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NEUVIÈME DISCOURS. De quelle manière il faut reprendre ses frères, et qu'il convient d'avoir soin de leur salut; — et pourquoi Abram a été appelé Abraham. — Réflexions sur le nom de Noé : que les noms de ces hommes justes ne leur ont pas été donnés au hasard, mais par une disposition de la providence de Dieu.

 

AVERTISSEMENT & ANALYSE.

 

Ce discours, quoique prononcé longtemps après les huit précédents, qui l'ont été en 386, a été placé ici à cause de la ressemblance des matières. Il fut fait la même année que les 32 premières homélies sur la Genèse, que les homélies sur le commencement des Actes et sur les changements de noms. Quelle est cette année? c'est ce que nous n'avons pas encore pu découvrir; nous savons seulement que cette année, quelle qu'elle soit, est postérieure à 387. Ce discours suivit immédiatement la seconde homélie sur les changements de noms. L'exorde, comme ceux des deux précédents, en ayant été très-long, le peuple d'Antioche s'en

plaignit, et ses plaintes furent l'occasion de l’homélie De ferendis reprehensionibus, qui figure parmi les homélies sur les changements de noms.

 

1. L'orateur se croit obligé de résumer sa dernière instruction en faveur de ceux qui ne l'ont pas entendue ; si ceux qui l'ont entendue s'en plaignent, qu'ils sachent que le zèle doit être tempéré par la miséricorde. L'homme spirituel est celui qui porte secours à son prochain. — 2. La mutuelle charité est le signe distinctif des chrétiens. — 3. Résumé de la deuxième homélie sur les changements de noms. Abraham fut aussi parfait que les disciples de Jésus-Christ. — 4. La foi d'Abraham trouva sa récompense dans l'accomplissement des promesses de Dieu, plus sûres que les réalités de ce monde. — 5. L'orateur résume la doctrine qu'il a déduite de l'histoire d'Abraham. Les fils ne sont pas coupables de l’iniquité de leurs pères : devoirs des fils envers leurs parents lorsque ceux-ci sont infidèles. Le libre arbitre. Interprétation du nom de Noé.

 

1. Si vous pouviez savoir, ce que nous avons dit précédemment, ce que nous avons laissé de côté, où s'est arrêté notre discours d'hier, par où il convient de commencer le discours d'aujourd'hui, nous rattacherions sans préambule nos premières paroles à celles que nous avons prononcées hier, en terminant. Mais, comme un grand nombre de nos auditeurs d'hier sont absents aujourd'hui, que, parmi ceux qui sont aujourd'hui présents, un grand nombre ne nous ont pas entendu hier, la diversité de nos auditeurs nous force de reprendre ce que nous avons expliqué. Il en résultera que ceux qui nous ont déjà entendu, conserveront mieux le souvenir de nos paroles; que ceux qui furent absents hier , n'auront pas fout perdu, grâce à l'exposition qui leur résumera l'enseignement déjà donné. Peut-être ceux qui ne manquent jamais à nos réunions, prétendront-ils que nous ne devrions pas, en considération des absents, reprendre ce que nous avons déjà dit; qu'il serait bon au contraire de corriger ceux qui ont dédaigné de venir, en leur laissant subir une perte qui les rendrait à l'avenir plus diligents.

Je vous félicite de vous montrer ainsi affligés de la négligence de vos frères, et j'admire votre zèle ; mais je veux que votre zèle soit tempéré par la charité. En effet; un zèle qui ne pardonne pas, est plutôt de la colère que du zèle; un avertissement sans douceur, est une espèce de haine. C'est pourquoi je vous prie de ne pas censurer avec amertume les péchés d'autrui; car, de même que celui qui voit sans être ému de pitié, les blessures de ses frères, sera traité sans indulgence, quand il tombera (478) lui-même dans le péché; de même, l'homme miséricordieux que touche la pitié, quand le prochain succombe, trouvera lui-même, s'il vient à tomber, un grand nombre d'amis pour lui tendre la main. Et ce que je dis maintenant, ce n'est pas afin d'encourager la négligence de ceux qui se montrent rarement au milieu de nous; mais c'est que je désire voir s'augmenter notre zèle pour eux, de telle sorte que notre sollicitude soit un tempérament de sagesse et d'affection. Je sais bien d'ailleurs, que nous aussi, ces jours passés, nous avons prononcé contre eux grand nombre de longs discours et nous avons dit qu'ils ne méritaient pas d'être appelés des hommes. Vous vous souvenez que nous avons suscité contre eux les prophètes, deux surtout, dont l'un dit ces paroles : Je suis venu, et il ne s'est point trouvé d'hommes ; j’ai appelé, et il ne s'est pas trouvé d’auditeur. (Isaïe, L, 2.) Un autre prophète s'écrie et dit : A qui adresserai-je ma parole et qui conjurerai-je de m'écouter? Leurs oreilles sont incirconcises et ils ne peuvent entendre. (Jérém. VI, 10.) Par ces paroles, nous les avons assez sévèrement traités; mais à présent, nous prenons un autre langage et nous leur adressons des prières; car, c'est Paul qui nous en donne le conseil: Reprenez, dit-il, réprimandez, suppliez. (II Tim. IV, 2.) Et en. effet, il ne faut pas se borner toujours, soit à la réprimande soit à la prière qui supplie, mais il faut employer alternativement la réprimande et la prière, afin qu'il en résulté une plus grande utilité. Si nous ne faisions jamais que les réprimander, ils perdraient, de plus en plus, toute honte; si nous ne faisions jamais que supplier, ils deviendraient de plus en plus relâchés. Les médecins le savent bien : ils ne se bornent pas à couper les chairs, mais ils pansent aussi les blessures; ils ne prescrivent pas toujours des breuvages amers, mais parfois des potions agréables. Ces amers breuvages purifient lé sang; les potions plus douces calment les douleurs, et voilà pourquoi, dans un autre endroit, Paul dit encore : Mes frères, si un homme est tombé par surprise en quelque péché, vous autres qui êtes spirituels, ayez soin de lé relever, dans un, esprit de douceur, chacun de vous faisant réflexion sur soi-même et craignant d'être tenté, aussi bien que lui. (Galat. VI, 1.) Avertissement excellent; conseil parfait, qui montre les entrailles d'un père; digne de sa grande sollicitude pour nous; Mes frères : voilà le vrai langage de Paul, voilà un titre suffisant pour conquérir la bienveillance de l'auditeur. C'est comme s'il disait : Vous êtes sortis des mêmes flancs, vous devez la vie aux mêmes douleurs, vous avez eu même nourriture, même père, qui vous a enfantés, par le spirituel enfantement; montrez cette parenté, cette fraternité, même quand vous corrigez les péchés du prochain. Si un homme est tombé, par surprise. Il ne dit pas : Si un homme a péché, mais il s'empresse de montrer un genre de péché qui mérite particulièrement l'indulgence. Si un homme. est tombé par surprise, c'est-à-dire, a succombé à une tentation forte, s'est égaré; il n'entend pas celui qui a péché de propos délibéré, mais celui qui, voulant bien faire, a été renversé, vaincu par le pouvoir du démon. Un tel homme mérite moins d'être accusé, que d'obtenir son pardon. Si un homme est tombé par surprise, un homme; autre raison d'excusé, la faiblesse de la nature, qu'il s'est empressé d'indiquer par le mot homme. Donc, de même que cet homme d'un si grand coeur, Job, voulant se concilier la clémence de Dieu, disait : Qu'est-ce qui l'homme pour mériter que vous le regardiez comme quelque chose, et que vous observiez ses péchés ? de même, nous, à notre tour, hâtons-nous de dire, quand un homme est en cause pour ses péchés : c'est un homme, et tempérons, par la considération de la nature, l'excès de l'indignation. Voilà pourquoi Paul s'empresse d'indiquer l'infirmité de la nature, en disant : Si un homme est tombé, par surprise dans quelque péché. Il ne dit pas les grands péchés, qui ne méritent ni indulgence, ni pardon, mais les petits, où se font les faux pas. Vous qui êtes spirituels. Celui qui pèche, c'est l'homme; mais ceux qui font les bonnes oeuvres, il les nomme spirituels; pour le pécheur , il emploie le terme qui marque la nature; il applique aux autres le nom qui désigne la vertu.

Il y a une grande différence entre l'homme, et. l'être spirituel. Vous qui êtes spirituels. Si tu es spirituel , montre-moi ta force, non pas en opérant ton salut, mais en opérant mon salut, mais en m'apportant ton secours, à moi qui suis tombé. C'est là, en effet, le propre de celui qui est spirituel; il ne dédaigne pas ses membres en péril. Ayez soin de le relever. Faites, dit-il, qu'on ne puisse pas le prendre, qu'il ne se fatigue pas en combattant, que, (479) dans sa lutte contre le démon, il ne succombe pas. Chacun de vous, faisant réflexion sur soi-même, et craignant d'être tenté, aussi bien que lui.

2. Voilà le conseil par excellence, l'avertissement le plus puissant pour forcer la volonté.. Fussiez-vous de pierre, quand vous entendez cette parole, elle suffit pour vous inspirer la terreur, pour vous exciter à secourir celui qui est tombé. Vous ne voulez pas, dit-il, avoir pitié , à titre de frères, vous ne voulez pas pardonner à ceux qui sont dés hommes? Vous ne voulez pas, à titre d'êtres spirituels, tendre la main aux malheureux? Considérez votre condition, et vous n'aurez pas besoin qu'on vous conseille; de vous-mêmes , vous porterez secours à celui que vous voyez par terre, et vous irez le consoler. Comment? et pourquoi? Chacun de vous faisant réflexion sur soi-même, et craignant d'être tenté, aussi bien que lui. Il ne dit pas: Car, après tout, vous commettrez, vous aussi, des péchés; cette parole eût été trop dure; mais que dit-il ? Craignant d'être tenté, aussi bien que lui. Il peut se faire en effet que vous commettiez des péchés; il peut se faire aussi, que vous ne péchiez pas; et parce que l'avenir est incertain , préparez pour vous-mêmes la réserve de la miséricorde, par votre charité envers le prochain , et vous retrouverez, si vous venez à faillir, l'abondance de miséricorde misé par vous en réserve. Il ne dit pas : Craignant de pécher aussi soi-même, craignant de tomber aussi soi-même; faites bien attention, considérez la mesure juste des expressions ; mais, craignant d'être tenté aussi bien que lui; ce qui indique, et que nous avons un ennemi particulier qui nous tente, et que ce tentateur n'a pas un moment fixe et déterminé pour nous tendre ses pièges. En effet; la plupart du temps, c'est quand nous dormons, quand nous né sommes pas sur nos gardes, qu'il nous attaque, et voilà pourquoi celui qui est tombé par surprise; est digne de pardon , c'est qu'il a été pris par le tentateur. Le combat n'était pas ostensible; le jour de la bataille n’avait pas été désigné; l'attaque a eu lieu à l'improviste, et voilà pourquoi le démon a eu le dessus. Tels sont les sentiments des matelots qui voguent sur le grand espace des mers; ils ont beau avoir pour eux les vents favorables; ils ont beau jouir d'une parfaite sécurité; cependant, s'ils voient, de loin, un naufrage, ils ne se bornent pas à considérer leur propre utilité , sans s'occuper du désastre qui tombe sur autrui; ils arrêtent leur navire, jettent l'ancre, ferlent les voiles, jettent des câbles, lancent au loin des planches, afin que celui qui est submergé par les flots saisisse un de ces moyens de salut, et puisse ainsi échapper au naufrage. Imitez les matelots, vous qui portez le nom d'homme-, vous voguez vous aussi, sur une vaste mer, c'est la vie présente; et cette mer renferme des monstres sans nombre, des pirates; cette mer a des écueils, et des rescifs ; cette mer est troublée par les flots et par les tempêtes; et souvent dans cette mer s'engloutissent un grand nombre de naufragés. Quand donc il vous arrive de voir quelque passager, victime de la malice du démon , perdant la richesse du salut, emporté par le tourbillon, prêt à être submergé, arrêtez votre navire , n'ayez plus de pensées que pour le malheureux; attachez-vous, avant toutes choses, .à son salut; ne pensez plus à vous, car il ne peut pas attendre, il ne peut pas souffrir de délai, celui qui est sur le point de s'engloutir; arrivez, arrivez vite, arrachez-le vivement du tourbillon; saisissez-vous de tous les câbles, pour le retirer de l'abîme de la perdition; eussiez-vous mille et mille affaires, vous entraînant ailleurs, que rien ne paraisse plus pressant pour vous, que le salut de celui qui est dans la détresse; si peu que vous vouliez différer, vous le trahissez , vous l'abandonnez à la rage de la tempête. Dans de si grands périls; il faut de la promptitude et du zèle. Voyez l'empressement de Paul à la vue d'un homme que l'abîme allait dévorer : Je vous prie, dit-il, dé lui donner des preuves effectives de votre charité, de peur, qu'il ne soit accablé par un excès de tristesse. (II Cor. II , 7-8.) II veut qu'aussitôt on lui tende la main, de peur, que pendant que nous différons , l'infortuné ne soit dévoré par l'abîme. Soyons donc pleins de soucis pour,les intérêts de ceux qui sont nos frères.

Voilà ce qu'il y a de principal, de principal dans notre conduite : ne pas considérer uniquement ces intérêts, mais corriger, fortifier ceux de nos membres que nous voyons pervertis. Voilà, de notre foi, la marque la plus éclatante; c'est en cela, dit l'Evangile, que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. (Jean, XIII, 35.) La charité sincère ne se déclare pas par la communion à la même table; par une (480) courte parole; par les flatteries des mots; ce qui la prouve, c'est le zèle qui considère l'intérêt du prochain, qui relève celui qui a fait une chute; qui tend la main à celui qui est par terre, sans plus penser à son propre salut; qui recherche, avant son propre bien, le bien d'autrui. Voilà la vraie charité : car celui qui a la charité, ne regarde pas son intérêt propre; il considère d'abord l'intérêt du prochain, et, par l'intérêt d'autrui, il assure son propre intérêt. (I Cor: XIII, 5.) Et moi-même, maintenant, que fais-je ? Ce n'est pas pour moi que je prolonge ces longs discours, c'est pour vous. Donc vous, à votre tour, ne les écoutez pas seulement pour vous-mêmes, mais pour les autres, à qui vous devez de les instruire ; car c'est le bon agencement des membres qui entretient le corps de l'Eglise. De même qu'un membre qui retiendrait pour lui toute la nourriture, sans rien communiquer aux membres voisins, se ferait du tort à lui-même, et ruinerait le reste du corps : par exemple, si l'estomac tirait toute la nourriture à lui seul, le reste du corps se dessécherait par la. faim, et l'estomac se ruinerait lui-même par le dérèglement de son appétit; si au contraire, se contentant de la part qui lui suffit, il envoie aux autres membres ce qui doit leur revenir, il s'entretient lui-même en bonne santé, et avec lui tout le reste du corps : Eh bien ! de même pour vous maintenant ; si, après avoir- écouté nos paroles, vos gardez tout pour vous, sans rien communiquer à un autre, vous faites du tort à cet autre, et vous vous ruinez vous-mêmes ; vous vous attirez les maladies les plus graves; vous cultivez en vous la lâcheté et l'envie; car, c'est ou par malice, ou par envie, ou par lâcheté, que nous ne partageons pas avec les autres; de quelque nature que soit ce mal, il suffit pour perdre celui qui en est atteint. Si au contraire vous communiquez abondamment la nourriture aux autres, vous vous faites du bien à vous-mêmes et aux autres; mais en voilà assez sur ce sujet.

3. Ce qu'il faut maintenant, c'est reprendre la suite de nos dernières. réflexions. Quelles étaient donc ces réflexions ? Nous recherchions, au sujet des noms Saul et Paul, pourquoi on dit tantôt Saul et tantôt Paul, et delà nous, avons fait une longue digression sur certains noms propres.. Puisque nous voilà débarqués, il ne nous paraît pas convenable de négliger l'approvisionnement que nous pouvons faire en ce nouveau pays. Encore que ce soit le nom de Paul qui nous ait fourni l'occasion d'entreprendre cette étude, il ne manque pas d'autres noms que nous puissions explorer avec profit. Les marchands, qui traversent les mers, et s'en vont, pour quelques menues denrées, vers des parages lointains, arrivent parfois dans une petite ville, où ils voient en abondance des objets tout différents qui leur conviennent, et, outre les marchandises pour l'achat desquelles ils ont quitté leur pays, ils font des emplettes beaucoup plus considérables que celles qu'ils avaient projetées. Si on leur en faisait un reproche, ils diraient: nous avons fait un long voyage, essuyé mille tempêtes, affronté mille dangers, franchi les mers; qui nous empêche de donner de l'extension à notre commerce? Nous pouvons, certes, nous excuser à leur manière. — Nous faisions des recherches sur les noms. de Paul et nous avons trouvé en même temps comme des magasins d'autres noms; ainsi Pierre s'appelait d'abord Simon, et les fils de Zébédée, Jacques et Jean, se nommaient les fils du tonnerre. Nous avons trouvé, dans l'Ancien Testament, Abraham appelé auparavant Abram, et Jacob nommé Israël, et Sarra au lieu de Sara; nous avons trouvé, en outre, d'autres personnages dont les noms sont demeurés tels qu'ils les reçurent dès le commencement; ainsi Jean-Baptiste, Isaac et Adam. Donc, il serait absurde, et de la dernière négligence, quand nous avons dans les mains un si grand trésor, de le jeter. Car voilà la raison de ce long discours; et, comme nous avons parlé dernièrement de ceux qui ont gardé leurs premiers noms, nous parlerons aujourd'hui de ceux qui ont eu deux noms, comme, par exemple, Abraham. Adam a toujours porté le même nom; Isaac n'en a pas reçu d'autre; depuis le commencement jusqu'à la fin, Isaac. Mais le père d'Isaac s'appelait d'abord Abram, plus tard seulement, Abraham. En effet, Dieu lui dit; Vous ne vous appellerez plus Abram, mais Abraham. (Gen. XVII, 5.) Son premier nom, c'était Abram ; ce nom n'est pas grec, il n'appartient pas à notre langue; c'est un nom hébreu. Que signifie-t-il donc? Un passant. Aram, en syrien, signifie au delà, outre, ce que savent bien, ceux qui connaissent cette langue. Il y a une grande affinité entre le syrien et l'hébreu, mais, dites-vous, pourquoi l'a-t-on appelé, passant? La Judée, c'est-à-dire toute la Palestine, depuis l'Egypte jusqu'à l'Euphrate est en face de la (481) Babylonie, d'où était Abraham ; le fleuve passe entre les deux pays dont il forme le commune limite. Et, comme Abraham n'était pas de la Palestine, mais venait de la rive opposée, c'est-à-dire de la Babylonie, pour cette raison et de fait, il a reçu le nom de passant, parce qu'il avait passé le fleuve. Or, pourquoi a-t-il passé le fleuve? parce que Dieu le lui avait ordonné; pourquoi Dieu le lui a-t-il ordonné? Pour faire paraître l'obéissance du juste. Et comment parut l'obéissance du juste ? en ce que par l’ordre de Dieu, il abandonna son propre pays, pour passer sur une terre étrangère. Voyez-vous quelle chaîne d'événements dans le nom de l'homme juste? Ce nom nous a ouvert un océan de faits; apprenez donc son premier nom, afin qu'en le voyant habiter la Palestine, vous vous souveniez, rien qu'en entendant ce nom, de sa première patrie, de ta cause qui la lui fit quitter, et qu'ainsi vous vous trouviez conduits à imiter le zèle de sa foi.

Voilà donc comment ce juste, avant la loi et sous l'empire de la loi, reçut la sagesse qui fut communiquée au temps de la grâce, et comment il accomplit, avant le temps de la grâce, ce que, plus tard, le Christ proposait à ses disciples : Quiconque aura quitté, pour mon nom, sa maison, ses frères, son père ou sa mère en recevra le centuple, et aura, pour héritage, la vie éternelle. (Matth. XIX, 28, 29.) Ce n'est pas là seulement ce qui montre la sagesse de ce juste, mais la promesse de, Dieu sert encore à la manifester ; venez en la terre que je vous montrerai. (Gen. XII, 1.) Sans doute la Chaldée et la Palestine étaient deux patries matérielles; mais enfin, l'une était son pays, l'autre, une :patrie étrangère ; l'une, visible, l'autre invisible; il avait l'une dans les mains, il n'avait l'autre qu'en espérance. Or, abandonnant le visible, le manifeste, ce qu'il avait dans la main, il s'empressa d'aller à l'inconnu, à l'invisible, dans un pays où il ne lui était pas permis de dominer. Conduite qui a pour but de nous apprendre, de nous convaincre, qu'il ne faut pas hésiter, lorsque Dieu nous commande, à laisser là ce qui est visible, à élever nos regards vers ce qui n'apparaît pas à nos yeux. Les biens que nous tenons datas nos mains ne sont pas aussi évidents que ceux qu'il faut espérer; la vie présente n'est pas aussi manifeste que la vie à venir; la première, nous la voyons des yeux du corps ; l’autre, nous la voyons des yeux de la foi; la première, nous la voyons dans nos mains, celle-là, nous la voyons dans les promesses du Dieu qui nous la tient en réserve.

4. Or, les promesses de Dieu sont beaucoup plus puissantes que nos mains. Voulez-vous voir comment cette vie présente n'est tout entière qu'obscurité, tandis que cette vie à venir qui semble obscure a, plus que la vie présente, de solidité durable? Recherchons, s'il vous plaît, ce qu'il y a d'éclatant dans la vie présente; ce sont les richesses, c'est la gloire, la puissance, une grande considération auprès des hommes, et vous verrez. que rien n'est plus confus que tout cela. En effet, quoi de plus infidèle que les richesses, qui souvent n'attendent pas le soir, pour nous quitter; comme des ingrats, comme des transfuges, elles passent d'un maître à un autre maître, et, de celui-ci, à un troisième. Et de même pour la gloire : souvent qui avait un noble et illustre nom, se voit tout à coup sans considération et parfaitement inconnu. L'inverse a lieu aussi. Et, comme il est impossible de distinguer; dans la roue, qui tourne toujours, la moindre partie de la circonférence, parce que la rapidité du mouvement porte, à chaque instant, en haut ce qui était en bas, en bas ce qui était en haut, de même l'impétuosité du mouvement qui nous emporte, qui change tout sans cesse, précipite au plus bas degré ce qui dominait sur le faite; vérité que rendent manifeste et l'inconstance des richesses, et l'inconstance du pouvoir, et de tout ce qui se pourrait nommer; jamais de consistance, toujours l'instabilité; ce sont des eaux courantes. Qu'y a-t-il donc de plus incertain que ce qui change si souvent de place, prend son vol loin de nous, avant de se montrer; avant de nous approcher, s'échappe? De là vient que le Prophète, parlant des voluptés, des richesses, de tout ce qui y ressemble, réprimande par ces paroles ceux qui s'y attachent comme à des biens durables : Ils ont regardé comme stable ce qui n'est que fugitif. (Amos, VI, 5.) Il ne dit point, ce qui n'est que passager, mais, d'une manière beaucoup plus expressive, ce qui n'est que fugitif. En effet, ces biens-là ne se retirent pas peu à peu, mais avec une étonnante rapidité. Notre patriarche, au contraire, n'a pas tenu cette conduite; mais, abandonnant tout cela, il n'a vu que les promesses de Dieu; il nous a préparé la voie dans la foi aux choses à venir; c'est afin que vous aussi, à qui Dieu a promis les choses  (482) à venir, qui ne se voient pas, vous vous gardiez de dire : ces choses-là sont invisibles, ne se montrent pas. En effet, ces choses invisibles sont plus manifestés que les choses visibles, pour peu que nous ayons les yeux de la foi. Sans doute nous ne les voyons pas, mais Dieu nous les a annoncées, nous les a promises; quand c'est Dieu qui annonce, il n'y a aucune variation possible dans les choses promises; rien n'est plus durable, n'en doutons jamais, que ce qui est dans la main de Dieu; car, dit l'Evangéliste, Personne ne peut le ravir de la main de Dieu. (Jean, X, 29.) Le trésor que nul ne peut ravir de la main de Dieu, est donc '     éternellement assuré; au contraire les choses présentes sont exposées à toute espèce de variations et de vicissitudes. Aussi, prenons-nous souvent beaucoup de peine, et le résultat frustre notre attente. Pour les biens qu'on espère, il n'en est pas de même : Celui qui a travaillé, obtient nécessairement couronnes et récompense, car l'espérance n'est point trompeuse (Rom. V, 5), parce que, c'est la promesse de Dieu, et que les dons promis participent de la nature de celui qui les a promis. Abandonnez donc ce qui est obscur, pour- vous saisir de ce qui est manifeste. Or, ce qui est manifeste, ce n'est pas le présent, mais l'avenir. Maintenant, si quelques personnes ne considèrent que le présent et méprisent l'avenir, elles ne le méprisent pas parce qu'il est obscur et incertain, mais parce qu'il est élevé, trop au-dessus de leur propre faiblesse. Considérez donc combien fut grande la vertu de notre homme juste. Dieu lui avait promis des biens matériels, et lui cherchait, de lui-même, des biens spirituels. Comment, me direz-vous , Dieu lui avait promis les biens matériels, et il cherchait, de lui-même, des biens spirituels? Sortez, dit Dieu, de votre pays, de votre parenté et de la maison de votre père, et venez en la terre que je vous montrerai. (Gen. XII, 1.) La première contrée était chose matérielle, comme le pays qui lui était destiné; eh bien ! qu'a-t-il fait? Non, n'écoutons pas Abraham, mais écoutons Paul, qui nous parle de lui; comprenons que, quoique Dieu lui eût promis cette terre, lui pourtant, laissant là les choses présentes, ne la regarda pas, mais s'empressa de se tourner vers les choses à venir. Quelles sont donc les paroles de Paul? Tous ces saints sont morts dans la foi, ce qu'il dit d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de tous les juste, car non-seulement Abraham, mais tous participaient à la même sagesse. Tous ces saints, morts dans la foi, n'ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis, mais les voyant de loin. (Hébr. XI, 13, 14, 15, 16.) Que dites-vous? Abraham n'a pas reçu les biens promis? il n'est pas venu dans la Palestine? les paroles ont donc été trompeuses? nullement, il est venu, certes, dans la Palestine, mais ce n'est pas cette Pales. tine qu'il regardait; il en désirait une autre, la patrie qui est dans le ciel. Vérité que Paul atteste en ajoutant : Et confessant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. C'est un voyageur, celui quia reçu une si grande patrie, une contrée si considérable? Parlez, je vous en prie. Assurément, dit Paul, car ce n'est pas cette patrie qu'il a considérée, mais le ciel. Car ceux qui parlent de la sorte font bien voir qu'ils cherchent une autre patrie, qui a Dieu pour fondateur et architecte, cette patrie, vous dis-je, qui est la Jérusalem céleste, la patrie d'en-haut. Comprenez-vous comment Dieu lui a promis une patrie matérielle, tandis que lui-même a cherché la Jérusalem céleste? Car ceux qui parlent de la sorte, dit Paul, font bien voir qu'ils cherchent une autre patrie. S'ils avaient eu dans l'esprit celle dont ils étaient sortis, ils avaient assez de temps pour y retourner; ruais ils en désiraient une meilleure, qui est la patrie céleste. Donc, la chose promise est matérielle, mais le désir du juste est spirituel. Quant à nous, nous faisons juste le contraire. A lui Dieu avait promis la Palestine, mais il regardait. le ciel; à nous, Dieu a promis le ciel, mais nous regardons la terre,

5. Voilà donc ce que nous avons gagné à méditer le nom d'Abraham; nous avons appris pourquoi il fut ainsi appelé, pourquoi on l'a nommé un passant; il abandonna son pays pour passer sur la terre étrangère; il quitta le visible pour l'invisible; il rejeta ce qu'il avait dans la main, pour les biens que concevait son espérance; il reçut des biens qui tombent sous-les sens, et il ne voulut voir que les biens spirituels, et cela avant la grâce, avant la loi, avant l'enseignement des prophètes. Par où il est évident qu'il n'eut personne pour l'instruire, qu'il lui suffit du langage de sa conscience; que c'est ainsi qu'il trouva Dieu, le Créateur de l'univers; voilà pourquoi il fut appelé Abram; voilà pourquoi ses parents lui donnèrent ce nom. Mais peut-être, me dira-t-on, mensonge que tout cela ! est-ce que les parents (483) d'Abraham étaient des justes ? est-ce qu'ils étaient agréables à Dieu ? est-ce qu'ils connaissaient les choses futures ? est-ce qu'ils prévoyaient la promesse que devait faire le Seigneur? n'étaient – ce pas des impies , des idolâtres, plus que des barbares ? Je ne l'ignore pas, je le sais bien, et, si je loue cet homme juste, c'est qu'avant de tels parents, il est lui-même devenu tel que nous le voyons. Voilà en effet ce qui est étrange, merveilleux;. d'une racine sauvage un fruit si doux ! Il ne faut pas faire de la malice des parents un sujet d'accusation contre les enfants qui vivent dans la piété; mais s'il est permis de dire quelque chose qui étonne, au contraire c'est une gloire de plus pour ceux qui n'ont pas reçu la piété, comme un héritage de leurs pères, pour ceux qui n'ont pas eu de guides, pour ceux qui ont été comme des voyageurs dans un désert où nul chemin n'est tracé, d'avoir pu trouver la roule qui conduit au ciel.

Ce n'est donc pas un crime, un sujet d'accusation, d'avoir pour père un impie. Accusez celui qui reproduit l'impiété de son père; accusons-nous surtout nous-mêmes; non pas d'avoir des parents qui vivent dans l'abaissement, mais de ne pas prendre soin de nos parents, de ne pas faire tous nos efforts pour les retirer de leur impiété. Quand nous aurons, pour le salut de leur âme, fait tous les efforts dont nous sommes capables , s'ils persistent dans leur voie mauvaise, nous serons à l'abri de tout reproche, de toute accusation. Ces paroles, mon bien-aimé, c'est pour que vous ne vous troubliez pas, quand vous entendez dire, qu'Abrabam eut pour père un impie. Car Timothée lui-même eut pour père un impie. C'était le fils d'une femme: juive, fidèle , et d'un père gentil. (Actes, XVI, 1.) Que son père soit resté impie et ne se soit pas converti, c'est- ce qui ressort du passage où Paul, célébrant la foi de Timothée s'exprime ainsi : Me représentant cette foi sincère qui est en vous, qu'a eue premièrement Loïde, votre aïeule, et Eunice votre mère, et que je suis très-persuadé que vous avez aussi. (II Tim. I, 5.) On ne trouve nulle part le nom de son père, et pourquoi? C'est que persévérant dans l'impiété, cet homme ne méritait pas d'être nommé avec son fils. Que les apôtres aient eu aussi des parents égarés, c'est ce que le Christ a déclaré par ses paroles : Si c'est par Béelzébub que je chasse les démons, par qui vos enfants les chassent-ils? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. (Matth. XII, 27.) Ne vous troublez pas, ne soyez pas scandalisés. Nous apprenons ici, que ce n'est pas la nature, que c'est la volonté qui constitue la vertu et le vice, En effet, s'il fallait s'en prendre à la nature, les méchants n'engendreraient jamais que des méchants, et les bons, que des bons. Mais, parce que c'est la volonté qui constitue, soit la vertu, soit le vice, il arrive souvent que des pères vicieux ont des enfants vertueux; que des pères, solides dans la sagesse, ont eu pour fils des négligents, des lâches. Ce qui prouve que ce n'est pas la nature, mais toujours la volonté que nous devons accuser. Mais puisque les parents d'Abraham étaient, comme je l'ai dit, des impies, d'où vient qu'ils lui ont donné ce nom? Ce fut l'oeuvre de la divine sagesse; elle se servit de la langue des incrédules, pour donner à un enfant un nom qui renfermait l'histoire à venir. Cette même puissance, le Seigneur l'a montrée à propos de Balaam, qu'il força à prédire l'avenir (Nombr. XXIII), montrant par là, qu'il commande, non-seulement à ceux qui lui appartiennent . mais qu'il est aussi le maître de ceux mêmes qui ne sont pas à lui. Et, pour vous apprendre que des parents sans piété, souvent , à leur insu; donnent, à des justes, des noms qui renferment une grande indication des choses à venir, nous vous apporterons un autre exemple : Lamech fut le père de Noé; de ce Noé qui vécut au temps du déluge; ce Lamech n'était ni juste, ni agréable à Dieu, ni approuvé de Dieu; car, s'il eût été juste, agréable à Dieu, approuvé de Dieu, l'Ecriture ne dirait pas que Noé seul fut trouvé juste, au milieu des hommes de son temps. (Gen. VI, 9.) L'Ecriture n'aurait pas omis de mentionner le père de l'homme juste, si ce père eût été juste lui-même. Eh bien ! que fit-il? Il donna à son fils un nom qui renfermait une grande indication des choses à venir. Le nom donné au juste, était une prophétie. (Gen. V, 29.) Ce nom, en effet, montrait le déluge qui allait venir. Comment le déluge qui allait venir, se montrait-il dans le nom de Noé? Noé, en hébreu, signifie, celui qui fait reposer, car Nia, en syrien, signifie repos; de même donc que, du mot Abar, qui signifie au-delà, on a fait Abraham; de même que, de AEdem, qui signifie terre, on a fait Adam, qui signifie sorti de la terre; de même ici, de Nia, qui signifie repos, on a fait Noé, qui signifie (484) qui fait reposer. Ce dernier sens tient à l'altération du mot. En effet, il l'appela Noé en disant Celui-ci nous fera reposer. (Gen. V, 29.) C'est le déluge qu'il appelle repos, car c'était du temps dé Noé que le déluge devait arriver; or, le déluge fut une mort, mais la mort est un repos pour l'homme. (Job,  III, 23.) Aussi appela-t-il l'homme qui fut contemporain du déluge, celui qui fait reposer.

6. Je ne tourmente pas l'Ecriture, entendons l'Ecriture elle-même : Lamech ayant vécu cent quatre-vingt-huit ans engendra un fils, qu'il nomma Noé, disant : Celui-ci nous fera reposer de nos travaux, et de nos douleurs, et des œuvres de nos mains, et nous consolera dans la terre que le Seigneur a maudite. (Gen. V, 28, 29.) Que dites-vous, Nous fera reposer? Pourquoi ne pas dire, celui-ci nous tuera, celui-ci suscitera le déluge ; pourquoi dire au contraire, Celui-ci nous fera reposer? Toute la création est bouleversée, tous les abîmes s'entrouvent, déchirés dans leurs profondeurs, des hauteurs du ciel, les cataractes épanchent tous leurs flots, plus rien partout, qu'une mer étonnante, stupéfiante, épouvantable; dans la matière détrempée , devenue la fosse commune, la tombe de l'univers, se cachent à la fois les cadavres des hommes, les cadavres des chevaux, les cadavres des animaux sauvages, et ces affreux malheurs, cet affreux désastre, répondez-moi, c'est ce que vous appelez un repos? Oui, assurément, dit le texte. Car les hommes vivaient dans la corruption: cette corruption, le déluge l'a retranchée; ceux qui ont été affranchis de cette corruption, se sont enfin reposés. Un corps possédé de diverses maladies, qu'aucun remède ne peut guérir, quand la mort survient, a trouvé le repos; telle était cette génération d'hommes, semblables à des corps atteints de maladies incurables sans aucun espoir de guérison; le déluge qui les a surpris, les arrachant à leurs maux, leur a donné le repos. Car si la mort est un repos pour l'homme (Job,  III, 23), à bien plus forte raison, est-elle un repos pour ceux qui vivent dans une corruption incurable; elle les affranchit de leurs maux, elle ne permet pas à l'ulcère de l'impiété de progresser indéfiniment, au fardeau des péchés d'excéder toute mesure, en pesant sur nous. Rien de plus insupportable, de plus accablant que le péché; rien de plus misérable, de plus fécond, en douleurs, que la perversité et ses dérèglements. De là, les paroles du Christ, à ceux qui vivaient dans le péché, Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. (Matth. XI, 28.) Et voilà pourquoi Lamech a appelé le déluge un repos, c'est qu'il devait, en survenant, mettre un terme à la perversité. Je voulais prolonger ce discours; beaucoup de réflexions ont été omises qui se rapportent au nom de Noé; mais retenez dans votre mémoire, méditez ce que vous avez en. tendu, faites-en part à nos frères absents; épargnez-nous la nécessité de recourir encore à de longs préambules, pour montrer comment nos entretiens s'enchaînent; terminons ce discours par des prières; bénissons Dieu, qui nous a permis de vous faire entendre ces paroles; à lui, la gloire, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Traduit par M. PORTELETTE.

 

 

 

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