Ier DIMANCHE

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PRÉFACE
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Ier DIMANCHE
LUNDI I
MARDI I
MERCREDI I
JEUDI I
VENDREDI I
SAMEDI I
DIMANCHE II
LUNDI II
MARDI II
MERCREDI II
JEUDI II
VENDREDI II
SAMEDI II
DIMANCHE III
LUNDI III
MARDI III
MERCREDI III
JEUDI III
VENDREDI III
SAMEDI III
DIMANCHE IV
LUNDI IV
MARDI IV
MERCREDI IV
JEUDI IV
VENDREDI IV
SAMEDI IV
PROPRE DES SAINTS

 

LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME.

 

Ce dimanche, le premier de ceux qui se rencontrent dans la sainte Quarantaine, est aussi l'un des plus solennels de Tannée. Son privilège, qu'il partage avec le Dimanche de la Passion et celui des Rameaux, est de ne cédera aucune fête, pas même à celle du Patron, du Saint titulaire de l'Eglise, ou de la Dédicace. Sur les anciens Calendriers, il est appelé Invocabit, à cause du premier mot de l'Introït de la Messe. Au moyen âge on le nommait le Dimanche des brandons, par suite d'un usage dont le motif ne semble pas avoir été toujours ni partout le même; en certains lieux, les jeunes gens qui s'étaient trop laissé aller aux dissipations du carnaval devaient se présenter ce jour-là à l'église, une torche à la main, pour faire satisfaction publique de leurs excès.

C'est aujourd'hui que le Carême apparaît dans toute sa solennité. On sait que les quatre jours qui précèdent ont été ajoutés assez tardivement, pour former le nombre de quarante jours de jeûne, et que, le Mercredi des Cendres, les fidèles n'ont pas l'obligation d'entendre la Messe. La sainte Eglise, voyant ses enfants rassemblés, leur adresse la parole, à l'Office des Matines, en se servant

 

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de l'éloquent et majestueux langage de saint Léon le Grand : « Très chers fils, leur dit-elle, ayant a vous annoncer le jeûne sacré et solennel du Carême, puis-je mieux commencer mon discours qu'en empruntant les paroles de l'Apôtre en qui Jésus-Christ parlait, et en répétant ce qu'on vient de vous lire : Voici maintenant a le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut? Car encore qu'il n'y ait point de temps dans l'année qui ne soient signalés par les bienfaits de Dieu, et que, par sa grâce, nous ayons toujours accès auprès de sa miséricorde ; néanmoins nous devons en ce saint temps travailler u. avec plus de zèle à notre avancement spirituel et nous animer d'une nouvelle confiance. En effet, le Carême, nous ramenant le jour sacré dans lequel nous fûmes rachetés, nous invite à pratiquer tous les devoirs de la piété, afin de nous disposer, par la purification de nos corps et de nos âmes, à célébrer les mystères sublimes de la Passion du Seigneur.

« Il est vrai qu'un tel mystère mériterait de notre part un respect et une dévotion sans bornes, et que nous devrions toujours être devant Dieu tels que nous voulons être dans la fête de Pâques ; mais comme cette constance n'est pas le fait du grand nombre; que la faiblesse de la chair nous oblige à relâcher l'austérité du jeûne. et que les diverses occupations de cette vie divisent et partagent nos sollicitudes: il arrive que les cœurs religieux sont sujets à contracter quelque peu de la poussière de ce monde. C'est donc avec une grande utilité pour nous qu'a été établie cette institution divine qui nous donne quarante jours pour recouvrer la pureté de nos âmes, en rachetant par la sainteté de nos œuvres

 

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et par le mérite de nos jeûnes les fautes des autres temps de l'année.

« A notre entrée, mes très chers fils, en ces jours mystérieux qui ont été saintement institués pour la purification de nos âmes et de nos corps, ayons soin d'obéir au commandement de l'Apôtre, en nous affranchissant de tout ce qui peut souiller la chair et l'esprit, afin que le jeûne réprimant cette lutte qui existe entre les deux parties de nous-mêmes, l'âme recouvre la dignité de son empire, étant elle-même soumise à Dieu et se laissant gouverner par lui. Ne donnons à personne l'occasion de se plaindre de nous; ne nous exposons point au juste blâme de ceux qui veulent trouver à redire. Car les infidèles auraient sujet de nous condamner, et nous armerions nous-mêmes, par notre faute, leurs langues impies contre la religion, si la pureté de notre vie ne répondait pas à la sainteté du jeûne que nous avons embrassé. Il ne faut donc pas s'imaginer que toute la perfection de notre jeûne consiste dans la seule abstinence o des mets ; car ce serait en vain que l'on retrancherait au corps une partie de sa nourriture, si en même temps on n'éloignait pas son âme de l'iniquité.  »

Chacun des Dimanches de Carême offre pour objet principal une lecture des saints Evangile... destinée à initier les fidèles aux sentiments que l'Eglise veut leur inspirer dans la journée. Aujourd'hui, elle nous donne à méditer la tentation de Jésus-Christ au désert. Rien de plus propre à nous éclairer et à nous fortifier que l'important récit qui nous est mis sous les yeux.

Nous confessons que nous sommes pécheurs, nous sommes  en voie  d'expier  les pèches que

 

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nous avons commis; mais comment sommesnous tombés dans le mal? Le démon nous a tentés; nous n'avons pas repoussé la tentation. Bientôt nous avons cèdé à la suggestion de notre adversaire, et le mal a été commis. Telle est notre histoire dans le passé, et telle elle serait dans l'avenir, si nous ne profitions pas de la leçon que nous donne aujourd'hui le Rédempteur.

Ce n'est pas sans raison que l'Apôtre, nous exposant l'ineffable miséricorde de ce divin consolateur des hommes, qui a daigné s'assimiler en toutes choses à ses frères, insiste sur les tentations qu'il a daigné souffrir (1). Cette marque d'un dévouement sans bornes ne nous a pas manqué; et nous contemplons aujourd'hui l'adorable patience du Saint des Saints, qui ne répugne pas à laisser approcher de lui ce hideux ennemi de tout bien, afin de nous apprendre comment il en faut triompher.

Satan a vu avec inquiétude la sainteté incomparable qui brille en Jésus. Les merveilles qui accompagnèrent sa naissance, ces bergers convoqués par des Anges à la crèche, ces mages venus de l'Orient sous la conduite d'une étoile ; cette protection qui a soustrait l'enfant à la fureur d'Hérode; le témoignage qu'a rendu Jean-Baptiste au nouveau prophète : tout cet ensemble de faits qui contrastent si étrangement avec l'humilité et l'obscurité qui ont semblé couvrir d'une apparence vulgaire les trente premières années du Nazaréen, excite les craintes du serpent infernal. L'ineffable mystère de l'incarnation s'est accompli loin de ses regards sacrilèges; il ignore que Marie toujours vierge est celle que la prophétie

 

1. Hebr. IV, 15.

 

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d'Isaie annonçait comme devant enfanter l'Emmanuel (1) ; mais il sait que les temps sont venus, que la dernière semaine de Daniel a ouvert son cours, que le monde païen lui-même attend de la Judée un libérateur. Dans son anxiété, il ose aborder Jésus, espérant tirer de sa bouche quelque parole dont il pourra conclure qu'il est ou qu'il n'est pas le Fils de Dieu, ou du moins l'induire à quelque faiblesse qui fera voir que l'objet de tant de terreurs pour lui n'est qu'un homme mortel et pécheur.

L'ennemi de Dieu et des hommes devait être déçu dans son attente. Il approche du Rédempteur; mais tous ses efforts ne tournent qu'à sa confusion. Avec la simplicité et la majesté du juste, Jésus repousse toutes les attaques de Satan ; mais il ne révèle pas sa céleste origine. L'ange pervers se retire sans avoir pu reconnaître autre chose en Jésus qu'un prophète fidèle au Seigneur. Bientôt, lorsqu'il verra les mépris, les calomnies, les persécutions s'accumuler sur la tête du Fils de l'homme, quand ses efforts pour le perdre sembleront réussir si aisément, il s'aveuglera de plus en plus dans son orgueil ; et ce n'est qu'au moment où Jésus, rassasié d'opprobres et de souffrances, expirera sur la Croix, qu'il sentira enfin que sa victime n'est pas un homme, mais un Dieu, et que toutes les fureurs qu'il a conjurées contre le Juste n'ont servi qu'à manifester le dernier effort de la miséricorde qui sauve le genre humain, et de la justice qui brise à jamais la puissance de l'enfer.

Tel est le plan de la Providence divine, en permettant que l'esprit du mal ose souiller de sa

 

(1) ISAI. VII, 14.

 

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présence la retraite de l'Homme-Dieu, lui adresser la parole et porter sur lui ses mains impies; mais étudions les circonstances de cette triple tentation que Jésus ne subit que pour nous instruire et nous encourager.

Nous avons trois sortes d'ennemis à combattre, et notre âme est vulnérable par trois côtés ; car, comme parle le bien-aimé Disciple : « Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie (1). » Par la concupiscence de la chair, il faut entendre l'amour des sens qui convoite tout ce qui flatte la chair, et entraîne l'âme, s'il n'est pas contenu, dans les voluptés illicites. La concupiscence des yeux signifie l'amour des biens de ce monde, des richesses, de la fortune, qui brillent à nos regards avant de séduire notre cœur. Enfin l'orgueil de la vie est cette confiance en nous-mêmes qui nous rend vains et présomptueux, et nous fait oublier que nous tenons de Dieu la vie et les dons qu'il a daigné répandre sur nous.

Il n'est pas un seul de nos péchés qui ne provienne de l'une de ces trois sources, pas une de nos tentations qui n'ait pour but de nous faire accepter la concupiscence de la chair, ou la concupiscence des yeux, ou l'orgueil de la vie. Le Sauveur, notre modèle en toutes choses, devait donc s'assujettir à ces trois épreuves.

Satan le tente d'abord dans la chair, en lui suggérant la pensée d'employer son pouvoir surnaturel a soulager sans délai la faim qui le presse. Dites que ces pierres deviennent des pains : tel est le conseil que le démon adresse au Fils de Dieu. Il veut voir si l'empressement de Jésus à donner

 

1 .  I.  JOHAN.  II, 16.

 

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satisfaction à son corps ne dénotera pas un homme faible et sujet à la convoitise. Lorsqu'il s'adresse à nous, tristes héritiers de la concupiscence d'Adam, ses suggestions vont plus avant : il aspire à souiller l'âme parle corps ; mais la souveraine sainteté du Verbe incarné ne pouvait permettre que Satan osât faire un tel essai du pouvoir qu'il a reçu de tenter l'homme dans ses sens. C'est donc une leçon de tempérance que nous donne le Fils de Dieu; mais nous savons que pour nous la tempérance est mère de la pureté, et que l'intempérance soulève la révolte des sens.

La seconde tentation est celle de l'orgueil. Jetez-vous en bas ; les Anges vous recevront dans leurs mains. L'ennemi veut voir si les faveurs du ciel ont produit dans l'âme de Jésus cet élèvement, cette ingrate confiance qui faitque la créature s'attribue à elle-même les dons de Dieu, et oublie son bienfaiteur pour régner en sa place. Il est déçu encore, et l'humilité du Rédempteur épouvante l'orgueil de l'ange rebelle.

Il fait alors un dernier effort. Peut-être, pense-t-il, l'ambition de la richesse séduira celui qui s'est montré si tempérant et si humble. Voici tous les royaumes du monde dans leur éclat et leur gloire ; je puis vous les livrer ; seulement, adorez-moi. Jésus repousse cette offre méprisable avec dédain, et chasse de sa présence le séducteur maudit, le prince du monde, nous apprenant par cet exemple à dédaigner les richesses de la terre toutes les fois que, pour les conserver ou les acquérir, il faudrait violer la loi de Dieu et rendre hommage à Satan.

Or, comment le Rédempteur, notre divin chef, repousse-t-il la tentation ? Ecoutc-t-il les discours

 

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de son ennemi ? Lui laisse-t-il le temps de faire briller à ses yeux tous ses prestiges ? C'est ainsi que trop souvent nous avons fait nous-mêmes, et nous avons été vaincus. Jésus se contente d'opposer à l'ennemi le bouclier de l'inflexible Loi de Dieu. Il est écrit, lui dit-il : L'homme ne vit pas seulement de pain. Il est écrit : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. Il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. Suivons désormais cette grande leçon. Eve se perdit, et avec elle le genre humain, pour avoir lié entretien avec le serpent. Qui ménage la tentation y succombera. Dans ces saints jours, le cœur est phis attentif, les occasions sont éloignées, les habitudes sont interrompues ; purifiées par le jeûne, la prière et l'aumône, nos âmes ressusciteront avec Jésus-Christ; mais conserveront-elles cette nouvelle vie? Tout dépendra de notre attitude dans les tentations. Dès le début de la sainte Quarantaine, l'Eglise, en mettant sous nos yeux le récit du saint Evangile, veut joindre l'exemple au précepte. Si nous sommes attentifs et fidèles, la leçon fructifiera en nous ; et lorsque nous aurons atteint la fête de Pâques, la vigilance, la défiance de nous-mêmes, la prière, avec le secours divin qui ne manque jamais, assureront notre persévérance.

 

L'Eglise grecque célèbre aujourd'hui une de ses plus grandes solennités. Cette fête est appelée l’Orthodoxie, et a pour but d'honorer le rétablissement des saintes Images h Constantinople et dans l'empire d'Orient, en 842, lorsque l'impératrice Théodora, avec le secours du saint patriarche Méthodius, mit fin à l'affreuse persécution des iconoclastes, et fit replacer dans toutes les églises

 

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les effigies sacrées que la fureur des hérétiques en avait fait disparaître.

 

A LA MESSE.

 

La Station, à Rome, est dans la Basilique patriarcale de Saint-Jean-de-Latran. Il était juste qu'un Dimanche aussi solennel fût célébré dans l'Eglise Mère et Maîtresse de toutes les Eglises. non seulement de la ville sainte, mais du monde entier. C'est là que les Pénitents publics étaient réconciliés le Jeudi saint; là aussi, dans le Baptistère de Constantin, que les Catéchumènes recevaient le saint Baptême, dans la nuit de Pâques ; nulle autre Basilique ne convenait autant pour la réunion des fidèles, en ce jour où le jeûne quadragésimal fut promulgué tant de fois par la voix des Léon et des Grégoire.

L'Introït est tiré du Psaume XCe, qui forme à lui seul la matière de tous les chants de cette Messe. Nous avons parlé déjà de l'appropriation que l'Eglise a faite de ce beau cantique, à la situation du chrétien durant le Carême. Tout nous y entretient de l'espérance que l'âme chrétienne doit concevoir dans le secours divin, en ces jours où elle a résolu de se livrer tout entière à la prière et à la lutte contre les ennemis de Dieu et d'elle-même. Le Seigneur lui promet, dans l'Introït, que sa confiance ne sera pas vaine.

 

INTROÏT.

 

 

Il m'invoquera, et je l'exaucerai : je le délivrerai je le glorifierai : je le rassasierai de longs jours.

 

Ps. Celui qui habite dans l'asile du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel. Gloire au Père. Il m'invoquera.

 

 

Invocabit me, et ego exaudiam eum : eripiam eum et glorificabo, eum  :  longitudine  dierum adimplebo eum.

 

Ps. Qui habitat in adjutorio Altissimi : in protectione Dei cœli commorabitur, Gloria Patri. Invocabit me.

 

 

 

Dans la Collecte, l'Eglise recommande à Dieu tous ses enfants, et demande que leur jeûne non seulement les purifie, mais obtienne d'en haut ce secours puissant qui les rendra féconds en bonnes œuvres pour leur salut.

 

COLLECTE.

 

 

DEUS, qui Ecclesiam tuam annua quadragesimali observatione purificas : praesta familiae tuae, ut quod a te obtinere abstinendo nititur, hoc bonis operibus exsequatur. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

O Dieu ! qui purifiez chaque année votre Eglise par la pratique du Carême : faites que vos serviteurs accomplissent par leurs bonnes œuvres le bien qu’ils s’efforcent de mériter par leur absinence. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

L'Eglise ajoute ensuite les deux Oraisons suivantes pour les besoins généraux des fidèles et de la société chrétienne.

 

DEUXIEME  COLLECTE.

 

 

A cunctis nos, quaesumus Domine, mentis et corporis defende periculis : et intercedente beata et gloriosa semper virgine Dei Genitrice Maria, cum beato Joseph, beatis Apostolis tuis Petro et Paulo, atque beato N. et omnibus Sanctis, salutem nobis tribue benignus et pacem ; ut destructis adversitatibus et erroribus universis, Ecclesia tua secura tibi serviat libertate.

 

 

 

Préservez-nous, s'il vous plaît, Seigneur, de tous les périls de l'âme et du corps, et, vous laissant fléchir par l'intercession de la bienheureuse et glorieuse Mère de Dieu Marie toujours vierge, du bienheureux Joseph, de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du bienheureux N. ( on nomme ici le Patron de l'église), et de  tous les Saints, accordez-nous dans votre bonté le salut et la paix, afin que toutes les erreurs et les adversités étant écartées, votre Eglise vous serve dans une liberté tranquille.

 

 

 

 

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TROISIEME COLLECTE.

 

 

Omnipotens sempiterne Deus, qui vivorum dominaris simul et mortuorum, omniumque misereris quos tuos fide et opere futuros esse praenoscis : te supplices exoramus, ut pro quibus effundere preces decrevimus, quosque vel praesens sæculum adhuc in carne retinet, vel futurum jam exutos corpore suscepit, intercedentibus omnibus Sanctis tuis , pictatis tune clementia, omnium delictorum suorum veniam consequantur. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

 

Dieu tout-puissant et éternel, qui régnez sur les vivants et sur les morts, et qui répandez votre miséricorde sur tous ceux que vous savez devoir se donner à vous par la foi et par les œuvres : nous vous supplions d'accorder dans votre bonté et votre clémence, et par l'intercession de tous vos Saints, le pardon des péchés à ceux pour qui nous allons répandre devant vous nos prières, soit que le siècle présent les retienne encore dans la chair, soit que, ayant déposé leurs corps, ils soient déjà entrés dans le siècle futur. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

EPÎTRE.

 

 

Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Corinthios. II, Cap. VI.

 

Fratres. Exhortamur vos , ne in vacuum gratiam Dei recipiatis. Ait enim : Tempore accepto exaudivi te, et in die  salutis  adjuvi  te. Ecce nunc tempus acceptabile, ecce  nunc dies salutis. Nemini dantes ullam offensionem , ut non  vituperetur ministerium nostrum : sed in omnibus   exhibeamus nosmetipsos sicut  Dei ministros, in multa patientia, in tribulationibus, in necessitatibus, in  angustiis,  in  plagis, in carceribus, in seditionibus, in  laboribus,  in vigiliis, in jejuniis, in castitate, in scientia, in longanimitate,  in suavitate, in Spiritu Sancto, in charitate non ficta, in verbo  veritatis,  in virtute Dei,  per arma justifia; a dextris et  a sinistris,  per gloriam et ignobilitatem, per infamiam et bonam famam : ut  seductores,  et  veraces : sicut qui ignoti, et cogniti :  quasi morientes, et ecce vivimus : ut castigati, et non mortificati  :  quasi tristes, semper autem  gaudentes : sicut egentes, multos  autem locupletantes : tamquam  nihil habentes, et omnia possidentes.

 

 

Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Corinthiens. II, Chap. VI.

 

Mes Frères, nous vous exhortons de ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ; car il est dit : Je t'ai exaucé au temps favorable, et je t'ai aidé au jour du salut. Voici maintenant ce temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. Prenons garde de ne blesser personne, afin que notre ministère ne soit point un sujet de blâme ; mais agissons en toutes choses comme des serviteurs de Dieu, et avec une grande patience dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes; par la chasteté, par la science, par la longanimité, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la force de Dieu, par les armes de la justice dont nous combattons à droite et à gauche ; dans l'honneur et dans l'ignominie, dans la bonne et la mauvaise renommée ; comme des séducteurs, quoique sincères el véritables ; comme des inconnus, quoique très connus ; comme toujours à la mort, et vivant néanmoins; comme  châtiés, mais non jusqu'à en  mourir; comme tristes, et cependant sans cesse dans la joie; comme pauvres, et toutefois enrichissant plusieurs; comme n'ayant rien, et possédant tout.

 

 

 

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Ce passage de l'Apôtre nous montre la vie chrétienne sous un aspect bien différent de celui sous lequel l'envisage ordinairement notre mollesse.

 

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Pour en éviter la portée, nous serions aisément disposés à penser que de tels conseils convenaient au premier âge de l'Eglise, où les fidèles, sans cesse exposés à la persécution et à la mort, avaient besoin d'un degré particulier de renoncement et d'héroïsme. Cependant ce serait une grande illusion de croire que tous les combats du chrétien sont finis. Reste toujours la lutte avec les démons, avec le monde, avec la chair et le sang ; et c'est pour cela que l'Eglise nous envoie au désert avec Jésus-Christ pour y apprendre à combattre. C'est là que nous comprendrons que la vie de l'homme sur la terre est une milice (1), et que si nous ne luttons pas courageusement et toujours, cette vie que nous voudrions passer dans le repos finira par notre défaite. C'est pour nous faire éviter ce malheur que l'Eglise nous dit aujourd'hui, par l'organe de l'Apôtre : « Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut. » Agissons donc en toutes choses « comme des serviteurs de Dieu » ; et tenons ferme jusqu'à la fin de cette sainte carrière. Dieu veille sur nous, comme il a veillé sur son Fils au désert.

 

Le Graduel nous assure de la protection des saints Anges, dont la sollicitude ne nous abandonne ni le jour ni la nuit. Durant le Carême, ils redoublent d'efforts contre nos ennemis, et se réjouissent de voir le pécheur accepter enfin la pénitence qui doit le sauver.

Le Trait se compose du Psaume XC°, auquel sont empruntés le Graduel, l'Introït et les autres cantiques  de cette Messe. Que  notre cœur se

 

1. JOB, VII, 1.

 

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rassure donc: tout nous parle de la bonté de Dieu et de sa vigilance paternelle sur des enfants ingrats dont il veut faire ses amis ridèles et les cohéritiers  de son royaume.

 

GRADUEL.

 

 

Angelis suis Deus mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis tuis.

 

V/. In manibus portabunt te, ne unquam offendas ad lapidem pedem tuum.

 

Le  Seigneur a commandé à ses Anges de te garder en toutes tes voies.

 

V/. Ils te porteront sur leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.

 

 

 

 

 

TRAIT.

 

 

 

V/.Qui habitat in adjutorio Altissimi, in protectione Dei coeli commorabitur.

 

V/. Dicet Domino : Susceptor meus es tu, et refugium meum ; Deus meus, sperabo ineum.

 

V/. Quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium, et a verbo aspero.

 

V/. Scapulis suis obumbrabit tibi, et sub pennis ejus sperabis.

 

V/. Scuto circumdabit te veritas ejus : non timebis a timore nocturno.

 

V/. A sagitta volante per diem, a negotio perambulante in tenebris, a ruina et dsmonio meridiano.

 

 

V/. Cadent a latere tuo mille, et decem millia  a dextris tuis : tibi autem non appropinquabit.

 

V/. Quoniam Angelis suis mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis tuis.

 

V/. In manibus portabunt te, ne unquam offendas ad lapidem pedem tuum.

 

 

V/. Super aspidem et basiliscum ambulabis, et conculcabis leonem et draconem.

 

V/. Quoniam in me speravit, liberabo  eum protegam eum, quoniam cognovit Nomen meum.

 

V/. Invocabit me, et ego exaudiam eum : eum ipso sum in tribulatione.

 

V/. Eripiam eum et glorificabo eum : longitudine dierum adimplebo eum, et ostendam illi Salutare meum.

 

 

 

V/. Celui qui habite dans l'asile du Très-Haut, demeurera sous la protection du Dieu du ciel !

V/. Il dira au Seigneur : Vous êtes mon protecteur et mon refuge ! Il est mon Dieu, j'espérerai en lui.

 

V/. Car c'est lui qui m'a délivré du filet des chasseurs, et des paroles fâcheuses.

 

V/. Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l'espérance sous ses ailes.

 

V/. Sa vérité sera ton bouclier : tu ne craindras ni les alarmes de la nuit.

 

V/. Ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la contagion qui se glisse dans les ténèbres, ni les attaques du démon du midi.

 

V/. Mille tomberont à ta gauche, et  dix mille à ta droite ; mais  la mort n'approchera pas de toi.

 

V/. Car le Seigneur a commande à ses Anges de te garder en toutes tes voies.

 

V/. Ils te porteront sur leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre.

 

V/. Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon.

 

V/. Parce qu'il a espère en moi, je le délivrerai : je le protégerai, parce qu'il a connu mon Nom.

 

V/. Il m'invoquera, et je l'exaucerai : je suis avec lui dans la tribulation.

 

V/. Je l'en retirerai et le glorifierai : je le rassasierai de longs jours, et je lui montrerai le Sauveur que je lui ai préparé.

 

 

 

 

EVANGILE.

 

 

 

Sequentia sancti Evangelii secundum Matthaeum. Cap. IV.

 

In illo tempore : Ductus est Jésus in desertum a Spiritu, ut tentaretur a diabolo. Et, eum jejunasset quadraginta diebus et quadraginta noctibus, postea esuriit. Et accedens tentator, dixit ei : Si Filius Dei es, die ut lapides isti panes fiant. Qui respondens, dixit : Scriptum est  : Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo, quod procedit de ore Dei. Tune assumpsit eum  diabolus in  sanctam civitatem, et statuit eum  super  pinnaculum templi,  et  dixit ei  :  Si Filius Dei es, mitte  te deorsum. Scriptum est enim : Quia Angelis suis mandavit de  te , et in manibus tollent te, ne forte  oflendas ad  lapi-dem pedem tuum. Ait illi Jésus : Rursum scriptum est : Non tentabis Dominum  Deum tuum. Iterum assumpsit eum diabolus in montem excelsum valde : et ostendit ei omnia regna mundi. et eloriam eorum, et dixit ei : Haec omnia tibi dabo,  si  cadens adoraveris  me. Tune dicit ei Jésus : Vade Satana : scriptum est enim : Dominum Deum tuum adorabis, et illi soli servies. Tune  reliquit eum diabolus  : et  ecce Angeli accesserunt, et ministrabant ei.

 

 

 

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. IV.

 

En ce temps-là, Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert pour y être tente par le diable. Et après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Et le tentateur, s'approchant, lui dit : Si tu es le Fils de  Dieu, commande que ces pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement  de pain, mais de  toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alors le diable le transporta dans la ville sainte, et l'ayant posé sur le sommet du temple, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu,  jette-toi  en bas ; car il est écrit : Il a commandé à ses Anges de prendre soin de toi; ils te soutiendront de  leurs mains, de peur que tu ne  heurtes du  pied contre  la pierre. Jésus lui dit  : Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur  ton  Dieu. Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée,  et,  lui montrant  tous les royaumes  du  monde avec leur pompe, il lui dit : Je te donnerai tout cela, si tu veux te  prosterner devant moi et m'adorer. Alors Jésus lui dit : Arrière! Satan ;  car il  est  écrit  : Tu adoreras le Seigneur  ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. Alors le diable le laissa, et aussitôt les Anges s'approchèrent de lui, et le servaient.

 

 

150

 

Admirons l'ineffable bonté du Fils de Dieu qui, non content d'expier par la croix tous nos pèches, a daigné, pour nous encourager à la pénitence, s'imposer un jeûne de quarante jours et de quarante nuits. Il n’a pas voulu que la justice de son Père pût exiger de nous un sacrifice qu'il n'eût offert lui-même le premier en sa personne, et toujours avec des circonstances mille fois plus rigoureuses que celles qui peuvent se rencontrer

 

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en nous. Que sont nos œuvres de pénitence, si souvent encore disputées à la justice de Dieu par notre lâcheté, si nous les comparons à la rigueur de ce jeûne du Sauveur sur la montagne ? Chercheronsnous encore à nous dispenser de ces légères satisfactions dont le Seigneur daigne se contenter, et qui sont si loin de ce qu'ont mérite nos fautes ? Au lieu de plaindre une légère incommodité, une fatigue de quelques jours, compatissons plutôt à ce tourment de la faim qu'éprouve notre Rédempteur innocent, durant ces longs jours et ces longues nuits du désert.

La prière, le dévouement pour nous, la pensée des justices de son Père le soutiennent dans ses défaillances ; mais, à l'expiration de la quarantaine, la nature humaine est aux abois. C'est alors que la tentation vient l'assaillir ; mais il en triomphe avec un calme et une fermeté qui doivent nous servir d'exemple. Quelle audace chez Satan d'oser approcher du Juste par excellence! mais aussi quelle patience en Jésus ! Il daigne souffrir que le monstre de l'abîme mette la main sur lui, qu'il le transporte par les airs d'un lieu à un autre. L'âme chrétienne est souvent exposée à de cruelles insultes de la part de son ennemi ; quelquefois même, elle serait tentée de se plaindre à Dieu de l'humiliation qu'elle souffre. Qu'elle songe alors à Jésus, le Saint des Saints, donné, pour ainsi dire, en proie à l'esprit du mal. Il n'en est pas moins le Fils de Dieu, le vainqueur de l'enfer; et Satan n'aura recueilli qu'une honteuse défaite. De même, l'âme chrétienne, sous l'effort de la tentation, si elle résiste de toute son énergie, n'en reste pas moins l'objet des plus tendres complaisances de Dieu, à la honte et au châtiment éternel de Satan. Unissons-nous aux Anges fidèles qui, après le

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départ du prince des ténèbres, s'empressent de reparer les forces épuisées du Rédempteur, en lui présentant de la nourriture. Comme ils compatissent a ses divines fatigues ! Comme ils réparent, dans leurs adorations, l'horrible outrage dont Satan vient de se rendre coupable envers le souverain Maître de toutes choses! Comme ils admirent cette charité d'un Dieu qui, dans son amour pour les hommes, semble avoir oublié jusqu'à sa dignité, pour ne plus songer qu'aux malheurs et aux besoins des enfants d'Adam !

 

Dans l'Offertoire, l'Eglise, empruntant toujours les paroles de David, nous montre le Seigneur couvrant d'une protection spéciale le troupeau fidèle, et l'armant contre toute attaque de ce bouclier invincible que nous offre la foi (1).

 

1. Eph. VI, 16.

 

OFFERTOIRE.

 

 

Scapulis suis obumbrabit tibi Dominus, et sub pennis ejus sperabis : scuto circumdahit te veritas ejus.

 

 

Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l'espérance sous ses ailes : sa vérité sera ton bouclier.

 

 

 

Le Carême ne consiste pas seulement dans le jeune ; il ne sera efficace pour la réforme de notre âme que si nous y joignons la fuite des occasions nuisibles, qui détruiraient en un instant l'œuvre de la grâce divine. C'est pourquoi l'Eglise demande pour nous, dans la Secrète, un secours particulier à cet effet.

 

SECRÈTE.

 

 

Sacrificium quadragesimalis initii solemniter immolamus , te , Domine, deprecantes : ut cum epularum restrictione carnalium , a noxiis quoque voluptatibus temperemus. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

Seigneur, nous  immolons solennellement ce Sacrifice, à l'ouverture du Carême, vous suppliant de faire que, restreignant la nourriture de nos corps, nous nous abstenions aussi des plaisirs dangereux. Par Jesus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

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SECONDE SECRETE.

 

 

Exaudi nos, Deus salutaris noster : ut per hujus Sacramenti virtutem, a cunctis nos mentis et corporis hostibus tuearis, gratiam tribuens in prassenti, et gloriam in futuro.

 

 

Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur ! et par la vertu de ce Sacrement, défendez-nous de tous les ennemis de l'âme et du corps, nous accordant votre grâce en cette vie, et votre gloire en l'autre.

 

 

 

TROISIEME SECRETE.

 

 

Deus, cui soli cognitus est numerus electorum in superna felicitate locandus : tribue quaesumus, ut intercedentibus omnibus Sanctis tuis, universorum quos in oratione commendatos suscepimus, et omnium fidelium nomina, beatae praedestinationis liber adscripta retineat. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

O Dieu , qui seul connaissez le nombre des élus à qui vous devez donner place dans la céleste béatitude, accordez, par l'intercession de tous vos Saints, que les noms de tous ceux que nous avons résolu de vous recommander dans notre prière, ainsi que les noms de tous les fidèles, demeurent écrits dans le livre de la bienheureuse prédestination. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

Afin d'inculquer plus fortement encorda confiance dans nos âmes, la sainte Eglise répète dans l'Antienne de la Communion les paroles d'espérance qu'elle nous a proposées dans  l'Offertoire.

 

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Le Sacrifice qui vient d'être offert nous est  un nouveau gage de la bonté divine.

 

COMMUNION.

 

Scapulis suis obumbrabit tibi Dominus, et sub pennis ejus sperabis : scuto circumdabit te veritas ejus.

 

 

Le Seigneur te couvrira de son ombre : tu seras dans l'espérance sous ses ailes : sa vérité sera ton bouclier.

 

 

 

 

Dans la Postcommunion, l'Eglise nous apprend à regarder la sainte Eucharistie comme le grand moyen d'accroître nos forces, en purifiant nos souillures. Que le pécheur se hâte donc de faire sa paix avec Dieu, et qu'il n'attende pas le festin de la Pâque pour faire l'essai de l'aliment divin qui nous sauve de la divine justice, en nous incorporant l'auteur même du  salut.

 

POSTCOMMUNION.

 

Tui nos, Domine, Sacra menti libatio sancta restauret : et a vetustate purgatos, in mysterii salutaris faciat transire consortium. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

Que la participation sainte à votre Sacrement, Seigneur, rétablisse nos forces : qu'elle nous purifie du vieil homme, et qu'elle nous établisse dans la communion du mystère de notre salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

SECONDE POSTCOMMUNION.

 

 

Mundet et muniat nos, quæsumus Domine, divini Sacramenti munus oblatum : et intercedente beata Virgine Dei Génitrice Maria, cum beato Joseph, beatis Apostolis  tuis Petro et Paulo, atque beato N.  et omnibus Sanctis, a cunctis nos reddat et perversitatibus expiatos, et adversitatibus expeditos

 

 

 

 

Que Sacrifice nous purifie et nous protège, Seigneur nous vous en supplions ; et par l'intercession de la bien heureuse Vierge Marie Mère de Dieu, du bienheu reux Joseph, de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du bienheureux AT. (on nomme ici le Patron de l'église) , et de tous les Saints, qu'elle soit pour nous l'expiation de tous nos péchés et la délivrance de toute adversité.

 

 

 

TROISIEME POSTCOMMUNION.

 

Purificent nos, quaesumus omnipotens et misericors Deus, Sacramenta quae sumpsimus : et intercedentibus omnibus Sanctis tuis, prnesta ut hoc tuum Sacramentum non sit nobis reatus ad poenam, sed intercessio salutaris ad veniam : sit ablutio scelerum, sit fortitudo fragilium, sit contra omnia mundi pericula firmamentum : sit vivorum atque mortuorum fidelium remissio omnium delictorum. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

 

Purifiez-nous , ô Dieu tout-puissant et miséricordieux, par les Sacrements que nous avons reçus, et faites, par l'intercession de tous vos Saints, que votre Sacrement ne soit pas en nous un crime digne de châtiment, mais une intercession puissante pour le pardon : qu'il efface nos péchés, qu'il soit notre force dans notre fragilité, et notre défense contre tous les dangers du monde; qu'il opère dans les fidèles vivants et défunts la rémission de toutes leurs fautes. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

 

 

A VEPRES.

 

Les Psaumes se trouvent aux Vêpres du Dimanche, ci-dessus, pages 112 et suivantes.

 

CAPITULE.

 

 

Fratres, hortamur vos neinvacuum gratiam Dei recipiatis. Ait enim : Tempore accepto exaudivi te, et in die salutis adjuvi te.

R/. Deo gratias.

 

 

Mes Frères, nous vous exhortons de ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu,car il dit : Je t'ai exaucé au temps favorable, et je t'ai aidé au jour du salut.

R/. Rendons grâces à Dieu.

 

 

 

L'Hymne et le Verset, ci-dessus, page 120.

 

ANTIENNE DE Magnificat.

 

 

Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc dies salutis: in his ergo diebus exhibeamus nosmetipsos sicut Dei ministros, in multa patientia, in jejuniis, in vigiliis, et in charitate non ficta.

 

 

Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours de salut : agissons donc en ces jours comme des serviteurs de Dieu,avec une grande patience dans les jeûnes, dans les veilles, par une charité sincère.

 

 

 

 

ORAISON.

 

 

Deus, qui Ecclesiam tuam annua quadragesimali observatione purificas : praesta familial tux, ut quod a te obtinere abstinendo nititur, hoc bonis operibus exsequatur. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.

 

 

 

O Dieu, qui purifiez chaque année votre Eglise par la pratique du Carême, faites que vos serviteurs accomplissent par leurs bonnes œuvres le bien qu'ils s'efforcent de mériter par l'abstinence. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

  Amen.

 

 

 

Il arrive plus d'une fois, dans le cours du Carême, qu'une fête Double se rencontre le lundi ; dans ce cas, les Vêpres sont de la fête suivante, et l'on ne fait qu'une simple commémoration du Dimanche par l'Antienne de Magnificat et par l’Oraison ci-dessus.

 

Nors finirons la journée par ces deux belles Préfaces que nous empruntons, la première au Missel Mozarabe, et la seconde au Missel Amsien. Elles résument avec autant d'onction que d'éloquence les vérités que l'Eglise nous propose aujourd'hui.

 

 

PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE.

 

(Illatio.  Feria VI Hebdom. IV Quadragesimœ.)

 

 

Dignum et justum est : nos tibi gratias agere, alterne omnipotens Deus, per Jesum Christum Filium tuum Dominum nostrum. Qui gloriosum de diabolo triumphum jejunus obtinuit : et certandi formulam militibus propriis suo exemplo monstravit. Quadraginta igitur diebus et quadraginta noctibus Deus et Dominus omnium jejunavit : ut et verum Deum et hominem suscepisse monstraret : et quod Adam per escam perdiderat , suo jejunio repararet. Aggreditur itaque diabolus Virginia lilium : Dei quoque nesciens unigenitum. Ft licet veternosa calliditate, eisdem machinis quibus Adam primum dejecerat, etiam secundum seducere obtineret : tamen hoc non valuit : nec fortissimum bellatorem in ulla potuit omnino fraude subripere. Ille etenim quadraqinta diebus vel noctibus jejunavit : et postea esuriit : qui quadraginta dudum annorum temporibus, innumeras pane cœlesti multitudines saginavit.Hic est qui virtute propria fretus, cum diabolo tenebrarum principedimicavit : et eo prostrato victoriae tropaeum ad cœlos magnifice portavit.

 

 

Il est juste et équitable que nous vous rendions grâces. Dieu tout-puissant et éternel, par Jésus-Christ votre Fils notre Seigneur, qui par le jeune a obtenu sur le diable un glorieux triomphe, et a enseigne à ses soldats, par son exemple, l'art decombattre. Etant Dieu et le Seigneur de tous, il jeûna quarante jours et quarante nuits, afin de montrer que, vrai Dieu, il avait pris la véritable nature de l'homme, et de réparer par son abstinence ce qu'Adam avait perdu par sa gourmandise. Le diable vient donc attaquer le fils de la Vierge; il ignore qu'il a affaire au Fils unique de Dieu. Dans sa ruse consommée, il espère séduire le second Adam par les artifices qui lui ont servi à renverser le premier, mais il est impuissant; pas une de ses séductions ne réussit à tromper un si redoutable adversaire. Jésus jeûne quarante jours et quarante nuits ; et ensuite il éprouve la faim, lui qui durant quarante  années nourrit d'un pain céleste une multitude innombrable. C'est lui qui, fort de sa propre puissance, a combattu avec le diable, prince des ténèbres, et qui l'ayant terrassé, a remporté avec honneur le trophée de la victoire jusque dans les cieux.

 

 

 

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PRIERE DU MISSEL AMBROSIEN.

(Praefatio.  Dominica I in Quadrag.)

 

 

Vere quia dignum et justum est, aequum et salutare, nos tibi semper et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, alterne Deus, per Christum Dominum nostrum, in quo jejunantium fides alitur, spes provehitur, caritas roboratur. Ipse enim est panis verus et vivus, qui est substantia alternitatis, et esca virtutis. Verbum enim tuum, per quod facta sunt omnia, non solum humanarum mentium, sed ipsorum quoque panis est Angelorum. Hujus panis alimento Moyses famulus tuus quadraginta diebus, et noctibus, legem suscipiens, jejunavit : et a carnalibus cibis, ut tuae suavitatis capacior esset, abstinuit. Unde nec famem corporis sensu, et terrenarum est oblitus escarum : quia illum et gloriae tuae clarificabat aspectus, et, influente Spiritu, Dei sermo pascebat. Hunc panem etiam nobis ministrare non desinas, quem ut indesinenter esuriamus hortaris.

 

 

Il est juste et digne, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui dans ce saint temps du jeûne nourrit la foi des fidèles, élève leur espérance et fortifie leur charité. C'est lui qui est le pain vivant et véritable, qui est l'aliment de l'éternité et la nourriture de la vertu. Votre Verbe, Seigneur, par qui tout a été fait, est non seulement l'aliment des âmes humaines, mais le Pain des Anges mêmes. Fortifié de ce Pain, Moïse votre serviteur, lorsqu'il reçut la loi, jeûna quarante jours et quarante nuits : il s'abstint de la nourriture charnelle, afin d'être plus en état de savourer votre douceur. Il ne sentait pas la faim dans son corps, et il oubliait la nourriture terrestre, parce que la vue de votre gloire l'illuminait; et que, par le souffle de l'Esprit, la parole de Dieu le nourrissait. Ne cessez donc pas, Seigneur, de nous donner à nous aussi ce Pain pour lequel vous nous exhortez d'entretenir en nous une faim continuelle.

 

 

 

 

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