WILLIAM

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APPENDICE (1) LE VIII JUIN. SAINT WILLIAM, ÉVÊQUE ET CONFESSEUR.

 

En tête des saints Confesseurs que l'Eglise admet dans les fastes de son Martyrologe, resplendit aujourd'hui le nom de William: « A York en Angleterre, proclame le livre d'or de la noblesse des cieux, mémoire de saint William, Archevêque et Confesseur, qui entre autres miracles accomplis à son tombeau ressuscita trois morts, et fut inscrit au nombre des Saints par Honorius III. »

L'Esprit divin, qui pare l'Eglise de la variété des vertus de ses fils (2), reproduit en eux la vie de l'Epoux sous ses aspects multiples. Aussi n'est-il point de situation dans la vie, qui n'apporte avec elle un enseignement tiré de l'exemple donné par le Seigneur et ses Saints dans de semblables circonstances. Si vaste que soit sur cette terre le champ d'épreuve des élus, si multipliés et inattendus parfois qu'en puissent être les horizons, ici encore s'applique le mot de l'éternelle Sagesse : « Rien « n'est nouveau sous le soleil ; et  nul ne peut

 

1. Les deux notices qui suivent nous ayant été demandées pour l'Angleterre, nous avons cru devoir leur donner place en appendice dans l'édition française. — 2. Psalm. XLIV, 10 ; Apoc. XIX, 8.

 

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dire: Voilà qui ne s'était pas encore vu. Car déjà la même chose était arrivée dans les siècles qui nous ont précédés (1) ».

Une croix miraculeuse avait signalé par son apparition l'élection de William au siège métropolitain d'York : présage de ce qu'allait être sa vie. La croix la plus lourde est bien celle, en effet, qui nous vient des serviteurs de Dieu, nos frères ou nos chefs dans l'ordre du salut ; or cette croix ne devait pas manquer à William. Pour notre instruction à nous, qui si facilement croyons avoir atteint, en fait de souffrances, la limite du possible, Dieu permit qu'à l'exemple de son Maître divin il épuisât la lie du calice, et fût pour les Saints mêmes un signe de contradiction et une pierre de scandale (2).

La promotion de l'élu d'York avait cependant été la joie de la plus nombreuse et de la plus saine partie du troupeau ; mais elle contrariait les vues diversement intéressées de plusieurs. Dans leur simplicité, quelques-unes des brebis prêtèrent l'oreille à des insinuations perfides ; elles crurent bien faire de travailler à briser la houlette qui les conduisait dans les pâturages du salut, et se laissèrent amener à formuler contre le pasteur de graves accusations. C'est alors qu'égarés par l'astuce des meneurs, on vit les plus vertueux personnages épouser leur cause, et mettre à la servir le zèle dont ils brûlaient pour la maison de Dieu. Après avoir entendu le jugement sans appel et si glorieux de la sainte Eglise en son Martyrologe, ce n'est pas sans un étonnement mêlé de stupeur que l'on trouve dans les lettres du temps des passages comme ceux-ci :

 

1. Eccle. I, 10. — 2. LUC. II, 34; Rom. IX, 33.

 

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« Au très aimé Père et Seigneur Innocent par la grâce de Dieu souverain Pontife, Bernard de Clairvaux. L'archevêque d'York est venu vers vous, cet homme au sujet duquel bien des fois déjà nous avons écrit à Votre Sainteté. Cause bien malade que la sienne : comme nous l'avons appris par le témoignage d'hommes véridiques, de la plante des pieds au sommet de la tête, il n'y a pas de place saine en cette cause. Que vient chercher auprès du gardien de la justice cet homme dépourvu de justice (1) ? » Et recommandant les accusateurs au Pontife, l'Abbé de Clair-vaux ne craignait pas de dire : « Si quelqu'un est de Dieu, qu'il se joigne à eux ! Si l'arbre stérile continue d’occuper la terre, à qui devrai-je en attribuer la faute, sinon à qui tient la cognée (2)? »

Le Vicaire de Dieu, qui voit de plus haut et plus sûrement que les Saints eux-mêmes, n'ayant pas empêché la consécration de William : « J'ai appris ce qui est arrivé de cet archevêque, confiait Bernard à l'Abbé de Rievaulx,et ma douleur est extrême (3). Nous avons travaillé autant que nous avons pu contre cette commune peste, et nous n'avons pas obtenu la mesure désirée ; le fruit de notre labeur n'en reste pas moins assuré auprès de Celui chez lequel aucun bien n'est sans récompense. Ce que les hommes nous ont refusé, j'ai confiance que nous l'obtiendrons de la miséricorde du Père qui est aux cieux, et que nous verrons déraciner ce figuier maudit (4). »

Telles peuvent être quelquefois les erreurs des Saints. Erreurs cruelles, mais sanctifiantes, pour ceux qu'elles frapper.t ; et, consolation bien digne

 

1. Bern. Ep. 346, al. 377. — 2. Ep. 347, al. 3-8. — 3. Ep. 353, al. 37q. - 4. Ep. 36o, al. 38o.

 

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de ces autres Saints qu'elles éprouvent, persécutions où du moins l'offense de Dieu n'a nulle part.

Innocent II étant mort, Bernard, convaincu qu'il y allait de l'honneur de l'Eglise, reprenait plus instantes que jamais ses supplications près de Célestin II et de toute la cour Romaine : « Le monde entier connaît le triomphe du diable, s'écriait-il dans son zèle tout de flammes, et dont nous ne faisons qu'adoucir grandement l'expression virulente. Partout retentissent l'applaudissement des incirconcis et les larmes des bons... Si tel devait être le dénouement de cette cause ignominieuse, pourquoi ne l'avoir pas laissée à ses recoins ténébreux ? Ne pouvait-on faire évêque cet infâme, horreur de l'Angleterre, abomination de la France, sans que Rome même vît l'infection générale gagner jusqu'aux tombeaux des Apôtres (1) ?... Soit pourtant: cet homme a reçu une consécration sacrilège ; mais il sera plus glorieux encore de précipiter Simon du haut des airs, que de l'empêcher d'y monter. Sans cela, que ferez-vous des fidèles dont la religion estime ne pouvoir aucunement en sûreté de conscience recevoir les sacrements de cette main lépreuse ? Seront-ils donc forcés par Rome à plier le genou devant Baal (2)? »

Rome cependant était lente à se laisser convaincre; et ni Célestin, ni Lucius II qui vint après lui, ne trouvèrent dans les grands services et l'ascendant si justifié de l'Abbé de Clairvaux une raison suffisante pour porter une condamnation dont la justice n'était rien moins que prouvée à leurs yeux. Ce fut seulement sous le pontificat d'Eugène III, son ancien disciple,  que des

 

1. Ep. 235. — 2. Ep. 236.

 

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instances nouvelles (1) et réitérées (2) de saint Bernard obtinrent enfin la déposition de William, et son remplacement sur le siège d'York parle cistercien Henri Murdach.

« Tout le temps que dura son humiliation, rapporte Jean, Prieur d'Hagustald, William ne fit entendre ni murmure, ni plainte ; mais d'un cœur silencieux, son âme en paix sut garder patience. Il ne réclama point contre ses adversaires ; bien plus, il détourna de ceux qui les appréciaient défavorablement son oreille et sa pensée. Aucun de ceux qui partageaient sa disgrâce ne se montrait si continuellement adonné au travail et à la prière (3). »

Cinq ans après mouraient Eugène III, l'Abbé de Clairvaux et Henri Murdach (4). William, élu de nouveau par les chanoines d'York, était rétabli dans la plénitude de ses droits métropolitains parAnastase IV. Mais Dieu n'avait voulu qu'affirmer ici-bas la justice de sa cause: trente jours après son retour triomphal à York, il mourait, n'ayant célébré que la fête de la Trinité sainte pour laquelle il avait souffert.

 

1. Ep. 239. — 2. Ep. 240; Ep. 252. - 3. Joan. Hagust. Hist. coaeva — 4. 8 juillet, 20 août, 14 octobre 1553.

 

Voici les quelques lignes consacrées dans les Eglises d'Angleterre par la sainte Liturgie à rappeler les épreuves et la vertu de William.

 

Le bienheureux William naquit de très illustres parents, ayant eu pour père le Comte Hubert, et sa mère Emma étant sœur du roi Etienne. La plus haute vertu brilla en lui dès son adolescence; et ses mérites croissant avec l'âge, il fut fait trésorier d'York. Sa conduite fut telle en cette charge, que tous voyaient en lui le commun père des indigents. Le plus précieux trésor à ses yeux était, en effet, de se dépouiller lui-même pour secourir plus facilement ceux qui étaient dans le besoin.

 

Sur ces entrefaites, l'archevêque Turstin étant mort, il fut élu en sa place. Quelques membres du chapitre ayant été cependant d'un avis contraire, et saint Bernard attaquant son élection près du Siège apostolique comme contraire aux canons, il fut déposé par le Souverain Pontife Eugène III. Non seulement le saint homme n'en prit aucun chagrin ; mais il vit dans ce dénouement l'occasion qu'il avait tant désirée de pratiquer l'humilité et de servir Dieu plus librement.

 

Fuyant donc les pompes du siècle, il se retira dans la solitude. Là, dégagé de tout souci des choses extérieures, il travaillait à son propre salut. Mais ses adversaires étant morts, il fut réélu archevêque d'un consentement unanime, et confirmé par le Pape Anastase. Peu après sa reprise de possession, il tombait malade, et plein de jours, cher à Dieu pour ses aumônes, ses veilles, ses jeûnes et ses bonnes œuvres, il quittait cette vie le six des ides de juin, l'an du salut onze cent cinquante-quatre.

 

 

Vous avez su posséder votre  âme,  ô William ! Sous les assauts de la contradiction, vous avez joint l'auréole de la sainteté au caractère glorieux des Pontifes. Car vous aviez compris le double devoir qui s'imposait à vous, dès le jour où les suffrages d'une illustre Eglise étaient venus vous appeler, dans des circonstances difficiles, à la défendre ici bas : d'une part, ne point vous refuser à l'honneur périlleux de revendiquer jusqu'au bout les droits de la noble Epouse qui vous conviait à son alliance ; de l'autre, montrer au troupeau, par l'exemple de votre soumission, que la meilleure cause n'est point dispensée de l'obéissance absolue des brebis comme des agneaux au pasteur suprême. Celui qui sonde les reins et les cœurs (1) et savait jusqu'où l'épreuve pouvait monter, sans altérer l'admirable simplicité de votre foi. sans atteindre par suite le calme divin qui faisait votre force ; jaloux de vous élever au plus haut degré de la gloire près de l'autel des cieux, il vous assimila pleinement dans ce monde au Pontife éternel, méconnu, renié, condamné par les princes de son peuple. Votre refuge fut la maxime tombée des lèvres du Chef divin : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous

 

1. Jerem. XVII, 10.

 

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trouverez le repos de vos âmes (1) ; » et ce joug qui eût. écrasé nos faibles épaules, ce fardeau devant qui les plus forts auraient à bon droit tremblé, loin de vous abattre, eut pour vous tant de vraie suavité (2) que votre marche en parut allégée, et que, de cette heure, on vous vit, non plus seulement marcher, mais courir comme un géant (3) dans la voie de tous les héroïsmes qui font les Saints. Aidez-nous, ô William, à suivre de loin vos pas dans ces sentiers de douceur et de force. Apprenez-nous à compter pour peu les injures personnelles; le Seigneur avait bien pénétré la délicatesse de votre grande âme, en permettant, ce qui eût été pour nous le comble de l'amertume, que les plus ardents de vos adversaires fussent des Saints éprouvés qui, dans leurs poursuites, ne voulaient qu'honorer votre commun Maître. L'huile mystérieuse, qui longtemps coula de votre tombeau, fut à la fois le signe de l'ineffable mansuétude qui vous avait valu cette persévérante simplicité du regard de l'âme, et le témoignage louchant rendu par le ciel à cette onction si contestée qui vous fit Pontife. Puisse-t-elle reprendre son cours béni! Répandez-la sur tant d'âmes blessées, que l'injustice des hommes aigrit et désespère; qu'elle coule à flots dans votre Eglise d'York, hélas ! loin aujourd'hui de votre soumission à Rome et de ses antiques traditions. Fasse Dieu qu'Albion laisse son linceul à cette tombe où les morts retrouvent la vie ! Que toute l'Eglise enfin obtienne par vous en ce jour augmentation de lumière et de grâce, à l'honneur de l'indivisible et pacifique Trinité qui reçut votre plus solennel et dernier hommage ici-bas.

 

1. MATTH. XI, 29. — 2. Ibid. 3o. — 3. Psalm. XVIII, 6.

 

 

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