PAULE

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XXVI JANVIER.  SAINTE PAULE, VEUVE.

 

La noble et pieuse veuve qui s'arracha aux délices de Rome et aux caresses de ses enfants, pour venir cacher sa vie à Bethléhem, réclame aujourd'hui sa place auprès du berceau de l'Enfant divin. Un aimant invincible l'a attirée et l'a fixée à cette humble crèche, plus riche à ses yeux que tous les palais ; elle y a trouvé ce Dieu pauvre dont elle aimait tant à soulager les membres souffrants, aux jours de son opulence. Par ses soins, de pieux monastères se sont élevés autour de cette glorieuse caverne où le Verbe apparut dans la chair Elle a demandé au grand Docteur saint Jérôme l'intelligence des divines Ecritures; et sa vie s'est écoulée dans la prière, dans les œuvres de la pénitence, et dans la méditation des saintes Lettres. Au milieu de la dégradation de la société romaine, c'est un grand spectacle de voir le courage chrétien de l'âge des Martyrs se réfugier au cœur de ces dames et de ces vierges de la capitale du monde, et les pousser vers les solitudes de l'Egypte, pour y contempler les vertus des Anachorètes et des Cénobites, ou vers les saints lieux de Jérusalem, pour y reconnaître la trace des pas de l'Homme-Dieu. Paule marche à la tête de ces nobles chrétiennes; et nous regrettons vivement que le défaut d'espace nous empêche de donner ici le

 

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récit de ses pieuses pérégrinations, racontées avec tant de charme et de sentiment par saint Jérôme, à la fille même de Paule, l'illustre vierge Eustochium. Nous nous contenterons de quelques traits, empruntés à l'endroit même où le saint Docteur raconte l'arrivée de la pieuse veuve à Bethléhem. Ayant distribué aux pauvres et à ceux qui la servaient, le peu qui lui restait d'argent, Paule, au sortir de Jérusalem, se dirigea sur Bethléhem; et, après s'être arrêtée au sépulcre de Rachel, qui est à droite sur la route, elle parvint à la ville qu'elle cherchait, et entra dans la caverne du Sauveur. Quand elle eut sous les yeux l'asile sacré de la Vierge, et l'étable où le bœuf reconnut son Maître, et l'âne la crèche de son Seigneur, je l'entendis m'assurer, dans son transport, qu'elle voyait, des yeux de la foi, l'Enfant enveloppé de langes, le Seigneur vagissant dans la crèche, les Mages en adoration, l'Etoile étincelant au-dessus de l'étable, la Vierge-Mère, le père nourricier empressé de la servir, les bergers arrivant au milieu de la nuit, les enfants massacrés, Hérode se livrant à sa fureur, Joseph et Marie fuyant en Egypte. Inondée de larmes d'allégresse, elle disait: « Salut, ô Bethléhem, Maison du Pain, dans laquelle est né ce Pain qui est descendu du ciel ! Salut, ô Ephrata! région fertile, dont Dieu même est la fertilité: c'est de toi que Michée a prédit : « Bethléhem, maison d'Ephrata, tu n'es pas la moindre des mille cités de Juda, De ton sein sortira celui qui sera Prince sur Israël, et sa sortie est du commencement, dès les jours de l'éternité. » En effet, c'est en toi qu'est né le Prince qui a été engendré avant l'étoile du matin, et dont la naissance au sein du Père précède tous les âges. Moi misérable, moi pécheresse,

 

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j'ai été trouvée digne d'embrasser cette crèche d'où le Seigneur enfant a fait entendre ses premiers cris, de prier dans cette caverne où la Vierge-Mère a enfanté le Seigneur. Ici désormais sera mon lieu de repos, car ce lieu est la patrie de mon Maître. C'est ici que j'habiterai, car le Seigneur a choisi cette demeure pour lui-même. »

 

Nous donnerons maintenant la Légende de sainte Paule, composée en grande partie des paroles de saint Jérôme, telle qu'elle se lit dans le Propre des Eglises d'Espagne.

 

Paule, dame Romaine, de très noble race sénatoriale, mais beaucoup plus noble encore par la sainteté de sa vie, après la mort de Toxotius, son époux, qui était d'une égale naissance, et auquel elle avait donné cinq enfants, se livra entièrement au Seigneur. Alors, elle se mit à distribuer aux pauvres du Christ ses abondantes richesses, avec un tel amour qu'elle les recherchait par toute la ville, et qu'elle regardait comme une perte pour elle (au rapport de saint Jérôme) que quelque pauvre débile et affamé fût sustenté par le pain d'un autre. Elle persévéra dans ce zèle jusqu'à la mort, et elle disait quelquefois que son désir était de mourir en mendiant sa vie, et d'être ensevelie, à ses funérailles, dans un linceul étranger. Certaines dissensions des Eglises, sous le pontificat de saint Damase, ayant amené à Rome plusieurs évêques d'Orient et d'Occident, elle reçut chez elle saint Epiphane, évoque de Salamine en Chypre, et prodigua tous les offices de la charité à Paulin d'Antioche. Leurs vertus l'enflammèrent tellement, qu'elle brûlait d'abandonner sa patrie, et de se retirer au désert. C'est pourquoi, se hâtant de fuir le tumulte de la ville et les louanges des hommes, et préférant à Rome l'humble Bethléhem, elle descendit à Porto pour s'y embarquer. Son frère, ses proches, ses enfants l'accompagnaient et s'efforçaient de retenir cette pieuse mère au nom de l'amour maternel. Mais, quoique ses entrailles fussent déchirées par la douleur, elle levait cependant ses yeux sans larmes vers le ciel, et surmontant son amour pour ses fils par son amour pour Dieu, elle oubliait qu'elle était mère, pour se montrer servante du Christ.

 

Etant donc montée sur le vaisseau avec sa fille Eustochium, qui s'était associée à son projet et à son voyage, portée sur les ailes de la foi, elle désirait avec une incroyable ardeur voir Jérusalem et les saints lieux. Après avoir abordé d'abord en Chypre, puis à Séleucie, elle vint en Syrie et en Palestine, dont elle visita tous les sanctuaires avec tant de zèle et de piété, que si elle n'eût eu hâte de vénérer ceux qui lui restaient à parcourir, elle n'eût pu s'arracher aux premiers. Enfin elle s'arrêta à Bethlehem pour y demeurer toujours. Après y avoir élevé quatre monastères, l'un d'hommes, dont saint Jérôme reçut la conduite, et les trois autres de vierges, elle y passa le reste de sa vie dans une admirable sainteté. La vertu d'humilité brilla principalement en elle. Rien n'égala sa bonté ; nul ne fut plus tendre envers les pauvres. Elle souffrit avec une extrême patience et mansuétude les calomnies des envieux, et les diverses épreuves de ce monde. Lente à parler, elle était prompte à écouter. Elle savait par cœur les saintes Ecritures, et elle lisait assidûment l'Ancien et le Nouveau Testament. Elle voulut aussi apprendre l'hébreu, et ce fut avec un tel succès, qu'elle put chanter les Psaumes en cette langue, et la parler comme celle de son pays. Elle prenait son repos sur la terre couverte de cilices, si l'on peut appeler repos celui qui était interrompu jour et nuit par des prières presque continuelles. Au milieu même de la fièvre la plus brûlante, elle n'eut jamais de couche délicate.

 

Son abstinence était si grande, qu'elle excédait presque la mesure. La rigueur du jeûne et du travail venait encore épuiser ce corps affaibli, et à l'exception des jours de fête, à peine mêlait-elle un peu d'huile avec sa nourriture Jamais on ne put l'engager à prendre du vin pour rétablir les forces de son corps. Elle soulageait les malades par des soins et des offices admirables ; mais elle, qui se montrait si empressée envers les autres lorsqu'ils étaient infirmes, si elle venait à tomber malade, elle ne se permettait aucun soulagement ; on ne voyait de partialité dans sa conduite que par la dureté qu'elle avait pour elle-même, comparée à sa bonté envers les autres.

 

Enfin, étant tombée dans une grave maladie, elle comprit que la mort approchait. Déjà son corps était glacé, et il ne restait plus de vie et de chaleur que dans sa poitrine haletante. Alors, comme si elle eût senti qu'elle allait vers sa patrie et quittait une demeure étrangère, elle répéta ce verset, jusqu'au dernier soupir de son âme : « Seigneur, j'ai aimé la beauté de votre maison, et le lieu où habite votre gloire. » Et encore : « Qu'ils sont aimables, vos tabernacles, Dieu des armées ! Mon âme soupire, elle tombe de défaillance sous les portiques du Seigneur. » Puis, imprimant du doigt sur ses lèvres le signe de la croix, elle rendit à Dieu sa très sainte âme, le sept des calendes de février en la cinquante-sixième année de son âge. Les Evoques la transportèrent , de leurs propres mains, à l'Eglise de la Grotte sacrée. De toutes les villes de la Palestine était accourue à ses funérailles une multitude de moines, de vierges, de veuves et de pauvres, qui, comme à la mort de Dorcas, montraient les vêtements qu'elle leur avait donnés. Enfin, après trois jours, on l'ensevelit dans l'Eglise, près de la Grotte du Seigneur.

 

Vous avez aimé l'Emmanuel dans sa crèche, ô généreuse Paule ! vous avez préféré la nudité et l'obscurité de la grotte de Bethléhem à toutes les splendeurs de Rome; l'Emmanuel a reconnu tant d'amour ; et, pour prix de votre renoncement, il vous a associée pour jamais à sa propre félicité. Que votre exemple nous encourage à chercher Jésus enfant, à nous complaire dans les mystères de sa naissance. Que nul obstacle ne nous arrête, quand il s'agit d'aller à lui. Qu'il daigne nous révéler ses droits acquis au prix de tant de sacrifices, afin que nous apprenions à ne lui rien refuser. Que votre ardeur à sacrifier vos plus chères affections pour voler à lui nous instruise à régler du

 

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moins les nôtres. Priez pour que nos cœurs soient fidèles à Celui qui les a faits, et pour qu'ils soient toujours prêts à le suivre dans les voies auxquelles il les appelle. Combattez en eux cet esprit du monde, qui veut faire un pacte avec le Christianisme, pour anéantir les préceptes du Seigneur, en contestant la sagesse de ses conseils. Que la lumière de l'Esprit-Saint luise sur nous, que l'amour de Jésus échauffe nos cœurs ; et alors nous comprendrons les actions des Saints. Si elles confondent notre faiblesse, elles éclaireront notre esprit, et nous donneront courage pour remplir, sans nous flatter nous-mêmes, les devoirs que Dieu nous impose.

Priez, ô Paule, pour l'Eglise de Syrie, que vous avez sanctifiée par vos exemples. Qu'elle recouvre enfin la paix et l'unité. Veillez sur les sanctuaires de la Terre-Sainte, plus souillés par la présence et les sacrilèges des hérétiques que parles violences des Gentils. Affranchissez Jérusalem par vos prières ; sauvez l'honneur de Bethléhem ; et que l'Hostie qui ôte les péchés du monde ne soit plus offerte sur le lieu où fut la crèche de l'Emmanuel, par des mains impures et schismatiques. Protégez les pèlerins qui visitent, comme vous, le théâtre des mystères de notre Rédemption. Ranimez, dans toute la chrétienté, l'amour de ces saints lieux, que nos pères reconquirent autrefois par leurs armes ; que notre piété régénérée aime à se réchauffer en suivant les traces divines que le Sauveur de nos âmes a laissées en passant sur cette terre.

 

 

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