MARIAGE II

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
DÉBITEUR
CE CALICE...
PARALYTIQUE
LA PORTE
INSCRIPTION I
INSCRIPTION II
INSCRIPTION III
INSCRIPTION IV
NOMS I
NOMS II
NOMS III
NOMS IV
AFFLICTIONS
TRIBULATIONS
RÉUNION
PRISCILLE I
PRISCILLE II
AUMONE
FÉLICITÉ
PROPHÈTE ÉLIE
RÉSISTÉ
MARIAGE I
MARIAGE II
MARIAGE III
NUÉE
HÉRÉSIES
ESPRIT DE FOI I
ESPRIT DE FOI II
ESPRIT DE FOI III
ABUS
VEUVES
LES PÉCHÉS
PAS DÉSESPÉRER
EUTROPE I
EUTROPE II
SATURNIN
ASIE
RÉCONCILIATION
PAIX
AVANT L' EXIL I
AVANT L'EXIL II
APRÈS L'EXIL I
APRÈS L'EXIL II
CHANANÉENNE
PLUT A DIEU
PAQUES
DIODORE
ACTES
DAVID ET SAUL I
DAVID ET SAUL II
DAVID ET SAUL III

DEUXIÈME HOMÉLIE.

 

La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari ; que   si son mari s'endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais souvent dans le Seigneur, Cependant elle sera plus heureuse si elle demeure comme elle est. (I Cor. VII, 39, 40). Et de l'acte de répudiation.

 

ANALYSE.

 

1° Qu'il est défendu d'épouser une femme répudiée. — Les lois da monde ne peuvent prévaloir contre la loi divine.

2° Motifs;de la loi mosaïque concernant la répudiation. — Transition à la loi nouvelle.

3° Adultère de l'homme qui épouse une femme répudiée. — Adultère de l'homme marié qui commet la fornication avec une femme quelconque.

4° Sagesse de Paul : sa condescendance pour la faiblesse humaine. — Compensations attachées même, en ce monde, à la constance dans le veuvage.

5° Comment s'opère la purification de l'âme. — Exhortation.

 

1. L'autre jour, le bienheureux Paul nous formulait la loi du mariage, et nous en exposait les vrais principes ; vous avez entendu ce qu'il écrivait, ce qu'il disait aux Corinthiens : Quant aux choses dont vous m'avez écrit, il est avantageux à l'homme de ne toucher aucune femme. Mais, à cause de la fornication, que chaque homme ait sa femme, et chaque femme son mari. (I Cor. VII, 1, 2.) Aussi avons-nous consacré nous-même tout (entretien à ces paroles. Or aujourd'hui il faut encore que nous revenions sur le même sujet puisque Paul nous en parle encore aujourd'hui. En effet, vous avez entendu avec quelle force il nous crie : La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari; que si son mari s'endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement, selon le Seigneur. Cependant elle sera plus heureuse si, selon mon conseil, elle demeure comme elle est : or, je pense que, j'ai, moi aussi, l'Esprit dit Seigneur. (I Cor. VII, 39, 40.) Attachons-nous donc à ses pas encore aujourd'hui, et entretenons-nous de ce sujet; car en marchant sur la trace de Paul, c'est vraiment le Christ que nous suivrons en sa personne, puisque l'Apôtre a écrit constamment , non par lui-même, mais sous la dictée du Seigneur. En effet, ce n'est pas une affaire de peu d'importance qu'un mariage selon les règles; et mille infortunes attendent ceux qui n'en usent point comme il convient. La femme, qui est une auxiliaire, devient parfois un ennemi secret. Le mariage, qui est un port, peut aussi devenir un écueil, non en vertu de sa nature propre, mais par la faute de ceux qui ne savent pas en faire un bon usage. En effet, l'époux qui se conforme aux lois conjugales trouve dans sa maison, dans sa femme, une consolation, un asile contre tous les maux, publics ou autres, qui peuvent le frapper. Au contraire, celui qui traite légèrement et sans réflexion, cette seule affaire, quand la place publique serait pour lui sans orages , ne verra plus en rentrant chez lui que récifs et rochers dangereux. Il faut donc, puisqu'il y va pour nous de si grands intérêts, apporter une grande attention à ces paroles; il faut que celui qui veut prendre femme commence par se conformer en cela aux lois de Paul, disons mieux, aux lois (188) du Christ. Je le sais, ce précepte paraît nouveau et extraordinaire à un bon nombre. Je ne me tairai point pour cela, mais, après vous avoir lu d'abord la loi, je m'efforcerai ensuite de lever la contradiction qu'on croit y trouver. Quelle est donc la loi que Paul nous impose? La femme, dit-il, est liée à la loi; donc, tant que son mari est en vie, elle ne doit pas s'en séparer, ni prendre un autre époux, ni convoler en secondes noces. Et voyez avec quelle exactitude, avec quelle justesse de termes il s'exprime ! Il ne dit pas : Elle doit habiter avec son mari tant qu'il est en vie; mais bien, la femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari, de telle sorte que, à supposer même que son mari lui ait donné un acte de répudiation , qu'elle ait alors quitté la maison et soit allée habiter chez un autre, elle est liée à la loi, elle est coupable d'adultère.

Si donc le mari veut renvoyer sa femme, ou la femme quitter son mari, il faut que celle-ci se rappelle ce précepte, qu'elle se représente Paul la suivant et lui criant aux oreilles : La femme est liée à la loi. Ainsi que les serviteurs fugitifs traînent encore leur chaîne derrière eux après s'être évadés de la maison de leur maître, ainsi les femmes, même après qu'elles ont quitté leur mari, restent enchaînées par la loi qui les condamne, qui les accuse d'adultère, elles et leurs complices. Ton époux vit encore, dit-elle, et ton acte est un adultère. Car la femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son, mari. Et, quiconque épouse une femme répudiée commet un adultère. (Matth. V, 32.) Mais, quand donc, dira-t-on, lui sera-t-il permis de convoler en secondes noces ? — Quand? lorsqu'elle sera délivrée de sa chaîne, lorsque son époux sera mort. Cependant voulant exprimer cela, il n'a pas dit si son mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle voudra, mais si son mari s'endort, comme s'il voulait consoler la femme en son veuvage, et lui persuader de s'en tenir à son premier époux, de n'en pas prendre un second. Ton mari n'est pas mort, il dort seulement. Qu'est-ce qui n'attend pas un homme endormi ?Voilà pourquoi il dit : S'il s'endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra. Il n'a pas dit qu'elle se marie, pour ne point paraître la forcer, la contraindre. Il ne l'empêche pas de contracter, si elle le veut, un second mariage, il ne l'y engage pas si elle ne le veut point; il se borne à lui lire la loi : Elle est libre de se marier à qui elle voudra. Mais , en disant qu'elle est devenue libre par la mort de son mari, il montre qu'avant cela, et de son vivant, elle était esclave; or, tant qu'elle est esclave et soumise à la loi, quand même elle ' aurait reçu mille actes de répudiation, elle tombe sous le coup de la loi qui concerne l'adultère. Les serviteurs peuvent quitter leurs maîtres pour d'autres du vivant des premiers, mais les femmes ne peuvent changer de maris tant que leur premier époux est en vie, car c'est un adultère. Ne viens donc pas me lire les lois qui sont à l'usage du monde , les lois qui prescrivent de donner un acte de répudiation, et de divorcer ensuite. Car ce n'est point d'après ces lois-là que Dieu doit te juger au grand jour, mais d'après celles que lui-même a promulguées. Que dis-je? les lois mêmes du siècle n'établissent point cela d'une manière absolue, ni comme article principal; elles-mêmes punissent ce péché, ce qui témoigne assez qu'elles le réprouvent. Elles dépouillent de tous ses biens et chassent, sans lui laisser de ressources, l'épouse qui a mérité d'être congédiée, et punissent de la perte de sa fortune celui qui a été l'occasion du divorce; et certes, si elles statuent ainsi sur ce fait, c'est qu'elles ne l'approuvent point.

2. Et Moïse? il a statué de même pour un pareil motif; mais écoutez ce que dit le Christ: Si votre justice n'est pas plus abondante que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. (Matth: V, 20.) Ecoutez encore cette autre parole. Quiconque renvoie sa femme, hors le cas d'adultère, la rend adultère; et quiconque épouse une femme renvoyée commet un adultère. (Ib., 32.) Si le Fils unique de Dieu est venu sur la terre, s'il a pris la forme d'un esclave, s'il: a versé son précieux sang, s'il a détruit la mort, s'il a éteint le péché, s'il a répandu plus libéralement le bienfait de l'Esprit, c'est pour vous initier à une sagesse plus profonde. Et d'ailleurs, si Moïse a porté cette loi, ce n'est. Point comme une loi fondamentale; c'est parce qu'il était forcé de condescendre à la faiblesse des siens. Les voyant prêts au meurtre, accoutumés à souiller leurs foyers du sang des, leurs, à n'épargner ni parents ni étrangers, et craignant qu'ils n'égorgeassent leurs femmes, s'ils étaient forcés de les garder contre, leur gré, il leur a permis de les renvoyer, afin d'empêcher un mal plus grand, les meurtres (189) multipliés. Ce qui prouve que les Juifs étaient homicides, ce sont ces paroles des prophètes eux-mêmes : Edifiant Sion dans le sang, et Jérusalem dans les iniquités (Mich. III, 10) ; et encore : Ils mêlent le sang au sang (Osée, VI, 2); et ailleurs : Vos mains sont pleines de sang. (Isaïe, I, 15.) Et ce n'est pas seulement contre les étrangers, c'est encore contre leurs poches que se déchaînait leur fureur, comme le montrent ces mots du Prophète : Et ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux démons (Ps. CV, 37) ; or ceux qui n'épargnaient pas leurs enfants n'auraient pas davantage épargné leurs femmes. C'est donc afin d'empêcher Cela qu'il accorda cette permission; aussi le Christ, lorsque les Juifs lui demandèrent : Comment donc Moïse a-t-il permis de donner à sa femme un acte de répudiation ? voulant montrer que la loi de Moïse ne contredisait point la sienne, répondit à peu près en ces termes : Moïse a parlé ainsi à cause de la dureté de vos coeurs; mais au commencement il n'en fut pas ainsi; Celui qui fit l'homme au commencement les fit mâle et femelle. (Matth. XIX, 8 et 4.) Si cela était honnête, veut-il dire, Dieu n'aurait pas fait un homme et une femme seulement; après avoir fait un seul homme, Adam, il aurait créé deux femmes, pour le cas où celui-ci aurait voulu renvoyer  l’une et prendre l'autre; mais, par le mode même de sa création, il a établi la loi que je promulgue maintenant. Quelle est donc cette loi? c'est que l'homme conserve jusqu'à la fin la femme qui lui est échue d'abord; cette loi ? c’est plus ancienne que l'autre, et cela, de toute la distance qui sépare Adam de Moïse. Par conséquent je n'innove point, je n'introduis point de dogmes étrangers, mais des dogmes anciens et antérieurs à Moïse.

Mais il faut entendre la loi même de Moïse sur ce sujet : Si quelqu'un, dit-il, a pris une femme et qu'il ait habité avec elle; si elle ne trouve pas grâce devant lui, parce qu'il aura trouvé en elle un fait d'ignominie, il lui écrira un acte de répudiation, et le lui donnera entre les mains. (Dent. XXIV, 1.) Voyez ! Il n'a pas dit qu'il écrive, qu'il lui donne : que dit-il donc? Il lui écrira un acte de répudiation et le lui donnera entre les mains. C'est bien différent. En effet, dire qu'il écrive, qu'il ;donne, c'est un ordre, une injonction. Mais dire: Il écrira un acte de répudiation, et le lui donnera entre les mains, c'est annoncer un fait, et non pas introduire une loi qu'on a imaginée. Si quelqu'un, dit-il encore, a congédié sa femme, et l'a renvoyée de sa maison, et qu'après l'avoir quitté elle ait appartenu à un autre homme, et que ce dernier homme aussi l'ait prise en haine, et qu'il lui ait écrit un acte de répudiation, et qu'il le lui ait remis entre les mains, et qu'il l'ait renvoyée de sa maison, ou que l'homme soit mort qui l'avait prise pour femme, l'homme qui l'aura précédemment renvoyée ne pourra la rappeler et la prendre pour épouse. (Ib. V, 2-4.) Ensuite, voulant montrer qu'il n'approuve pas cette conduite , que ce n'est pas ainsi qu'il entend le mariage, et qu'il ne fait que condescendre à la faiblesse des Juifs, après ces mots: L'homme qui l'aura précédemment renvoyée ne pourra la prendre pour femme, il ajoute : Après qu'elle aura été souillée (Ib. V, 4) : façon de parler qui indique suffisamment que ce second mariage, contracté du vivant du premier époux, est une souillure plutôt qu'un mariage. Voilà pourquoi il n'a pas dit: Après qu'elle se sera remariée. Voyez-vous comme ses paroles concordent avec celles du Christ? Après cela, il ajoute la raison : Parce que c'est une abomination devant Dieu. (Ib. V, 4.) Voilà pour ce qui regarde Moïse. Mais le prophète Malachie indique la même chose bien plus' explicitement, ou plutôt ce n'est point Malachie, c'est Dieu par la bouche de Malachie; et voici ses paroles: Est-il convenable de jeter les yeux sur votre sacrifice, ou d'agréer quelque chose sortant de vos mains ? (Malach. II, 13.) Puis, après la réponse : Pourquoi as-tu abandonné la femme de ta jeunesse? (Ib. 14.) Enfin, faisant voir l'énormité de cette faute, et refusant toute miséricorde à celui qui l'a commise, il renforce encore l'accusation par ce qu'il ajoute : Et celle-ci était ta compagne, et la femme de ton pacte, et le reste de ton esprit, et ce n'est pas une autre qui l'a faite. (Ib.) Voyez que de titres il allègue ! d'abord l'âge, la femme de ta jeunesse; puis l'intimité : Et celle-ci était ta compagne; puis le mode de création : Le reste de ton esprit.

3. Mais à la suite de tout cela, vient quelque chose de bien plus considérable, la majesté de celui qui l'a faite. Car c'est là ce que signifie: ce n'est pas un autre qui l'a faite. Tu ne peux objecter, veut-il dire, que tu as été fait par Dieu, tandis qu'elle n'a pas été faite par lui, mais par quelque être inférieur; c'est un même et unique créateur qui vous a donné l'existence (190) à tous deux; de telle sorte que, par égard pour ce titre, sinon pour les autres, tu dois lui garder ta tendresse. En effet, si l'an voit souvent des esclaves, après une querelle, se réconcilier par cette seule raison qu'ils doivent obéissance à un seul et même maître, à plus forte raison doit-il en être ainsi de nous, quand nous n'avons, à nous deux, qu'un créateur et qu'un maître.

Vous voyez comment l'Ancien Testament lui-même prélude déjà, pour ainsi dire, aux règles de la nouvelle sagesse. En effet, lorsque les Juifs vivaient depuis longtemps sous l'ancienne loi; qu'il fallait les amener à des préceptes plus parfaits, que leur constitution approchait déjà de sa fin, dès lors le prophète, profitant des circonstances, les achemine à cette nouvelle sagesse. Obéissons donc à cette belle loi, affranchissons-nous de tout ce qui nous déshonore, interdisons-nous et de renvoyer nos femmes, et de recevoir celles que d'autres auront renvoyées. Et de quel front, verras-tu le mari de cette femme ? de quel œil lés amis de cet homme, ses serviteurs? Si celui qui épouse la femme d'un mort éprouve un sentiment de peine et de dépit pour peu qu'il ait vu l'image du défunt, quelle sera l'existence de celui qui aura sous les yeux l'époux, encore vivant, de sa femme? Dans quelles dispositions rentrera-t-il chez lui? Avec quels sentiments, avec quels yeux verra-t-il cette femme d'un autre qui est devenue la sienne?

Mais plutôt ne l’appelons ni l'épouse d'un autre ni la sienne; une prostituée n'est la femme de personne. Elle a foulé aux pieds le pacte qui l'unissait à son premier mari; et elle est venue à toi sans l'aveu des lois qui l'obligeaient. Quelle folie ne serait-ce pas d'introduire chez vous un si dangereux fléau ? Est-ce qu'il y a disette de femmes? Pourquoi, lorsqu'il y en a tant que nous pouvons épouser sans enfreindre les lois ni porter le trouble dans nos consciences, courons-nous à celles qui nous sont interdites, pour causer la ruine de nos maisons, y introduire la guerre civile, exciter de toutes parts des haines contre nous, déshonorer notre propre vie, et, ce qui est bien plus terrible que tout le reste, nous préparer une punition sans appel au jour du jugement? En effet, que répondrons-nous à celui qui doit nous juger, quand, après avoir mis la loi sous nos yeux et l'avoir lue, il nous dira : Je t'ai enjoint de ne pas prendre une femme renvoyée, ajoutant que cette action est un adultère. Comment donc as-tu osé contracter un mariage défendu ? que dire alors et que répondre? Il ne s'agira point là-bas d'alléguer les décrets des législateurs du siècle: muets, enchaînés, il faudra nous voir emmener au feu de la géhenne avec les adultères et ceux qui n'ont pas respecté chez les autres les droits du mariage. Car celui qui a répudié sauf le motif indiqué, celui d'adultère, et celui qui épouse une femme répudiée , du vivant de son mari, sont punis pareillement, ainsi que la femme répudiée. la vous avertis donc, je vous prie et vous conjure, hommes, de ne point renvoyer vos femmes, femmes, de ne point quitter vos maris, mais de prêter l'oreille à la parole de Paul: La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari; que si son mari s'endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur.

En effet, quelle indulgence peuvent espérer ceux qui, lorsque Paul autorise les secondes noces après la mort de l'époux, et donne de si grandes facilités, osent passer outre avant cette époque? Quelle excuse reste-t-il, soit à ceux qui, épousent les femmes d'hommes vivants, sait aux hommes mariés qui fréquentent les filles; publiques? Car c'est encore une espèce d'adultère d'avoir commerce avec des courtisanes, quand on a une femme à soi. Et de même que la femme mariée, si elle se livre à un homme, libre ou esclave, qui soit célibataire,  n'en tombe pas moins sous le coup de la loi qui concerne l'adultère , de même le mari quand bien même il pèche avec une fille publique ou avec toute autre femme non marié est réputé coupable dû même crime. Fuyons donc aussi cette forme de l'adultère. En effet , qu'aurons-nous à dire, à alléguer après une pareille faute? Quel prétexte spécieux pourrons-nous produire? Les appétits de la nature? Mais la femme qui nous est échue est là, près nous, et nous ôté ce moyen de défense. Si le mariage a été institué, c'est pour prévenir fornication. Mais ce n'est pas seulement la femme, ce sont tant d'autres créatures d'une nature pareille à la nôtre qui nous interdisent cet appel à l’indulgence. Lorsque ton compagnon d'esclavage, dont le corps ressemble au tien, dont les passions sont les tiennes, dont les besoins ne diffèrent point de ceux qui te poussent, ne jette les yeux sur aucune autre femme que la sienne et lui reste fidèles en quoi les (191) passions que tu allègues pourront-elles servir ta justification? Et encore je ne parle que des hommes mariés. Mais songe un peu à ceux qui passent leur vie tout entière dans le célibat, qui n'ont jamais connu le mariage et se sont montrés parfaitement chastes. Quand d'autres sont chastes sans être mariés, quelle miséricorde obtiendras-tu, toi qui vis, étant marié, dans la fornication? Hommes et femmes, veuves et les épouses, écoutez tous ces paroles : car c'est à tout le monde que s'adressent Paul et la loi qui dit : La femme est liée à la loi aussi longtemps que vit son mari; que si son mari s’endort, elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur. Les épouses, les filles, les veuves, les femmes remariées, toutes enfin ont profit à tirer de ces paroles. L'épouse ne voudra pas, du vivant de son mari, être à un autre, sachant qu'elle est liée tant que son époux est en vie. Celle qui, après avoir perdu son mari, voudra convoler en secondes noces, ne formera pas cette union à la légère ni sans réflexion, mais elle se conformera aux lois de Paul qui dit : Elle est libre de se marier à qui elle voudra, mais seulement selon le Seigneur, c'est-à-dire suivant les règles de la pudeur et de la chasteté. Que si par hasard elle préfère demeurer fidèle à ses engagements envers le défunt, elle apprendra quelles couronnes lui sont réservées, et sera encouragée par là dans sa résolution; car elle sera plus heureuse, dit Paul, si elle demeure comme elle est.

4. Voyez-vous comment ce langage est profitable à tous, en ce que d'une part il condescend à la faiblesse de certaines femmes, tandis qu'il ne frustre pas les autres des éloges qui leur sont dus? Paul, au sujet du premier et du second mariage , tient ici la même conduite qu'à l'égard du mariage et de la virginité. Il n'interdit point le mariage, de peur de surcharger les faibles; il n'en fait point non plus une obligation, afin de ne point priver de leurs futures couronnes ceux qui préfèrent garder leur virginité; mais il montre d'un côté que le mariage est une belle chose, et, de l'autre, fait voir que la virginité est encore préférable. De même, dans cette nouvelle matière, il pose encore des degrés; il nous montre qu'il y a plus de grandeur et d'excellence dans le veuvage, mais qu'à la seconde place et à un rang plus bas viennent les secondes noces; de cette façon, il augmente la vigueur des forts, de ceux qui veulent rester où ils sont, tout en prévenant la chute des faibles. Car, après qu'il a dit : Cependant elle est plus heureuse si elle demeure comme elle est, de peur que vous ne voyiez là une loi humaine, en l'entendant dire : selon mon conseil, il ajoute : Or, je pense que j'ai, moi aussi, l'Esprit du Seigneur. Ainsi vous ne pouvez dire que ce soit là la pensée d'un homme : c'est une révélation due à l'Esprit, c'est une loi divine. N'allons donc pas croire que c'est Paul qui nous parle ainsi : c'est le Paraclet qui promulgue cette loi à notre usage. Que s'il dit je pense, ce n'est point par ignorance qu'il parle ainsi, mais par modestie et par humilité. Il dit donc que la femme sera plus heureuse clans le veuvage; mais comment sera-t-elle plus heureuse? c'est ce qu'il ne dit pas, parce qu'il a donné une preuve suffisante en montrant que c'est l'Esprit qui lui a dicté son affirmation. Voulez-vous maintenant vérifier cela par la réflexion ? Les preuves ne vous manqueront point, et vous trouverez que la veuve est plus heureuse, non-seulement dans l'éternité d'outre-tombe, mais encore dans la vie présente. Paul savait parfaitement cela, lui qui fit entendre la même chose encore en parlant des vierges. Voulant recommander et conseiller la virginité, il s'exprime à peu près en ces termes : Je pense qu'il est avantageux à l'homme d'être ainsi à cause de la nécessité pressante. (I Cor. VII, 26.) Et ailleurs : Si une vierge se marie, elle ne pèche pas. (Ibid. V, 28.) Par ce mot : vierge, il entend ici non point celle qui a renoncé, mais seulement celle qui n'est point mariée, sans s'être assujettie par un voeu à l'obligation d'une virginité perpétuelle. Toutefois ces personnes auront les tribulations de la chair; pour moi, je voudrais vous les épargner. (Ibid.)

Par cette seule et simple parole, il laisse aux auditeurs à repasser dans leur âme les maux de l'enfantement, lés soins de la maternité, les inquiétudes, les maladies, les morts prématurées, les brouilles les querelles, l'obéissance à mille caprices, la responsabilité des fautes d'autrui, les chagrins sans nombre appesantis sur une seule âme. Elle échappe à tous ces maux, celle qui fait choix de la continence, et, outre l'exemption de ces ennuis, une magnifique récompense lui est réservée dans la vie future. Tâchons donc, nous qui savons tout cela, de nous en tenir au premier mariage. Que si néanmoins nous avons le dessein d'en contracter un second, que ce soit suivant les (192) formes et les règles prescrites, suivant les lois de Dieu. Voilà pourquoi Paul a dit: Elle est libre de se marier à qui elle voudra, et, tout de suite après : mais seulement selon le Seigneur. Par là, en même temps qu'il donne une permission, il la protégé contre l'abus; en même temps qu'il accorde une faculté, il la circonscrit entre les limites des lois dont il l'enceint de toutes parts; de sorte que, par exemple, la femme n'introduise point dans la maison des hommes dissolus et sans moeurs, des histrions, des fornicateurs; mais qu'elle observe les règles de la pudeur, de la chasteté, de la piété, afin que toutes choses tournent à la gloire de Dieu. C'est parce qu'on avait vu souvent des femmes, rendues libres par la mort de leurs époux, lesquelles, précédemment adultères, persistaient, en s'unissant à d'autres, dans ce genre de liaison , et imaginaient d'autres pratiques abominables; c'est pour cela, dis-je, que Paul ajoute : Mais seulement dans le Seigneur. Cela, afin que le second mariage n'offre rien de pareil : car, à cette condition seule, il pourra être innocent. En effet, le mieux est d'attendre le mort, de rester fidèle à ses engagements envers lui, de garder la continence, de rester auprès des enfants qu'il a laissés, et de mériter ainsi une plus abondante part dans les bontés de Dieu. Si l'on veut cependant s'unir à un second époux, que ce soit suivant les règles de la chasteté, de la pudeur, suivant les lois établies; car cela est permis, il n'y a d'interdit que la fornication et l'adultère.

Fuyons donc ces crimes, que nous soyons ou non mariés; 'ne déshonorons point notre vie, n'exposons point notre existence au mépris, ne souillons point notre corps, n'introduisons aucun remords dans notre conscience. Et comment oserais-tu entrer dans l'église en sortant de chez les prostituées? Comment élever au ciel ces mêmes bras dont tu étreignais une courtisane, comment remuer cette langue, comment prononcer une invocation avec cette bouche qui touchait ses lèvres? De quel oeil regarderas-tu ceux de tes amis qui ont quelque pudeur? Que dis-je? tes amis! Quand bien même personne ne connaîtrait ta faute, c'est devant toi surtout qu'il te faudra rougir de confusion, et rien ne t’inspirera plus de dégoût que ton propre corps. Sinon pourquoi courir au bain après ce péché? N'est-ce point que te juges toi-même plus impur que le plus immonde bourbier? Quelle autre preuve plus convaincante veux-tu de l'impureté de ton asti et quel verdict dois-tu attendre du Seigneur quand toi-même, toi, le coupable, tu portes pareil jugement sur ta conduite?

Ils ont raison de se trouver impurs :,c'es merveille, et je les approuve; mais ils ne recourent point au vrai moyen de se purifier; c'est pourquoi je les blâme et les accuse. Si la souillure était corporelle, c'est avec raison que vous chercheriez à vous en purifier par le bain ; mais c'est votre âme que vous avez souillé que vous avez rendue impure : cherchez donc un moyen de purification qui soit propre à laver sa tache. Or, quel est le bain qui convient pour un tel péché? Un torrent de larmes brûlantes, des gémissements sortis du fond de poitrine, une perpétuelle componction, des prières assidues, des aumônes, d'abondantes aumônes, le repentir du péché commis, l'attention à n'y point retomber : c'est ainsi que se lave le péché, c'est ainsi que l'âme se purifie de ce qui la souille. Si nous négligeons ces moyens, c'est en vain que nous traverserions le courant de tous les fleuves: nous n'y laisserions pas la moindre parcelle de notre péché. Le mien sans doute, est de ne plus s'exposer à commettre cet abominable péché. Mais si par hasard le pied nous a manqué, employons ces remèdes, après avoir fait voeu d'abord de ne point retomber dans la même faute. Car, si au moment du péché nous condamnons ce que nous venons de faire, et qu'ensuite nous recommencions, c'est en vainque nous aurons voulu nous purifier. Se baigner pour retourner ensuite à se rouler au même bourbier, détruire ce qu'on a édifié, et réédifier ensuite, cela ne sert à rien qu'à perdre son temps et sa peine. Et nous, notre côté, si nous ne voulons prodiguer inutilement notre vie, purifions-nous de nos péchés précédents, et passons tout le reste de notre vie dans la chasteté, dans la réserve, dans toutes les vertus enfin : afin qu'ayant Dieu favorable, nous obtenions le royaume des cieux, par grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Haut du document

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante