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HISTOIRE DES VARIATIONS
DES ÉGLISES PROTESTANTES.

 

REMARQUES HISTORIQUES.

 

         Lorsqu'il eut écrit l’ Exposition de la doctrine catholique, pour donner à cet ouvrage sa dernière perfection, Bossuet en fit imprimer douze exemplaires qu'il soumit à l'examen d'habiles théologiens ; ensuite il le corrigea sur leurs conseils et d'après ses propres réflexions ; puis il le remit sous presse pour le donner au public. Un exemplaire du premier tirage, fait uniquement pour les amis de l'auteur, fut comparé par des docteurs à bout de réponse avec les exemplaires de l'édition définitive, destinée à la publicité ; et bientôt les protestants crièrent par toute l'Europe que Bossuet, tout en proclamant l'invariable perpétuité de la vraie doctrine, avait lui-même varié dans la foi.

Ces clameurs blessaient toute justice et toute vérité : il était facile d'y répondre. Eh ! de quel droit défendrez-vous à l'artisan de modifier son ouvrage, au peintre d'embellir son tableau, à l'écrivain d'améliorer la libre production de son esprit ? Et les exemplaires du premier tirage de l'Exposition, n'était-ce pas des feuilles d'épreuves, ni plus ni moins ? Bossuet pouvait donc s'en servir, comme il aurait fait du manuscrit, pour corriger son livre. D'ailleurs que changea-t-il dans la seconde impression ? Il changea des tournures de langage, des membres de phrases, des formes d'expression ; mais il ne toucha pas au dogme. Et quand il serait allé d'une croyance à la croyance contraire, de l'affirmation à la négation, qu'en pourrait-on conclure ? Les réformateurs furent les pères, les procréateurs, la cause de la doctrine réformée, si bien que la doctrine réformée variait avec les variations des réformateurs ; les théologiens catholiques au contraire sont, non pas les auteurs, mais les interprètes de la doctrine universelle, tellement que la doctrine universelle reste fixe, immuable, éternelle après comme avant les commentaires et les interprétations des théologiens catholiques.

 

II

 

Bossuet ne se contenta pas de repousser ainsi les attaques de ses adversaires ; il porta la guerre dans le camp ennemi. En étudiant un vaste recueil publié à Genève, le Syntagma confessionum fidei, il vit les confessions de foi protestantes en contradiction directe avec elles-mêmes et tout ensemble se heurtant les unes les autres, enseignant les dogmes les plus contraires, disant le oui et le non sur toutes les questions : c'est là, c'est là seulement que se trouvaient les variations dans la foi. Bossuet voulut représenter cette confusion, ce chaos, ce pêle-mêle bizarre de doctrines contradictoires. Son premier dessein fut d'exposer tout cela dans un discours préliminaire , qui devait figurer à la tête de l'ouvrage si imprudemment attaqué, de l'Exposition ; mais à mesure qu'il avançait dans ses recherches et dans la composition, la matière s'étendait sous sa plume, les preuves et les raisonnements s'accumulaient dans son esprit, les faits et les doctrines débordaient pour ainsi dire de son cadre : les limites d'une préface semblaient se rétrécir chaque jour devant ce monde d'idées ; il fallait un ouvrage pour développer un si vaste sujet ; l'infatigable écrivain résolut de le composer (1).

C'est en 1682 qu'il forma ce projet; mais des occupations nombreuses ne lui permirent pas d'en poursuivre promptement l'exécution. Pendant les cinq années qui suivirent, sans parler de ses fonctions épiscopales et de ses travaux apostoliques, il composa plusieurs ouvrages; la Defensio declarationis cleri gallicani ou plutôt la Gallia orthodoxa, le Traité de la communion sous les deux espèces, la Conférence avec Claude et les Réflexions sur un écrit de ce ministre, le Catéchisme du diocèse de Meaux, l'Oraison funèbre de la Reine, celle de la Princesse Palatine, celle de M. le Tellier, celle de M. le Prince et celle de Condé; en outre plusieurs éditions, dont quelques-unes augmentées de ses écrits : voilà les travaux littéraires qui occupèrent, avec la préparation de l'Histoire des Variations, son zèle et son génie jusqu'en 1687.

Cependant les protestants triomphaient des retards qu'éprouvait la publication du grand homme : «  Qu'on nous montre, s'écriaient-ils, le livre promis avec tant d'emphase ! Qu'est devenu le coup de foudre qui devait anéantir la Réforme ? Où sont les fluctuations de nos maîtres ? où les transformations de notre doctrine ? où les variations de nos églises ? Plus de déclamations ; des preuves, nous demandons des preuves. »

Etrange présomption de l'ignorance et de la mauvaise foi ! Les protestants ne connaissaient donc pas les travaux de Bossuet? ils ne connaissaient pas les chefs-d'œuvre qu'il produisait chaque année ? Et que de nouveaux labeurs, que d'études nouvelles ne devait pas lui coûter

 

1 Mémoires de l'abbé Ledieu, sur l’Hist. des Variations.

 

III

 

L’ Histoire des Variations! Raconter les emportements de Luther,  les témérités de Zwingle, les subtilités de Bucer, les impiétés de Calvin, les bassesses de Granmer et les cruautés de Henri VIII; démêler un long tissu de sophismes et de séductions, de mensonges et d'erreurs, de fraudes religieuses et de ruses politiques; montrer la morale affaiblie par de pernicieuses maximes, la famille menacée par une licence effrénée, l'ordre social ébranlé jusque dans ses fondements par les doctrines d'indépendance et d'insubordination ; en un mot retracer un siècle et demi de disputes, de haines, de rapines, de forfaits, de séditions, de guerres civiles, et d'incendies, et de meurtres et de sang : telle est la tâche que l'auteur devait remplir. Pour vérifier tant d'assertions contraires, pour trancher tant de questions difficiles, pour éclaircir tant de profondes ténèbres, puis pour coordonner tant d'idées diverses et ourdir un drame si vaste et si compliqué, que de recherches à faire, que de témoignages à peser, que de mystères à pénétrer, que de documents à compulser, que de rapports secrets à établir et de fils à ramasser dans sa main ! Bossuet seul pouvait embrasser tous ces détails, surmonter toutes ces difficultés, mener afin ce prodigieux travail.

L'Histoire des Variations parut en 1688. L'auteur pose, dans la préface, le principe qui dirigera sa plume : il promet aux protestants, non la neutralité,  mais la justice; non cette  indifférence affectée qui cache toujours la ruse et le mensonge (1), mais la véracité qui ressuscite le passé devant le lecteur et donne à l'histoire ses utiles enseignements : « Pour le fond des choses, dit-il, on sait bien de quel avis je suis : car assurément, je suis catholique aussi soumis qu'aucun autre aux  décisions de l'Eglise, et tellement disposé  que  personne ne craint davantage de préférer son sentiment particulier au sentiment universel. Après cela d'aller faire le neutre et l'indifférent à cause que j'écris une histoire..., ce serait faire au lecteur une illusion trop grossière : mais avec cet aveu sincère, je maintiens aux protestants qu'ils ne peuvent me refuser leur croyance..., puisque dans ce que j'ai à dire contre leurs églises et leurs auteurs, je n'en raconterai rien qui ne soit prouvé clairement par leurs propres témoignages. » Voilà le langage de la vérité.

Abordant le fond du sujet, Bossuet signale avant toutes choses les variations des réformateurs. Au commencement Luther se contenta de prêcher contre les indulgences; mais sitôt qu'il eut ébranlé dans son aveugle emportement une vérité du catholicisme, il dut les renverser toutes les unes après les autres, parce qu'elles se tiennent intimement par la connexion logique du principe et des conséquences.

 

1 « Un homme ose-t-il écrire au-dessus de son propre portrait : Vitam impendere vero ? Gagez sans information que c'est le portrait d'un menteur. » ( Le comte de Maistre, Essai sur le principe des constitutions politiques. )

 

IV

 

 

Aussi le voyons-nous bientôt combattant les dogmes les plus fondamentaux : l'autorité judiciaire de l'Eglise, car si elle a le pouvoir d'infliger des peines, elle a pareillement celui de les remettre par des indulgences ; le mérite des bonnes œuvres, par la raison que si le chrétien peut mériter pour lui-même, il peut dans une société de frères mériter aussi pour les autres; la liberté morale, puisque si l'homme agit librement, il mérite en agissant bien; la communion des Saints, vu que si les habitants du ciel ne forment avec les habitants de la terre qu'une grande famille, la dispensatrice des grâces peut employer les trésors surabondants des uns pour payer à la justice divine les dettes des autres ; enfin l'existence et l'infaillibilité du corps enseignant, parce qu'il proposoit à la croyance des fidèles la communion des Saints, la liberté morale, le mérite des bonnes œuvres, l'autorité judiciaire de l'Eglise, et par une conséquence nécessaire les indulgences. Ainsi l'auteur de la Réforme construisit son évangile de pièces et de dogmes rapportés. Et ce n'est pas tout : l'architecte n'avait pas encore achevé son échafaudage, que des manœuvres en sous-ordre le renversèrent de fond en comble. Admettant le sens littéral des paroles eucharistiques, Luther enseignait à Vittenberg la présence réelle; Zwingle attaqua ce dogme à Zurich, en soutenant le sens figuré. A Genève, après avoir longtemps flatté les deux partis par des expressions vagues et des phrases équivoques, lorsqu'il n'eut plus à redouter les foudres du moine saxon , Calvin nia pareillement la présence sur la terre de « celui qui fait ses délices d'être avec les enfants des hommes (1). » Quant à l'apôtre d'Outre-Manche, il se fit pape pour piller l'Eglise plutôt que pour la réformer, pour pratiquer la luxure plus que pour dogmatiser; mais l'Eglise anglicane ne s'est pas moins signalée par l'inconstance et la mobilité dans ses principes : catholique dans sa forme extérieure sous Henri VIII, elle se fit calviniste par la nudité de son culte sous Edouard VI; elle. se rapprocha du catholicisme en ramenant la pompe dans ses temples sous Elisabeth, et devint zwinglienne par la doctrine sous Charles II. L'espace ne nous permet pas de parler des mille sectes qui déchirent le Royaume-Uni; et si l'anglicanisme même semble avoir fixé ses fluctuations dans la foi, c'est que dune part il n'a plus de croyance religieuse, et que de l'autre la loi temporelle en a fait une institution purement politique.

Mais les symboles sont l'expression officielle des doctrines, la forme authentique de la foi; c'est là principalement, c'est dans les documents publics reconnus par les églises que Bossuet recherche les variations des novateurs. Il passe en revue les confessions de foi qui divisent les grandes fractions de la Réforme : nous ne pouvons le suivre que rapidement

 

1 Prov., VIII, 31.

 

V

 

sur ce terrain. Les protestons présentèrent à la diète d'Augsbourg, en 1530, trois confessions de foi. La première par l'autorité, celle qu'affectent de respecter ceux-là mêmes qui la rejettent, la Confession d'Augsbourg enseigne la présence réelle dans les termes les plus formels et les plus positifs; mais la deuxième, dressée par Zwingle au nom des Suisses, la Confession Helvétique n'admet que la présence figurée, faisant un simple signe du plus divin de nos mystères. La troisième, appelée Confession des quatre villes, vint se placer pour ainsi dire entre les précédentes; rédigée par Bucer, habile artisan d'équivoques et de phrases trompeuses, elle semblait enseigner et la présence réelle et la présence figurée ; si bien que les luthériens et les zwingliens, trouvant dans ce symbole ce qui n'y était pas, le mirent chacun de leur côté. C'est Mélanchthon qui avait composé la Confession d'Augsbourg ; mais ce premier essai d'autorité dogmatique ne satisfit pas son zèle ; il écrivit une nouvelle formule de foi, la Confession Saxonique. A Augsbourg, non-seulement il enseignait la présence réelle, comme on l'a vu tout à l'heure, mais il proclamait le Serf arbitre de Luther et faisait de l'homme une pure machine sous la main de Dieu; en Saxe, il enveloppa le dogme eucharistique dans un long tissu de paroles inextricables, et il porta le libre arbitre jusqu'au semi-pélagianisme, en attribuant à la nature déchue le commencement des œuvres surnaturelles. Le plus honnête des protestants, comme on se plait à qualifier Mélanchthon, fit plus encore : il alla pendant toute sa vie modifiant, changeant fondamentalement, dans quatre éditions successives , la Confession d'Augsbourg qui avait reçu la sanction suprême et faisait règle de foi dans son église. Les protestants s'assemblèrent à Naumbourg, en 1561, pour choisir entre ces quatre éditions : on ignore laquelle obtint leur préférence; mais on sait positivement qu'ils ne voulurent en désapprouver aucune, bien qu'elles fussent entre elles comme la lumière et les ténèbres, comme le oui et le non. Telles et cent fois plus nombreuses sont les variations des symboles qu'on vient de nommer ; comment retracer dans quelques lignes celles de l’Apologie, du livre de la Concorde, des Articles de Smalcalde, etc.? Et pendant que les confessions de foi luthériennes se heurtaient les unes les autres, les confessions de foi calviniennes vinrent se jeter à la traverse, et ce fut une horrible mêlée de dogmes contradictoires. O profonde humiliation de l'orgueil ! O juste punition de la révolte ! des églises entières nous présentent comme la pure expression de la parole évangélique, comme la forme immuable de la vérité divine, quoi! des opinions divergentes, des illusions passagères, des rêves qui se dissipent comme une légère vapeur. C'est dans l'Histoire des Variations qu'il faut voir ces apparitions fantastiques de mille erreurs éphémères. Au reste l'auteur n'a pas exploré, ni même nommé tous

 

VI

 

les symboles protestants; on en trouve le signalement et la doctrine dans la Symbolique de Mœkler.

Bossuet rattache au corps de l'ouvrage, avec un art infini, plusieurs faits accessoires qu'il trouve sur les confins du sujet. Ainsi dans les portraits qu'il nous donne des premiers docteurs de la Réforme, il peint la crédulité vulgaire de Mélanchthon; qui l'aurait cru? ce cygne de l'évangélisme, l'esprit le plus noble et le plus élevé de l'aréopage luthérien, tremblait de frayeur à l'aspect des astres, aux révélations des devins, à la naissance d'un veau à deux têtes, ou bien à l'enfantement d'une mule dont le petit avait un pied de grue. Les prédictions de Jurieu provoquent aussi les recherches de Bossuet et l'épreuve de sa redoutable critique; il fait voir comment ce docteur infaillible, inspiré par le Saint-Esprit comme tous ceux de la secte, applique à l'avenir des prophéties qui ont déjà reçu leur réalisation dans le passé. Ailleurs, voulant montrer le protestantisme hors de la chaîne de la tradition, pour lui ôter jusqu'à l'honneur d'une ignoble descendance, il met en lumière l'origine si obscure des manichéens d'Occident, des albigeois et des vaudois, des vicléfites et des bohémiens. Enfin l'habile historien raconte comment les pères de la Réforme, tout en refusant à l'Eglise universelle le pouvoir de dispenser dans certains cas des lois qu'elle a portées pour régler l'union conjugale, accordèrent une dispense qui introduisent le mariage turc parmi les chrétiens ; il montre par quelle lâche forfaiture, pour ne pas perdre l'appui d'un bras de chair, Luther, Mélanchthon, Bucer, Corvin et d'autres permirent au landgrave Philippe de Hesse d'avoir deux femmes à la fois. L'auteur appuie son récit sur les actes authentiques qui légitimèrent dans le bienheureux bercail évangélique la polygamie païenne. Comment connut-il ces documents officiels? On ne le voit pas dans son ouvrage : disons-le brièvement. Quand ils accordèrent leur criminelle dispense , les pères de l'église réformée, rougissant de honte, prescrivirent au landgrave de garder le secret au fond de son âme, « sous le sceau de la confession. » Le silence et les ténèbres les protégèrent pendant la vie de ce prince; mais après sa mort, le sceau de la confession fut rompu, le mystère d'iniquité parut à la lumière du jour. Un des plus zélés défenseurs du protestantisme, l'électeur palatin Charles-Louis entretenait publiquement, du vivant de sa femme, des relations scandaleuses avec une dame Egenfeld. Pour apaiser la désapprobation que soulevait cet outrage à la morale chrétienne, il disait qu'il lui était bien permis d'avoir une femme et une concubine, puisque les auteurs de sa religion avoient donné au landgrave de Hesse la permission d'avoir deux femmes en même temps ; mais comme son plaidoyer obtenait peu de faveur, il chargea un de ses conseillers de plaider sa cause. Daphnœus Arcuarius, ou tout simplement

 

VII

 

Laurent Bœger soutint, dans un ouvrage volumineux, que plusieurs docteurs avoient permis la polygamie sous la nouvelle alliance ; et non content de nommer Luther, Mélanchthon et Bucer, il rapporta en latin et en allemand la consultation doctrinale et toutes les pièces qui concernaient le mariage du landgrave Philippe. L'électeur envoya son livre aux principales Cours de l'Europe, ainsi qu'à plusieurs savants ; un magistrat de Strasbourg en reçut un exemplaire , et le fit connaître à Bossuet (1). Quelque temps après, un descendant du fameux landgrave, le prince Ernest abjura le protestantisme pour rentrer dans le sein de l'Eglise ; alors les documents qui seront la honte éternelle des réformateurs, sortirent pour la seconde fois des ténèbres avec tous les caractères de l'authenticité.

Comme nous l'avons déjà dit, l'Histoire des Variations vit le jour pour la première fois en 1688 ; ajoutons qu'elle fut éditée de nouveau l'année suivante, en 1689. Ces deux éditions, la première en 2 vol. in-4°, la seconde en 4 vol. in-12, parurent chez la veuve Cramoisy. Deux années plus tard, la seconde édition fut placée chez Guillaume Desprez imprimeur et libraire ordinaire du roi, avec un nouveau frontispice portant la date de 1691. Vers la même époque une magnifique édition fut faite en Hollande. — François Boutard, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, commença en 1688 une traduction latine de l'ouvrage, et la termina en 1710 ; Bossuet revit avant sa mort la préface avec les deux premiers livres, et Clément XI en avait agréé la dédicace ; mais ce travail n'a pas été publié. En récompense une version italienne parut à Padoue en 1733, 4 vol. in-12.

Dans la revue de plusieurs de ses ouvrages, à la suite du Sixième Avertissement aux protestants, Bossuet fait sur les deux éditions mentionnées tout à l'heure la remarque que voici : « On est obligé d'avertir que la plus grande partie des fautes de la première édition, qui est de 1688, ont été corrigées dans la seconde, en 1689, et depuis on y a encore remarqué celles-ci... » Suit un long errata. Nous avons tenu rigoureusement compte des corrections que l'auteur indique dans cette note, et de celles qu'il a faites dans la seconde édition ; bien plus, nous les avons signalées, comme variantes, au bas des pages (2).

 

1 Ce magistrat, M. d'Obrecth, était préteur royal, c'est-à-dire avocat général à Strasbourg. Il était venu à Germigny recevoir l'enseignement du grand évoque, et fit son abjuration en 1684. Les détails donnés dans le texte ont été pris dans une lettre qu'il écrivit à Bossuet.

 

2 Dans la première moitié du XVIIIe siècle, les éditeurs ont reproduit avec une fidélité remarquable l’Histoire des Variations; mais lorsque dom Déforis et ses collaborateurs eurent mis la main sur cet ouvrage, à commencer par leur édition revue et corrigée, comme on le pense bien, les inexactitudes et les altérations les plus grossières sont allées se multipliant dans toutes les réimpressions. Voici quelques unes des fautes que nous avons remarquées dans l'édition de Versailles.

Fautes dans les articles.— Caractère d'immutabilité ( Edit. de Vers., vol. XIX, p. 6, à la marge ); pour : Caractère de l'immutabilité.— Le livre que les luthériens appellent la Concorde (Ibid., p. 12.) ; pour :... appellent Concorde. — On en voit autant ( de confessions de foi ) sous le nom de l'Eglise d'Ecosse (p. 13 ); pour :... sous le nom des églises d'Ecosse. — Jusqu'à ce qu'il ait trouvé occasion de se déclarer ( p. 60); pour :... l'occasion de — Les impertinents discours que les plus illustres de votre noblesse ont tenus (p. 385 ); pour :... que des plus illustres de votre noblesse — Aux approches de la mort (p. 427); pour : Dans les approches de la mort. — En parlant du primat d'Afrique ( p. 463 ); pour :... d'un primat d'Afrique.

Fautes dans les pronoms. —Constance par tous ces conciles,... était éloigné (p. 17 ) ; pour :... s'était éloigné. — Si on s'avisoit de les dédire (p. 23 ); pour :.., de les en dédire. — Il (saint Bernard ) ne craignaitpas d'en avertir aussi les religieux (p. 30); pour :... ses religieux. — Ces désordres excitent la haine du peuple contre tout l'ordre ecclésiastique; et si on ne le corrige ( p. 31 ) ; pour :... si on ne les corrige. — On était assuré que les péchés sont remis (p. 47 ); pour :... que ses péchés sont remis. — La propre substance de sa chair immolée pour nous (p. 79 ); pour :... de la chair... — Il se vante de l'avoir entre ses mains ( p. 318 ); pour :... entre les mains.

Fautes dans les prépositions.—A quels termes elle (la dispute) est réduite (p. 20, à la marge); pour : En quels termes... — Le premier traité où Luther parut pour tout ce qu'il était (p. 78 ); pour :... parut tout ce qu'il était. — Ce fut en cette occasion ( p. 140 ); pour :... à cette occasion. — Autre erreur de la justification luthérienne ( p. 192, à la marge ); pour :... dans la justification luthérienne. — Dans le fond de son cœur ( p. 222 ); pour : Dans le fond du cœur. — Je ne sais quoi disait au cœur de Mélanchthon (p. 312); pour :... disait au cœur à Mélanchthon. —... l'oblige à maltraiter sa première femme, ou même de se retirer de sa compagnie ( p. 325 ); pour ;... à se retirer...

Fautes dans les temps des verbes. — Ce ne fut pas seulement les adversaires de Luther qui blâmaient son mariage (p. 95 ); pour : ... qui blâmèrent... — Ceux de Strasbourg entraient dans les mêmes interprétations ; Bucer et Capiton devinrent (p. 114 ); pour :... entrèrent... — Plus on désire les louanges, et plus on a de peine à voir transporter aux autres celles qu'on a cru avoir méritées (p. Il9); pour ;... celles qu'on croit avoir méritées. — Il leur demandait... avec quel front ils osaient dire que la chair de Jésus-Christ ne sert de rien (p. 121 ); pour :... ne servît de rien. — N'est pas une substance qui contient (p. 124); pour :... qui contienne. — Nous accorderions au Pape ( p. 309 ); pour : Nous accordions. — C'est ce qui le fait soupirer (p. 221); pour :... le faisait soupirer. — Ce qu'il y a de pis pour eux (p. 349); pour : Ce qu'il y avait... — Ils se réduisaient ( p. 352 ); pour : Ils se réduisirent. — D'où à concluait... qu'on ne leur en peut refuser le signe (p. 559); pour :... qu'on ne pouvait...

Fautes par changements de mots. — Un corps entier de la saine théologie (p. 10 ); pour : ... de la sainte théologie. — Il ne pouvait soutenir un jugement inégal (p. 54 ) ; pour .... souffrir un traitement inégal. — Evangéliste (p. 65); pour : Evangélique.— Il faut éprouver... les prophètes (p. 71) ; pour :... les prophéties. — Les Pères, les Papes, les conciles,... à moins qu'ils ne tombent dans son sens, ne lui font rien (p. 73); pour :... ne lui sont rien. — C'est qu'il s'agit du Pape : à ce seul mot (p. 73 ); pour :... à ce seul nom. — L'Agneau est la pâque et le passage ( p. 116 ); pour :... est la pâque ou le passage. — Cette chose est toute particulière (p. 222 ); pour : Cette thèse... — Suum est in bona conscientia (p. 370); pour : Situm est...— ... que Dieu lui avait données (p. 403); pour : Dont la divine libéralité l'avait rempli. — Les contestations des protestant venaient fort à propos (p. 529) ; pour : Les contentions... — Nous sommes autant assurés de l'un comme de l'autre (p. 558); pour .... de l'un que de l'autre.

Fautes par additions de mots. — Car c'est (p. 67 ); pour : C'est. — Et comme les historiens protestants (p. 91); pour : Comme les historiens... — Il fait tout ce qu'il peut (p. 96 ); pour :... ce qu'il peut. — Calvin écrivit un jour à Mélanchthon (p. 137 ); pour : Calvin écrivit à Mélanchthon. — On ne rougit pas de voir condamner saint Bernard (p. 182); pour : On ne rougit pas de condamner... — Le corps et le sang y doivent être reçus ( p. 224 ) ; pour : Le corps et le sang doivent... — le consentement des églises peut se déclarer par d'autres voies que par des conciles universels (p. 461); pour :... que par des conciles.

Fautes par omission de mots. — Il ne fallait pas espérer que la réfutation se pût faire (p. 35); pour : ... se pût bien faire. — Ne déclare pas ce que le pain est devenu, et ce que c'est qui est le corps (p. 125 ) ; pour : Ne déclare pas ce que c'est que le pain est devenu, et ce que... — Jésus-Christ n'impute sa justice qu'à ceux qui sont pénitents et sincèrement pénitents, c'est-à-dire, sincèrement contrits, affligés de leurs péchés, sincèrement convertis (p. 184); pour :... c'est-à-dire sincèrement contrits, sincèrement affligés de leurs péchés, sincèrement convertis. — Judicamus... unumquemque habere propter fornicationem (p. 370 ); pour : Judicamus... unumquemque debere uxorem habere propter... — Pour recouvrer sa santé ( p. 383 ); pour : Pour conserver ou recouvrer sa santé. — Puisque le concile de Trente a toujours cru ( p. 428); pour : Puisque nous avons vu mille fois que le concile... — Le Kyrie eleison, le Pater, dit en un endroit plutôt qu'en un autre ( p. 475 ) ; pour : Le Kyrie eleison, le Pater, la Paix ou la Bénédiction donnée peut-être en un endroit de la messe plutôt qu'en un autre.

Chacune de ces fautes a été choisie parmi plusieurs autres ; on pourra les vérifier, da moins la plupart, à la simple vue du contexte, sans recourir à l'édition princeps. Nous les avons signalées, afin que certain lecteur ne prenne pas nos corrections pour des inexactitudes.

 

 

VIII

 

Bossuet cite souvent les pères et les docteurs de la Réforme. Quand leurs ouvrages ont été écrits primitivement ou traduits d'une manière officielle en français, comme leurs témoignages font autorité dans l'exposition de la nouvelle doctrine, nous les avons reproduits dans la forme originale, d'après l'ancienne orthographe.

On sait que l'Histoire des Variations renferme les pièces relatives au

 

IX

 

mariage du landgrave de Hesse. Une de ces pièces, l'instruction du landgrave à Bucer, a été mise en français par l'abbé Leroi ; les deux autres, la consultation des réformateurs et l'acte de mariage, ont été traduites par Bossuet. Les précédents éditeurs ont donné toutes ces traductions ; nous avons rejeté celle de l'abbé Leroi, pour ne garder que celle de Bossuet.

 

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