Génération

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SUR LES FEMMES ET SUR LA GÉNÉRATION

 

Le docteur Luther voyant sa femme qui allaitait son enfant, parla delà vertu du lait maternel, disant à quel point il nourrissait et fortifiait ; il n'est pas jusqu'au veaux qui ne se nourrissent de lait plus que de tout autre chose, et les enfants qui tètent longtemps sont plus forts et plus robustes. On dit que les petits Suisses courent trouver les vaches pour les téter. Il parla ensuite du sein des femmes, disant que s'il était bien proportionné, c'était l'ornement de ce sexe. Les grosses mamelles charnues sont fâcheuses. promettant beaucoup et louant peu ; celles qui sont nerveuses et petites dans les femmes de taille exiguë sont très-abondantes en lait et peuvent nourrir beaucoup d'enfants. — Le docteur dit ensuite qu'une nourrice enceinte est pernicieuse, car le fœtus dans la matrice attire à lui ce qu'il y a de mieux dans le corps. Il prend pour lui le meilleur lait ; il ne laisse au misérable nourrisson extérieur que le serum.

 

Les cheveux sont le plus bel ornement des femmes; aussi les vierges allaient-elles les cheveux épars, excepté lorsqu'elles étaient en deuil. C'est une chose fort agréable à voir et d'un aspect séduisant lorsque les femmes laissent pendre leurs cheveux sur leur dos.

 

Lorsque Eve fui présentée aux yeux d'Adam, il devint plein du Saint-Esprit, et il donna à sa compagne le plus beau, le plus glorieux des noms, il l'appela Eva, c'est-à-dire la mère de tous les vivants ; il ne lui dit point : Tu es mon épouse, mais : Tu es la mère, dans le sens le plus étendu du mot, la mère de toutes les générations humaines. C'est là la gloire et l'ornement le plus inestimable de lu femme; elle est Font omnium viventium, la Source de toute existence. Cette parole est concise, mais ni Démosthène, ni Cicéron n'auraient pu s'exprimer ainsi. C'est le Saint-Esprit lui-même qui a parlé par la bouche de notre premier

 

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père ; puisqu'il a fait un si noble éloge du mariage, il est équitable que nous dissimulions et cachions ce qu'il y a de fragile et d'imparfait dans la femme.

 

Le docteur Luther dit un jour: «Les femmes qui ont les joues roses et les jambes blanches (1) sont les plus portées à la piété, mais elles ne font pas bien la cuisine et elles font mal le lit (2).» Le docteur Luther raconta qu'étant écolier, il fut reçu à Eisenach à la table d'une veuve charitable, qu'il y entendit citer un distique qu'il plaça depuis comme note marginale an chapitre XXX des Proverbes, dans sa traduction de la Bible.

Il n'est rien de plus digne d'envie sur la terre que l'amour des dames, lorsqu'on peut l'obtenir(3).

 

Aristote a le mérite d'avoir fait une observation remarquable, c'est que les hommes naissent avec les pieds plus petits en proportion que tous les animaux, et que, dans la matrice, la tête est plus grande que tout le corps. C'est un grand et immense miracle que Dieu a fait que la conjonction du maie et de la femelle; il a donné à chaque sexe les membres propres à la génération et

 

1 Weissen Beinen.

2 Sie kochen nicht wohl und betten übel.

3 Citons le texte original, celui des Tischreden, édition de 1566.

« Nichts liebers ist auf Erden,

Den Frauen lieb wenn sic mag zu Theil werden. »

Les réformés ont depuis singulièrement altéré re texte ; ils ont converti l'amour terrestre en amour subordonné aux principes religieux; ils ont ajouté :

« Lorsqu’on peut y prétendre en observant la crainte de Dieu.»

«  Wenn sie mag in Gottes Furcht, zu Theil werden. »

Cette pieuse correction nous fait souvenir d'un livre assez rare imprimé à Goslar en 1612 : Johannis Burmeisteri Martialis parodiae sacrae. Un mot des plus ords et sales, qui dépasse les privilèges accordés au latin, mais que le poète de Bilbilis écrivait hardiment, se transforme à diverses reprises en celui de Christus sous la plume de son interprète germain.

 

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à la nutrition, et d'une seule petite goutte de semence vient tout le corps humain, chair, sang, os, nerfs, peau, ainsi que l'a dit Job (chap. X, v. 10) : « Ne m'as-tu pas coulé comme du lait et ne m'as-tu pas fait cailler comme un fromage (1) ?» Dieu agit dans ses œuvres d'une façon qui nous parait étrange; s'il m'avait pris pour son conseiller, je lui aurais donné l'avis de laisser, comme dans l'exemple d'Adam, le genre humain se reproduire

en étant façonné avec de la terre, et je lui aurais recommandé de laisser toujours le soleil fixé au-dessus de la terre comme une lampe; de la sorte nous aurions eu une clarté et une chaleur continuelles.

 

La génération est une institution merveilleusement instituée en toute créature, mâle et femelle. Personne ne peut s'en rendre, raison , ni de la manière dont le fœtus est mis au monde. Nous éprouvons tous dans le mariage qu'il n'est pas en notre pouvoir et à notre choix d'engendrer. Nuls parents ne peuvent prévoir s'ils sont stériles ou s'ils auront un fils ou une fille; toutes

 

1 Dans divers écrits de Luther, autres que ses Propos de table, nous le voyons parfois, dans la fougue de son emportement contre le célibat, énoncer des opinions non moins singulières ; il prétendra que le mariage est aussi nécessaire à l’homme que l'expulsion de l'urine : (Quod si quisquam prohibere molitur, egregie ut est perdurat, suumque meatum scortatione adulterio kai dio aphonon to paraptomaton quaeritat... Ordonner de vivre dans la continence, c'est prescrire de retenir les excréments et les évacuations qu'impose la nature : Perinde facere qui continenter vivere instituant, ac si quis excrementa vel lotium contra naturae impetum retinere velit. Contra falsa edicta Caesaris.... Ce serait la plus grande des merveilles de trouver dans une ville cinq filles ayant conservé leur virginité ou cinq garçons ayant vécu chastes jusqu’à leur vingtième année ; enjoindre le célibat est tout aussi raisonnable que décréte que l'on vivra sans boire ni manger. C'était en chaire que Luther avançait ces dernières assertions ; son sermon sur l’épiphanie (de tribus regibus) ne le cède guère à celui sur le mariage dont nous avons précédemment donné des extraits, citons les textes .— Bene si in aliqua una civitate vel quinque virgines et quinque mares annum vigesimum casti attingerint ; idque plus esse quam tempore apostolorum et martyrum.... Demum non minus vires naturae transgredi hominem cœlebem quam si nihil omnino comederet, vel biberet.

 

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ces choses se font sans que nous en ayons la connaissance ; nies parents ne pensaient pas le moins du monde que je dusse être un docteur. C'est Dieu qui crée tout, et nos regards ne peuvent apercevoir ce qu'il fait. Je crois que dans la vie à venir , nous n'aurons d'autre occupation que celle de contempler le créateur et les créatures.

 

Jean Vulner, fils de la sœur du docteur Luther, avait été envoyé pour étudier, et il écrivit à son oncle une lettre remplie de choses absurdes et sottes. Le docteur la lut, et il dit en souriant: « Ce serait lui donner une peine inutile que de vouloir lui faire poursuivre ses éludes ; il ne fera rien, tant sa tête est faible. Son père était ivre lorsqu'il a engendré. C'est une chose très-pernicieuse que d'engendrer quand on est ivre : il faut alors dormir et ne point toucher aux femmes. Platon avait grandement raison de dire qu'il ne faut recommander le mariage qu'aux gens sobres; les enfants des ivrognes pâtissent de l'intempérance de leurs parents. »

 

On demanda si un enfant venant au monde à onze mois est légitime, et même si pareille chose peut arriver. — Le docteur Luther répondit : « J'ai vu survenir deux fois qu'une femme ait enfanté dans je onzième mois, après le départ de son mari. Des questions difficiles surgissent de là; je ne pense guère que ce soit possible. Mais dans un pareil cas, il est besoin de persuasion et d'autorité, non de jurisprudence. »

Les mamelles sont l'ornement d'une femme, lorsqu'elles ont la proportion convenable. Des mamelles grosses et charnues ne sont pas ce qu'il y a de mieux , elles ne se présentent pas supérieurement ; elles promettent beaucoup et tiennent peu.

 

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Il manque aux femmes la force et la vigueur du corps et de la raison. On peut endurer le défaut de forces du corps. On doit leur souhaiter le manque de facultés intellectuelles.

 

Il n'est aucune robe, il n'est aucun vêtement dont une femme ou une jeune fille ne sache se faire une parure, si elle est entendue.

 

Les hommes ont une poitrine large et de petites hanches, aussi ont-ils plus d'entendement que les femmes qui ont la poitrine étroite et les hanches larges, car elles doivent rester assises, se tenir tranquilles et sédentaires dans leur maison, s'occuper du ménage, porter et élever des enfants.

 

Qui est-ce qui aurait donné à Dieu le conseil de créer l'homme et la femme tels qu'ils sont? Il donne à l'homme une femme qui est dans la nécessité d'enfanter avec grande douleur: elle a deux enfants à allaiter; il lui a fallu deux mamelles. Dieu accomplit ainsi toute sa besogne d'une façon très-insensée (1). Si j'avais été à même de lui donner un avis, c'aurait été de laisser le genre humain se perpétuer en étant façonné avec de la terre.

 

1 Also machts Gott in allen seinen werken sehr narrisch

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