MERCREDI IV

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PROPRE DES SAINTS

LE MERCREDI DE LA QUATRIEME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

 

Nous l'avons entendu: le Fils de Dieu qui s’apprête à monter vers son Père, a dit à ses Apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations ; prêchez l'Evangile à toute créature. » Ainsi, les nations n'entendront pas la parole immédiate de l'Homme-Dieu ; c'est par interprètes qu'il nous parlera. La gloire et le bonheur de l'entendre lui-même directement furent réservés à Israël ; et encore la prédication de Jésus ne dura que trois années.

L'impie a dit dans son orgueil: « Pourquoi des hommes entre Dieu et moi? » Dieu pourrait lui répondre : « De quel droit voudrais-tu m'obliger à te parler moi-même, lorsque tu peux être aussi assuré de ma parole que si tu l'avais entendue ? » Le Fils de Dieu devait-il donc demeurer sur la terre jusqu'à la fin des siècles, pour avoir droit d'obtenir l'obéissance de notre raison à ses enseignements ? Celui qui mesure la distance qui sépare le Créateur de la créature aura horreur d'un tel blasphème. « Si « nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu n'est-il pas plus digne encore

 

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de nos respects (1) ? » Est-ce un témoignage humain que celui des Apôtres se présentant aux hommes, et offrant pour garantie de leur véracité le pouvoir que leur Maître leur a laissé sur la nature qui n'obéit qu'à Dieu ? Mais l'orgueil de la raison peut se révolter, il peut contester et refuser de croire à des hommes parlant au nom de Dieu. Qui en doute ? le Fils de Dieu en personne n'a-t-il pas rencontré plus d'incrédules que de croyants? Pourquoi ? Parce qu'il se disait Dieu, et qu'il ne montrait que les dehors de l'humanité. Il y avait donc un acte de foi à faire, quand Jésus lui-même parlait; l'orgueil pouvait donc se révolter et dire: « Je ne croirai pas, » de même qu'il le dira lorsque les Apôtres parleront au nom de leur Maître. L'explication est la même. Dieu en cette vie exige de nous la foi ; mais la foi n'est possible qu'avec l'humilité. Dieu appuie sa parole sur le miracle ; mais il demeure toujours possible à l'homme de résister, et c'est pour cela que la foi est une vertu.

Que si vous demandez pourquoi Dieu, retirant son Fils à la terre, n'a pas chargé les Anges d'exercer ici bas la fonction de docteurs en son nom, au lieu de confier à des hommes fragiles et mortels une si haute mission vis-à-vis de leurs semblables, nous vous répondrons que l'homme ne pouvant être relevé de la chute où son orgueil l'avait entraîné, que par la soumission et l'humilité, il était juste que le ministère de l'enseignement divin nous fût dispensé par des organes dont la nature supérieure ne fût pas en état de flatter notre vanité. Sur la parole du serpent, nous avions eu l'orgueil de croire qu'il nous était possible de devenir autant de dieux : le Créateur,

 

1. I JOHAN. V, 9.

 

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pour nous sauver, nous a fait une loi de nous incliner désormais devant des hommes parlant en son nom.

Ces hommes « prêcheront donc l'Evangile à toute créature » ; et « celui qui ne croira pas sera condamné ». O Parole divine, semence merveilleuse confiée au champ de l'Eglise, que vous êtes féconde ! Encore un peu de temps, et la moisson blanchira sur les sillons. La foi sera partout, en tous lieux on rencontrera des fidèles. Et comment la foi est-elle entrée en eux ? « Par l’ouïe, » nous répond le grand Apôtre des Gentils (1). Ils ont écouté la Parole, et ils ont cru. O dignité et supériorité de l'ouïe durant notre vie mortelle ! Ecoutez sur ce sujet l'admirable langage de saint Bernard ; nul n'a mieux exposé que lui la destinée de ce sens privilégié en nous sur la terre. « Il eût été plus noble, nous dit-il, que la Vérité pénétrât dans notre intelligence par la vue, un sens si relevé ; mais ceci, ô âme, est réservé pour plus tard, lorsque nous la verrons face à face. Pour le présent, le remède doit entrer par où est entré le mal ; la vie doit pénétrer par le chemin que suivit la mort, la lumière par le chemin que suivirent les ténèbres, l'antidote de vérité par le chemin que suivit le venin du serpent. Ainsi sera guéri l'œil qui maintenant a est troublé. L'ouïe fut la première porte de la mort ; la première aussi elle est ouverte à la vie. En retour, c'est à l'ouïe de préparer la vue; car si nous ne commençons par croire, nous ne saurions comprendre. L'ouïe est donc pour nous l'instrument du mérite, et la vue l'objet de la récompense. Telle est la voie que suit

 

1. Rom. X, 17.

 

l'Esprit-Saint dans l'éducation spirituelle de l'âme ; il forme l'ouïe avant de donner satisfaction à l'oeil. Ecoute, dit-il, ô ma fille ! et vois (1). Ne songe pas à l'œil d'abord, prépare ton oreille. Tu désires voir le Christ : il te faut d'abord l'entendre, entendre parler de lui ; afin que toi aussi tu puisses dire : Ainsi que nous avions entendu, ainsi avons-nous vu (2). La lumière à voir est immense; tu serais impuissante à l'embrasser ; car ton œil est étroit ; mais ce que ton regard ne saurait faire, ton ouïe le peut. Qu'elle soit pieuse, vigilante et fidèle ; la foi purifiera la souillure de l'impiété, et l'obéissance ouvrira la porte qu'avait fermée la désobéissance (3). »

 

1. Psalm.XLIV, 11, — 2. Psalm. XLVII, 9. — 3. In Cantica, Serm. XXVIII.

 

Pour célébrer la gloire de celui qui nous a envoyé sa Parole par ses ambassadeurs que nous avons reçus comme lui-même, empruntons encore un des monuments de la foi de nos pères, cette vieille Séquence de Saint-Gall.

 

SÉQUENCE.

 

Rendez grâces au Sauveur, au Christ Roi votre Dieu, vous tous habitants de la terre.

 

Longtemps vous l'avez attendu ; présentement vous le possédez ; gardez donc ses lois d'un cœur empressé.

 

Lorsqu'il a fait son choix, il a repoussé le peuple Hébreu, peuple issu d'Abraham par la chair

 

Par la foi il nous a faits enfants d'Abraham ; par son sang divin, il nous a rendus ses propres frères.

 

O Christ, devenu membre de notre nature, protégez-nous.

 

Par votre divin pouvoir, défendez-nous de toute attaque de l'ennemi, et de ses embûches.

 

Vous lui avez présenté comme un appât votre chair, séduit par son avidité, il a rencontré l'hameçon de votre Majesté, ô Fils de Dieu !

 

Aujourd'hui, sortant du tombeau , ne devant plus mourir, vous triomphez.

 

Notre corps mortel et formé de la terre, vous le rendez incorruptible, vous l'enlevez jusqu'aux cieux par votre résurrection.

Amen.

 

 

 

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