagement extraordinaire au cœur, je m'endormis tout allongée, la tête plutôt basse, moi qui devais rester assise dans mon lit, sous peine d'étouffer.

La garde, entrant dans ma chambre, eut un premier moment de frayeur, me croyant morte, comme on s'y attendait sans cesse. S'approchant, elle vit que je dormais et respirais librement ; elle prévint la bonne qui fut, elle aussi, bien surprise. A mon réveil, elles me demandèrent si je n'étais pas gênée : « Pas du tout, leur dis-je, je sens un mieux extraordinaire. »

A partir de ce moment je sentis des picotements par tout le corps : et l'eau qui enflait mes membres et me rendait énorme s'en alla si rapidement que lorsque le docteur vint deux jours après, il fut très surpris de voir mes jambes sèches comme un morceau de bois. Il me dit : « Et le cœur? — Auscultez-le ! » lui répondis-je. Ou lui donna une serviette et après m'avoir auscultée, il jeta la serviette au pied du lit, disant : «Je suis tué !... vous avez le cœur comme il y a dix ans, et plus de congestion aux poumons ! Que faites-vous ? — J'ai cessé tout remède. — Si vous mangez salé, je signe le miracle : deux grains de sel suffisent pour faire pencher la balance.. »

Aussitôt, je me mis à manger salé, très salé. J'ai mangé des grammes et des grammes de sel et aucune enflure n'a reparu.

J'ai eu, depuis, une crise d'estomac amenée par un excès de suralimentation, mais elle n'a produit aucun changement dans la guérison obtenue par le miracle.

Gloire à notre petite Sr Thérèse qui tient si bien sa promesse en faisant le bien sur la terre !

Ce même jour du 16 juillet, à la procession du Saint Sacrement, lorsque le prêtre descendait de l'autel, ma dévouée servante ressentit en elle quelque chose d'extraordinaire, comme un tressaillement de joie, et elle entendit une voix lui disant : « Ta Maîtresse va guérir ! »

 

P.

 

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57. - Uzès (Gard), septembre 1911.

 

Le 29 juillet 1911, mes enfants se trouvaient réunis au 1er étage de notre maison, dans une pièce au milieu de laquelle se trouve un dôme vitré, placé à 4 mètres de hauteur, au-dessus de la cuisine et servant à donner du jour à celle-ci.

En jouant, l'aînée, Marguerite, âgée de 6 ans, perdit l'équilibre. Tombant alors sur le dôme, elle en brise les vitres, passe au travers et va s'abattre sur la table de la cuisine où se trouve un hachoir qu'elle entraîne avec elle jusqu'à terre et qui lui fracture le crâne.

On relève alors la petite fille, elle ne donne pas signe de vie. Le docteur, appelé en toute hâte, n'ose se prononcer ; il constate que le crâne est fêlé, il y a une plaie à la tète, et l'oreille gauche est devenue toute noire. — Toutes les personnes présentes supposent qu'elle ne passera pas la nuit.

« Je voudrais me tromper, dit le docteur le lendemain, mais il v a tous les symptômes d'une méningite. » L'enfant avait la fièvre à 39°.

Le surlendemain 31 juillet, la Rde Mère Prieure du Carmel d'Uzès, apprenant l'accident, nous envoie une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je la pose sur la tête de ma petite Marguerite.

A partir de ce moment, il se produit un grand mieux extraordinaire que le docteur constate, le 1er août, avec un étonnement visible. «Dans un pareil cas, affirme-t-il, il n'y avait aucune chance de guérison. »

Or, trois jours après, l'enfant était sur pied, ne se ressenfant plus du tout de l'accident. C'est ce que j'atteste, ainsi que toutes les personnes qui ont été présentes, et pensent avec moi que, sans un vrai miracle, ma pauvre petite serait morte.

X.

 

58. - Bernay (Eure), septembre 1911.

 

Le petit Fernand X., âgé de 4 mois, était atteint de méningite, et le médecin le déclarait perdu. Les parents, qui avaient déjà vu mourir un enfant de la même maladie, étaient dans la désolation. Affolés, ils pensèrent aller consulter un autre docteur à Lisieux (ils habitent X.) Mais au moment où ils montaient en voiture pour réaliser leur projet, une personne qui tenait à la main un « Appel aux petites âmes » le leur donna en disant : « Tenez, prenez-moi cela et lisez-le en chemin : et au lieu de conduire votre enfant au médecin, portez-le sur la tombe de Sr Thérèse. » Ce qui fut fait. Le pauvre petit était presque moribond, il souffrait atrocement de convulsions terribles, si bien que, sur la tombe, la pauvre mère le croyait mort. Mais un changement prodigieux survint, et, au retour, lorsque le médecin examina l'enfant, il fut littéralement stupéfait en constatant qu'il était guéri... C’était le lundi de la Pentecôte.

Le père, à la vue d'un tel prodige, fut profondément remué. Il ne

 

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permet plus, comme cela lui arrivait autrefois, qu'on dise du mal de la religion en sa présence.

X. Oncle de l'enfant.

 

Suivent la signature de la mère et de plusieurs témoins, et le certificat du docteur, attestant que son pronostic avait été « des plus sombres » et que l'enfant est complètement guéri.

 

59.- Carentan (Manche).

 

Je reconnais que ma fille Odette, âgée de deux ans et demi, ne marchait pas encore. Nous sommes allés, ma femme et moi, en pèlerinage sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et avons fait porter à notre enfant une fleur cueillie sur cette tombe. Le jour même, 6 juillet 1911, notre petite fille a marché. X.

 

60. - Dalkey (Irlande). 4 septembre 1911.

 

En 1909 — j'avais alors 25 ans — je fus envoyée dans un de nos couvents d'Angleterre.

Le 9 mars, je fus atteinte d'une maladie de cœur très sérieuse et dus garder le lit pendant environ trois semaines. Le jour de Pâques et les deux jours suivants, je me trouvai mieux, et pus assister à la Messe; mais j'eus une rechute qui mit mes jours en danger.

Je n'avais jamais souffert des yeux, mais pendant ma maladie, ils devinrent si malades que je ne pouvais ni lire ni écrire. Un jour que je désirais beaucoup écrire une lettre, j'essayai de le faire, mais je dus  abandonner, tant mes yeux me faisaient souffrir.

Je venais de renoncer à tout espoir de guérison, lorsqu'une lettre de ma tante m'apporta une relique de la « Petite Fleur ».  Ma tante me disait en même temps qu'elle et plusieurs autres personnes faisaient une neuvaine à Sr Thérèse pour demander ma guérison. Aussitôt, j'appliquai la précieuse relique sur mes yeux et, au même instant, me sentis guérie. Il était à peu près midi et demi. J'écrivis la lettre que j'avais vainement essayé d'écrire, je lus ensuite jusqu'à six heures sans aucune fatigue ; et depuis ce moment, je n'ai plus du tout souffert des yeux.

Sr X.

 

61. - X. (France), 5 septembre 1911.

 

Une de mes paroissiennes, âgée de 26 ans, dut, le 8 janvier dernier, se rendre à X. à la clinique chirurgicale du docteur *** pour y subir une grave opération.

Cette dame n'était rien moins que fervente; elle ne pratiquait pas. venait à la Messe aux toutes grandes fêtes, et encore !... Quant aux Pâques, il n'en fallait pas parler.

A ma grande surprise, elle vint, avant de partir, me prier de la réconcilier

 

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avec le bon Dieu, et je profitai de la circonstance pour lui conseiller de se mettre sous la protection de Sr Thérèse. Elle suivit docilement ce conseil ; elle comprit que l'heure était aux pensées sérieuses, et elle fit le sacrifice de sa vie.

L'opération eut lieu le surlendemain de son arrivée, c'est-à-dire le 10 janvier; elle fut très longue et très douloureuse car on n'endormit la malade qu'à toute extrémité. Celle-ci s'était complètement résignée à la volonté du bon Dieu ; elle ne cessa de prier avant et perdant l'opération, et mit toute sa confiance en la sainte Vierge et Sr Thérèse. Elle obtint de la sorte un courage extraordinaire qui l'aida à supporter sans se plaindre les douleurs très grandes de l'opération, laquelle, contraire ment à ce que l'on pouvait craindre, se termina à l'entière satisfaction des docteurs.

Le surlendemain, 12 janvier, vers six heures du soir, la malade, qui était seule à ce moment, remarqua tout à coup prés de son lit une religieuse qu'elle reconnut bientôt pour être votre petite Sainte : « O mon Dieu, s'écria-t-elle, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ! » Mais, dans son trouble, elle ne songea pas à lui adresser la parole. La visiteuse demeura quelques instants, regardant la malade d'un air de protection; comme une mère, elle se pencha sur elle, puis disparut.

Vous devinez, ma Révérende Mère, l'émotion indicible qui s'empara d'elle après cette visite. Mais elle n'en parla à personne, pas même à moi qui allai la voir un ou deux jours après. Elle se contenta de demander aux Sœurs de la clinique la Vie de Sr Thérèse. Je n'appris le fait que beaucoup plus tard, d'une façon vraiment providentielle par l'enfant même de la malade qui avait entendu sa mère parler de cette vision à sa grand'mère, et me la raconta tout naïvement. Intrigué, j'allai trouver de suite Mme X. qui me fit le récit que vous venez de lire.

J'attendis, voulant voir si la conversion que je soupçonnais était bien réelle. Or, dès que la malade put venir à l'église, elle y revint, et, malgré les mauvaises langues qui disaient que cela ne durerait pas, elle a persévéré et n'a pas encore manqué ni la Messe ni les Vêpres. Elle a non seulement fait ses Pâques, mais elle a communié plusieurs fois depuis. Bref, la conversion s'accentue, se parfait, car Sr Thérèse semble continuer sa douce protection à celle qui ne manque pas un jour de l'invoquer.

Le mari, lui aussi, profite de cette assistance. Autrefois blocard enragé, il a donné sa démission de conseiller municipal, ne voulant plus avoir aucun rapport avec les ennemis de Dieu.

Je ne puis donc que remercier la chère petite Sr Thérèse de la rose qu'elle a encore fait tomber sur ma paroisse.

Abbé X., curé.

 

62. - X. (Canada). 6 septembre 1911.

 

Permettez-moi, ma Révérende Mère, de vous relater plusieurs faveurs obtenues par l'intercession de votre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Un sauvage, marié a une Canadienne et père de cinq enfants, ne s'était pas approché de l'église et des sacrements depuis 15 ans et s'était adonné

 

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à l'ivrognerie. — Il y a deux mois, un dimanche, sa femme vint nous trouver tout en pleurs: son mari était rentré ivre, s'était mis à l'injurier et menaçait de la tuer. Nous lui donnâmes alors une image de Sr Thérèse en lui conseillant de prier beaucoup cette petite sainte, qu'elle viendrait sûrement à son secours.

O prodige! Le dimanche suivant, la famille entière était à la messe, sur l'ordre du mari, lequel m'a fait demander un chapelet et un scapulaire.

Depuis ce temps-là, c'est-à-dire depuis deux mois, ce pauvre sauvage ne boit plus.

Autre fait. — Une mère de famille était tombée subitement malade par une insolation. Elle souffrait violemment dans la tête. Nous lui donnâmes une image de Sr Thérèse, et, aussitôt qu'elle l'eut appliquée sur sa tête, ses douleurs disparurent. En même temps, elle et son mari sentirent un parfum délicieux dont ils ne peuvent s'expliquer la nature.

C. G.

 

63. - S. (Seine-et-Marne), 7 septembre 1911.

 

Aujourd'hui, dernier jour de la neuvaine, je viens vous remercier des prières que vous avez bien voulu faire avec nous à votre petite sainte. Le bon Dieu en a décidé autrement que je ne l'avais espéré ; que sa sainte volonté soit faite! La chère petite Sr Thérèse a vu sans doute que mon fils était mûr pour le Ciel ; et si mon cœur est brisé, il est de mon devoir cependant de vous donner certains détails qui pourront contribuer à la gloire de votre chère sainte.

Le jeudi 31 août, je lisais la vie de Sr Thérèse auprès de mon fils qui, depuis deux mois, souffrait extrêmement des intestins et de l'estomac où la tuberculose était descendue. Je m'arrêtais souvent pour recommander mon malade à votre cher Ange, et je posai sur son cœur une image avec une relique. A peine la relique l'eut-elle louché que toutes ses souffrances se sont calmées.

Mais bientôt le larynx fut lui-même atteint, et c'est alors que Sr Thérèse aida mon cher enfant à souffrir avec une patience admirable, l'n instant avant sa mort, j'étais assise près de son lit, tenant sa main dans la mienne, lorsque tout à coup je vis dans le ciel une nuée lumineuse et une forme de femme voilée qui s'inclinait. Je fis remarquer cette vision à une amie qui était près de moi et qui resta muette d'étonnement. Puis le regard mourant de mon cher enfant se dirigea vers moi, et, dans un sourire, il rendit son âme à Dieu... Sr Thérèse était venue le chercher. Je l'avais tant priée !

Aussi, au milieu de ma douleur, je dis du fond de mon âme reconnaissante : Merci et gloire à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus !

 

64. - C. (Italie), 18 septembre 1911.

 

Mlle Michina P., âgée de 18 ans, demeurant à Naples, fut, la nuit du 23 juin 1911, frappée de tous les symptômes du choléra. C'était dans les

 

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jours où l'épidémie était des plus violentes, aussi l'épouvante du lazaret, ou de l'isolement de la famille, inspirait les plus secrètes mesures de prudence. In frère de la jeune malade, lieutenant comptable, courut -aussitôt à la recherche d'un médecin; mais, malgré toute son activité et tous ses soins, il ne put l'avoir qu'à 1 heure de l'après-midi.

Il y avait neuf heures de passées depuis que le mal s'était déclaré. On peut s'imaginer l'état de la malade; il était tel que le docteur en fut épouvanté, et il ordonna de la plonger à l'instant même dans un bain à 40°; mais, ajouta-t-il avec un accent de découragement, « je crains qu'elle n'en sorte pas vivante! »

A ce triste pressentiment, Mme P., la mère de la malade, frappée d'une nouvelle douleur, se tourna vers une image de la Servante de-Dieu, Sr Thérèse de Lisieux, que, peu de jours auparavant, elle avait reçue de Tune de ses filles, Sœur de Charité, et elle s'écria : « Chère Sœur Thérèse, tu n'es pas venue en vain dans ma maison. Dieu t'y a «envoyée pour t'y faire opérer un miracle en notre faveur; sauve ma fille ! » Ceci dit, pleine de confiance, elle enveloppa la pauvre enfant moribonde dans un drap et la plongea dans le bain, tandis que le pieux officier récitait avec ferveur une prière à la «petite Fleur ».

Et voici que la chère Michina commence a se mouvoir, s'agite, parle et sort seule du bain !...

Des larmes d'émotion s'échappent des yeux de tous les assistants. Le péril était conjuré !

O chère petite-Fleur du Ciel ! sois bénie, toi qui daignes accorder tant de grâces pour manifester de plus en plus ta « Voie d'abandon et d'amour » en apparence si simple, et en réalité si sublime!

 

X.

 

Suit le Certificat médical, en date du 10 novembre, déclarant Mme X. atteinte du choléra, son cas « mortel », le pronostic porté également mortel », et l'état actuel de santé de la jeune fille « excellent ».

 

65. - Charenton (Seine). 21 septembre 1911.

 

Une de nos petites pensionnaires, condamnée par plusieurs médecins, doit sa guérison à l'angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Le 18 septembre, par une belle et chaude journée, nos fillettes restées au pensionnat se dirigeaient joyeusement vers Saint Cloud. Aussitôt arrivées, elles s'installèrent pour déjeuner; puis commencèrent les promenades, les courses folles, les ascensions des collines.

A l'appel de la Sœur surveillante, les plus éloignées se rapprochaient, les imprudentes, perchées au haut des buttes, en descendaient vivement. Mais l’une d'elles, la petite Hélène Dick, enfant de onze ans, tomba si maladroitement dans l’une de ces descentes, qu'elle se fendit profondément le menton et ressentit de si fortes douleurs d'entrailles qu'on dut la transporter presque inanimée chez un pharmacien, puis chez un médecin, qui rapprocha avec des agrafes les deux côtés de la plaie béante. L'enfant fut alors prise d'abondants vomissements de sang, qui faisaient craindre des lésions internes; et c'est à grand'peine qu'on ramena la petite blessée jusqu'ici.

 

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La nuit lut mauvaise, la pauvre enfant soutirait atrocement des entrailles. Notre docteur, appelé, constata un commencement de péritonite, avec perforation probable des intestins, mâchoire fracturée et dents cassées.

Nous la fîmes transporter à l'hôpital Saint-Joseph, où elle fut reprise de vomissements de sang. Les médecins de l'hôpital confirmèrent le diagnostic de notre docteur et déclarèrent l'état très grave, pour ne pas dire désespéré.

L'enfant fut administrée, et pendant 48 heures, des piqûres de sérum et autres lui furent faites comme seul remède, et sans beaucoup d'espoir. Le soir du second jour, la pauvre petite soutirait plus que jamais.

Mais, pendant ce temps-là, ses compagnes priaient jour et nuit, et, avec une grande ferveur, elles adressaient leurs supplications à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Et le troisième jour, la petite Hélène, ayant enfin trouvé quelques heures de sommeil, se trouva guérie à son réveil, à la grande stupéfaction des médecins qui s'écrièrent à l'envi : « Elle revient de loin ! » L'enfant déclara ne plus souffrir des entrailles et demanda à manger. En effet, on la palpa sans qu'elle ressentit aucune douleur; on essaya de lui faire prendre des liquides, puis des aliments plus substantiels qui passèrent bien.

Le lendemain, elle se levait, et huit jours après elle nous était rendue, tout à fait bien portante, conservant seulement un peu de pâleur due à l'abondance du sang qu'elle avait perdu. — Au dire des médecins, l'enfant devait être défigurée, et c'est à peine si la cicatrice du menton est visible, on en cherche la trace.

Depuis lors, elle mange et dort bien, joue et court, saute comme ses compagnes, et travaille comme elles à la classe et à l'ouvroir sans ressentir aucune douleur, aucune fatigue. La guérison est complète, et nous la devons à la petite Carmélite de Lisieux, qui a déjà lait tant de miracles !

Gloire à Dieu !

 

Suivent les signatures de plusieurs religieuses et de M. le Curé de Charenton. et le certificat médical attestant le cas « d'une gravité extrême ». « l'état général désespéré », constatant une « fracture compliquée du maxillaire inférieur », et certifiant l’état de l'enfant « bon au moment de la sortie de l'hôpital ».

 

66. - Iles Salomon (Océanie). 30 septembre 1911.

 

Le cher P. J. Coicaud est en ce moment à Malaïta, à essayer de faire une fondation, de fonder une station, pour mieux dire. Le R. P. Bertreux nous a confié Mala en même temps que Marau. Le Pére Coicaud y a passé déjà quatre semaines, et il était tout étonné, à son retour, d'avoir encore sa tête sur les épaules. Ils ne sont pas commodes, les Malaïtiens !... Pourtant le P. Coicaud a été très bien reçu : le chef de la tribu est un excellent homme, très intelligent et très énergique ; il a bien quelques fredaines à son actif, mais à Mala, qui n'en a pas Pour le nombre des personnes qu'il a aidé à rôtir et à manger, il lui serait difficile de le fixer ; ce qu'il sait bien, c'est qu'il a tué 12 personnes

 

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de sa propre main : il y a un an à peine, il a encore tué une de ses filles pour faire enrager une de ses femmes!... Mais quel brave homme, à présent que Thérèse l'a converti ! «C'est fini maintenant, dit-il»; il a fait baptiser une petite fille, le premier baptême fait à Mala, et cette enfant s'appelle... Devinez?... Thérèse !

Ce n'est pas tout. Sa conversion est bien complète, et il veut être baptisé, lui aussi. « Quel nom prendras-tu ? » lui demandait dernièrement |e P. Coicaud. — «Je m'appellerai Michel, répondait-il, parce que, comme lui, j'ai tué le diable en moi. » Puis, après réflexion : « Tiens, non, Père, je m'appellerai Pierre parce que, comme saint Pierre, je suis le fondement de la religion à Mala. »

Comme vous le voyez, la conversion de ce bon chef est vraie et éclairée : et elle est l'œuvre de Thérèse ! En effet, quand le bon P. Coicaud est allé à Mala pour la première fois, je lui ai donné deux reliques de Sr Thérèse : une qu'il a mise dans sa case, l'autre qu'il a jetée dans l’île. Thérèse est donc dans la place : pourquoi s'étonner si 40 personnes y suivent déjà la religion catholique ?...

 

Rd P. Bertheux, prêtre Mariste.

 

67. - X. (Indre-et-Loire), octobre 1911.

 

Je tiens à vous faire connaître le secours que je reçus de votre petite Sainte, le 10 avril dernier.

Immobilisée dans mon lit, je fis dans cet état ma Communion pascale, le Lundi Saint, 10 avril. A cette époque, je fus reprise de la terrible maladie des scrupules qui, antérieurement, m'avait déjà bien fait souffrir ; je ne cédai pas cependant à mes scrupules et laissai venir le prêtre sans me confesser de nouveau. Je ne me rappelle pas avoir jamais autant souffert pour communier. Incapable de prier, et serrant sur mon cœur la petite relique de Sr Thérèse que vous veniez de m'envoyer, j'attendis. Lorsqu'on m'annonça que le prêtre, portant la sainte Hostie, était proche, mes souffrances redoublèrent : c était une réelle agonie, et je ne savais que devenir. A ce moment, j'éprouvai nettement la sensation que quelqu'un me passait un bras sous la tête tandis que, de l'autre main, on posait un crucifix sur mes lèvres. La pensée de Sr Thérèse se présenta d'une manière très vive à mon esprit; une voix intérieure me pressait tellement de dire à plusieurs reprises: «Mon Dieu, je vous aime ! » que j'essayai : je le fis avec beaucoup d'efforts les premières fois, puis je finis par le dire plusieurs fois, avec amour, jusqu'à l'arrivée de mon Jésus qui calma toute souffrance. — J'ajoute que si, à ce moment, j'avais voulu m'empêcher de répéter cet acte d'amour, je ne l'aurais pas pu, tant j'étais pressée de le faire.

Je demeure persuadée que, sans une intervention que j'attribue à Sr Thérèse, il était impossible qu'un pareil changement s'opérât en moi. En action de grâces, je ferai dire prochainement une Messe pour obtenir sa béatification.

X.

 

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68. - X. (Eure), 3 octobre 1911.

 

C'est avec une grande joie que je viens vous donner les détails de la guérison de mon mari, guérison obtenue par l'intercession de votre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Le 25 mai, jour de l'Ascension, mon mari se sent souffrant : on fait appeler un docteur d'Orbec qui diagnostique une pleurésie où il y avait les germes de la tuberculose. Jusqu'au 6 juillet, aucun traitement ne réussit; le docteur est désespéré, tellement l'état de faiblesse du malade est grand.

Le 6 juillet, une amie nous conseille de faire une neuvaine à Sr Thérèse. Nous la commençons dès le lendemain 7 juillet : ce jour même un mieux étonnant se produit, et ce mieux s'accentue les jours suivants. Le quatrième jour de la neuvaine, nous envoyons une personne faire, en notre nom, un pèlerinage au cimetière de Lisieux, à la tombe de la petite sainte ; pendant tout le temps qu'a duré le voyage et le pèlerinage, c'est-à-dire jusqu'au retour de cette personne, à deux heures de l'après-midi, mon mari se retrouve très malade. Mais après deux heures, un mieux inexplicable se produit; mon mari veut alors venir nous aider à mettre du foin en meules, dans le pré avoisinant la cour d'habitation ; ne pouvant l'en empêcher, nous le laissons faire, et il ne parait en ressentir aucune fatigue ; il recommence le lendemain et les jours suivants, sans éprouver la moindre souffrance. Et depuis il se porte bien.

La neuvaine finie, nous avons fait dire une Messe d'action de grâces pour remercier Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus de celte merveilleuse guérison. Depuis nous ne cessons pas de l'invoquer chaque jour.

G. L.

 

Suivent plusieurs signatures légalisées a la mairie et l'attestation de M. le curé de X.

 

69. - Paris, 12 octobre 1911.

 

Ma fille Geneviève a eu 13 ans, le 24 mai dernier. Vers la fin de janvier de cette année, elle commença à éprouver une grande fatigue, et son état de faiblesse ayant empiré rapidement, elle dut prendre le lit, le 12 février. Elle n'éprouvait pas de douleurs vives, mais sourirait beaucoup d'un anéantissement complet, et peu à peu elle en arriva à ne pouvoir se remuer dans son lit ni se servir d'aucun de ses membres.

Deux docteurs et un chirurgien consultés nous donnèrent la même assurance : « L'enfant n'a aucune maladie ; les organes ne sont pas atteints, mais les os sont déphosphatés et les muscles atrophiés. Ce sera très long. Il faut l'emmener à la campagne et la laisser tout Tété étendue au grand air. »

Nous quittons alors Paris le 17 mai, et nous allons à Luzarches en Seine-et-Oise. Là nous louons une maison avec un grand jardin, et nous suivons à la lettre les prescriptions de la Faculté. Notre Geneviève se fortifie certainement comme santé générale, elle recommence à se servir

 

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de ses mains, mais les membres intérieurs restent absolument incries. Il est impossible de penser à la mettre sur ses jambes, elle ne peut même se tenir sur son séant, et sa pauvre tête oscille de tous côtés, quand elle n'est pas soutenue par des coussins ou par des oreillers. On craindrait vraiment de la paralysie si une certaine sensibilité ne subsistait.

Les docteurs consultés de nouveau redisent la même chose : « Cet état pénible peut se prolonger des mois et des mois, et, quand elle en sortira, il faudra lui réapprendre à marcher comme à un bébé. »

Ce fut alors qu'une amie nous parla de Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus et que nous commençâmes une neuvaine qui se termina le jour de l'Assomption : nous demandions à la chère petite sainte de prier pour nous la sainte Vierge qui l’a elle-même, miraculeusement guérie autrefois et de nous obtenir la grâce de voir notre enfant faire ses premiers pas, le

15 août.

Pour moi je demandais seulement une grande amélioration dans l'état de ma fille ; mais celle-ci, pleine de confiance, demandait sa complète guérison, disant naïvement « que cela n'est pas plus difficile au bon Dieu ». C'est elle, la chère enfant, qui a été exaucée.

Elle reçut avec une grande foi les reliques de Sr Thérèse que vous nous avez envoyées, et, après les avoir passées sur ses pauvres membres presque inertes, nous les attachâmes à son cou avec ses médailles, et nous redoublâmes de ferveur dans nos supplications à la chère sainte.

Le 14 au soir, Geneviève éprouva un grand malaise ; mais, le lendemain 15 août, elle se retrouva dans le même état qu'à l'ordinaire, ni mieux, ni pire.

Nous allâmes à la Messe et nous y limes pour elle la sainte communion.

Vers onze heures et demie, comme nous le faisions tous les jours, on descendit sur une sangle, pour le déjeuner, la pauvre enfant dont une petite amie soutenait la tête oscillante. Nous commençâmes à déjeuner ; mais, après avoir pris un peu de nourriture. Geneviève s'arrêta tout à coup en disant : « Je ne veux plus rien prendre. »

Permettez, ma Révérende Mère, que je laisse la parole à l'enfant elle-même : «J'ai senti, dit-elle, une espèce de fourmillement dans tout mon être ; en même temps, une voix me dit : « Lève-toi et marche ! » Craignant d'être le jouet d'une illusion, je ne bougeai pas ; mais la même voix répétait les mêmes paroles ; alors je fus prise d'une envie irrésistible de me lever, et je ne résistai plus. »

Ce fut alors que se produisit le miracle qui nous laisse encore aussi émus que reconnaissants. Geneviève se dressa toute droite, la tête ferme, et, descendant de sa chaise longue, elle se mit à marcher, appuyée simplement sur le bras de sa sœur et sur le mien, elle qui n'avait pas mis les pieds par terre depuis six mois et de laquelle on nous avait dit : « Il  faudra lui réapprendre à marcher comme à un petit enfant. »

Je n'ai pas besoin de vous dire notre joie et notre reconnaissance envers la chère petite Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus. C'est un vrai miracle qu'elle nous a obtenu : puisse-t-il servir à sa béatification !...

Depuis cette date mémorable du 15 août, la guérison s'est affirmée, et notre petite Geneviève, aujourd'hui très bien portante, a repris sa vie ordinaire.

L.

 

(Suivent sept attestations de témoins du miracle.)

 

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70. - Paris. 14 octobre 1911.

 

Ma femme fut atteinte, fin août 1911, d'une extinction subite de la voix. Nous consultâmes un spécialiste qui diagnostiqua un polype situé sur les cordes vocales. L'existence de ce polype, dessiné par le praticien, était indiscutable. Un seul remède était possible : l'ablation.

Assez inquiet, car le médecin déclarait ignorer : 1° si le polype ne se reproduirait pas après l'extraction ; 20 si l'origine du polype n'était pas de nature tuberculeuse, je demandai à la sainte Vierge et à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus la disparition du mal, promettant un pèlerinage à Lourdes et une communion hebdomadaire au Sacré-Cœur. Or, le jour où devait avoir lieu l'intervention chirurgicale, le médecin, après examen attentif, fut stupéfait de ne point retrouver trace du polype !...

J'ajoute qu'un second médecin avait également contrôlé l'existence de ce polype.

X.

 

71. – T. (Gironde), 15 octobre 1911.

 

J'étais, depuis deux ans, atteint de neurasthénie et radicalement impuissant à lire, écrire, prier et même à converser. Le médecin m'avait défendu toute occupation tant soit peu absorbante. Ce repos forcé, succédant à la lièvre d'activité qui règne dans nos établissements scolaires, m'avait consterné au dernier point : d'autant plus que le docteur m'avait dit que quatre ans ne suffiraient probablement pas pour me guérir. C'est alors que je me suis tourné avec confiance et amour vers votre séraphique enfant.

Quelques jours avant le 30 septembre, j'eus l'heureuse inspiration de célébrer le glorieux anniversaire de sa sainte mort. La nuit j'éprouvai des douleurs de tête très vives, comme jamais je n'en avais enduré : je fus obligé de m'asseoir sur mon lit pendant plus d'une heure ; je ne trouvais aucune position reposante. Puis les douleurs cessèrent et je sentis dans mon cerveau un bien-être et une puissance que je ne connaissais plus depuis deux ans.

Le docteur a été émerveillé de constater mon état, lui qui m'avait annoncé que j'en avais pour quatre ans avant de pouvoir me remettre au travail! Je lui ai dit que les supérieurs voulaient m'envoyer à Buenos-Ayres pour diriger un orphelinat agricole de quatre cents internes; non seulement il ne s'y est pas opposé, mais il a ajouté que je pouvais accepter avec pleine confiance, ce que j'ai fait avec bonheur !

Frère X.

 

Suit le certificat médical.

 

72. - X. (Haute-Vienne), 15 octobre 1911.

 

Mme X., 22 ans, sentit sa santé décliner à la suite de la naissance d'un bébé. Il lui semblait avoir une grosseur dans le ventre, du côté droit, et elle éprouvait des douleurs assez vives dans les reins. L'appétit

 

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disparut : puis vinrent l'essoufflement et la difficulté pour marcher. Cela dura toute l'année 1910. Sa maigreur et sa pâleur étaient extrêmes.

En mars 1911 le mal prit des proportions plus graves : l'enflure commença avec des coliques très fortes et la perte complète de l'appétit. Il lui fallut renoncer à son travail.

Le 3 mai, elle va voir le médecin qui constate une péritonite bacillaire, et ne dissimule pas à la famille la gravité de son état.

Tout le mois de mai, elle ne fait que se lever et se coucher. Le mois de juin se passe au lit dans les plus grandes souffrances ; elle était tout enflée C'est alors qu'elle demande à être transportée à l'hôpital : mais le médecin s'y oppose, disant qu'elle ne supporterait pas la voiture et mourrait en chemin.

Sur ces entrefaites, Sœur S., de L., vint la voir et lui fit connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle lui procura une relique de la petite sainte et l'engagea à lui faire une neuvaine pour demander sa guérison. Ce fut le 24 ou 25 juin qu'on commença la neuvaine : pendant les prières, la malade tenait la relique sur la partie la plus douloureuse. Elle demanda à faire la sainte communion, et, dés qu'elle l'eut faite, les souffrances devinrent beaucoup plus grandes.

Le samedi, 1er juillet, survint une complication du côté du cœur : douleurs violentes, crises terribles et fréquentes qui durèrent toute la soirée et la nuit jusqu'à deux heures du matin. Le médecin, appelé, déclare que c'est la tin, qu'elle peut mourir d'un moment à l'autre, et tout au plus vivre deux ou trois jours.

Le dimanche 2 juillet, sa mère, qui était venue la soigner à L., voyant la crise de cœur calmée, veut l'emmener mourir chez elle. Le médecin déclare qu'il est impossible de la transporter, qu'elle mourra en chemin ; mais la mère ne veut rien entendre, cherche la robe qu'elle lui mettra quand elle sera morte et place sa fille dans une voiture qu'on a fait demander. On part pour X, distant de 5 ou 6 kilom., et, chose étonnante, le voyage se fait très heureusement. On arrive vers les six heures du soir : la malade descend toute seule de voiture, dit avoir grand'faim et demande à manger, elle qui ne pouvait plus supporter ni œufs, ni lait. On ne veut rien lui donner, d'autant que le médecin l'a formellement défendu. Toutefois, à force d'insistance, elle obtient quelques petits gâteaux secs et un peu de limonade qui passent très bien. Elle se promène pendant environ deux heures, se couche à la tombée de la nuit, et dort parfaitement.

C'était le septième jour de la neuvaine. Quelques jours après, l'enflure commence à diminuer et, au bout de huit jours, il n'en restait plus de traces. La malade avait une faim dévorante et pleurait de ne pouvoir obtenir la nourriture qu'on lui refusait par prudence. Cependant elle mangeait n'importe quoi sans en être incommodée.

Dans le courant de la semaine, on alla rendre compte de cette guérison extraordinaire au médecin qui n'en revenait pas, disant que jamais il n'avait rien vu de semblable.

Aujourd'hui, 15 octobre, la jeune femme est comme avant sa maladie, même mieux portante, assure sa mère.

C. M., curé.

 

Suivent le cachet de la paroisse, les signatures de M— X., de son mari, de sa mère, de sa soeur. Sr. S., de deux autres personnes, et le certificat du médecin.

 

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73. - X. (Seine-et-Oise), 16 octobre 1911.

 

Au mois d'août, je fus invité par des amis à aller, soi-disant en promenade, à Lisieux : et, comme j'étais en vacances, j'acceptai volontiers.

Nous y fûmes le mercredi, 10 août. Là, ils me conduisirent au cimetière, sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. —Je dois vous dire, ma Révérende Mère, que j'avais perdu la foi par les mauvaises fréquentations, quoique j'aie été élevé par une mère très pieuse.

Cependant, sur cette tombe, je me sentis remué ; en voyant la croix couverte de signatures, je voulus aussi y poser la mienne: enfin, je fis comme les amis, je me mis à genoux, et je priai. Mais je n'avais pas encore la foi : ce ne fut qu'en lisant le petit opuscule « Appel aux petites âmes », que je me sentis convaincu. Je l'avais acheté au Carmel pour faire comme mes camarades, et, rentré à la maison, je fus fortement tenté de le lire ; je le fis, bien qu'il y avait comme une voix intérieure (c'était le démon bien sûr !) qui me disait : « Pourquoi lire cela? un livre de bonne Soeur, ça ne peut t'intéresser ! » — « Qu'importe ! me disais-je ; j'ai la tentation, je le lis. »

Dès la première page, je fus si touché que je ne l'ai pas lâché avant de l'avoir lu tout entier. Et alors je me dis : « Ma mère m'avait mis dans une bonne voie, je l'ai perdue, mais il faut que je la retrouve. »

Quelques jours après, je revis mes amis qui me demandèrent : « Eh bien! qu'avez-vous trouvé du petit livre? — Ah! je vous l'avoue, moi qui devenais impie, je voudrais maintenant devenir un saint. Cela est dérisoire de tourner sa face ainsi, mais que voulez-vous, c'est comme cela ! »

Un peu plus tard, j'eus l'occasion de passer par Lisieux; je me levai deux heures plus tôt afin de pouvoir, par un arrêt entre deux trains, me confesser à Lisieux même et retourner sur la tombe de Sr Thérèse pour la remercier de m'avoir converti. J'ai pu aussi, ce jour-là, me rendre au Carmel où j'ai acheté le grand livre de 7 fr. : je l'ai lu en peu de jours, et maintenant je suis heureux de le montrer et de le prêter à toutes les personnes que je connais. Il y en a plusieurs qui, dans leur étonnement, me disent : « Mais ce n'est pas possible ! ce n'est pas vous qui lisez cela !... » là je leur réponds avec franchise et sans me cacher : « Oui, ce livre est à moi, et j'éprouve un vrai bonheur à le lire. »

Et maintenant, par reconnaissance envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et pour sa glorification, je me fais un devoir, ma Révérende Mère, de vous dire que je vis, à présent, dans une grande foi et que je ne veux plus que le démon soit mon maître.

L. C, cuisinier.

 

74. - X. (France), 3 novembre 1911.

 

Le jeudi, 28 septembre 1911, vers les six heures du soir, notre petite Yvonne, qui n'avait pas encore sept mois, tomba tout à coup malade. Ma femme la tenait dans ses bras. Cette petite perd connaissance, les yeux grands ouverts, et, en un clin d'œil, elle a la figure livide, les traits tirés, les coins des lèvres abattus, le nez pincé. On la met dans un bain

 

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de moutarde très fort. Elle ne paraît pas souffrir. On la sort du bain deux fois, et deux fois elle se pâme. On la sort de nouveau, on lia couche, la nuit est épouvantable. La fièvre atteint 41° Le matin, vers les sept heures, nous attendons de seconde en seconde la fin.

Deux docteurs viennent presque simultanément au moment de l'accident. Ils diagnostiquent une gastro-entérite foudroyante. Le premier ordonne quelque chose pour la forme, on le voit, et se retire en déclarant que c'est très grave : il revient le lendemain matin et reviendra plusieurs fois les jours suivants, et dira s'étonner de retrouver la petite vivante. Le second, le docteur T..., qui a traité effectivement Yvonne pendant toute sa maladie, le seul docteur dont il sera question dans la suite, donne également une prescription, revient le lendemain et passe-la plus grande partie de la matinée auprès de notre petite fille à laquelle-il donne lui-même des bains et des remèdes. Mais, au dire d'une personne de la maison, il la considère comme perdue. Telle est aussi l'impression de mon beau-frère et de ma belle-sœur qui passent la journée du vendredi avec nous.

Le vendredi soir, mon fils aîné va chez M. l'abbé B. et lui dit l'état de l'enfant. Il promet de prier pour nous.

La seconde nuit est mauvaise, bien que la fièvre ne soit pas aussi forte. La petite malade semble toujours à l’agonie. La respiration est haletante. Mon beau-frère, qui reste toute la nuit avec nous, ne s'attend pas à lui voir atteindre le jour. Le docteur avait déclaré que, si elle vomissait, ce serait très grave. Or, elle vomit plusieurs fois. On continue cependant les remèdes et les bains: elle paraît ne se rendre compte de rien.

Le lendemain matin, samedi 30 septembre, nous sommes de nouveau au désespoir; il est sept heures, nous nous croyons au bout.

Mais, vers les sept heures et demie du matin, M. l'abbé B., qui avait dit la Messe pour notre enfant, apporte un sachet renfermant de la terre de la sépulture de Sr Thérèse, et dit à ma femme : « J'ai promis quelque chose en votre nom et au mien pour la béatification de Sr Thérèse, si votre petite fille guérit. Quelque chose me dit qu'elle vous sera conservée. » Ma femme ratifie la promesse de l'abbé B. sans la connaître, et met le sachet sous l'oreiller de l'enfant. Or, le soir, à cinq heures, le docteur la déclarait sauvée !

Il y a plus d'un mois qu'Yvonne est hors de danger. Depuis longtemps, elle a retrouvé ses couleurs, sa gaieté, son appétit. Il ne lui est reste de son mal que des éruptions à la figure et deux abcès à une jambe, dont l'un a fondu et l'autre vient de s'ouvrir, et qui témoignent, au dire du docteur, de la gravité de l'infection.

Un homme, que l'on dit être un employé des Pompes funèbres de X., a circulé plusieurs jours autour de la maison, s'inquiétant de savoir « si la petite était décédée », et a disparu avec le danger. — Je donne ce  détail pour montrer combien était notoire la gravité de la maladie. — De l'avis général, je crois que notre enfant était condamnée.

 

L. S.

Professeur à l’Université de X.

 

Suivent le cachet de la paroisse, les signatures de la mère, de M. l'abbé B. d'un autre prêtre, de plusieurs témoins et celle de M. le curé de X. affirmant que lesdits témoins sont dignes de créance. (Certificat médical.)

Soeur Thérèse de l'Enfant Jésus.

 

75. – Laval (Mayenne), 5 novembre 1911.

 

Depuis quelques mois déjà, j'étais atteinte d'albuminurie et gravement menacée de phtisie pulmonaire lorsque, le 24 janvier 1911, je fus prise d'urémie cérébrale.

Mon médecin, Mr X., qui avait, quelques mois auparavant, soigné déjà une jeune fille atteinte de cette même maladie et qui était morte en vingt jours, pronostiquait la même chose pour moi. Il voulait me faire transporter à l'hôpital, non dans l'espoir de me guérir, mais afin qu'on pût plus facilement me soulager par des piqûres de morphine.

Ma tante voulant me donner les derniers soins s'y opposa, et appela en consultation un second médecin.

Cette tante, Mlle D., chez qui je demeure depuis l'âge de deux ans j'en ai 17 maintenant), habite Laval.

Du 24 janvier au 1er février, mon mal alla en s'aggravant rapidement. Le 1er février, vers huit heures du soir, le docteur exprima ses craintes à ma tante; il était très inquiet. Après m'avoir fait une piqûre de morphine, il dit que la méningite était déclarée et que je n'avais plus que quelques jours à vivre. Toute la nuit, j'eus une terrible crise de délire, à ce qu'on m'a rapporté; je soutirais beaucoup.

Voyant tout espoir perdu du côté de la terre, ma tante se tourna vers le ciel, et c'est alors qu'elle se procura, auprès d'une amie, une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus : un petit sachet contenant de la laine de l'oreiller. C'était le matin du 2 février: ma tante me fit d'abord baiser la relique, puis je la pris entre mes doigts et, chose merveilleuse, moi qui depuis une huitaine de jours ne pouvais pas même lire le titre d'un journal, je lus sans aucune hésitation l'inscription très fine imprimée sur le sachet. Mais sitôt que je cessais de le regarder, mes yeux ne distinguaient plus rien. Ma tante attacha cette précieuse relique à mon scapulaire, puis je m'unis de mon mieux aux prières que l'on adressa pour moi à Sr Thérèse.

C'était la première fois que j'entendais parler de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je n'avais jamais lu sa vie ni la « Pluie de roses », et j'ignorais complètement ses miracles et ses apparitions.

Ce jour-là (2 février), à onze heures du matin, le docteur vint me voir et ne trouva pas de changement dans mon état; il projeta alors pour le lendemain une consultation avec un de ses confrères, prescrivit un calmant et se retira en promettant de revenir le soir me faire une piqûre de morphine.

Aussitôt après son départ, ma tante me quitta pour aller faire remplir l'ordonnance par le pharmacien, et me laissa à la garde de ma mère et d'une de nos amies. Lorsqu'elle revint, elle me trouva assoupie et calmée. Elle ne me réveilla donc pas. C'est alors que se passa la scène que je vais raconter. Pour les détails que je n'ai pu voir moi-même et que contiendra mon récit, je vais les donner d'après ce que m'ont rapporté ma tante, ma mère et Mlle B., qui en ont été les témoins.

Il n'était pas encore midi quand, tout à coup, je vis devant moi une jeune religieuse d'une beauté céleste et qui me regardait avec un délicieux sourire. Sans m'en rendre compte, je me dressai sur mon lit et,

 

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m'agenouillant, je me traînai jusqu'à l'extrémité, et là, m'avançant sur le bord, je joignis les mains et les étendis vers l'apparition. J'avais le corps tellement penché en dehors du lit que j'aurais du rouler à terre si je n'avais été miraculeusement soutenue; j'avais, m'a-t-on dit, un visage rayonnant, et les personnes présentes sentaient qu'il se passait quelque chose de surnaturel; elles me regardaient avec admiration et restaient interdites. — Pour moi, j'entendais l'apparition céleste qui médisait : « Tu guériras » ; en même temps, je sentis un suave et délicieux parfum qui ne pouvait venir que du Paradis. Puis, mon angélique visiteuse disparut et, sans m'en rendre compte, je me recouchai ; alors, je tournai les yeux vers ma mère, ma tante et Mlle B. ; je les reconnus parfaitement. Depuis huit jours, je ne reconnaissais plus personne. Je leur affirmai que Sr Thérèse m'était apparue ; elles me montrèrent alors son image que je n'avais jamais vue et je la reconnus aussitôt. Ma vue était redevenue tout à fait distincte; mes grandes douleurs avaient cessé, les autres allaient se dissiper à leur tour, à la seconde visite de ma bienfaitrice, visite que je vais encore rapporter.

Après cette première apparition de Sr Thérèse, je dormis paisiblement jusqu'à trois heures de l'après-midi. A ce moment, ma mère et ma tante étaient seules présentes. Il parait qu'extérieurement la scène du matin se renouvela en tous points avec un détail de plus : je pris mon chapelet et l'enroulai à mes mains. Pour moi, je vis Sr Thérèse dans la même attitude que la première fois, et avec son même sourire, elle me recommanda la dévotion à la sainte Vierge et m'engagea à réciter chaque jour le chapelet. Ma tante m'entendit distinctement lui répondre : « Oui, ma petite Thérèse, je vous le promets. » C'était la promesse de dire mon rosaire.

Je ne saurais pas bien expliquer comment cela se passait : je ne sais pas si j'étais éveillée, mais je sentais bien pourtant que je ne dormais pas.

A six heures du soir, le docteur se présentait pour l'injection de morphine. Quelle ne fut pas sa stupeur, lorsqu'après un examen minutieux, il ne trouva plus trace de ma maladie de poitrine ni de ma méningite ! Il dit à plusieurs reprises que j'étais guérie et que la consultation du lendemain était par conséquent inutile. Cependant il s'opposa, par mesure de prudence, à l'exécution de mes projets. J'aurais voulu, dés le lendemain, me lever et aller à l'église, malgré le froid très rigoureux, pour me confesser et communier.

Le samedi 4 février, à huit heures du soir, je revis ma céleste bienfaitrice pour la troisième et dernière fois et de la même manière. Ma tante et les personnes qui en furent témoins virent se reproduire la même scène que les jours précédents. Sr Thérèse m'informa alors de choses très personnelles dont je ne puis parler maintenant...

Voilà plus de huit mois que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'a guérie ; rien n'a reparu depuis de mes deux maladies, et je garde à cette bien-aimée petite sainte la plus vive reconnaissance et la plus tendre dévotion. J'ai voulu les lui témoigner en allant, avec ma tante, le 14 août,

faire un pèlerinage d'action de grâces sur sa tombe.

 

C. D.

 

Suivent les témoignages de la mère, de la tante et de Mme veuve B., et l’attestation de M. l'abbé G., directeur de conscience de Mlle C. D.

 

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76. - Paris, 11novembre 1911.

 

Ce matin, vers 10 heures et demie, ma femme s'était fait une entaille assez profonde à la main gauche. J'arrive à midi pour déjeuner; je pose immédiatement une relique de votre chère petite Sr Thérèse sur la main malade en lui demandant de la guérir. Quelques instants après, nous développons, et quelle ne fut pas notre surprise de voir la plaie complètement cicatrisée; il n'y avait plus qu'une petite marque de cinq à six centimètres de longueur.

Ce fait nous rend bien heureux, car il nous prouve que Sr Thérèse s'intéresse à nous et qu'elle nous accordera dans l'avenir les grâces que nous lui demandons et que nous désirons tant obtenir.

G.

 

77. - Carmel de T. (Espagne), fin juillet 1911.

 

Je viens vous demander, ma Révérende Mère, de bien vouloir vous unir à une neuvaine que nous allons commencer à votre chère petite sainte pour la prier de nous venir en aide.

Notre petite fondation subit, depuis trois ans et demi qu'elle existe, une terrible persécution qui l'aurait infailliblement détruite si le bon Dieu ne la soutenait d'une façon toute spéciale et visible. En ce moment même, on dirait que tout l'enfer est déchaîné contre elle et qu'elle ne va pas tarder à disparaître.

Les choses changeraient si nous pouvions obtenir que quelques novices fissent profession. Des cinq que nous avons reçues pour le chœur, deux pourraient être professes depuis plus de six mois: mais l'une d'elles est complètement dépourvue de dot; l'autre n'en a qu'une partie, la moitié environ, et Mgr notre Evêque leur refuse la permission de faire leurs vieux, disant que nous sommes trop pauvres pour recevoir des sujets sans dot ou avec une dot insuffisante. Les deux chères enfants souffrent beaucoup. La pensée qu'elles seront peut-être obligées de sortir les afflige à tel point que leur santé commence à s'ébranler. Nous avons nous-mêmes beaucoup de peine : n'étant que trois professes de chœur, nous avons grand besoin d'avoir bientôt des aides, car nous sommes à bout de forces... Que le bon Dieu ait pitié de nous toutes !

Veuillez, ma Révérende Mère, supplier votre chère petite sainte de toucher le cœur de quelque âme charitable qui donne à nos deux enfants une dot, afin qu'elles voient bientôt leurs désirs réalisés et qu'elles puissent se donner définitivement à Notre-Seigneur. Oh ! oui, ma bonne Mère, demandez instamment à notre chère Sr Thérèse qu'elle ait pitié de nous et ne tarde pas de nous venir en aide.....

 

Quelques jours après cette lettre, la Mère Prieure du Carmel de Lisieux recevait celle qui suit :

« Par dévotion pour Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. mon frère et moi désirons payer la pension d'une jeune fille pauvre, afin de l'aider à être

 

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Carmélite. Nous préférerions que ce fût dans le monastère même de Sr Thérèse, si la chose était possible. »

Abbé X, prêtre.

 

Ayant alors donné connaissance à M. l'abbé X. de la grande nécessité où se trouvait le Carmel de T., il écrivit de nouveau le 14 août 1911 :

« Par ce courrier, j'écris à la Révérende Mère Prieure de T. pour lui faire part de ce que j'ai su de son Carmel et lui offrir de prendre à notre charge ses deux religieuses. Dans ma lettre, j'ai souligné l'intervention de l'angélique Thérèse.

Permettez-moi de vous dire toute ma reconnaissance pour cette affaire qui me donne tant de joie, ainsi qu'à la personne qui la fait avec moi. Aidez-nous à remercier la sainte Vierge et Thérèse.

Je ne saurais vous dire combien j'ai de preuves tous les jours de la protection de votre angélique petite sœur, jusque dans les moindres choses. En voici encore un exemple bien touchant :

Une personne de ma connaissance avait de grandes inquiétudes au sujet de son fils, officier de marine, perdu au fond de la Chine. Elle était sans nouvelles depuis six mois. Je lui ai fait lire la Vie de Sr Thérèse et lui ai donné son image. Aussitôt, elle a mis son fils sous la protection de la petite sainte et porta sur elle sa chère image. — Ceci était le 11 juin au soir. — Or, elle a reçu dans le courant de juillet une lettre datée du 13 juin, dans laquelle son fils lui dit qu'il sort, comme par enchantement, d'une crise de tristesse et de chagrin qui le tenait depuis des mois.

N'est-il pas doux de voir la chère sainte se pencher ainsi sur toutes les misères du corps et de l’âme et répandre sa pluie de roses ? »

Abbé X.

 

Autre lettre du Carmel de T., 11 novembre 1911.

 

Non seulement Sr Thérèse nous a comme vous le savez, envoyé la dot suffisante pour qu'on nous permît la profession de nos deux premières novices; mais elle nous a procuré encore une aumône pour l'agrandissement de notre chapelle et une autre pour l'achat d'une cloche, celle que nous avions déjà étant si petite que parfois nous ne l'entendions même pas. De plus, quatre autres novices ont été dotées de la même façon providentielle.

Tout cela, nous l'attribuons à notre petite sainte, car, avant de nous adresser à elle, nous n'avions pu rien obtenir !

 

78. - X. (Maine-et-Loire), 15 novembre 1911.

 

Je viens, avec tous les sentiments d'un cœur reconnaissant, vous dire de quelle manière Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a effeuillé sur moi ses pétales de roses.

J'habitais alors à P. (Vendée). Je connaissais la Servante de Dieu depuis quelque temps, je la priais..., mais sans penser à lui demander ma guérison. lorsqu'au commencement de mai 1910, étant dans ma vingtième année, la maladie vint me mettre dans l'impossibilité de faire aucun travail. Je fus prise d'une maladie d'estomac qui provoqua des vomissements et de grandes douleurs. Le 24 du même mois, le médecin constata

 

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que j'avais une tumeur. Aucun aliment ne pouvait passer; j'en étais réduite à ne prendre que de l'eau; aussi, étais-je arrivée à un état de maigreur effrayante; chaque semaine, mon poids diminuait de 3, de 5. de 6 livres. Je ne pesais plus que 62 livres. Mon état de faiblesse, qui était excessif, empêcha le docteur de donner suite à l'idée de faire une opération.

Autour de moi, famille et amis, tous me voyaient partir à grands pas vers l'éternité.

Je fus administrée le 30 septembre. Mon passeport était signé ! Mais Sr Thérèse avait compté autrement que nous tous.

Je restai ainsi en danger de mort jusqu'au 8 octobre. Ce jour-là, une de mes amies, venant me voir avec sa mère, me dit : « Nous allons faire une neuvaine à Sr Thérèse pour qu'elle vous guérisse. » J'acceptai avec reconnaissance, ha neuvaine commença le 9 octobre. Ce même jour, vers une heure de l'après-midi, ma mère me donna une cuillerée d'eau sucrée que je rendis aussitôt. Mais peu de temps après, je lui dis : « Maman, j'ai faim... donnez-moi à manger, s'il vous plaît- — Non, je ne le puis pas... tu es trop malade... tu vas mourir ! !... » J'insistai, et ma mère me donna quelques petits gâteaux. « Mais je veux du pain ! » repris-je. Alors ma pauvre mère céda en pleurant, pensant que c'était un dernier désir de mourante. Je me mis à manger une tartine de pain et de beurre d'un excellent appétit, sans que cela me fit aucun mal... Et je ne sentais plus la tumeur qui m'avait causé de si grandes souffrances !... Alors je m'écriai : « Mais je suis guérie ! C'est Sr Thérèse qui m'a guérie !!... »

Je voulus me lever aussitôt; mais, par prudence, ma mère s'y opposa, et je dus obéir. Je me levai le lendemain matin sans éprouver aucune douleur; je me mis à manger sans choisir les mets; je repris rapidement mes forces, et huit jours après j'étais heureuse de me remettre au travail.

Quand le docteur revint à la maison, il fut plus qu'étonné de me voir guérie, et me demanda ce que j'avais fait pour cela. « Je n'ai rien fait... on a prié... et je suis guérie ! !» lui répondis-je toute joyeuse.

Oui, on avait prié pour moi la chère petite sainte de Lisieux. Elle connaissait mon désir de me consacrer au bon Dieu ; souvent je lui avais demandé de me donner assez de santé pour être religieuse missionnaire. Ma céleste bienfaitrice avait fait pour moi un autre choix de communauté, et je suis maintenant postulante dans la Congrégation des Religieuses du Saint-Cœur de Marie, à X.

Puisse Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'y garder et m'aider à y devenir une religieuse fervente ! C'est ainsi qu'elle continuera et qu'elle achèvera de faire tomber sa pluie de roses sur mon âme reconnaissante.

A. G.

 

Suivent la signature des parents et plusieurs autres. L’attestation du confesseur de la jeune fille et la signature de la Supérieure avec le cachet du monastère.

 

79. - X. (Finistère), novembre 1911.

 

Le jeune Antoine de la S., âgé de quinze ans, était menacé d'une cécité complète; il ne pouvait s'y résigner et répétait qu'il aimait mieux mourir que de devenir aveugle.

 

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On le soignait depuis des mois et les oculistes ne comprenaient rien à son cas. En dernier lieu, il fut conduit à la clinique de L. (Suisse), où e traitement qu'on lui appliqua n'eut pas plus de succès que les précédents.

Sr Thérèse intervint, et voici la lettre que la mère du petit malade écrivit au lendemain de son extraordinaire guérison :

« On avait enfermé Antoine dans une chambre noire ; le soir du troisième jour, il se leva pour qu'on fasse son lit ; je dirigeai alors la lumière électrique sur les tableaux, tandis qu'il était à l'abri de toute lumière : « Je ne vois rien, me dit-il, sinon deux taches au mur. — Et moi, me vois-tu ? — Oui, vous êtes comme une ombre noire, et votre figure me parait comme une tache blanche ; mais je ne vois pas vos traits. » Je lui fis voir des objets qu'il ne put distinguer : « Non, je ne vois rien, je vois moins qu'avant d'entrer dans'la chambre noire. Oh ! partons, je vais devenir tout à fait aveugle avec ce traitement ! » Alors, je l'encourageai, je lui mis entre les mains la relique de Sr Thérèse : « A quoi bon ? me dit-il, n'avons-nous pas fait déjà une neuvaine à cette petite sainte et à Notre-Dame de Lourdes, à saint Antoine et à tant d'autres ! » Je l'encourageai encore ; alors, il prit la relique, l'appliqua longuement sur ses deux yeux, priant avec ferveur, je puis dire de toute son âme. Puis il déposa la relique et s'endormit presque aussitôt.

« Le lendemain matin, on nous apporta notre déjeuner. Nous étions dans l'obscurité complète, l'enfant s'en plaignit amèrement ; j'entr'ouvris les persiennes pour qu'il pût déjeuner, disant : « Dès que tu auras déjeuné, je fermerai. »

« La journée était belle, la lumière pénétra largement : Antoine était appuyé sur son coude, il jeta rapidement un regard autour de lui et poussa un cri joyeux : «. Oh ! je vois !... je vois tout, tout ! »

« Je demeurai figée, je croyais rêver et, doutant encore, j'ouvris tout grand et, allant vers les tableaux : « Qu'est-ce ceci ? — La sainte Vierge portant le petit Jésus. — Et ceci ? et ceci ?» Il voyait et expliquait tout. Je lui présentai un livre : il se mit à lire !...

« J'allai annoncer le prodige au docteur qui se hâta d'examiner l'enfant : il fut émerveillé et avoua que la médecine n'avait pu produire pareil effet. Il garda cependant Antoine encore trois jours et, après un nouvel examen approfondi de l'œil et du champ visuel, constata qu'il jouissait du maximum de vue : 90° au lieu de 30 !... »

 

80. - Couvent de X. (France), 23 novembre 1911.

 

Il y a quelques mois, je vous priais de bien vouloir m'envoyer une relique de la chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour être appliquée à l'une de nos enfants affligée d'une pénible maladie.

Cette enfant était pour ainsi dire comme une masse, ne pouvant se rendre le moindre service, ne pouvant marcher ni manger seule.

Après avoir fait plusieurs neuvaines sans aucun résultat, nous eûmes recours à la chère sainte. La relique fut appliquée sur l'enfant, et nous commençâmes une neuvaine. Quelle ne fut pas notre surprise de constater

 

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que, le deuxième jour de la neuvaine, la petite malade était radicalement guérie, et depuis, elle n'a ressenti aucun malaise.

Veuillez donc, ma Révérende Mère, si vous le jugez bon, publier cette nouvelle faveur afin d'augmenter la gloire de la petite Sr de l'Enfant-Jésus.

Sr M., supérieure.