Politique II
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LIVRE II. DE L’AUTORITÉ ; QUE LA ROYALE ET L’HÉRÉDITAIRE EST LA PLUS PROPRE AU GOUVERNEMENT.

 

ARTICLE PREMIER. Par qui l'autorité a été exercée dès l'origine du monde.

Ière PROPOSITION. Dieu est le vrai roi.

IIe PROPOSITION. Dieu a exercé visiblement par lui même l'empire et l'autorité sur les hommes.

IIIe PROPOSITION. Le premier empire parmi les hommes est l'empire paternel.

IVe PROPOSITION. Il s'établit pourtant bientôt des rois, on par le consentement des peuples, ou par les armes : où il est parlé du droit de conquête.

Ve PROPOSITION. Il y avait au commencement une infinité de royaumes et tous petits.

VIe PROPOSITION. Il y a eu d'autres formes de gouvernement que celle de la royauté.

VIIe PROPOSITION. La monarchie est la forme de gouvernement la plus commune, la plus ancienne et aussi la plus naturelle.

VIIIe PROPOSITION. Le gouvernement monarchique est le meilleur.

IXe PROPOSITION. De toutes les monarchies la meilleure est la successive ou héréditaire, surtout quand elle va de mâle en mâle et d'ainé en aîné.

Xe PROPOSITION. La monarchie héréditaire a trois principaux avantages.

XIe PROPOSITION. C’est un nouvel avantage d'exclure les femmes de la succession.

XIIe PROPOSITION. On doit s'attacher à la forme du gouvernement qu'on trouve établie dans son pays.

ARTICLE II.

Ire PROPOSITION. Il y a un droit de conquête très-ancien, et attesté par l'Ecriture.

IIe PROPOSITION. Pour rendre le droit de conquête incontestable, la possession paisible y doit être jointe.

 

 

ARTICLE PREMIER. Par qui l'autorité a été exercée dès l'origine du monde.

 

Ière PROPOSITION. Dieu est le vrai roi.

 

Un grand roi le reconnaît, lorsqu'il parle ainsi en présence de tout son peuple : « Béni soyez-vous, ô Seigneur, Dieu d'Israël notre père, de toute éternité et durant toute l'éternité. A vous, Seigneur, appartient la majesté, et la puissance, et la gloire, et la victoire, et la louange : tout ce qui est dans le ciel et dans la terre est à vous : il vous appartient de régner, et vous commandez à tous les princes ; les grandeurs et les richesses sont à

 

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vous ; vous dominez sur toutes choses : en votre main est la force et la puissance, la grandeur et l'empire souverain (1)! »

L'empire de Dieu est éternel, et de là vient qu'il est appelé le Roi des siècles (2).

L'empire de Dieu est absolu : « Qui osera vous dire, Ô Seigneur : Pourquoi faites-vous ainsi ? ou qui se soutiendra contre votre jugement (3)? »

Cet empire absolu de Dieu a pour premier titre et pour fondement la création. Il a tout tiré du néant, et c'est pourquoi tout est en sa main : « Le Seigneur dit à Jérémie : Va en la maison d'un potier : là tu entendras mes paroles. Et j'allai en la maison d'un potier, et il travaillait avec sa roue, et il rompit un pot qu'il venait de faire de boue, et de la même terre il en fit un autre ; et le Seigneur me dit: Ne puis-je pas faire comme ce potier? Comme cette terre molle est en la main du potier, ainsi vous êtes en ma main, dit le Seigneur (4). »

 

IIe PROPOSITION. Dieu a exercé visiblement par lui même l'empire et l'autorité sur les hommes.

 

Ainsi en a-t-il usé au commencement du monde. Il était en ce temps le seul roi des hommes, et les gouvernait visiblement.

Il donna à Adam le précepte qu'il lui plut, et lui déclara sur quelle peine il l'obligeait à le pratiquer (5). Il le bannit; il lui dénonça qu'il avait encouru la peine de mort.

Il se déclara visiblement en faveur du sacrifice d'Abel contre celui de Caïn. Il reprit Caïn de sa jalousie : après que ce malheureux eut tué son frère, il l'appela en jugement, il l'interrogea, il le convainquit de son crime, il s'en réserva la vengeance, et l'interdit à tout autre (6) ; il donna à Caïn une espèce de sauvegarde, un signe pour empêcher qu'aucun homme n'attentât sur lui (7). Toutes fonctions de la puissance publique.

Il donne ensuite des lois à Noé et à ses enfants : il leur défend le sang et les meurtres, et leur ordonne de peupler la terre (8).

 

1 I Paral., XXIX, 10-12. — 2 Apoc., XV, 3. —  3 Sapient., XII, 12.— 4 Jerem., XVIII, 1, 6. — 5 Gen., II, 17.— 6 Ibid., IV, 4-6,9, 10.— 7 Ibid.. 15.—  8 Ibid. IX. 1, 5-7.

 

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Il conduit de la même sorte Abraham, Isaac et Jacob.

Il exerce publiquement l'empire souverain sur son peuple dans le désert. Il est leur roi, leur législateur, leur conducteur. Il donne visiblement le signal pour camper et pour décamper, et les ordres tant de la guerre que de la paix.

Ce règne continue visiblement sous Josué et sous les Juges : Dieu les envoie : Dieu les établit : et de là vient que le peuple disant à Gédéon : « Vous dominerez sur nous, vous et votre fils, et le fils de votre fils ; il répondit : Nous ne dominerons point sur vous ni moi ni mon fils ; mais le Seigneur dominera sur vous (1). »

C'est lui qui établit les rois. D fit sacrer Saül et David par Samuel ; il affermit la royauté dans la maison de David, et lui ordonna de faire régner à sa place Salomon son fils.

C'est pourquoi le trône des rois d'Israël est appelé le trône de Dieu. « Salomon s'assit sur le trône du Seigneur, et il plut à tous, et tout Israël lui obéit (2). » Et encore: « Béni soit le Seigneur votre Dieu, dit la reine de Saba à Salomon (3), qui a voulu vous faire seoir sur son trône, et vous établir roi pour tenir la place du Seigneur votre Dieu. »

 

IIIe PROPOSITION. Le premier empire parmi les hommes est l'empire paternel.

 

Jésus-Christ, qui va toujours à la source, semble ravoir marqué par ces paroles : a Tout royaume divisé en lui-même sera désolé; toute ville et toute famille divisée en elle-même ne subsistera pas (4). » Des royaumes il va aux villes, d'où les royaumes sont venus ; et des villes il remonte encore aux familles, comme au modèle et au principe des villes et de toute la société humaine.

Dès l'origine du monde Dieu dit à Eve, et en elle à toutes les femmes ; « Tu seras sous la puissance de l'homme, et il te commandera (5). »

Au premier enfant qu'eut Adam, qui fut Caïn, Eve dit : « J'ai possédé un homme par la grâce de Dieu (6). » Voilà donc aussi les

 

1 Judic., VIII, 22, 23. — 2 I Paral., XXIX, 23.— 3 II Paral., IX, 8.— 4 Matth., XII, 25. — 5 Gen., III, 16. —  6 Ibid., VI, 1.

 

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enfants sous la puissance paternelle. Car cet enfant était plus encore en la possession d'Adam, à qui la mère elle-même était soumise par l'ordre de Dieu. L'un et l'autre tenaient de Dieu cet enfant, et l'empire qu'ils avaient sur lui. « Je l'ai possédé, dit Eve, mais par la grâce de Dieu. »

Dieu ayant mis dans nos parents, comme étant en quelque façon les auteurs de notre vie, une image de la puissance par laquelle il a tout fait, il leur a aussi transmis une image de la puissance qu'il a sur ses œuvres. C'est pourquoi nous voyons dans le Décalogue qu'après avoir dit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et ne serviras que lui; » il ajoute aussitôt : « Honore ton père et ta mère, afin que tu vives longtemps sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donnera (1). » Ce précepte est comme une suite de l'obéissance qu'il faut rendre à Dieu, qui est le vrai père.

De là nous pouvons juger que la première idée de commandement et d'autorité humaine, est venue aux hommes de l'autorité paternelle.

Les hommes vivaient longtemps au commencement du monde, comme l'attestent non-seulement l'Ecriture, mais encore toutes les anciennes traditions : et la vie humaine commence à décroître seulement après le déluge, où il se fit une si grande altération dans toute la nature. Un grand nombre de familles se voyaient par ce moyen réunies sous l'autorité d'un seul grand-père ; et cette union de tant de familles avait quelque image de royaume.

Assurément durant tout le temps qu'Adam vécut, Seth, que Dieu lui donna à la place d'Abel, lui rendit avec toute sa famille une entière obéissance.

Caïn, qui viola le premier la fraternité humaine par un meurtre, fut aussi le premier à se soustraire de l'empire paternel : haï de tous les hommes et contraint de s'établir un refuge, il bâtit la première ville, à qui il donna le nom de son fils Hénochs.

Les autres hommes vivaient à la campagne dans la première simplicité, ayant pour loi la volonté de leurs parents et les coutumes anciennes.

 

1 Exod., XX, 12. — 2 Gen., IV, 17.

 

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Telle fut encore après le déluge la conduite de plusieurs familles, surtout parmi les enfants de Sem, où se conservèrent plus longtemps les anciennes traditions du genre humain, et pour le culte de Dieu, et pour la manière du gouvernement.

Ainsi Abraham, Isaac et Jacob persistèrent dans l'observance d'une vie simple et pastorale. Ils étaient avec leurs familles libres et indépendants : ils traitaient d'égal avec les rois. Abimélech, roi de Gérare, vint trouver Abraham ; « et ils firent un traité ensemble (1). »

Il se fait un pareil traité entre un autre Abimélech fils de celui-ci, et Isaac fils d'Abraham, a Nous avons vu, dit Abimélech, que le Seigneur était avec vous, et pour cela nous avons dit : Qu'il y ait entre nous un accord confirmé par serment (2).»

Abraham fit la guerre de son chef aux rois qui avaient pillé Sodome, les défit, et offrit la dîme des dépouilles à Melchisédech, roi de Salem, pontife du Dieu très-haut (3).

C'est pourquoi les enfants de Heth avec qui il fait un accord, l'appellent seigneur, et le traitent de prince. « Ecoutez-nous, seigneur; vous êtes parmi nous un prince de Dieu (4), » c'est-à-dire qui ne relève que de lui.

Aussi a-t-il passé pour roi dans les histoires profanes. Nicolas de Damas, soigneux observateur des antiquités, le fait roi; et sa réputation dans tout l'Orient est cause qu'il le donne à son pays. Mais au fond la vie d'Abraham était pastorale ; son royaume était sa famille, et il exerçait seulement à l'exemple des premiers hommes l'empire domestique et paternel.

 

IVe PROPOSITION. Il s'établit pourtant bientôt des rois, on par le consentement des peuples, ou par les armes : où il est parlé du droit de conquête.

 

Ces deux manières d'établir les rois sont connues dans les histoires anciennes. G'est ainsi qu'Abimélech, fils de Gédéon, fit consentir ceux de Sichem à le prendre pour souverain, « Lequel aimez-vous mieux, leur dit-il, ou d'avoir pour maîtres soixante et

 

1 Gen., XXI, 23, 32. — 2 Ibid., XXVI, 28. — 3 Ibid., XIV, 14, etc. — 4 Ibid., XXIII, 6.

 

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dix hommes enfants de Jérobaal, ou de n'en avoir qu'un seul, qui encore est de votre ville et de votre parenté : et ceux de Sichem tournèrent leur coeur vers Abimélech (1). »

C'est ainsi que le peuple de Dieu demanda de lui-même un roi pour le juger (2).

Le même peuple transmit toute l'autorité de la nation à Simon et à sa postérité. L'acte en est dressé au nom des prêtres, de tout le peuple, des grands et des sénateurs, qui consentirent à le faire prince (3).

Nous voyons dans Hérodote que Déjocès fut fait roi des Mèdes de la même manière.

Pour les rois par conquêtes, tout le monde en sait les exemples.

Au reste il est certain qu'on voit des rois de bonne heure dans le monde. On voit du temps d'Abraham, c'est-à-dire quatre cents ans environ après le déluge, des royaumes déjà formés et établis de longtemps. On voit premièrement quatre rois qui font la guerre contre cinq (4). On voit Melchisédech, roi de Salem, pontife du Dieu très-haut, à qui Abraham donne la dîme (5). On voit Pharaon roi d'Egypte, et Abimélech roi de Gérare (6). Un autre Abimélech, aussi roi de Gérare, paraît du temps d'Isaac (7); et ce nom apparemment était commun aux rois de ce pays-là, comme celui de Pharaon aux rois d'Egypte.

Tous ces rois paraissent bien autorisés ; on leur voit des officiers réglés, une cour, des grands qui les environnent, une armée et un chef des armes pour la commander (8), une puissance affermie, « Qui touchera, dit Abimélech (9), la femme de cet homme, il mourra de mort. »

Les hommes qui avaient vu, ainsi qu'il a été dit, une image de royaume dans l'union de plusieurs familles sous la conduite d'un père commun, et qui avaient trouvé de la douceur dans cette vie, se portèrent aisément à faire des sociétés de familles sous des rois qui leur tinssent lieu de père.

 

1 Judic., XX, 2, 3. — 2 I Reg., VIII, 5. — 3 I Machab., XIV, 28, 41. — 4 Gen., XIV, 1, 9. — 5 Ibid., 18, 20. — 6 Ibid., XII, 15; et XX, 2. — 7 Ibid., XXVI, 1. — 8 Ibid., XII, 15; XXI, 22. — 9 Ibid., XXVI, 11.

 

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C'est pour cela apparemment que les anciens peuples de la Palestine appelaient leurs rois Abimélech, c'est-à-dire Mon père le roi. Les sujets se tenaient tous comme les enfants du prince; et chacun l'appelant Mon père le roi, ce nom devint commun à tous les rois du pays.

Mais outre cette manière innocente de faire des rois, l'ambition en a inventé une autre. Elle a fait des conquérants, dont Nemrod, petit-fils de Cham, fut le premier. « Celui-ci, homme violent et guerrier, commença à être puissant sur la terre, et conquit d'abord quatre villes dont il forma son royaume  (1).»

Ainsi les royaumes formés par les conquêtes sont anciens, puisqu'on les voit commencer si près du déluge, sous Nemrod, petit-fils de Cham.

Cette humeur ambitieuse et violente se répandit bientôt parmi les hommes. Nous voyons Chodorlahomor, roi des Elamites, c'est-à-dire des Perses et des Mèdes, étendre bien loin ses conquêtes dans les terres voisines de la Palestine.

Ces empires, quoique violents, injustes et tyranniques d'abord, par la suite des temps et par le consentement des peuples peuvent devenir légitimes : c'est pourquoi les hommes ont reconnu un droit qu'on appelle de conquête, dont nous aurons à parler plus au long avant que d'abandonner cette matière.

 

Ve PROPOSITION. Il y avait au commencement une infinité de royaumes et tous petits.

 

Il paraît par l’Ecriture que presque chaque ville et chaque petite contrée avait son roi (3).

On compte trente-trois rois dans le seul petit pays que les Juifs conclurent (4).

La même chose paraît dans tous les auteurs anciens, par exemple dans Homère et ainsi des autres. La tradition commune du genre humain sur ce point est fidèlement rapportée par Justin, qui remarque qu'au commencement il n'y avait que de petits rois, chacun content de vivre doucement

 

1 Gen., X, 8-10. —  2 Ibid., XIV, 4-7. — 3 Ibid., 14 etc. — 4 Josue, XII, 2, 4, 7-24.

 

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dans ses limites avec le peuple qui lui était commis, « Ninus, dit-il, rompit le premier la concorde des nations. »

Il n'importe que ce Ninus soit Nemrod, ou que Justin l’ait fait par erreur le premier des conquérants. Il suffit qu'on voie que les premiers rois ont été établis avec douceur, à l'exemple du gouvernement paternel.

 

VIe PROPOSITION. Il y a eu d'autres formes de gouvernement que celle de la royauté.

 

Les histoires nous font voir un grand nombre de républiques, dont les unes se gouvernaient par tout le peuple, ce qui s'appelait démocratie; et les autres par les grands, ce qui s'appelait aristocratie.

Les formes de gouvernement ont été mêlées en diverses sortes, et ont composé divers Etats mixtes, dont il n'est pas besoin de parler ici.

Nous voyons en quelques endroits de l'Ecriture, l'autorité résider dans une communauté.

Abraham demande le droit de sépulcre à tout le peuple assemblé, et c'est l'assemblée qui l'accorde (1).

Il semble qu'au commencement les Israélites vivaient dans une forme de république. Sur quelque sujet de plainte arrivée du temps de Josué contre ceux de Ruben et de Gad, « les enfants d'Israël s'assemblèrent tous à Silo pour les combattre; mais auparavant ils envoyèrent dix ambassadeurs, pour écouter leurs raisons : ils donnèrent satisfaction, et tout le peuple s'apaisa (2). »

Un lévite dont la femme avait été violée et tuée par quelques-uns de la tribu de Benjamin, sans qu'on en eût fait aucune justice, toutes les tribus s'assemblent pour punir cet attentat, et ils se disaient l'un à l'autre dans cette assemblée : « Jamais il ne s'est fait telle chose en Israël ; jugez et ordonnez en commun ce qu'il faut faires. »

C'était en effet une espèce de république, mais qui avait Dieu pour roi.

 

1 Gen., XXIII, 3, 5. — 2 Josue, XXII, 11-14, 33. — 3 Judic., XIX. 30.

 

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VIIe PROPOSITION. La monarchie est la forme de gouvernement la plus commune, la plus ancienne et aussi la plus naturelle.

 

Le peuple d'Israël se réduisit de lui-même à la monarchie, comme étant le gouvernement universellement reçu. « Etablissez-nous un roi pour nous juger, comme en ont tous les autres peuples.»

Si Dieu se fâche, c'est à cause que jusque-là il avait gouverné ce peuple par lui-même, et qu'il en était le vrai roi. C'est pourquoi il dit à Samuel : « Ce n'est pas toi qu'ils rejettent; c'est moi qu'ils ne veulent point pour régner sur eux (2). »

Au reste ce gouvernement était tellement le plus naturel, qu'on le voit d'abord dans tous les peuples.

Nous l'avons vu dans l'histoire sainte : mais ici un peu de recours aux histoires profanes nous fera voir que ce qui a été en république, a vécu premièrement sous des rois.

Rome a commencé par là, et y est enfin revenue, comme à son état naturel.

Ce n'est que tard et peu à peu, que les villes grecques ont formé leurs républiques. L'opinion ancienne de la Grèce était celle qu'exprime Homère par cette célèbre sentence, dans l'Iliade : « Plusieurs princes n'est pas une bonne chose : qu'il n'y ait qu'un prince et un roi. »

A présent il n'y a point de république qui n'ait été autrefois soumise à des monarques. Les Suisses étaient sujets des princes de la maison d'Autriche. Les Provinces-Unies ne font que sortir de la domination d'Espagne et de celle de la maison de Bourgogne. Les villes libres d'Allemagne avaient leurs seigneurs particuliers, outre l'empereur qui était le chef commun de tout le corps germanique. Les villes d'Italie qui se sont mises en républiques du temps de l'empereur Rodolphe, ont acheté de lui leur liberté. Venise même, qui se vante d'être république dès son origine, était encore sujette aux empereurs sous le règne de Charlemagne et longtemps après : elle se forma depuis en Etat

 

1 I Reg., VIII, 5. —  2 Ibid., 7.

 

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populaire, d'où elle est venue assez tard à l'état où nous la voyons.

Tout le monde donc commence par des monarchies ; et presque tout le monde s'y est conservé comme dans l'état le plus naturel.

Aussi avons-nous vu qu'il a son fondement et son modèle dans l'empire paternel, c'est-à-dire dans la nature même.

Les hommes naissent tous sujets : et l'empire paternel, qui les accoutume à obéir, les accoutume en même temps à n'avoir qu'un chef.

 

VIIIe PROPOSITION. Le gouvernement monarchique est le meilleur.

 

S'il est le plus naturel, il est par conséquent le plus durable, et dès là aussi le plus fort.

C'est aussi le plus opposé à la division, qui est le mal le plus essentiel des Etats, et la cause la plus certaine de leur ruine; conformément à cette parole déjà rapportée : « Tout royaume divisé en lui-même sera désolé : toute ville ou toute famille divisée en elle-même ne subsistera pas (1). »

Nous avons vu que Notre-Seigneur a suivi en cette sentence le progrès naturel du gouvernement, et semble avoir voulu marquer aux royaumes et aux villes, le même moyen de s'unir que la nature a établi dans les familles.

En effet il est naturel que quand les familles auront à s'unir pour former un corps d'Etat, elles se rangent comme d'elles-mêmes au gouvernement qui leur est propre.

Quand on forme les Etats, on cherche à s'unir, et jamais on n'est plus uni que sous un seul chef. Jamais aussi on n'est plus fort, parce que tout va en concours.

Les armées, où paraît le mieux la puissance humaine, veulent naturellement un seul chef : tout est en péril quand le commandement est partagé, a Après la mort de Josué les enfants d'Israël consultèrent le Seigneur, disant : Qui marchera devant nous contre les Chananéens, et qui sera notre capitaine dans cette guerre? et le Seigneur répondit : Ce sera la tribu de Juda (2). »

 

1 Matth., XII, 25.— 2 Judic., I, 1. 2.

 

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Les tribus, égales entre elles, veulent qu'une d'elles commande. Au reste il n'était pas besoin de donner un chef à cette tribu, puisque chaque tribu avait le sien. « Vous aurez des princes, et des chefs de vos tribus ; et voici leurs noms (1), » etc.

Le gouvernement militaire demandant naturellement d'être exercé par un seul, il s'ensuit que cette forme de gouvernement est la plus propre à tous les Etats, qui sont faibles et en proie au premier venu, s'ils ne sont formés à la guerre.

Et cette forme de gouvernement à la fin doit prévaloir, parce que le gouvernement militaire, qui a la force en main, entraîne naturellement tout l'Etat après soi.

Cela doit surtout arriver aux Etats guerriers, qui se réduisent aisément en monarchie, comme a fait la république romaine, et plusieurs autres de même nature.

Il vaut donc mieux qu'il soit établi d'abord et avec douceur, parce qu'il est trop violent quand il gagne le dessus par la force ouverte.

 

IXe PROPOSITION. De toutes les monarchies la meilleure est la successive ou héréditaire, surtout quand elle va de mâle en mâle et d'ainé en aîné.

 

C'est celle que Dieu a établie dans son peuple. « Car il a choisi les princes dans la tribu de Juda, et dans la tribu de Juda il a choisi ma famille, c'est David qui parle, et il m'a choisi parmi tous mes frères ; et parmi mes enfants il a choisi mon fils Salomon, pour être assis sur le trône du royaume du Seigneur, sur tout Israël; et il m'a dit : J'affermirai son règne à jamais, s'il persévère dans l'obéissance qu'il doit à mes lois (2). »

Voilà donc la royauté attachée par succession à la maison de David et de Salomon : « et le trône de David est affermi à jamais (3). »

En vertu de cette loi rainé devait succéder au préjudice de ses frères. C'est pourquoi Àdonias, qui était l'aîné de David, dit à Bethsabée, mère de Salomon : « Vous savez que le royaume était

 

1 Numer. I, 4, 5, etc. — 2 I Paralipom., XXVIII, 4, 5 , 7. — 3 II Reg., VII, 16.

 

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à moi, et tout Israël m'avait reconnu ; mais le Seigneur a transféré le royaume à mon frère Salomon (1). »

Il disait vrai, et Salomon en tombe d'accord, lorsqu'il répond à sa mère, qui demandait pour Adonias une grâce dont la conséquence était extrême selon les mœurs de ces peuples (2) : « Demandez pour lui le royaume ; car il était mon aîné, et il a dans ses intérêts le pontife Abiathar et Joab. » II veut dire qu'il ne faut pas fortifier un prince qui a le titre naturel, et un grand parti dans l'Etat.

A moins donc qu'il n'arrivât quelque chose d'extraordinaire, l'aîné devait succéder : et à peine trouvera-t-on deux exemples du contraire dans la maison de David, encore était-ce au commencement.

 

Xe PROPOSITION. La monarchie héréditaire a trois principaux avantages.

 

Trois raisons font voir que ce gouvernement est le meilleur.

La première, c'est qu'il est le plus naturel, et qu'il se perpétue de lui-même. Rien n'est plus durable qu'un Etat qui dure et se perpétue par les mêmes causes qui font durer l'univers, et qui perpétuent le genre humain.

David touche cette raison quand il parle ainsi : « C'a été peu pour vous, ô Seigneur, de m'élever à la royauté : vous avez encore établi ma maison à l'avenir : et c'est là la loi d'Adam, ô Seigneur Dieu (3), » c'est-à-dire que c'est l'ordre naturel que le fils succède au père.

Les peuples s'y accoutument d'eux-mêmes. « J'ai vu tous les vivants suivre le second, tout jeune qu'il est (c'est-à-dire le fils du roi) qui doit occuper sa place (4).»

Point de brigues, point de cabales dans un Etat, pour se faire un roi, la nature en a fait un : Le mort, disons-nous, saisit le vif et le roi ne meurt jamais.

Le gouvernement est le meilleur, qui est le plus éloigné de l’anarchie. A une chose aussi nécessaire que le gouvernement

 

1 III Reg., II, 15. — 2 Ibid., 22. — 3 II Reg., VII, 19. — 3 Eccle., IV, 15.

 

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parmi les hommes, il faut donner les principes les plus aisés, et Tordre qui roule le mieux tout seul.

La seconde raison qui favorise ce gouvernement, c'est que c'est celui qui intéresse le plus à la conservation de l'Etat les puissances qui le conduisent. Le prince qui travaille pour son Etat, travaille pour ses enfants ; et l'amour qu'il a pour son royaume, confondu avec celui qu'il a pour sa famille, lui devient naturel.

Il est naturel et doux de ne montrer au prince d'autre successeur que son fils ; c'est-à-dire un autre lui-même, ou ce qu'il a de plus proche. Alors il voit sans envie passer son royaume en d'autres mains ; et David entend avec joie cette acclamation de son peuple : « Que le nom de Salomon soit au-dessus de votre nom, et son trône au-dessus de votre trône (1). »

         Il ne faut point craindre ici les désordres causés dans un Etat par le chagrin d'un prince, ou d'un magistrat, qui se fâche de travailler pour son successeur. David empêché de bâtir le temple, ouvrage si glorieux et si nécessaire autant à la monarchie qu'à la religion, se réjouit de voir ce grand ouvrage réservé à son fils Salomon ; et il en fait les préparatifs avec autant de soin, que si lui-même devait en avoir l'honneur. « Le Seigneur a choisi mon fils Salomon pour faire ce grand ouvrage, de bâtir une maison non aux hommes, mais à Dieu même : et moi j'ai préparé de toutes mes forces tout ce qui était nécessaire à bâtir le temple de mon Dieu (2). »

Il reçoit ici double joie, l'une de préparer du moins au Seigneur son Dieu, l'édifice qu'il ne lui est pas permis de bâtir; l'autre de donnera son fils les moyens de le construire bientôt.

La troisième raison est tirée de la dignité des maisons, où les royaumes sont héréditaires.

« C'a été peu pour vous, ô Seigneur, de me faire roi, vous avez établi ma maison à l'avenir, et vous m'avez rendu illustre au-dessus de tous les hommes. Que peut ajouter David à tant de choses, lui que vous avez glorifié si hautement, et envers qui vous vous êtes montré si magnifique (3)? »

 

1 III Reg., I, 47. — 2 I Paral., XXIX, 1, 2. — 3 Ibid., XVII, 17, 18.

 

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Cette dignité de la maison de David s'augmentait à mesure qu'on en voyait naître les rois ; le trône de David et les princes de la maison de David, devinrent l'objet le plus naturel de la vénération publique. Les peuples s'attachaient à cette maison ; et un des moyens dont Dieu se servit pour faire respecter le Messie, fut de l'en faire naître. On le réclamait avec amour sous le nom de fils de David (1).

C'est ainsi que les peuples s'attachent aux maisons royales. La jalousie qu'on a naturellement contre ceux qu'on voit au-dessus de soi, se tourne ici en amour et en respect ; les grands mêmes obéissent sans répugnance à une maison qu'on a toujours vue maîtresse, et à laquelle on sait que nulle autre maison ne peut jamais être égalée.

Il n'y a rien de plus fort pour éteindre les partialités, et tenir dans le devoir les égaux, que l'ambition et la jalousie rendent incompatibles entre eux.

 

XIe PROPOSITION. C’est un nouvel avantage d'exclure les femmes de la succession.

 

Par les trois raisons alléguées, il est visible que les royaumes héréditaires sont les plus fermes. Au reste le peuple de Dieu n'admettait pas à la succession le sexe qui est né pour obéir ; et la dignité des maisons régnantes ne paraissait pas assez soutenue en la personne d'une femme, qui après tout était obligée de se faire un maître en se mariant.

Où les filles succèdent, les royaumes ne sortent pas seulement des maisons régnantes, mais de toute la nation : or il est bien plus convenable que le chef d'un Etat ne lui soit pas étranger : et c'est pourquoi Moïse avait établi cette loi : « Vous ne pourrez pas établir sur vous un roi d'une autre nation; mais il faut qu'il soit votre frère (2). »

Ainsi la France, où la succession est réglée selon ces maximes, peut se glorifier d'avoir la meilleure constitution d'Etat qui soit possible, et la plus conforme à celle que Dieu même a établie.

 

1 Matth., XX, 30, 31, etc.; XXI, 9. —  2 Deuter., XVII, 15.

 

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Ce qui montre tout ensemble, et la sagesse de nos ancêtres, et la protection particulière de Dieu sur ce royaume.

 

XIIe PROPOSITION. On doit s'attacher à la forme du gouvernement qu'on trouve établie dans son pays.

 

« Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures : car il n'y a point de puissance qui ne soit de Dieu; et toutes celles qui sont, c'est Dieu qui les a établies : ainsi qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu (1). »

Il n'y a aucune forme de gouvernement, ni aucun établissement humain qui n'ait ses inconvénients; de sorte qu'il faut demeurer dans l'Etat auquel un long temps a accoutumé le peuple. C'est pourquoi Dieu prend en sa protection tous les gouvernements légitimes, en quelque forme qu'ils soient établis : qui entreprend de les renverser, n'est pas seulement ennemi public, mais encore ennemi de Dieu.

 

ARTICLE II.

Ire PROPOSITION. Il y a un droit de conquête très-ancien, et attesté par l'Ecriture.

 

Dès le temps de Jephté le roi des Ammonites se plaignait que le peuple d'Israël en sortant d'Egypte, avait pris beaucoup de terres à ses prédécesseurs, et il les redemandait (2).

Jephté établit le droit des Israélites par deux titres incontestables : l'un était une conquête légitime, et l'autre une possession paisible de trois cents ans.

Il allègue premièrement le droit de conquête ; et pour montrer que cette conquête était légitime, il pose pour fondement « qu'Israël n'a rien pris de force aux Moabites et aux Ammonites : au contraire qu'il a pris de grands détours pour ne point passer sur leurs terres (3). »

Il montre ensuite que les places contestées n'étaient plus aux Ammonites, ni aux Moabites, quand les Israélites les avaient

 

1 Rom., XIII, 1, 2. — 2 Judic., XI, 13. — 3 Ibid., I5-17, etc.

 

 

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prises ; mais à Séhon roi des Amorrhéens, qu'ils avaient vaincu par une juste guerre. Car il avait le premier marché contre eux, et Dieu l'avait livré entre leurs mains (1).

Là il fait valoir le droit de conquête établi par le droit des gens et reconnu par les Ammonites, qui possédaient beaucoup de terres par ce seul titre (2).

De là il passe à la possession; et il montre premièrement, que les Moabites ne se plaignirent point des Israélites lorsqu'ils conquirent ces places, où en effet les Moabites n'avaient plus rien.

« Valez-vous mieux que Balac roi de Moab, ou pouvez-vous -nous montrer qu'il ait inquiété les Israélites, ou leur ait fait la guerre pour ces places (3) ? »

En effet il était constant par l'histoire que Balac n'avait point fait la guerre (4), quoiqu’il en eût eu quelque dessein.

Et non-seulement les Moabites ne s'étaient pas plaints ; mais même les Ammonites avaient laissé les Israélites en possession paisible durant trois cents ans. « Pourquoi, dit-il, n'avez-Vous rien dit durant un si long temps (5) ? »

Enfin il conclut ainsi : « Ce n'est donc pas moi qui ai tort ; c'est vous qui agissez mal contre moi, en me déclarant la guerre injustement. Le Seigneur soit juge en ce jour entre les enfants d'Israël et les enfants d'Ammon (6). »

A remonter encore plus haut, on voit Jacob user de ce droit dans la donation qu'il fait à Joseph, en cette sorte : « Je vous donne par préciput sur vos frères un héritage que j'ai enlevé de la main des Amorrhéens, par mon épée et par mon arc (7). »

Il ne s'agit pas d'examiner ce que c'étoît, et comment Jacob l'avait ôté aux Amorrhéens ; il suffît de voir que Jacob se l'attribuait par le droit de conquête, comme par le fruit d'une juste guerre.

La mémoire de cette donation de Jacob à Joseph, s'était conservée dans le peuple de Dieu comme d'une chose sainte et légitime jusqu'au temps de Notre-Seigneur, dont il est écrit « qu'il

 

1 Judic., XI, 20, 21. — 2 Ibid., 23, 24. — 3 Ibid., 25. —  4 Numer., XXIV, 26. — 5 Judic., XI, 26. — 6 Ibid., 27. —  7 Gen., XLVIII, 22.

 

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vint auprès de l'héritage que Jacob avait donné à son fils Joseph (1). »

On voit donc un domaine acquis par le droit des armes sur ceux qui le possédaient.

 

IIe PROPOSITION. Pour rendre le droit de conquête incontestable, la possession paisible y doit être jointe.

 

Il faut pourtant remarquer deux choses dans ce droit de conquête : l'une, qu'il y faut joindre une possession paisible, ainsi qu'on a vu dans la discussion de Jephté ; l'autre, que pour rendre ce droit incontestable, on le confirme en offrant une composition amiable.

Ainsi le sage Simon le Machabée querellé par le roi d'Asie sur les villes d'Ioppé et de Gazara, répondit : « Pour ce qui est de ces deux villes, elles ravageaient notre pays, et pour cala nous voua offrons cent talens (2). »

Quoique la conquête fût légitime, et que ceux d'Ioppé et de Gazara étant agresseurs injustes, eussent été pris de bonne guerre, Simon offrait cent talens pour avoir la paix, et rendre son droit incontestable.

Ainsi on voit que ce droit de conquête, qui commence par la force, se réduit pour ainsi dire au droit commun et naturel du consentement des peuples, et par la possession paisible. Et l'on présuppose que la conquête a été suivie d'un acquiescement tacite des peuples soumis, qu'on avait accoutumés à l'obéissance par un traitement honnête : ou qu'il était intervenu quelque accord, semblable à celui qu'on a rapporté entre Simon le Machabée et les rois d'Asie.

 

CONCLUSION.

 

Nous avons donc établi par les Ecritures, que la royauté a son origine dans la Divinité même :

Que Dieu aussi l'a exercée visiblement sur les hommes dès les commencement du monde :

 

1 Joan., VI, 5. — 2 I Machab., XV, 35.

 

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Qu'il a continué cet exercice surnaturel et miraculeux sur le peuple d'Israël, jusqu'au temps de rétablissement des rois :

Qu'alors il a choisi l'état monarchique et héréditaire, comme le plus naturel et le plus durable :

Que l'exclusion du sexe né pour obéir, était naturelle à la souveraine puissance.

Ainsi nous avons trouvé que par l'ordre de la divine Providence, la constitution de ce royaume était dès son origine la plus conforme à la volonté de Dieu, selon qu'elle est déclarée par ses Ecritures.

Nous n'avons pourtant pas oublié qu'il paraît dans l'antiquité d'autres formes de gouvernements, sur lesquelles Dieu n'a rien prescrit au genre humain : eh sorte que chaque peuple doit suivre comme un ordre divin, le gouvernement établi dans son pays, parce que Dieu est un Dieu de paix, et qui veut la tranquillité des choses humaines.

Mais comme nous écrivons dans un état monarchique, et pour un prince que la succession d'un si grand royaume regarde, nous tournerons dorénavant toutes les instructions que nous tirerons de l'Ecriture au genre de gouvernement où nous vivons : quoique par les choses qui se diront sur cet état, il est aisé de déterminer ce qui regarde les autres.

 

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