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LES ÉLÉMENTS, LES PLANTES, ETC.

 

Le 16 mai 1538, une pluie très-abondante étant tombée pendant la moitié de la journée et ayant rafraîchi la terre qui était fort aride, le docteur Luther eut une grande joie et il disait « Ah ! rendons grâce à notre Dieu, car cette pluie nous promet des biens d'une valeur supérieure à des centaines de milliers de florins, du blé, de l'orge, de l'avoine, du vin, etc. Le Seigneur nous comble de tant de faveurs, et, de plus, il nous octroie le don de son Esprit saint, et nous, nous le crucifions et nous lui faisons outrage. Si Dieu avait voulu accorder des faveurs spéciales aux 

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rois et aux princes, il aurait donné à celui-ci pouvoir contre la peste, à celui-là contre le mal français, a d'autres contre la fièvre, la lèpre, etc. C'aurait été pour eux moyen d'amasser bien des florins. » 

Le 18 novembre 1538, on parla de l'inondation des rivière-causée par des tremblements de terre qui avaient bouleversé les sources dans les montagnes. Le docteur Luther dit : « Le Nil déborde chaque année, mais il dépose sur les terres de l'Égypte un limon qui les fertilise. L'Elbe n'apporte que du sable, et elle entraîne les arbres et les maisons. Le nom de l'Elbe lui vient du mot elffe (onze), parce qu'elle provient, dans l'origine, des eaux réunies de onze sources différentes. C'est un fleuve dont le cours est sujet à changer à cause du sable qu'il charrie. Le Rhin, le Pô et le Danube, sont les principaux fleuves de l'Europe; ils arrogent de vastes pays. » 

Le docteur Luther dit un jour : « Il y a de grands périls sur les eaux ; Satan y exerce sa tyrannie, et souvent des hommes très-robustes sont submergés et périssent dans des endroits où il va bien peu d'eau. » — Il raconta à cet égard divers événements qui s'étaient passés à Wittemberg ; il ne faut pas tenter Dieu sur les eaux. Les navires que l'on construit dans les ports de l'Océan septentrional sont de dimension énorme; un seul coûte 36,000 ducats. L'arche de Noé était un bâtiment colossal ; il avait trois cents coudées de long, cinquante de large et trente coudées de hauteur, ce qui semble prodigieux et ce que l'on ne croirait point, si ce n'était dans l'Écriture sainte. 

Le 2 avril 1539, une inondation de l'Elbe mit la ville de Wittemberg dans un grand péril; le docteur Luther dit en soupirant : « Comment pouvons-nous opposer nos prières au très-juste châtiment que Dieu nous inflige? telles sont l'impiété, l'ingratitude.

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l'avarice et le luxe de notre temps, qu'il ne faudrait nullement s'étonner m l'Elbe était changée en un torrent de feu et de soufre.» 

Le docteur Luther se promenant dans son jardin, dit à maître Lucas : « Grande est l’utilité des arbres qui sortent d'une toute petite graine. » Il dit ensuite «qu'un bon arbre était exposé à autant d'épreuves qu'un bon chrétien, à la tempête, à la foudre, à la grêle, aux insectes qui sont de diverses espèces, tels que papillons, fourmis et araignées : cependant l'arbre croît et donne son fruit. » 

Le 11 avril 1539, le docteur Luther, se promenant dans son jardin et considérant le feuillage des arbres, rendait grâce à Dieu qui rend, lorsque vient le printemps, la vie à toutes les créatures qui étaient frappées de mort dans l'hiver. Prions Dieu qu'il nous donne notre pain de chaque jour. L'olivier est l'image de l'Église ; il vit et fleurit durant deux cents ans. L'huile est le symbole de la douceur de l'Évangile, comme le vin est celui de la doctrine de la loi. Le sycomore est un arbre semblable au figuier; il donne une grande abondance de fruits, mais ils ne mûrissent que lorsqu'ils sont fendus par le fer et arrosés d'huile. C'est l'image du peuple soumis à la loi, qui ne donne des fruits mûrs, c'est-à-dire, qui ne fait des aidions agréables à Dieu, que lorsqu'il a été coupé, c'est-à-dire éprouvé par de nombreuses tribulations. Le citronnier a la propriété de porter des fruits a toute époque; lorsqu'ils sont mûrs, ils tombent à terre et ils sont remplacés par d'astres qui mûrissent à leur tour. Le citron est nu remède assuré contre le poison de la vipère. Cet arbre et sou fruit offrent une excellente image de Jésus-Christ et de l'Évangile, car le Seigneur substitue de nouveaux docteurs et champions à la place de ceux qui tombent en combattant pour lui ; il veille à ce que la prédication de sa parole ait lieu sans interruption, afin que sa voix soit entendue et l'héritage éternel du Fils de Dieu recueilli. L’Évangile est aussi un contre-poison  

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très-efficace et très-salutaire qu'il faut opposer au venin du serpent, c'est-à-dire au diable, au pèche et à la mort. 

Je pense que Dieu a autant à faire et à besogner lorsqu'il emploie un objet et le fait reparaître sous une nouvelle l'orme, que lorsqu'il le crée et le fait pour la première fois. Ceci fut dit au sujet de la fiente qui s'emploie en fumier d'où il sort de nouveaux fruits. « Et je m'étonne, ajouta le docteur Luther, que les hommes n'aient depuis longtemps couvert de fiente le monde entier jusqu'au ciel. » 

Je suis surpris que Dieu ait mis dans la fiente des remèdes si importants et si utiles, car l'on sait par expérience que la fiente de truie arrête le sang, et celle de cheval sert pour la pleurésie. La fiente de l'homme guérit les blessures et les pustules noires; la fiente d'âne, mêlée à d'autres, s'emploie dans les cas de dysenterie; la fiente de vache mêlée avec des roses est un fort bon remède dans l'épilepsie qui attaque les enfants. 

« Notre Seigneur voit fort bien comme les chiens font leurs ordures dans tous les coins (1) et il a l'air de les laisser faire, mais qu’il commence sa visite, il s'irrite sans fin et sans mesure. » Le docteur Luther s'exprima ainsi au sujet de la vie déréglée, houleuse, cochonne (2), que mettent de. ça et de là les grands seigneurs, les rois, les princes, les nobles et surtout le pape, les cardinaux, les évêques, les chanoines et toute la bande tonsurée, qui se livrent à tout genre d'impudicité et à d'affreux péchés. 

1 Le texte allemand est plus cru : scheissen, pissen.

2 Sailischen.

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