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Voyage de Himier à Jérusalem
Faisant un retour sur lui-même, l'homme de Dieu se mit à méditer en son for intérieur
avec amour, projetant, quelle que soit la peine que cela entraînerait, de visiter les
lieux que le Christ avait parcourus corporellement en enseignant le salut pour le monde
entier. De son labeur, il attendait surtout cet avantage : si cela agréait à l'autorité
d'En-Haut, la croix du Christ qu'il portait sur son corps, il l'emporterait jusqu'à la
palme du martyre si l'occasion s'en présentait ; il retournait très souvent en lui-même
cette parole du Seigneur : « Celui qui veut venir après moi, qu'il renonce à
lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ».
C'est poussé par cette intention que l'homme vénérable s'embarqua pour Jérusalem.
Pendant trois ans, il ne ménagea pas sa sueur pour visiter les lieux saints, se livrant
sans cesse, nuit et jour, aux veilles et aux prières. Enfin, pour faire fructifier avec
usure et plus largement le talent à lui confié, il décida de s'instruite en ce lieu-là
dans les langues syriaque et arabe.
Sur ces entrefaites, il arriva qu'un certain griffon rès féroce dévastait je ne sais
quelle île, peuplée de païens, dont le nom a été perdu à cause de l'éloignement du
lieu et de l'ancienneté du fait ; chaque jour il y faisait des incursions dévastatrices,
poussé par son effrayante voracité, ce qui, nous le pensons, relevait d'une disposition
divine, car ceux qui adoraient les créatures à la place du Créateur (cf. Rm 1,25)
méritaient d'être affligés par ces mêmes créatures et s'ils n'avaient pas reconnus
Dieu dans les heures de prospérité, du moins au moment de l'affliction et sous le coup
es tourments, ils désireraient un Sauveur. C'est pourquoi, pressé par une telle
nécessité, le roi de ladite île tint conseil avec ses premiers citoyens et,
soutenu par les acclamations du peuple, (en ce temps-là, la renommée
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