CYRILLE et MÉTHODE

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LE VII JUILLET. LES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODIUS, ÉVÊQUES ET CONFESSEURS, APOTRES DES SLAVES.

 

Il  convenait que l'Octave des Princes des Apôtres ne s'éloignât point, sans qu'apparussent au Cycle sacré quelques-uns des satellites glorieux qui empruntent d'eux leur  lumière  à travers les siècles.  Deux astres jumeaux se lèvent au ciel de  la sainte Eglise, illuminant des feux de leur apostolat d'immenses contrées. Partis de Byzance, on  croirait  tout d'abord que leur évolution va s'accomplir indépendante des lois  que l'ancienne Rome a puissance de dicter aux mouvements des cieux,  dont il est dit qu'ils racontent la gloire de Dieu  et les œuvres de ses mains  (1). Mais  saint Clément Ier, dont les reliques sont tirées par eux d'une  obscurité de huit siècles, incline leur marche vers la cité maîtresse ; et bientôt on les voit graviter avec un éclat  incomparable  dans l'orbite de Pierre, manifestant une fois de plus au monde que  toute vraie lumière, dans l'ordre du salut, rayonne uniquement du Vicaire de l'Homme-Dieu. Alors aussi,  une fois de  plus,  se réalise magnifiquement la parole du Psaume, que tout idiome et toute langue entendra  la voix des messagers de la lumière (2),

 

1. Psalm. XVIII, 2. — 2. Ibid. 4.

 

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Au subit et splendide épanouissement de la Bonne Nouvelle qui marqua le premier siècle de notre ère, avait succédé le labeur du second apostolat, chargé par l'Esprit-Saint d'amener au Fils de Dieu les races nouvelles appelées par la divine Sagesse à remplacer l'ancien monde. Déjà, sous l'influence mystérieuse de la Ville éternelle s'assimilant par un triomphe nouveau ceux qui l'avaient vaincue, une autre race latine s'était formée des barbares mêmes dont l'invasion, comme un déluge, semblait avoir pour jamais submergé l'Empire. L'accession des Francs au baptême, la conversion des Goths ariens et de leurs nombreux frères d'armes achevaient à peine cette transformation merveilleuse, que les Anglo-Saxons, puis les Germains, suivis bientôt des Scandinaves, venaient, sous la conduite des moines Augustin, Boniface et Anschaire, frapper eux-mêmes aux portes de l'Eglise. A la voix créatrice des apôtres nouveaux, l'Europe apparaissait, sortant des eaux de la fontaine sacrée.

Cependant, le mouvement continu de la grande émigration des peuples avait amené sur les rives du Danube une famille dont le nom commençait, au IX° siècle, à fixer l'attention du monde. Entre l'Orient et l'Occident, les Slaves, mettant à profit la faiblesse des descendants de Charlemagne et les révolutions de la cour de Byzance, tendaient à ériger leurs tribus en principautés indépendantes de l'un et l'autre empire. C'était l'heure que la Providence avait choisie, pour conquérir au christianisme et à la civilisation une race jusque-là sans histoire. L'Esprit de la Pentecôte se reposait sur les deux saints frères que nous fêtons en ce jour. Préparés par la vie monastique à tous les dévouements, à  toutes les souffrances, ils

 

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apportaient à ces peuples qui cherchaient à sortir de leur obscurité passée, les premiers éléments des lettres et la connaissance des nobles destinées auxquelles le Dieu Sauveur conviait les hommes et les nations. Ainsi la race Slave devenait digne de compléter la grande famille européenne, et Dieu, dans cette Europe objet des éternelles prédilections, lui concédait l'espace plus largement qu'il ne l'avait fait pour ses devancières.

Heureuse, si toujours elle s'était tenue attachée à cette Rome qui, dans les rivalités dont ses origines eurent à subir l'assaut, l'avait si grandement aidée! Rien, en effet, ne seconda plusses aspirations à l'indépendance que la faveur d'une langue spéciale dans les rites sacrés, obtenue pour elle du  Siège de Pierre  par ses deux apôtres.  Les réclamations de ceux qui prétendaient la garder sous leurs lois montrèrent assez, dès lors, la portée politique d'une concession aussi insolite qu'elle était décisive pour  consacrer dans ces régions l'existence d'un peuple nouveau, distinct à la fois des  Germains et des  Grecs. L'avenir le devait mieux prouver encore. Si aujourd'hui, des Balkans à TOural, des rivages grecs aux bords glacés de l'Océan du Nord, la race Slave s'étend, toujours forte, irréductible aux invasions,  maintenant, au sein des empires qui ont pu la terrasser un jour, ce dualisme que le peuple vainqueur doit se résigner à porter en ses flancs comme une menace toujours vivante à travers les siècles : un tel phénomène, qui ne se retrouve point  ailleurs en pareille mesure, est le produit de la démarcation puissante opérée il y a mille ans, entre cette race et le reste du monde, par l'introduction dans  la Liturgie de sa langue nationale. Devenu sacré par cet usage, le Slavon primitif ne connut point les

 

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variations inhérentes aux idiomes des autres nations; tout en donnant naissance aux dialectes variés de divers peuples issus de la souche commune, il resta le même, suivant les moindres tribus slaves dans les péripéties de leur histoire et continuant, pour le plus grand nombre, de les grouper à part de toutes autres au pied des autels. Belle unité, gloire de l'Eglise, si le désir, si l'espérance des deux Saints qui l'avaient établie sur le roc immuable, avaient pu l'y maintenir! Arme terrible au service de la tyrannie, si jamais Satan la faisait tomber parle schisme entre les mains de quelqu'un des suppôts de l'enfer.

 

Mais ces considérations nous entraîneraient trop loin. Il est temps de lire le récit très complet que l'Eglise romaine consacre aujourd'hui aux deux illustres et très saints frères Cyrille et Méthodius.

 

Cyrille et Méthodius étaient frères germains ; ils naquirent à Thessalonique de très nobles parents. De bonne heure ils se rendirent à Constantinoplc, pour se former aux arts libéraux dans cette capitale de l'Orient. Leurs progrès furent en peu de temps considérables. Cyrille surtout acquit une telle réputation de science, que pour le distinguer par honneur on l'appelait le philosophe. Méthodius avait embrassé la vie monastique. Pour Cyrille, à l'inspiration du Patriarche Ignace, il fut jugé digne par l'impératrice Théodora d'aller instruire dans la foi chrétienne les Khazares habitant  au delà de la Chersonèse ;  ses enseignements les  amenèrent par  l'aide de Dieu  à Jésus-Christ et mirent fin  à leurs nombreuses superstitions. Ayant  organisé au mieux la nouvelle communauté chrétienne, il revint  plein de joie à Constantinople, et rejoignit lui-même  Methodius au monastère de Polychrone. Cependant la renommée des succès obtenus au delà de la Chersonèse étant  parvenue à Ratislas prince de Moravie, porta ce dernier  à revenir jusqu'à trois fois à la charge près de l'empereur Michel pour obtenir de Constantinople quelques ouvriers évangéliques.  Cyrille  et Methodius étant donc  désignés pour cette expédition, furent reçus en Moravie avec grande allégresse ; ils mirent tant de force, tant de soins et d'habileté à  infuser dans les  esprits la doctrine chrétienne, qu'il ne fallut pas longtemps pour que cette nation donnât de grand cœur son nom à Jésus-Christ. Ce  dénouement ne fut pas peu favorisé par la connaissance de  la langue slavonne que Cyrille avait acquise auparavant ; ne fut point non plus de peu de poids la traduction qu'il fit, dans l'idiome propre à ces peuples, de l'Ecriture sainte des deux Testaments. Cyrille et Methodius, en effet, furent les premiers à donner l'alphabet dont se servent les Slaves, et pour cette cause, non sans raison, ils sont regardés comme les pères de cette langue.

 

Le bruit public porta jusqu'à Rome la gloire de si grandes actions, et le Pape  saint Nicolas Ier envoya l'ordre de s'y rendre aux illustres frères. Ils  se mettent en route, apportant avec eux les reliques du Pape saint Clément Ier, que Cyrille avait découvertes à Cherson. A cette nouvelle, Adrien II, qui avait succédé à Nicolas, se porte en grand honneur  à leur rencontre, accompagné des clercs et du peuple. Cyrille et Methodius rendent ensuite compte au  Souverain Pontife entouré du clergé romain, des saints labeurs de leur charge apostolique. Comme des envieux basaient contre eux une accusation, sur ce fait qu'ils s'étaient permis d'user de la langue slavonne dans l'accomplissement des rites sacrés, ils appuyèrent leur cause de raisons si claires et si sûres,  qu'ils reçurent du Pontife et de l'assistance approbation et louange. Tous deux s'étant alors engagés sous serment à persévérer dans la foi  du bienheureux Pierre et  des Pontifes Romains, furent consacrés évêques par Adrien. Mais il était arrêté dans les décrets divins que Cyrille, plus mûr par la vertu que par l'âge, terminerait à Rome le cours de sa vie. Le corps du défunt fut l'objet de solennelles funérailles, et placé dans le tombeau même qu'Adrien s'était fait préparer ; on le conduisit ensuite à l'église de saint Clément, pour y reposer près des cendres du saint Pape. Ces marches par la Ville au milieu du chant festif des psaumes, cette pompe moins funèbre que triomphale, sembla de la part du peuple romain comme l'inauguration des honneurs célestes pour un si saint personnage. Methodius retourna en Moravie ; il mit toute son âme à s'y montrer le modèle du troupeau, se dépensant toujours plus ardemment au service des intérêts catholiques. On le vit même, indépendamment des Moraves, confirmer dans la foi du nom chrétien Pannoniens, Bulgares, Dalmates, et s'employer grandement à amener les Carinthiens au culte du seul Dieu véritable.

 

Cependant Jean VIII avait succédé à Adrien. L'apôtre, accusé de nouveau comme suspect dans la foi et violateur des règles des anciens, fut mandé à Rome. En présence de Jean, de plusieurs évêques et du clergé de la Ville, il vengea sans peine la pureté de la croyance qu'il avait gardée pour lui fidèlement et enseignée aux autres avec zèle ; pour l'usage du Slavon dans la sainte Liturgie, il montra qu'il avait agi légitimement, avec la permission du Pape Adrien et pour de bons motifs qui n'allaient point contre les saintes Lettres. C'est pourquoi, quant au présent, le Pontife, embrassant la cause de Methodius, donna ordre qu'on reconnût son pouvoir archiépiscopal et la légitimité de son expédition chez les Slaves, publiant même des lettres à cet effet. De retour donc en Moravie, Methodius continua de remplir avec un soin toujours plus vigilant la charge qui lui était assignée, et souffrit même pour elle l'exil de bon cœur. Il amena à la foi le prince des Bohémiens et son épouse, et répandit au loin dans cette nation le nom chrétien. Il porta la lumière de l'Evangile en Pologne, et, au rapport de quelques historiens, avant établi à Léopol un siège épiscopal, il pénétra dans la Moscovie proprement dite où il fonda le trône pontifical de Kiew. Enfin, revenu en Moravie chez les siens, et sentant que le terme de ses pérégrinations ici-bas était proche, il se désigna lui-même un successeur, encouragea par de suprêmes recommandations le clergé et le peuple à la vertu, et termina en grande paix cette vie qui avait été pour lui le chemin du ciel. Ainsi que Rome avait fait pour Cyrille, la Moravie entoura Méthodius mourant des plus grands honneurs. Leur tête était solennisée depuis longtemps déjà chez les peuples Slaves, lorsque le Souverain Pontife Léon XIII ordonna qu'elle fût célébrée tous les ans dans l'Eglise universelle, avec un Office et une Messe propres.

 

En inscrivant la solennité des saints Cyrille et Méthodius au calendrier universel, le Souverain Pontife Léon XIII a voulu donner lui-même leur expression aux hommages et prières de l'Eglise, dans les deux Hymnes de la fête.

 

Ier HYMNE.

 

Chantez, fidèles, les deux athlètes reçus dans les brillantes demeures des cieux ; chantez du peuple Slave la double force et la gloire.

 

Un même amour a réuni ces frères, une même piété les arrache au désert : ils brûlent de porter à plusieurs les gages de la vie bienheureuse.

 

Par eux la lumière qui brille dans les temples d'en haut, remplit Bulgares, Moraves et Bohémiens, farouches multitudes, que bientôt ils amènent à Pierre en bataillons pressés.

 

Ceignant la couronne méritée, oh ! continuez pourtant d'être propices aux prières et aux larmes : il est besoin que vousgardiez aux Slaves vos présents d'autrefois.

 

Que la généreuse terre qui crie vers vous, conserve la pureté de la foi éternelle ; comme elle fit au commencement, Rome elle-même toujours lui donnera le salut.

 

Auteur de la race humaine et son Rédempteur, dont la bonté nous vaut tous les biens, à vous action de grâces, à vous soit gloire dans tous les siècles.

Amen.

 

IIe HYMNE.

 

Belle lumière de la patrie, lumière aimée des peuples Slaves, ô frères, à vous nos vœux, à vous chaque année nos cantiques.

 

Rome applaudit à votre venue ; mère, elle embrasse ses fils ; elle les décore du diadème des Pontifes, les revêt d'une force nouvelle.

 

Jusqu'au plus loin des terres barbares vous allez porter Jésus-Christ; vous nourrissez de sa lumière bienfaisante ceux dont se jouait une vaine erreur.

 

Les cœurs sont délivrés des vices, une ardeur d'en haut s'en empare ; l'horreur des ronces fait place aux fleurs de la sainteté.

 

Et maintenant membres de l'heureuse cour des habitants des deux, écoutez nos vœux suppliants : sauvez pour Dieu les peuples Slaves.

 

Que l'unique bercail du Christ rassemble ceux qu'entraînait l'erreur ; qu'émule des gestes des aïeux, leur foi reverdisse plus belle.

 

Trinité bienheureuse, faites sentir à nos âmes l'aiguillon du céleste amour ; qu'on voie les fils suivre les traces illustres de leurs pères.

Amen.

 

A cet auguste hommage nous joignons nos vœux, ô saints frères. Avec le Pontife suprême, nous osons chanter vos louanges, et vous recommander l'immense portion de l'héritage du Christ où vos sueurs firent germer, à la place des ronces, les fleurs de la sainteté. Préparés dans la solitude à toute œuvre bonne et utile au Seigneur (1), vous ne craignîtes point d'aborder les premiers ces régions inconnues, l'effroi du vieux monde, ces terres de l'aquilon où les Prophètes avaient signalé le trône de Satan (2), la source intarissable des maux ravageant l'univers (3). L'appel de l'Esprit-Saint vous faisait apôtres, et les Apôtres ayant reçu ordre d'enseigner toutes les nations (4) vous alliez, dans la simplicité de votre obéissance, à celles qui n'étaient pas encore évangélisées. Cette obéissance, Rome, c'était son devoir, voulut l'éprouver, et reconnut qu'elle était sans alliage. Satan aussi le reconnut, à sa défaite ; car l'Ecriture avait dit : « L'homme obéissant racontera ses victoires (5). » Autre puissance qui fut la vôtre, et que nous révèle encore l'Ecriture, disant : « Le frère aidé par le frère est comme une ville forte, et leurs conseils sont comme les barres des portes des villes (6). » Chassé par plus fort que lui, le fort armé vit donc avec rage passer au Christ le domaine qu'il croyait posséder la paix  (7), et ses dernières dépouilles, les peuples de l'aquilon, devenir comme ceux du midi l'ornement de l'Epouse (8). Louez le Seigneur, toutes les nations ; louez-le, tous les peuples(9) : toute langue confesse le Seigneur Jésus-Christ (10) ! Comme monument de la victoire, le septénaire des langues sacrées se complète en ce jour (11). Mais, ô Méthodius, ô Cyrille, au milieu même  des Hymnes  saintes  que vous

 

1. II Tim. II, 21. — 2. ISAI. XIV, 13. — 3. Jerem. I, 14; XLVII, 2 ; etc. — 4. MATTH. XXVIII, 19. — 5. Prov. XXI, 28. — 6. Ibid. XVIII, 19. — 7. LUC. XI, 21-22. — 8. ISAI. XLIX, 12, 18. — 9. Psalm. CXVI, 1. — 10. Philipp. II, 11. — 11. Latine, Grecque, Syriaque, Copte, Ethiopienne, Arménienne et Slavonne.

 

 

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dédiait  le  Pontife souverain, un cri d'alarme a retenti : «Gardez à Dieu les peuples Slaves! Il est urgent à vous de protéger vos dons.  » Levez vos yeux, pourrions-nous en effet dire avec le prophète ; considérez, vous qui venez  de l'aquilon : où est le troupeau qui vous  fut donné, ce troupeau magnifique ? Quoi donc ! est-ce contre vous que vous l'avez instruit ? l'avez-vous armé pour votre perte (1) ? Profondeurs de Satan (3) ! le prince de l'aquilon a trop su réparer sa défaite ; et vos bienfaits,  et la condescendance de Pierre,  sont devenus par ses soins une arme de mort pour ces peuples auxquels vous aviez donné la vie.  Détournée de sa voie, l'unité sainte que  vous aviez fondée s'est traduite de nos jours, en caractères de sang, dans la  formule d'un hideux panslavisme. Entre Byzance déjà de vos temps travaillée par le schisme, et l'Occident latin que l'hérésie devait lui-même plus tard affaiblir et démembrer,  elle pouvait être, à son heure, un appui pour l'Eglise, un espoir de salut pour  le monde. Perspectives séduisantes, que votre cœur sans doute avait rêvées, et qui, hélas ! ont abouti à ces atroces persécutions, scandale de nos temps, opprobre de la terre.

Réconfortez les exilés, soutenez les martyrs, gardez les restes d'un peuple de héros ; écartez de quelques autres la fatale illusion qui les solliciterait à courir d'eux-mêmes au-devant de la tyrannie ; pour tous que luise enfin le jour des justices du Seigneur, mais bien plutôt s'il se peut, tout est possible à Dieu, celui de sa miséricorde, assez puissante pour changer les bourreaux sans frustrer leurs victimes. Serait-il donc arrêté que

 

1. JEREM. XIII,  20-21. —  3. APOC. II, 24.

 

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le poids des crimes d'un grand empire a trop fait pencher la balance du côté de la condamnation, pour que ses chefs ouvrent maintenant les yeux, et comprennent quel rôle pourrait être le leur en l'état présent du monde, si Pierre, qui leur tend les bras, voyait revenir à lui l'immense troupeau que paralyse le schisme ? Apôtres des Slaves, et en même temps citoyens de cette Rome où reposent près de celles de Clément vos reliques saintes, aidez les efforts du Pontife suprême cherchant à replacer sur la base où vous l'aviez établi l'édifice qui fut votre gloire.

 

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