NORBERT

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LE VI JUIN. SAINT NORBERT, ÉVÊQUE  ET  CONFESSEUR

 

L 'Esprit divin multiplie les secours sur la route de l'Eglise. Il semble vouloir nous montrer aujourd'hui que la puissance de son action ne doit point s'amoindrir avec les années; voici que douze siècles après sa venue, éclatent dans le monde les mêmes miracles de conversion et de grâces qui signalèrent son glorieux avènement du ciel en terre.

Norbert, qui porte en ses veines le sang des empereurs et des rois, s'est vu convier surnaturellement, dès le sein de sa mère Hedwige, à une noblesse plus haute; et cependant, trente-trois années d'une vie qui n'en doit guère compter plus de cinquante, ont été données par lui sans réserve aux plaisirs. Il est temps pour l'Esprit divin de hâter sa conquête. Un jour, dans un orage soudainement survenu, la foudre tombe au-devant du prodigue ; elle le précipite de son cheval, et creuse un abîme entre lui et le but où le porte une soif inassouvie de vanités qui n'arrivent pointa combler le vide de son cœur. Alors, au plus intime de son âme retentit la voix qu'entendit Saul sur le chemin de Damas: « Norbert, où vas-tu? » Et le miséricordieux dialogue continue entre Dieu et ce nouveau Paul : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? — Eloigne-toi du mal, et fais le bien ;

 

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cherche la paix et poursuis-la (1). » Vingt ans après, Norbert est au ciel, occupant parmi les pontifes un trône illustre, et rayonnant de l'éclat qui marque dans la patrie les fondateurs des grands Ordres religieux.

Quelle trace profonde, durant les années de sa pénitence, il a laissée sur terre ! L'Allemagne et la France évangélisées, Anvers délivré d'une infâme hérésie, Magdebourg arraché par son archevêque aux dérèglements qui souillaient la maison de Dieu : tant d'oeuvres dignes de remplir une longue et sainte vie, ne sont point pourtant les plus beaux titres de Norbert à la reconnaissance de l'Eglise. Avant d'être appelé malgré lui aux honneurs de l'épiscopat, l'ancien hôte de la cour impériale avait choisi dans les forêts du diocèse de Laon, pour prier Dieu et châtier son corps, une solitude inhabitable. Mais bientôt Prémontré a vu ses marécages envahis par des multitudes ; les plus beaux noms de la noblesse venaient demander au grand pénitent la science du salut. En même temps, Notre-Dame lui montrait l'habit blanc que ses disciples devaient revêtir; saint Augustin leur donnait sa Règle. Une famille nouvelle de Chanoines réguliers, la plus illustre, était fondée; ajoutant aux obligations du culte divin solennel les austérités de sa pénitence ininterrompue, elle dévouait également ses membres au service des âmes par la prédication et l'administration des paroisses.

Il fallait, dans l'Eglise de Dieu, ce complément à l'œuvre des moines qui avaient relevé, au siècle précédent, l'épiscopat et la papauté du servilisme féodal. Les  moines,  quoique n'excluant de leur

 

1. Psalm, XXXIII, 15.

 

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vie aucune œuvre sainte, ne pouvaient cependant, aussi nombreux qu'il eût été nécessaire, quitter leurs cloîtres et prendre sur eux la charge des âmes, que tant de pasteurs indignes du second ordre continuaient de trahir, dans le douzième siècle, au profit de leurs passions simoniaques et concubinaires. Seule, néanmoins, la vie religieuse pouvait relever le sacerdoce, depuis les hauts sommets de la hiérarchie jusqu'aux derniers rangs de la milice sainte. Norbert fut élu de Dieu pour une part de cette œuvre immense ; et l'importance de sa mission explique la prodigalité sublime avec laquelle l'Esprit-Saint multiplia autour de lui les vocations. Le nombre et la rapidité des fondations permirent de porter bientôt partout le secours ; l'Orient lui-même vit presque aussitôt se lever sur lui la lumière de Prémontré. Au XVIII° siècle, malgré les destructions des Turcs et les ravages de la prétendue Réforme dans les pays où sa diffusion avait été la plus grande, l'Ordre, divisé en vingt-huit provinces, renfermait encore dans presque toutes ses maisons de cinquante à cent vingt chanoines, et l'on comptait toujours par milliers les paroisses confiées à ses soins.

Les religieuses, dont la sainte vie et les prières sont l'ornement et le secours de l'Eglise militante, occupèrent dès l'origine la place qui leur était due dans cette innombrable famille; au temps du fondateur ou peu après sa mort, on en comptait plus de mille à Prémontré même. Un tel chiffre pourra nous donner une idée de la propagation vraiment prodigieuse de l'Ordre à ses débuts. Norbert étendit également sa charité aux personnes qui, comme Thibault comte de Champagne, eussent voulu le suivre au désert, et que la volonté de Dieu retenait dans le monde ; il préluda aux

 

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pieuses associations que nous verrons saint Dominique et saint François organiser, au siècle suivant, sous le nom de tiers-ordres.

Voici la notice consacrée dans la sainte Liturgie à ce grand serviteur de l'Eglise et des âmes :

 

 

Norbert , issu de nobles parents, reçut dans sa jeunesse une éducation distinguée. Placé ensuite à la cour de l'empereur, il méprisa les attraits du monde, et voulut être enrôlé dans la milice ecclésiastique. Après avoir reçu les saints Ordres, il renonça au luxe et à la commodité des habits , et, couvert d'une melote de peau, il se livra tout entier à la prédication de la parole de Dieu. Ayant renoncé pareillement aux revenus ecclésiastiques dont il jouissait et qui étaient considérables, il distribua de plus son patrimoine aux pauvres, et entreprit un genre de vie d'une austérité admirable, ne faisant qu'un seul repas par jour qu'il prenait sur le soir et qui ne consistait qu'en mets permis pour le carême, marchant nu-pieds et ne portant que des habits usés dans les rigueurs même de l'hiver. En retour, il fut puissant en œuvres et en paroles , et ramena en nombre immense les hérétiques à la foi, les pécheurs à la pénitence, les ennemis à la paix et à  la concorde.

 

Etant à Laon , et l'évêque l'avant prié de ne pas s'éloigner de son diocèse, il se choisit une solitude dans le lieu qui était appelé Prémontré. Avec treize compagnons qu'il y réunit, il institua l'Ordre de Prémontré, après avoir reçu de saint Augustin dans une vision divine la règle qu'il devait suivre. La renommée de sa sainteté se répandant de plus en plus , et un grand nombre de disciples venant à lui tous les jours , son Ordre fut confirmé par Honorius II et par d'autres Souverains Pontifes ; on construisit pour lui un grand nombre de monastères, et il se propagea d'une manière  admirable.

 

Ayant été appelé à Anvers, Norbert détruisit dans cette ville la coupable hérésie de Tanquelin. Il fut illustré par le don de prophétie et celui des miracles. A la fin, ayant été élevé, malgré ses refus, sur le siège archiépiscopal de Magdebourg, il y soutint avec constance la discipline ecclésiastique , principalement le célibat. Au concile de Reims, il se montra un excellent appui d'Innocent II, et, se rendant à Rome avec d'autres évêques il réprima le schisme de Pierre de Léon Enfin cet homme de Dieu, rempli du Saint-Esprit et chargé de mérites, s'endormit dans le Seigneur à Magdebourg,  l'an du salut onze cent trente-quatre, le six de juin.

 

Vous sûtes racheter le temps (1) comme il convenait, ô Norbert, en ces jours mauvais où vous-même, entraîné par l'exemple de la multitude insensée, aviez frustré Dieu si longtemps dans ses desseins d'amour. Les années refusées par vous d'abord au service du seul vrai Maître du monde lui sont revenues multipliées à l'infini, augmentées de toutes celles que lui ont données vos fils et vos filles. En vingt ans, vos œuvres personnelles ont, elles aussi, rempli le monde. Le schisme abattu, l'hérésie terrassée pour la plus grande gloire du divin Sacrement qu'elle attaquait dès lors, les droits de l'Eglise revendiqués intrépidement sur les princes de ce monde et tous les détenteurs injustes, le sacerdoce rendu à sa pureté première, la vie chrétienne affermie sur ses véritables fondements qui sont la prière et la pénitence : tant de triomphes en si peu d'années, sont dus à la générosité qui vous empêcha de regarder en arrière, même un instant, du jour où l'Esprit-Saint toucha votre cœur. Faites donc comprendre aux hommes qu'il n'est jamais trop tard pour commencer à servir Dieu. Fût-on, comme vous, déjà sur le soir de la vie, ce qu'il reste de temps suffit à faire de nous des saints, si nous donnons pleinement ce reste au ciel (2).

Foi et patience furent vos vertus chéries ; répandez-les sur notre triste siècle, qui ne sait plus que douter et que jouir en allant stupidement à l'abîme. N'oubliez point dans le ciel, ô apôtre, les contrées que vous avez évangélisées, malgré leur oubli, malgré leur retour aux tromperies de l'enfer. Saint

 

1. Eph. V, 16. — 2. I PETR. IV, 2.

 

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pontife, Magdebourg a perdu l'antique foi, et avec elle le dépôt qu'elle ne méritait plus de votre saint corps; Prague possède aujourd'hui vos reliques sacrées ; en bénissant l'hospitalière cité, priez pour la ville ingrate qui n'a pas su garder son double trésor. Enfin, ô fondateur de Prémontré, souriez à la France qui se réclame de votre plus pure gloire. Obtenez de Dieu que, pour le salut de nos temps malheureux, il rende à votre puissant Ordre quelque peu de son ancienne splendeur. Bénissez dans leur trop petit nombre, ceux de vos fils et de vos filles qui cherchent, en dépit des hostilités ridicules et odieuses du pouvoir, à faire revivre chez nous vos bienfaits. Maintenez en eux votre esprit : qu'ils sachent trouver dans la paix avec eux-mêmes le secret du triomphe sur les forces de Satan ; que les splendeurs du culte divin soient toujours pour eux la montagne aimée d'où, comme Moïse, ils rapportent au peuple chrétien, nouvel Israël, la connaissance des volontés du Seigneur.

 

 

 

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