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La Légende de Saint Himier
(Traduction Fr. Paul de Cornulier, OSB)
Il était un homme du nom d'Himier : fortifié par la grâce divine, tout entier à Dieu
dès l'enfance et fatigué des affaires séculières, il ne livra son âme à aucune
jouissance. Mais alors qu'il vivait encore sur cette terre, il méprisa le monde et sa
fleur comme une terre aride : Issu d'une très bonne famille libre, de la province d'Ajoie
et du village de Lugnez, il fut instruit dans les saintes lettres, et comme il voyait que
beaucoup suivaient la pente abrupte des vices en se livrant aux affaires du siècle, il
eut soin de s'en garder en s'en retirant. Il préféra adhérer à Dieu plutôt que de
servir les vices de ce monde. Il voyait en effet les mortels s'appliquer aux uvres
du siècle; alors gémissant dans son cur, il disait . « Que faire ? Chaque
jour je suis assailli par de vaines pensées et il m'est impossible de trouver un lieu de
« rafraîchissement » (cf. Canon Romain : « locum refrigerii, lucis et
pacis ».
Alors réflexion faite, il commença à construire dans la propriété de son père qui
devait lui revenir en héritage, un oratoire pour y mener une vie sainte. Comme l'homme de
Dieu s'était mis rapidement à l'ouvrage,, une drôle de bonne femme (littéralement une
femmelette) survint, admirative à l'excès, curieuse de tout voir et l'interrogeant sur
la construction du mur.
Cet incident fit comprendre au serviteur du Christ Himérius que ce lieu n'était pas
celui que Dieu lui réservait : il laissa inachevée la construction du mur, il convoqua
son propre serviteur appelé Aelbertus (ou Edelbertus) et abandonnant sa maison, ses biens
et ses concitoyens, il s'engagea dans les sentiers abrupts du désert et parvint à une
vallée communément appelée Suze qui, en ce temps-là, était inhabitable et non
cultivée.
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