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LE MARDI DE LA DEUXIÈME SEMAINE DE L'AVENT.
Du Prophète Isaïe. CHAP. XIV. Le temps où il doit venir est
proche, et les jours n'en sont pas éloignés. Car le Seigneur aura pitié de
Jacob, et il choisira des hommes dans Israël, et il les fera demeurer
paisiblement dans leur terre. L'étranger se joindra à eux et s'unira à la
maison de Jacob. Et les peuples les prendront et les introduiront dans leur
pays; et la maison d'Israël aura ces peuples pour serviteurs et pour servantes
dans la terre d'Israël. Ceux qui les avaient assujettis seront leurs captifs,
et ils s'assujettiront ceux qui les avaient dominés. En ce jour-là, quand le
Seigneur aura mis fin à tes travaux, à l'oppression et à la dure servitude que
tu souffrais auparavant, tu entonneras ce Cantique contre le roi de Babylone. et tu diras : « Comment a disparu le tyran? Comment a cessé
le tribut qu'il nous imposait? Le Seigneur a brisé le bâton des impies, la
verge des dominateurs, qui, dans son indignation, frappait les peuples d'une
plaie incurable, s'assujettissait les nations dans sa fureur, les persécutait
avec a cruauté. Comment es-tu tombé du ciel, ô Lucifer! toi
qui te levais le matin avec tant d'éclat ? Tu as été renversé sur la terre, toi
qui couvrais de plaies les nations ; qui disais dans ton cœur: Je monterai au
ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des astres de Dieu, je m'asseyerai sur la montagne de l'alliance, aux côtés de l'aquilon ; je
monterai au-dessus des nuées, je serai semblable au Très-Haut. Et te voilà
précipité dans l’enfer, jusqu'au plus profond de ses abîmes. » Ta ruine est en effet consommée, ô Lucifer! Tu refusas de t'abaisser devant Dieu et tu fus précipité. Ton orgueil ensuite cherchant à s'étourdir sur l'humiliation d'une chute si profonde, tu causas la ruine du genre humain, en haine de Dieu et de son œuvre. Tu réussis à inspirer au fils de la poussière ce même orgueil qui avait été cause de ta dégradation. Par toi, le péché entra dans ce monde, et par le péché la mort ; le genre humain semblait une proie dévouée à ta rage éternelle. Forcé de renoncer à tes espérances d'une royauté céleste, tu pensais du moins régner sur l'Enfer et dévorer la création à mesure qu'elle sortirait des mains de Dieu. Mais tu es vaincu aujourd'hui. 181 Ton règne était dans l'orgueil ; à lui seul tu aurais dû ta cour et tes sujets ; or, voici que le souverain Seigneur de toutes choses vient saper ton empire par les fondements, en enseignant lui-même l'humilité à sa créature; et il vient l'enseigner, non par des lois promulguées avec l'appareil éclatant du Sinaï, mais en la pratiquant lui-même sans bruit, cette divine humilité qui seule peut relever ceux qui sont tombés par la superbe. Tremble, Lucifer ! ton sceptre va se briser entre tes mains. Dans ta fierté, tu dédaignes cette humble et douce Vierge de Nazareth, qui garde silencieuse le mystère de ta ruine et de notre salut. Tu dédaignes par avance l'Enfant qu'elle porte dans son sein et qu'elle mettra bientôt au jour. Sache que Dieu ne le dédaigne pas ; car il est Dieu aussi, cet Enfant qui n'a pas vu le jour encore ; et un seul des actes d'adoration et de dévouement qu'il pratique à l'égard de son Père, au sein de Marie, apporte plus de gloire à la Divinité, que tout ton orgueil, croissant à jamais dans l'éternité, ne lui en pourrait ravir. Instruits désormais par les leçons d'un Dieu sur la puissance du grand remède de l'humilité, les hommes sauront y avoir recours. Au lieu de s'élever comme toi, dans un fol et criminel orgueil, ils s'abaisseront avec joie et amour ; et plus ils seront humbles, plus Dieu prendra plaisir à les élever ; plus ils se confesseront pauvres, plus il aimera à les rassasier. C'est la Vierge divine qui nous le dit dans son beau Cantique. Gloire à elle, si douce mère à ses enfants, et si terrible à toi, Lucifer ! qui te débats en vain sous son pied victorieux. 182 PROSE POUR LE TEMPS DE L’AVENT.(Composée au XI° siècle, et tirée des anciens Missels Romains-Français.) Prêt à recevoir celui qui
règne dans les siècles éternels, Peuple chrétien, chante-le
dévotement, rends hommage à ton Créateur. C'est lui que bénissent avec
jubilation les milices célestes, enivrées de sa vue C'est lui qu'attendent toutes
les choses terrestres, pour comparaître devant lui, Sévère en ses jugements, Clément en sa puissance. O Christ ! sauvez-nous
par votre clémence, vous qui souffrîtes pour nous une cruelle passion. Soulevez-nous jusqu'aux
brillantes étoiles des cieux, vous qui effacez les souillures des siècles ; Rosée du ciel, Sauveur
véritable, chassez nos périls; Faites que tout soit pur, et
donnez-nous la paix ; Afin que, sauvés ici-bas par
votre miséricorde, nous puissions, après cette vie, monter joyeux aux célestes
royaumes : Vous qui régnez dans les
siècles infinis. Amen. 183 PRIERE DU SACRAMENTAIRE GALLICAN.(En la Messe de la Vigile de Noël.) Dieu miséricordieux et
clément, par la volonté et la munificence duquel Jésus-Christ notre Seigneur
s'est humilié, pour élever le genre humain tout entier, et est descendu au plus
bas pour exalter ce qui était misérable, en sorte que Dieu est né homme au
moyen d'une Vierge, afin que la ressemblance céleste que l'homme avait perdue
fût rétablie en lui ; faites que votre peuple s'attache à vous, et qu'après que
vous l'avez racheté par votre bienfait, il vous soit toujours agréable par sa
dévote servitude. |