SERMON CXXXIV
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SERMON CXXXIV. LA VRAIE LIBERTÉ (1).

 

ANALYSE. — A ceux qui s'attachent à sa parole, Jésus promet la vraie liberté, l'affranchissement du joug du démon et de la tyrannie du péché. Le démon, en effet, ayant mis à mort le Sauveur, sans avoir sur lui aucun droit, a mérité de perdre les droits que le péché lui avait donnés sur.nous; et Jésus-Christ a conquis, en se soumettant à la mort, le droit de rendre libres tous ceux qui s'attachent à lui.

 

1. Votre charité n'ignore pas que tous nous avons un seul et même Maître et que sous son autorité nous sommes tous condisciples. Pour vous adresser la parole d'un lieu plus élevé, nous ne sommes pas vos maîtres : notre maître à tous est Celui qui habite en chacun de nous. C'est lui qui vient de nous parler dans l'Évangile ; il nous y disait ce que je vous répète ; car c'est de nous qu'il était question et il me disait comme à vous : « Si vous demeurez dans ma parole, » non pas

 

1. Jean, VIII, 31-34.

 

dans la mienne, de moi qui vous prêche en ce moment; mais dans la sienne, de lui qui vient de nous enseigner dans l'Évangile. « Si vous demeurez dans ma parole, dit-il, vous êtes véritablement mes disciples. » Il ne suffit pas pour un disciple d'entendre la parole du maître, il doit s'y attacher. Aussi le Sauveur ne dit-il pas Si vous entendez ma parole, si vous cherchez à la recueillir, si vous y applaudissez; mais, remarquez bien ; « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples; (549) et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera. »

Quelle observation faire ici, mes frères? Il y a peine ou il n'y a pas peine à demeurer dans la parole de Dieu, Si c'est une peine, considère la grandeur de la récompense ; et si ce n'en est pas une, la récompense t'est accordée gratuitement. Ah! demeurons dans Celui qui demeure en nous. Ne pas demeurer en lui, pour nous c'est tomber; et pour lui, s'il ne demeure pas en nous, il n'en a pas moins une demeure; car il sait demeurer en lui-même, puisqu'il n'en sort jamais. L'homme au contraire, après s'être perdu, doit se garder de demeurer en soi; et si le besoin nous .porte à demeurer en lui, c'est la compassion qui le détermine à demeurer en nous.

2. Maintenant, qu'il nous a montré ce que nous devons faire, examinons quelle récompense nous est offerte. Car si Jésus a commandé, il a aussi promis. Qu'a-t-il commandé? « Si vous demeurez dans ma parole, » a-t-il dit. C'est peu de chose, peu de chose à dire, mais beaucoup à faire. « Si vous demeurez. » Que signifie « Si vous demeurez ? » Si vous bâtissez sur la pierre. O mes frères, qu'il est important, qu'il est important de bâtir sur la pierre! « Les fleuves se sont débordés, les vents ont soufflé, la pluie est descendue, tout est venu fondre sur cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était bâtie sur la pierre (1). » Qu'est-ce donc que demeurer dans la parole de Dieu, sinon ne céder devant aucune tentation ?

Et quelle récompense recevra-t-on ? « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous délivrera. » — Vous me plaignez parce que vous vous apercevez que ma voix est voilée; aidez-moi par votre silence. « Vous connaîtrez la vérité : » quelle récompense ! On pourrait dire : Que me sert de connaître la vérité? « Et la vérité vous délivrera. » Si tu n'aimes pas la vérité, aime la liberté. Le mot délivrer, dans notre langue, peut s'entendre de deux manières: on le prend le plus ordinairement pour exprimer que l'on sauve d'un danger, que l'on tire d'embarras. Mais dans le sens propre délivrer signifie rendre libre. Qu'est-ce que sauver, sinon assurer le salut ? Qu'est-ce que guérir, sinon rendre la santé ? Ainsi délivrer signifie rendre libre, et voilà pourquoi je disais : Si tu n'aimes pas la vérité, aime la liberté. Le mot grec exprime ce sens plus clairement encore, et on ne peut l'entendre autrement. Ce qui le

 

1. Matt. VII, 24, 25.

 

prouve, c'est que les Juifs répondirent au Seigneur. « Nous n'avons été jamais esclaves de « personne ; comment dites-vous: La vérité vous « délivrera? » la vérité vous rendra libres ? Comment nous dites-vous cela puisque nous n'avons jamais été esclaves de personne ? Vous savez que nous ne sommes assujettis à aucun esclavage ; comment donc nous promettez-vous la liberté ?

3. Ils comprenaient bien, mais ils agirent mal. Comment comprirent-ils ? — « La vérité vous délivrera, » ai-je dit; et considérant que vous n'êtes esclaves d'aucun homme, vous vous êtes écriés: «Jamais nous n'avons été esclaves. » Mais « quiconque » Juif ou Gentil, riche ou pauvre homme privé ou homme public, empereur ou mendiant, « quiconque fait.le péché, est esclave du péché. » Oui, «quiconque fait le péché, est « esclave du péché, » et si on reconnaît cet esclavage, on saura à qui demander la liberté.

Un homme libre est saisi parles barbares, de libre qu'il était il devient esclave. Un riche compatissant l'apprend ; il considère qu'il a de la fortune et il veut le racheter. II va trouver les barbares, leur donne de l'argent et rachète l'esclave. Mais l'affranchir complètement, ce serait le délivrer du péché. Qui en délivre ? Est-ce un homme qui en affranchit l'homme ? Cet homme que nous venons de voir sous le joug des barbares a été racheté par son bienfaiteur, et il y a de l'un à l'autre une grande différence : il est possible pourtant que tous deux soient également esclaves de l'iniquité. Je demande à l'esclave racheté : As-tu quelque péché ? — J'en ai, répond-il. — Et toi, rédempteur, en as-tu ? — J'en ai aussi, reprend-il. — Donc ne vous vantez ni l'un ni l'autre, ni toi d'être racheté, ni toi d'avoir racheté; mais courez tous deux au Libérateur véritable.

Ce n'est pas même assez d'appeler esclaves ceux qui sont assujettis au péché ; ils sont morts; l'iniquité a fait contre eux ce qu'ils craignent de la captivité. S'ils paraissent vivants, s'ensuit-il que le Sauveur n'a pas eu raison de dire : « Laisse les morts ensevelir leurs morts (1) » Ainsi tous ceux qui sont en état de péché, sont morts, ce sont des esclaves morts: ils sont morts parce qu'ils sont esclaves, et ils sont esclaves parce qu'ils sont morts.

4. Qui peut délivrer de la mort et de l'esclavage, sinon Celui qui est resté libre parmi les morts ? Et quel autre est resté libre parmi les morts, que

 

1. Matt. VIII, 22.

 

550

 

Celui qui est resté sans péché au milieu des pécheurs? « Voici venir le prince du monde, » dit notre Rédempteur, notre Libérateur; « voici venir le prince du monde et il ne trouvera rien

en moi (1). » Il tient captifs ceux qu'il a trompés, ceux qu'il a séduits, ceux qu'il a portés au péché et à la mort. « mais en moi il ne trouvera rien. » Venez, Seigneur, venez; ô Rédempteur, venez. Soyez reconnu de l'esclave et que devant vous le tyran prenne la fuite. Ah ! soyez mon libérateur.

J'étais perdu quand m'a rencontré Celui en qui le démon n'a rien trouvé des oeuvres de la chair. Le prince de ce siècle a bien trouvé la chair en lui, et quelle chair ? Une chair mortelle qu'il pouvait saisir, crucifier, mettre à mort. Mais tu t'égares, ô séducteur; dans le Rédempteur il n'y a aucune faute, tu te méprends. Tu vois dans le Seigneur une chair mortelle, mais ce n'est point une chair de péché; ce n'en est que la ressemblance. Car « Dieu a envoyé son Fils dans une chair semblable à la chair de péché. » C'est une chair véritable, une chair mortelle, mais non pas une chair de péché. Oui « Dieu a envoyé son Fils dans une chair semblable à la chair de péché, afin de condamner dans la chair le péché par le péché même. » Oui « Dieu a envoyé son Fils dans une chair semblable à la chair de péché : » c'est bien dans la chair, mais non pas dans une chair de péché; c'est seulement « dans une chair semblable à la chair de péché. » Et pourquoi? «Afin de condamner dans la chair le péché par le péché même, » qui néanmoins n'existait pas en lui; « afin que la justification de la loi s'accomplit en nous, qui ne marchons point selon la chair, mais selon l'esprit (2). »

5. Si pourtant le Christ avait, non pas une chair de péché, mais une chair semblable à la chair de péché, comment a-t-il pu « condamner dans la chair le péché par le péché même ? » — On donne ordinairement à une image le nom de ce qu'elle représente. On connaît ce qui s'appelle homme dans le sens propre; mais si tu demandes le nom de cette peinture que tu montres sur la muraille, on te répondra aussi que c'est un homme. C'est ainsi que l'Apôtre appelle péché, la chair qui ressemble à la chair de péché et qui doit être sacrifiée pour effacer le péché. Le même Apôtre dit ailleurs : Dieu « a rendu péché pour l'amour de nous Celui qui ne connaissait pas le péché (3). » — « Celui qui ne connaissait point le péché. » Quel est celui-là, sinon Celui qui

 

1. Jean, XIV, 30. — 2. Rom, VIII, 3, 4. — 3. II Cor. V,21.

 

a dit : « Voici venir le prince de ce monde, et il ne trouvera rien en moi? » — « Il a rendu péché pour l'amour de nous Celui quine connaissait pas, le péché. » Oui, c'est le Christ même, le Christ étranger au péché, que « Dieu a rendu péché pour l'amour de nous. » Que signifie cela, mes frères ?

S'il était dit: Dieu a péché contre lui ou l'a fait tomber dans le péché, la chose semblerait intolérable; comment donc souffrons-nous ces mots Dieu « l'a rendu péché? » Le Christ est-il le péché même? Ceux qui connaissent les livres de l'ancien Testament comprennent ce langage. Il n'est par rare en effet, il arrive même fort souvent que les péchés y signifient les sacrifices offerts pour effacer les péchés. Offrait-on, par exemple, un bouc, un bélier, tout autre chose pour le péché? La victime, quelle qu'elle fût alors, était désignée sous le nom de péché : et le péché était pris dans le sens de sacrifice pour le péché. Aussi la loi dit-elle quelque part que les prêtres doivent mettre la main sur le péché (1). Conséquemment ces mots de l'Apôtre: Dieu « a rendu péché pour l'amour de nous Celui qui ne connaissait pas le péché, » veulent dire que le Sauveur s'est fait victime pour nos péchés. Le péché s'est offert, et.le péché a été effacé; le sang du Rédempteur a coulé, et il n'a plus été question des obligations du débiteur. Ce sang n'est-il pas celui qui a été répandu pour la rémission des péchés?

6. Pourquoi donc, ô mon tyran, cette joie insensée à la vue de la chair mortelle dont était revêtu mon Libérateur? Vois s'il était coupable, et si tu trouves en lui quelque chose qui t'appartienne, arrête-le. Le Verbe s'est fait chair (2). Qui dit Verbe, dit Créateur: et qui dit chair, dit créature. Qu'y a-t-il là qui t'appartienne, cruel ennemi ? Le Verbe est Dieu; quant à son âme humaine, quant à sa chair et même à sa chair mortelle, ce sont des créatures de Dieu. Cherches-y le péché. Mais pourquoi le chercher? La Vérité même a dit : « Voici venir le prince de ce monde, et il ne trouvera rien en moi. » Ce n'est pas la chair qu'il ne trouvé pas, c'est son bien, c'est le péché. Tu as séduit des innocents et tu en as fait des coupables; mais aussi tu as mis à mort l'Innocent, tu l'as mis à mort sans avoir aucun droit sur lui; rends alors ce dont tu étais le possesseur. Ah! fallait-il ces transports d'un moment pour avoir découvert dans le Christ

 

1. Lévit. IV, 29, sel. Sept. — 2. Jean, I, 14.

 

551

 

une chair mortelle? Pour toi c'était un piège, et, ce qui faisait ta joie, a fait ta perte. Tu tressaillais en le trouvant, et tu gémis maintenant d'y avoir tout perdu.

Pour nous, mes frères, pour nous qui croyons au Christ, demeurons dans sa parole. En y demeurant, nous serons véritablement ses disciples; car il n'a pas pour disciples que ses douze Apôtres, il a encore tous ceux qui demeurent dans sa parole. Ainsi nous connaîtrons la vérité, et la Vérité, c'est-à-dire le Christ, le Fils de Dieu qui a dit : « Je suis la Vérité (1), » la Vérité nous délivrera : elle nous rendra libres, elle nous affranchira, non pas du joug des barbares, mais de la tyrannie du démon, non pas de la captivité qui pèse sur le corps, mais de l'iniquité qui enchaîne l'âme. Seul d'ailleurs il peut nous procurer cette liberté. Que nul donc ne se croie libre, s'il ne veut rester esclave. Mais notre âme ne restera point dans l'esclavage, puisque chaque jour lui remet ses dettes.

 

1. Jean, XIV, 6.

 

 

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