Air : Rappelle-toi.
Oh ! souviens-toi, Jeanne, de ta patrie,
De tes vallons tout émaillés de fleurs.
Rappelle-toi la riante prairie
Que tu quittas pour essuyer mes pleurs.
O Jeanne, souviens-toi que tu sauvas la France.
Comme un ange des cieux tu guéris ma souffrance,
Ecoute dans la nuit
La France qui gémit :
Rappelle-toi !
Rappelle-toi tes brillantes victoires,
Les jours bénis de Reims et d'Orléans;
Rappelle-toi que tu couvris de gloire,
Au nom de Dieu, le royaume des Francs.
Maintenant, loin de toi, je souffre et je soupire.
Viens encor me sauver, Jeanne, douce martyre !
Daigne briser mes fers... Des maux que j'ai soufferts,
Oh ! souviens-toi !
Je viens à toi, les bras chargés de chaînes,
Le front voilé, les yeux baignés de pleurs
Je ne suis plus grande parmi les reines,
Et mes enfants m'abreuvent de douleurs !
Dieu n'est plus rien pour eux ! Ils délaissent leur Mère !
O Jeanne, prends pitié de ma tristesse amère !
Reviens, « fille au grand coeur ». Ange libérateur,
J'espère en toit
1894.