Du Suicide

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Déclaration Justification

 

DU SUICIDE.

 

Le docteur Frédéric Mycon ayant consulté le docteur Luther au sujet de la sépulture donnée à une femme qui s'était ôté la vie (1), celui-ci lui répondit : « Je ne l'écris pas longuement, parce que ma mauvaise santé ne me le permet pas. J'ai connu bien des cas semblables à celui dont lu m'entretiens, mais j'ai coutume, en pareille circonstance, déjuger que ces gens ont été tués par le diable lui-même, comme un voyageur est tué par un voleur. Le magistrat fait cependant sagement d'user de sévérité, afin de répandre la terreur et de donner avis au monde, qui est porté à se livrer à l'épicurisme et à regarder le diable comme roi. Je t'écrirai une autre fois plus en détail au sujet de ces exemples et de ces jugements de Dieu. Je me souviens d'avoir lu dans l'histoire profane que, dans une certaine ville, les jeunes filles, comme si elles avaient fait un accord, se pendaient les unes après les autres. Les magistrats, épouvantés, n'avaient pu s'aviser d'aucun remède ; l'un d'eux conseilla d'attacher par un pied à un cheval, dans une position indécente (2), les cadavres nus de celles qui se suicideraient à l'avenir, et de les faire traîner par les places. Ce spectacle effraya toutes celles qui auraient été tentées d'en faire autant, et cette horrible inspiration de Satan Cessa. Mais je te dis là ce que tu sais sans doute. Prie pour moi le Seigneur, et qu'il te conserve en santé. »

Au sujet de la mort de Jean Krum de Halle, le docteur Luther porta la décision suivante : « Je ne suis pas d'avis de regarder Somme irrévocablement condamnés ceux qui se tuent eux-mêmes, et cela par la raison qu'ils ne le font pas de propos délibéré, mais qu'ils succombent à la puissance du diable, comme quelqu'un qui, en traversant une forêt, serait assailli par des brigands. Mais il ne faut pas dire ces choses-là au vulgaire, pour ne pas donner à Satan occasion de commettre des meurtres, et je maintiens

 

1 Consulter un savant et curieux travail de M. Félix Bourquelot sur les opinions et la législation en matière de mort volontaire pendant le moyen âge, Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. III, p. 539 ; t. IV, p. 242.

 

2 Aperitis obscoenis.

 

242

 

tiens qu'il est bon, sens le rapport de l'administration civile, que ceux qui se sont suicidés soient enterrés à part. C'est ainsi que les magistrats doivent user de sévérité ; quant au jugement de l'âme, il faut le laissera Dieu. Il permet pareils événements afin de montrer que le diable est puissant et redoutable, et pour nous exciter à la prière ; s'il ne se passait rien de propre à nous effrayer, nous ne prierions pas. »

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