LETTRE CCXL
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LETTRE CCXL.

 

Pascence se décide à répondre, et le malheureux n'a que des injures pour l'homme admirable qui lui avait dit la vérité et aurait voulu le ramener à la vraie foi.

 

J'avais souhaité, mon cher frère, que vous vous dépouillassiez d'une vieille erreur; j'admire que vous y persistiez encore, comme on ne le voit que trop par la lettre que vous m'avez adressée. Votre grandeur est semblable à un homme qui, ayant très-chaud et tourmenté par une soif ardente, n'aurait trouvé à s'abreuver que dan, une eau bourbeuse; il a beau ensuite boire une eau limpide et fraîche qu'il a rencontrée : la pureté de ce breuvage ne lui profite point, parce que la boue qu'il a une fois avalée lui envahit le coeur et l’âme. Enfin, permettez-moi de vous le dire, le conseil de votre excellence est comme. un arbre courbé et noueux, qui n'a rien de droit en lui, et trompe l'œil le plus pénétrant. Votre sainteté m'écrit que le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu, mais qu'ils sont un seul Dieu. Mais lequel de ces trois est-il le seul Dieu? Est-ce par hasard une personne à trois figures que vous. appelez de ce nom? Si vous l'aviez voulu et si vous aviez confiance dans vos croyances, vous viendriez auprès de moi avec, quelques-uns de vos collègues, animés d'un esprit de paix et guidés par la bonne foi; nous aurions conféré ensemble sur les choses de Dieu, sur ce qui regarde sa gloire et sa grâce. Maintenant, qu'est-il besoin d'écrire et de répondre, lorsqu'il n'est plus possible de nous édifier?

 

  

 

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