IGNACE

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Ier FEVRIER. SAINT IGNACE, EVEQUE ET MARTYR.

 

La veille du jour où va expirer notre heureuse quarantaine,c'est un des plus fameux martyrs du Christ qui paraît sur le Cycle : Ignace le Théophore, Evêque d'Antioche. Une antique tradition nous dit que ce vieillard, qui confessa si généreusement le Crucifié devant Trajan, avait été cet enfant que Jésus présenta un jour à ses disciples comme le modèle de la simplicité que nous devons posséder pour parvenir au Royaume des cieux. Aujourd'hui, il se montre à nous, tout près du berceau dans lequel ce même Dieu nous donne les leçons de l'humilité et de l'enfance.

Ignace, à la Cour de l'Emmanuel, s'appuie sur Pierre dont nous avons glorifié la Chaire ; car le Prince des Apôtres l'a établi son second successeur sur son premier Siège à Antioche. Ignace a puisé dans cette mission éclatante la fermeté qui lui a donné de résister en face à un puissant empereur, de défier les bêtes de l'amphithéâtre, de triompher par le plus glorieux martyre. Comme pour marquer la dignité incommunicable du Siège de Rome, la providence de Dieu a voulu que, sous les chaînes de sa captivité, il vînt aussi voir Pierre, et terminât sa course dans la Ville sainte, mêlant son sang avec celui des Apôtres. Il eût manqué à Rome quelque chose, si elle

 

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n'eût hérité de la gloire d'Ignace. Le souvenir du combat de ce héros est le plus noble souvenir du Colisée, baigné du sang de tant de milliers de Martyrs.

Le caractère d'Ignace est l'impétuosité de l'amour ; il ne craint qu'une chose, c'est que les prières des Romains n'enchaînent la férocité des lions, et qu'il ne soit frustré de son désir d'être uni au Christ. Admirons cette force surhumaine qui se révèle tout à coup au milieu de l'ancien monde, et reconnaissons qu'un si ardent amour pour Dieu, un si brûlant désir de le voir n'ont pu naître qu'à la suite des événements divins qui nous ont appris jusqu'à quel excès l'homme était aimé de Dieu. Le sacrifice sanglant du Calvaire n'eût-il pas été offert, la Crèche de Bethléhem suffirait à tout expliquer. Dieu descend du ciel pour l'homme ; il se fait homme, il se fait enfant, il naît dans une crèche. De telles merveilles d'amour auraient suffi pour sauver le monde coupable ; comment ne solliciteraient-elles pas le cœur de l'homme à s'immoler à son tour? Et qu'est-ce que la vie terrestre à sacrifier, quand il ne s'agirait que de reconnaître l'amour de Jésus, dans sa naissance parmi nous ?

La sainte Eglise nous donne, dans les Leçons de l'Office de saint Ignace, la courte notice que saint Jérôme a insérée dans son livre de Scriptoribus ecclesiasticis. Le saint Docteur a eu l'heureuse pensée d'y insérer quelques traits brûlants de l'admirable lettre du Martyr aux fidèles de Rome. Nous l'eussions donnée tout entière, sans son extrême longueur ; et il nous en coûterait de la mutiler. Au reste, les passages cités par saint Jérôme représentent les plus sublimes traits qu'elle contient.

 

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Ignace, troisième successeur de l'Apôtre saint Pierre sur le Siège d'Antioche, ayant été condamné aux bêtes, durant la persécution de Trajan, fut envoyé à Rome chargé de chaînes. En ce voyage qu'il fit par mer, il descendit à Smyrne, où Polycarpe, disciple de saint Jean, était Evêque. Il y écrivit une lettre aux Ephésiens, une autre aux Magnésiens, une troisième aux Tralliens, et une quatrième aux Romains. A son départ de cette ville, il écrivit également aux fidèles de Philadelphie et à ceux de Smyrne, et adressa une lettre particulière à Polycarpe, dans laquelle il lui recommandait l'Eglise d'Antioche. C'est dans cette lettre qu'il rapporte sur la personne de Jésus-Christ un témoignage de l'Evangile que j'ai traduit depuis peu.

 

Mais puisque nous parlons d'un si grand homme, il est juste de transcrire ici quelques lignes de son Epître aux Romains : « Depuis la Syrie jusques à Rome, dit-il, je combats contre les bêtes sur terre et sur mer ; jour et nuit, je suis à la chaîne avec dix léopards, c'est-à-dire avec les soldats qui me gardent, et dont mes bienfaits augmentent encore la cruauté. Leur méchanceté est mon instruction ; mais je ne suis pas justifié pour cela. Plaise à Dieu que je sois livré aux bêtes qui me sont préparées ! Qu'elles soient promptes à me faire souffrir les supplices et la mort ; qu'on les excite à me dévorer, et qu'elles ne craignent pas de déchirer mon corps ; et qu'il n'arrive pas de moi comme de plusieurs qu'elles n'ont osé toucher. Si elles ne le veulent pas, je leur ferai violence, et je les forcerai à me dévorer. Pardonnez-moi, mes enfants, je connais ce qui m'est avantageux.

 

« Je commence à être Disciple du Christ ; car je ne désire plus aucune des choses visibles, pourvu que je trouve Jésus-Christ. Que le feu, la croix, les bêtes, le brisement de mes os, la division de mes membres, le broiement de tout mon corps, et tous les tourments du démon m'accablent, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ. » Comme il était exposé aux bêtes, et que, dans son impatience de souffrir, il entend les rugissements des lions, il dit : « Je suis le froment de Jésus-Christ ; je serai moulu par la dent des bêtes, pour devenir un pain vraiment pur. » Il souffrit la onzième année de Trajan. Ses reliques reposent à Antioche, dans le Cimetière, hors la porte de Daphné.

 

Nous trouvons dans les Menées de l'Eglise Grecque, en la fête de saint Ignace, les strophes suivantes :

 

Appelé à la succession de celui qui est le sommet des Apôtres et des Théologiens, tu as marché sur leurs traces ; ton lever a été à l'Orient, et tu t'es manifesté dans l'Occident, tout éclatant des splendeurs de la prédication divine ; c'est de là que tu es parti de ce monde pour t'élever à Dieu, couronné des feux de la grâce, ô homme plein de sagesse !

 

Resplendissant comme un soleil des rayons de l'Esprit-Saint, tu as illuminé d’une gracieuse splendeur les confins du monde par l'éclat de tes combats, nous donnant dans ta ferveur, nous écrivant dans ta vérité les documents de la piété ; c'est pourquoi tu es devenu l'aliment du Maître qui, dans sa bonté incessante, nourrit tous les êtres bienheureux!

 

Ignace, qui portes Dieu et réchauffais dans ton cœur le Christ ton amour, tu as reçu le prix du sacrifice évangélique du Christ,qui se consomme par le sang ; c'est pour cela que, devenu froment de l'immortel laboureur, tu as été moulu par la dent des bêtes, et tu es devenu pour lui un pain agréable : supplie-le pour nous, bienheureux athlète !

 

Que ton âme fut solide, ferme comme le diamant, ô heureux Ignace ! Dévoré du désir qui te poussait vers Celui qui t'aimait véritablement, tu disais : Ce n'est point un feu matériel qui brûle dans ma poitrine, c'est bien plutôt une eau vive qui inonde mon âme et qui dit en moi : Viens au Père. C'est pourquoi, enflammé du divin Esprit, tu as irrité les bêtes, pour être plus tôt séparé du monde et rendu avec le Christ que tu aimais ; prie-le de sauver nos âmes.

 

 

            O pain glorieux et pur du Christ votre Maître ! vous avez donc obtenu l'effet de vos désirs ! Rome tout entière, assise sur les degrés du superbe amphithéâtre, applaudissait, avec une joie féroce, au déchirement de vos membres ; mais tandis que vos ossements sacrés étaient broyés sous la dent des lions, votre âme, heureuse de rendre au Christ vie pour vie, s'élançait d'un trait jusqu'à lui. Votre félicité suprême était de souffrir, parce que la souffrance vous semblait une dette contractée envers le Crucifié ; et vous ne désiriez son Royaume qu'après avoir donné en retour de sa Passion les tourments de votre chair. Que votre gloire est éclatante, dans la compagnie d'Etienne, de Sébastien, de Vincent, d'Agnès, et que votre palme est belle auprès du berceau de l'Emmanuel ! Prenez pitié de notre faiblesse, ô Martyr ! Obtenez-nous d'être du moins fidèles à notre Sauveur, en face du démon, de la chair et du monde ; de donner notre cœur à son amour, si nous ne sommes appelés à donner notre corps aux tourments pour son Nom. Choisi dans vos premières années par ce Sauveur, pour servir de modèle au chrétien par l'innocence de votre enfance, vous avez conservé cette candeur si précieuse sous vos cheveux blancs ; demandez au Christ, le Roi des enfants, que cette heureuse simplicité demeure toujours en nous, comme le fruit des mystères que nous célébrons.

Successeur de Pierre à Antioche, priez pour les Eglises de votre Patriarcat ; rappelez-les à la vraie foi et à l'unité catholique. Soutenez l'Eglise Romaine que vous avez arrosée de votre sang, et qui est rentrée en possession de vos reliques sacrées, de ces ossements que la dent des lions n'avait pu broyer entièrement. Veillez sur le maintien de la discipline et de la subordination ecclésiastiques, dont vous avez tracé de si belles règles dans vos immortelles Epîtres ; resserrez, par le sentiment du devoir et de la charité, les liens qui doivent unir tous les degrés de la hiérarchie, afin que l'Eglise de Dieu soit belle d'unité, et terrible aux ennemis de Dieu, comme une armée rangée en bataille:

 

 

 

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