SALVE REGINA II
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MÉDITATION SUR LE SALVE REGINA (a).

1. Puisque je veux saluer la Vierge, je dois d'abord considérer sa grandeur. Car elle ne peut pas être plus élevée par rapport à son Fils, que d'être appelée mère de Dieu. C'est donc en admettant la magnificence de notre Reine, que je dis avec respect et dévotion : « salut ô Reine ». Désormais, ô Souveraine, je veux combattre sous votre protection : je me soumets entièrement à votre puissance; gouvernez-moi complètement, ne laissez rien à régir à ma faiblesse pour ce qui me concerne. Car sachez que tout ce que vous m'abandonnerez sera misérablement détruit. Mais, comme du sommet de la tête jusqu'à la plante des pieds je me trouve rempli de misères et de corruption, créature si noble, comment daignerez-vous diriger cette puanteur et cette horreur, vous la « Reine de miséricorde?» Et quels sont les sujets de la miséricorde, sinon les misérables? Vous éprouvez beaucoup de sollicitude

a C'est un fragment du chapitre XIX, partiel III de l'Aiguillon de l'amour, parmi les opuscules de St Bonaventure. Quelques-uns pensent qu'il est d'Anselme, évêque de Lucques, qui vécu avant la naissance de S. Bernard. Ce saint docteur ne serait donc point l'auteur de la conclusion de cette antienne : ô clementi, etc, puisque notre auteur la rapporte.

pour eux: vous les avez adoptés pour vos enfants, vous avez voulu, ô Souveraine, vous charger de leur direction : voilà pourquoi on vous appelle « Reine de miséricorde. » Nous donc qui sommes misérables, nous nous consolerons désormais avec vous, ô notre maîtresse, nous habiterons dorénavant avec vous, nous nous attacherons à vous de toutes les entrailles de notre âme, parce que vous êtes « la vie, » oui, la vraie vie, puisque par votre humilité vous avez vaincu la mort de l'orgueil et nous avez obtenu la vie de la grâce. O vie vraiment aimable, vie désirable, vie délicieuse, vie qui nourrissez vos enfants des aliments célestes. En effet, quiconque veut vous posséder doit s'affliger, repousser les délices, mépriser toute délicatesse : et plus on se mortifie, plus on vous possède,

2. « Douceur. » Oui vous êtes véritablement douceur, vous qui, en nous obtenant la grâce, faites disparaître l'amertume du péché, vous qui nous faites goûter les suavités du don céleste et conduisez les âmes contemplatives aux délices de la patrie d'en haut, ô douce Souveraine, dont le souvenir seul adoucit l'esprit, dont la grandeur méditée élève l'âme, dont la beauté réjouit l'œil intérieur, dont les chants infinis enivrent le cœur qui les considère. O Souveraine qui, par votre douceur enlevez les cœurs des hommes, n'avez-vous pas ravi le mien ? Je vous le demande, où l'avez-vous placé, afin que je puisse le retrouver ? O séductrice des cœurs, quand me rendrez-vous le mien? Pourquoi ravissez-vous de la sorte les cœurs des simples? Pourquoi faites-vous violence à vos amis? Voulez-vous garder toujours le cœur que vous m'avez pris ? Quand je le réclame, vous me répondez par un sourire: et à l'instant même j'entre en repos, apaisé par votre douceur. Lorsque rentré en moi-même, je le demande de nouveau, ô très-douce Reine, vous m'embrassez, et incontinent je suis enivré de votre amour : alors je ne discerne pas mon cœur du vôtre, et je ne sais plus demander que le vôtre. Mais depuis que le mien est ainsi enivré de votre amour, gouvernez-le avec le vôtre, conservez-le dans le sang de l'Agneau et mettez-le dans le côté de votre Fils. J'obtiendrai alors ce que je me propose, et je posséderai ce que j'attends, parce que vous êtes « notre espérance. » Qu'ils espèrent donc en vous, ceux qui ont connu votre nom, parce que vous n'avez point abandonné, ô Souveraine, ceux qui espèrent en vous. Assurément ceux qui ont placé en vous leur confiance, changeront leur force : semblables à des aigles, ils prendront de ailes; ils s'envoleront et n'éprouveront point des défaillance. Qui n'espérera pas en vous qui venez au secours même des désespérés? Je ne doute nullement que, si nous venons à vous, nous n'obtenions ce que nous voudrons. Que celui donc qui est livré au désespoir espère en vous : que celui qui se sent défaillir coure se jeter dans vos bras.

3. « Salut. » Qui désormais nous empêchera de vous saluer depuis que vous êtes ainsi notre vie, notre douceur et notre espérance? « Salut. » Depuis que vous êtes notre Reine qui pourra nous empêcher de vous rendre nos devoirs et nos respects ? On doit vous saluer d'abord, ô Reine, afin d'obtenir la grâce; en second lieu, pour arriver, par vous, à la gloire du ciel. « Vers vous, » oui, vers vous, parce que seule vous avez engendré un Dieu, seule vous avez détruit toute hérésie perverse. Vers vous, qui nous lavez de la souillure du péchés, qui nous consolez vagissants dans le berceau, et qui nous allaitez, nous vos petits enfants privés de nourriture. « Nous crions.» Pourquoi ne crierions-nous pas, ô notre Souveraine, nous qui recevons des blessures, qui avons des plaies, qui sommes entourés d'ennemis de toute part? Enveloppés des misères infinies qui nous oppressent, nous crions vers vous. Nous crions sous le coup de l'angoisse de notre cœur, de la faim qui dévore nos entrailles, de la douleur aiguë que nous fait ressentir notre mal, ou peut-être par l'étendue de l'amour dont nous brûlons pour vous. Pourquoi donc, ô Reine, vous endormez-vous ? Levez-vous, et venez à notre secours. Nous crions aussi pour manifester le besoin dans lequel nous nous trouvons, pourquoi nous affligez-vous davantage, quand la nécessité nous contraint de crier? Si vous retardez beaucoup, je perdrai la voix à force de crier, et je ne pourrai plus crier ensuite. Malheureux que je suis, que ferai-je lorsque vous ne pourrez plus ni m'exaucer ni m'écouter ? O Souveraine, venez vite, bien vite au secours de votre serviteur qui vous implore ainsi, pour que je ne défaille pas dans les mains de l'ennemi; accourez, hâtez-vous, en lui faisant grâce, aidez cet esclave très-injuste et très-infidèle qui crie vers vous, et arrachez-le des mains de l’ennemi et des dangers qu'il court. Quand même aucun autre motif ne vous y porterait, que l'audace avec laquelle votre adversaire se permet d'entrer par fraude dans le cœur de vos serviteurs, vous presse de venir vers nous au plus vite. Accourez et délivrez-nous, réprimez l'orgueil des esprits homicides. Hâtez-vous, qu'ils ne disent point, où est leur souveraine, en la clémence de qui ils avaient une si grande confiance?

4. Ne vous étonnez pas, ô notre Souveraine, que nous poussions des cris ; nous nous sommes, en effet, si fort éloignés de vous! Dans une région bien reculée nous avons dissipé la portion de notre héritage, aussi « c'est du fond de notre exil que nous crions vers vous. » Nous sommes exilés de notre patrie, placés loin de la vue de Dieu, et plût au ciel que nous ne fussions ni exilés ni séparés de la grâce et de vos consolations maternelles! ô mon âme, pourquoi n'es-tu pas exilée de ton corps, plutôt que de ta dame et maîtresse ? Hélas ! pourquoi suis-je relégué dans un exil si prolongé! O Souveraine, tant que nous sommes ici bas exilés, faites que nous ne soyons pas trop confiants, comme si nous étions dans la patrie, et que nous ne cessions de vous chercher vous et votre Fils. Faites que nous soyons si bien exilés dans le corps, que toujours nous soyons avec vous, vos concitoyens par l'esprit. « Enfants d'Ève. » Oui vrais fils d'Ève superbes, présomptueux, ambitieux, avares, gourmands, charnels, et désobéissants ; en un mot, suivant en toutes choses Ève notre mère, nous sommes portés au mal, nous éprouvons une grande difficulté pour le bien : et s'il nous arrive de donner le jour à quelque bonne œuvre, nous l'enfantons dans la douleur et la tristesse de notre cœur. Quant au mal, nous le produisons avec joie, les actions mauvaises ne suffisent pas aux bons : mais, à l'imitation d'Ève, nous portons les autres au mal; et, comme elle encore, nous nous excusons dans nos manquements, ou du moins, si la chose est possible, nous les rejetons sur les autres. Il nous plait plus d'acquérir avec beaucoup de travail et de peine des choses viles, que de goûter la bonté de la Reine de gloire et de la posséder sans fatigue aucune, et même, avec une très-grande douceur. O notre Dame, si vous n'étiez venue à notre secours, peut-être déjà aurions-nous été précipités au plus profond des enfers.

5. Il n'y a pas d'excuse pour nous si nous imitons Ève en toutes choses, non point vous, et voilà pourquoi, « nous poussons des soupirs vers vous. » Nous soupirons à cause de l'absence d'une si bonne mère, et désirons venir en la présence du Seigneur : « Nous soupirons vars vous,» et brûlons de voir votre Fils. L'amour excessif qui nous enivre au dedans pour vous, nous contraint de soupirer vers vous, ô notre Souveraine. Vous êtes aimable pour tous, pour tous affable, délicieuse pour tous; siège de sagesse, fleuve de clémence, rayon de la Divinité : il n'est personne qui se dérobe à la chaleur de votre influence. Qui donc ne soupirera pas vers vous, ô Souveraine ? L'amour provoque ces gémissements, la douleur les provoque aussi. De tous côtés les angoisses nous pressent. Comment dès lors ne soupirerions-nous pas vers vous? Consolation des malheureux, refuge de ceux qui sont expulsés, délivrance des captifs, reine des guerriers, souveraine des créatures, même de vos ennemis, il n'est personne qui se puisse opposer à votre volonté. Ainsi affligés, ainsi misérables, nous soupirons vers vous « en gémissant et en pleurant en cette vallée de larmes.» Hélas ! ne voyez-vous point, ô notre Dame, que nous sommes remplis d'amertume ? Au dedans, nous gémissons, au dehors, les yeux en pleurs, nous sommes gisants en un lieu plein de tristesse, nous soupirons chargés de péchés, nous pleurons accablés de chagrins, en cette vallée de larmes, nous éprouvons des misères en abondance, et nous sollicitons votre secours. Que dirai-je de plus ? Je ne puis pas, je ne sais pas redire tout ce que cette vie offre de détestable.

6. « Eh bien donc, ô notre Avocate ! » O louable clémence du Sauveur, qui a daigné accorder un si noble secours aux hommes affligés de tant de maux! Aussi n'est-il point à craindre que vous n'ayez compassion des malheureux, que votre suffrage ne penche point vers le côté que vous défendez, c'est-à-dire ne nous fasse point contempler la gloire que vous avez enfantée. Il ne vous reste donc plus, ô notre Dame, qu'à jeter sur nous vos regards pleins de miséricorde. « Eh bien donc, ô notre Avocate, tournez vers nous ces regards miséricordieux. » Nous ne doutons pas, ô notre Souveraine, que si vous regardez nos misères, votre compassion ne puisse retarder ses effets et ses bontés. Ils sont admirables et aimables ces rayons de vos yeux par lesquels vous nous excitez à l'amour, et nous conduisez dans la voie parfaite du salut, afin que nous ne redoutions pas les regards empoisonnés du basilic. O Ève, vos regards sont empoisonnés. Pourquoi ne vous placez-vous pas sous les regards de la Vierge, si vous voulez être tout-à-fait guérie Y L'éclat qui en jaillit, dissipe les ténèbres; elle met en fuite les phalanges des démons, elle purge l'esprit de ses vices, elle embrase les cœurs glacés et les attire enfin aux régions célestes. Heureux sont, ô Souveraine, ceux que vos yeux ont regardés ! Tournez donc vers nous vos regards. « Et après cet exil, montrez-nous Jésus, le fruit béni de vos entrailles. » O entrailles admirables, qui ont pu contenir le Sauveur ! O reine digne de louanges, qui a pu recevoir le Rédempleur ! ô flancs admirables, d'où est sorti le désir des cœurs, le fleuve des grâces, la récompense de la gloire ! O entrailles aimables et pleines de douceur pour l’âme, ô élévation des esprits, enivrement des cœurs, guérison des péchés! Le fruit que vous avez donné, ô Souveraine, est certainement un fruit bienheureux dès son principe. C'est Jésus, le Fils de Dieu vivant. C'est notre salut, notre Dieu et Notre-Seigneur. « Après l'exil présent, faites-nous voir Jésus, le fruit béni de votre sein, » afin que, en le voyant, nous le possédions et soyons remplis de bonheur. « O clémente ô tendre, ô douce vierge Marie! » O vous qui êtes clémente pour ceux qui sont dans le besoin, tendre pour ceux qui vous implorent, douce pour ceux qui vous aiment, clémente pour les pénitents, tendre pour ceux qui progressent, douce à ceux qui contemplent! clémente pour la délivrance, charitable, prodigue de largesses, douce en vous donnant vous même, clémente en consolant, tendre en caressant, douce en embrassant ! Vous êtes clémente pour ceux qui sont soumis, tendre pour ceux qui sont déjà corrigés, douce pour ceux qui sont chéris au dessus des autres. Amen.

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