VI Oct. PIERRE et PAUL

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LE IV JUILLET. SIXIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DES SAINTS APOTRES PIERRE ET PAUL.

 

Pierre et Paul ne cessent point d'écouter par le monde la prière de leurs dévots clients. Le temps n'a rien enlevé à leur puissance ; et, pas plus au ciel qu'autrefois sur la terre, la grandeur des intérêts généraux de la sainte Eglise ne les absorbe, au point de négliger la demande du plus petit des habitants de cette glorieuse cité de Dieu, dont ils furent et restent les princes. Un des triomphes de l'enfer à notre époque étant d'avoir endormi sur ce point la foi des justes eux-mêmes, il nous faut insister pour secouer ce sommeil funeste, qui n'irait à rien moins qu'à mettre en oubli le plus touchant côté de ce que le Seigneur a voulu faire, en confiant à des hommes le soin de continuer son œuvre et de le représenter visiblement ici-bas.

L'erreur qui détournait le monde de Pierre n'aura décidément vécu, que lorsque le monde verra en lui, non seulement la fermeté du roc résistant aux assauts des portes de l'enfer, mais aussi la tendresse de cœur, la paternelle sollicitude qui font de lui le vicaire de Jésus dans son amour (1). L'Eglise, en effet, n'est pas seulement un édifice dont la durée doit être éternelle : elle est

 

1. Ambr. in LUC. X.

 

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aussi une famille et une bergerie ; c'est pourquoi le Seigneur, voulant laisser à son œuvre, en quittant la terre, une triple garantie, exigea de l'élu de sa confiance une triple affirmation d'amour, et alors seulement l'investit de son ministère sublime, disant : Pais mes brebis (1).

« Or, s'écrie saint Léon, loin de nous le doute que, ce ministère de pasteur, Pierre ne l'exerce encore, qu'il ne demeure fidèle à cet engagement d'un amour éternel, qu'il ne continue d'observer avec une tendresse infinie le commandement du Seigneur, nous confirmant dans le bien par ses exhortations, priant sans cesse afin qu'aucune tentation ne prévale sur nous (2). Et cette tendresse, qui embrasse tout le peuple de Dieu (3), elle est plus vaste et plus puissante maintenant que lorsqu'il était mortel encore, parce que tous les devoirs et les multiples sollicitudes de sa paternité immense, il y fait honneur en celui et avec celui qui l'a glorifié (4). »

« Si partout, dit encore saint Léon, les martyrs ont reçu, en retour de leur mort et pour manifester leurs mérites, la puissance d'aider ceux qui sont en péril, de chasser maladies et esprits immondes, de guérir des maux innombrables : qui donc serait assez ignorant ou envieux de la gloire du bienheureux Pierre, pour estimer qu'aucune partie de l'Eglise échappe à sa sollicitude et ne lui doive accroissement? Toujours brûle, toujours vit, dans le prince des Apôtres, cet amour de Dieu et des hommes que ne domptèrent ni l'étroitesse ni les fers des cachots, ni les fureurs des foules, ni la colère des rois ; la victoire n'a point

 

1. JOHAN. XXI. — 2. Sermo IV de Natali ipsius. — 3. Ibid. — 4. Sermo III de Nat. ips.

 

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attiédi ce que le combat n'avait su réduire. Lors donc que, de nos jours, les chagrins font place à la joie, le labeur au repos, la discorde à la paix, nous reconnaissons dans ces secourables effets les mérites et la prière de notre chef. Bien souvent nous avons l'expérience qu'il préside aux salutaires conseils, aux justes jugements ; le droit de lier et de délier est exercé par nous, et c'est l'influence du très bienheureux Pierre qui amène le condamné à pénitence, le pardonné à la grâce (1). Et cette expérience qui nous est personnelle, nos pères aussi l'ont connue ; en sorte que nous croyons et tenons pour sûr que, dans toutes les peines de cette vie, la prière apostolique doit nous être une aide et sauvegarde spéciale auprès de la miséricorde de Dieu (2). »

L'évêque de Milan, saint Ambroise, exalte, lui aussi, magnifiquement l'action apostolique sans cesse efficace et vivante en l'Eglise. Mais où il excelle en son exposition toujours si suave et si sûre, c'est quand, s'élevant dans les régions sublimes où se complaît sa grande âme, il exprime avec une délicatesse et une profondeur également infinies le rôle de Pierre et celui de Paul dans la sanctification des élus.

« L'Eglise, dit-il, est un navire où Pierre doit pêcher ; et, dans cette pêche, il reçoit ordre d'user tantôt des filets, tantôt de l'hameçon. Grand mystère ! car cette pêche est toute spirituelle. Le filet enserre, l'hameçon blesse ; mais au filet la foule, à l'hameçon le poisson solitaire (3). O bon poisson, ne redoute point l'hameçon de Pierre : il ne tue pas, mais  consacre ;  précieuse  blessure  que la

 

1. Sermo V de Nat. ips. — 2. Sermo I  in  Nat. Apost. ; lect. IIi Nocturni 5ae diei infra Oct.— 3. De Virginitate, XVIII.

 

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sienne, qui, dans le sang, fait trouver la pièce de bon aloi nécessaire à l'acquittement du tribut de l'Apôtre et du Maître (1). Donc ne t'estime pas peu de chose, parce que ton corps est faible : tu as en ta bouche de quoi payer pour le Christ et pour Pierre (2). Car un trésor est en nous, le Verbe de Dieu ; la confession de Jésus le met sur nos lèvres. C'est pourquoi il est dit à Simon : Va en pleine mer (3), c'est-à-dire, au cœur de l'homme; car le cœur de l'homme, en ses conseils, est comme les eaux profondes (4). Va en pleine mer, c'est-à-dire, au Christ ; car le Christ est le réservoir profond des eaux vives (5), en lequel sont les trésors de la sagesse et de la science (6). Tous les jours, Pierre continue de pêcher ; tous les jours, le Seigneur lui dit : Va en pleine mer. Mais il me semble entendre dire à Pierre : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre (7). Pierre peine en nous, quand notre dévotion est laborieuse. Paul alors, lui aussi, est en labeur; vous l'avez entendu aujourd'hui, qui disait : Qui est malade, sans que moi-même je sois malade (8) ? Faites en sorte que les Apôtres n'aient pas ainsi à peiner pour vous (9) »

 

1. Allusion au poisson que Pierre alla pêcher sur l'ordre du Seigneur, un jour qu'on réclamait le tribut à son Maître, et dans la bouche duquel se trouva de quoi payer l'impôt à la fois pour Jésus et pour Pierre. (MATTH. XVII, 23-26). — 2. Ambr. Hexaemeron, V. — 3. LUC. V, 4.— 4 Prov. XVIII, 4. — 5. JOHAN. IV, 11. — 6. Rom. XI, 33. — 7. LUC. V, 5. — 8. II Cor. XI, 29. Cette partie du livre de la Virginité est formée d'un discours qui fut prononcé au jour de la solennité des saints Apôtres. Dans la Liturgie Ambrosienne, on lit encore maintenant, comme Epître de la fête, le passage de la deuxième lettre aux Corinthiens où se trouve le texte cité par saint Ambroise. — 9. Ambr. de Virginit. XVIII, XIX.

 

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Le Missel Ambrosien nous donne cette Préface et cette Oraison, au jour de la fête.

 

PRÉFACE.

 

Il est juste et salutaire que, toujours, ici et partout, nous vous rendions grâces en l'honneur des Apôtres Pierre et Paul. Effets sacrés de l'élection que vous en avez daigné faire ! le bienheureux Pierre a vu son métier de pêcheur passer en un dogme divin, quand vous résolûtes de tirer le genre humain des gouffres infernaux dans les filets de vos commandements ; et Paul, le compagnon de son apostolat, s'est vu changer par vous d'esprit comme de nom, de telle sorte que le persécuteur auparavant redouté de l'Eglise est maintenant sa joie, étant devenu le docteur des préceptes du ciel. Paul, pour voir, a perdu la vue ; Pierre a renié, pour croire. Vous donnâtes à celui-ci les clefs de l'empire des cieux, au premier la science de la loi divine pour appeler les nations. Paul introduit, Pierre ouvre, et tous deux sont en possession des éternelles récompenses. Votre droite raffermit l'un marchant sur les eaux, quand il enfonçait ; l'autre, en trois naufrages, fut par elle préservé de péril au  fond des mers. L'un résiste aux portes de l'enfer, l'autre dompte l'aiguillon de la mort. Paul est décapité, comme chef des nations dans la foi ; Pierre, les pieds tournés en haut, suit le Christ, notre chef à tous.

 

ORAISON.

 

O Dieu, rédempteur des âmes qui vous louent, leur pêcheur fut le bienheureux Pierre Apôtre, et par votre ordre nous reconnaissons en lui le pasteur des brebis ; dans votre miséricorde, écoutez nos prières et accordez à votre peuple les dons de votre bonté. Vous qui vivez.

 

Saluons Rome et ses deux princes par ce beau chant, qui rappelle l'inspiration des hymnes d'Elpis et de saint Paulin d'Aquilée. Sa composition paraît elle-même devoir remonter vers les VII° ou VIII° siècles.

 

HYMNE.

 

O noble Rome maîtresse du monde, de toutes les villes la plus belle, empourprée comme la rose dans le sang des martyrs, éclatante de blancheur sous les lis de tes vierges : salut à toi par l'univers, bénédiction, salut dans  les siècles !

 

Pierre, vous le très puissant porte-clefs des cieux, exaucez toujours les vœux de  qui  vous  implore ; quand vous siégerez comme juge des douze tribus, laissez-vous apaiser , portez douce  sentence ; à nous  qui d'ici-bas sommes vos   clients à cette heure, donnez  votre voix miséricordieuse.

 

O Paul, prenez en mains la cause des coupables, vous dont l'habileté triompha des  philosophes ; pensateur  des biens de la maison du Roi, servez-nous les mets de la divine grâce: que la Sagesse,  qui vous rassasia,  nous nourrisse elle-même par vos enseignements.

 

Amen.

 

 

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