III° J. Oct. IMMACULÉE

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
ANDRÉ
Ier DÉCEMBRE
BIBIANE
FRANCOIS-XAVIER
PIERRE CHRYSOLOGUE
BARBE
SABBAS
NICOLAS
AMBROISE
IMMACULÉE
II° J. Oct. IMMACULÉE
III° J. Oct. IMMACULÉE
MELCHIADE
LORETTE
EULALIE
DAMASE
V° J. Oct. IMMACULÉE
LUCIE
VII° J. Oct. IMMACULÉE
Oct. IMMACULÉE
ODILE
EUSÈBE

X DÉCEMBRE. TROISIEME JOUR DANS L’OCTAVE DE L'IMMACULEE CONCEPTION.

 

Considérons la très pure Marie visitée par l'Ange Gabriel et concevant en ses chastes entrailles le Créateur de l'univers, le Rédempteur de la race humaine. Mais afin de mieux goûter le fruit d'un si grand Mystère, prêtons une oreille pieuse au séraphique saint Bonaventure, qui, dans ses ineffables Méditations sur la vie de Notre-Seigneur, raconte avec une onction que rien ne saurait imiter ces sublimes scènes de l'Evangile auxquelles l'Esprit-Saint semble l'avoir fait assister. Nous empruntons ce fragment à la traduction de l'ouvrage entier par le R. P. Dom François Le Bannier, bénédictin de la Congrégation de France  : « Or, après que fut venue la plénitude du temps auquel la souveraine Trinité avait arrêté de pourvoir, par l'Incarnation du Verbe, au salut du genre humain, à l'endroit duquel elle était éprise 

 

1. L'auteur de la traduction a pensé que, pour rendre complètement la suave et humble diction de saint Bonaventure dans sa Vie du Christ, il était convenable de recourir aux formes naïves que la langue française conservait aux XV° et XVI° siècles. Il ne nous appartient pas de prononcer sur le mérite de ce travail de notre confrère; mais il nous est permis de convenir que cette œuvre délicate a trouvé grâce auprès des juges compétents.

 

455

 

d'extrême charité ; lors, d'une part, que la bienheureuse Vierge Marie fut revenue à Nazareth, ce Dieu tout-puissant, ému par sa miséricorde, et acquiesçant aux pressantes sollicitations de l'Esprit d'en haut, appela l'Ange Gabriel, et lui dit: « Va trouver notre très aimée fille Marie, épousée à Joseph, celle sur toute créature qui nous est la plus chère, et dis à icelle que mon Fils a convoité sa beauté et se l'est choisie pour Mère, et prie-la d'accepter icelui joyeusement, parce que par elle ai décrété d'opérer le salut de tout le genre humain, et veux oublier l'injure à moi faite. »

« Se levant donc, Gabriel, joyeux et réjoui, s'envola des hauteurs, et sous l'humaine apparence, en un moment fut devant la Vierge Marie, qui lors était en la chambre à coucher de sa maisonnette. Mais il ne vola pas si vite qu'il ne fût prévenu par Dieu ; et là il trouva la Trinité sainte qui prévint son message. Adoncques qu'il fut entré chez la Vierge Marie, Gabriel, son fidèle Paranymphe, lui dit : « Salut, pleine de grâce ;  le Seigneur est avec vous : bénie êtes-vous entre t toutes les femmes. » Mais icelle, troublée, ne répondit mot : non pas qu'elle fût troublée de trouble coupable, ni de la vision de l'Ange, d'autant qu'elle était accoutumée à souvent en voir ; ains, suivant les mots de l'Evangile, elle fut troublée en la parole d'icelui, pensant à la nouveauté d'une telle salutation ; car il n'avait point accoutumance de la saluer de la sorte.

« Or donc, comme en ladite salutation elle se voyait complimentée de trois choses, elle ne pouvait, cette humble dame, ne se troubler point. De fait, on la complimentait pour ce qu'elle était pleine de grâce, que le Seigneur était en elle, et

 

456

 

qu'elle était bénie par-dessus toutes les femmes : mais l'humble ne peut ouïr son éloge, sans rougir et se troubler. Par ainsi son trouble provint d'une vergogne honnête et vertueuse. Elle se prit aussi à craindre et à douter s'il en allait vraiment ainsi : non qu'elle crût l'Ange capable de ne pas parler vrai ; mais c'est qu'il est propre aux humbles de n'examiner oncques leurs vertus, ains plutôt de ruminer leurs défauts, à celle fin de pouvoir toujours profiter, estimant petite ce qu'ils ont de grande vertu, et leurs plus chétifs défauts comme fort grands. Et ainsi donc qu'une femme prudente et avisée, timide et modeste, Notre-Dame rien ne répondit. Et d'effet qu'eût-elle répondu ? Apprends aussi toi-même, à son exemple, à observer le silence et aimer la taciturnité, pour ce que grande et moult utile est icelle vertu. Aussi écouta-t-elle deux fois premier que de répondre une seule ; d'autant que c'est une chose abominable pour une vierge d'être parleuse.

« Adoncques connaissant l'Ange la cause de son doute, il lui dit : Ne craignez point, Marie, ni ne rougissez des louanges que je vous ai dites ; parce qu'il en est ainsi : voire même, non seulement vous êtes pleine de grâce, ains encore vous l'avez récupérée et retrouvée de par Dieu, pour tout le genre humain. Car voici que vous concevrez et enfanterez le Fils du Très-Haut. Celui qui vous a élue pour être sa Mère, sauvera toutes gens qui espéreront en lui. Pour lors icelle répondit, sans toutefois confesser ou nier la justesse des compliments qu'on lui venait de faire : ains, il était un autre point dont icelle voulait être certifiée ; sçavoir est pour le regard de sa virginité que par-dessus tout elle craignait de perdre : partant, elle s'enquit auprès de l'Ange de la manière de cette conception, disant : Comment cela se fera-t-il ? car j'ai très fermement dévoué ma virginité à mon Seigneur, pour qu'à tout jamais je ne connusse point l'homme. Et l'Ange lui dit : Cela se fera par l'opération du Saint-Esprit, lequel vous remplira d'une façon singulière, et par la vertu t d'icelui vous concevrez, sauve pour vous votre virginité ; et c'est pourquoi votre fils sera nommé le Fils de Dieu : car rien ne lui est impossible. Voyez bien Elisabeth votre cousine ; encore qu'elle fût moult âgée et stérile, il y a déjà six mois qu'elle a conçu un fils par la vertu de Dieu. »

« Considère ici, pour Dieu, et médite comme quoi toute la Trinité est là, attendant la réponse et consentement de cette sienne Fille singulière, regardant avec amour et complaisance la modestie d'icelle, ses mœurs et ses paroles. Contemple Gabriel, se tenant incliné et révérencieux devant sa Dame, avec un visage paisible et serein, exécutant fidèlement son ambassade, et observant attentivement les paroles de sa très chère Dame; à celle fin de lui pouvoir congruement répondre, et sur cette œuvre merveilleuse, parfaire la volonté du Seigneur. Considère comme Notre-Dame se tient timidement et humblement, la face couverte de pudeur, quand elle est ainsi prévenue par l'Ange, et à l’impourvu. Aux paroles d'icelui, elle ne s'élève, ni ne se répute. Voire même : comme elle entend dire de si grandes choses de soi, des choses telles que jamais oncques ne furent dites, elle attribue le tout à la divine grâce. Apprends donc, à l'exemple d'icelle, à être modeste et humble : d'autant que sans cela la virginité vaut peu de chose. La voilà  qui s'éjouit, la très prudente Vierge, et elle se consent aux paroles ouïes de la bouche de l'Ange. Lors, comme ainsi il est relaté en ses Révélations, elle se mit à genoux, avec profonde dévotion, et les mains jointes, elle dit: « Voici la servante du Seigneur : me soit fait suivant votre parole. » Adoncques le Fils de Dieu entra aussitôt tout entier et sans retard au sein de la Vierge, et en prit chair, cependant que tout entier il resta au sein de son Père.

« Or, pour lors, Gabriel, avec sa Dame et Maîtresse, se mit à genoux; et peu après se levant avec elle, puis inclinant derechef jusqu'à terre et lui disant adieu, se disparut ; après quoi, de retour en sa patrie, il conta toute la chose ; et fut là une nouvelle liesse, et nouvelle fête et nouvelle exultation nonpareille. La Dame pour sa part, toute enflammée, et plus que d'accoutumance embrasée en l'amour de Dieu, se sentant avoir conçu, rendit grâces, à deux genoux, d'un si grand don, suppliant humblement et dévotieusement le même Seigneur Dieu, qu'il la daignât instruire ; de telle façon, qu'en tout ce qui se présenterait à faire environ son fils, elle le pût faire sans défaut. »

 

Ainsi a parlé le Docteur Séraphique. Adorons profondément notre Créateur, dans l'état où l'ont réduit son amour pour nous et le désir de subvenir à notre misère ; saluons aussi Marie, la Mère de Dieu et la nôtre.

 

PROSE.

(Tirée du Missel de Cluny de 1523.)

 

A la gloire de la Vierge Marie qui nous a lavés des souillures du crime, célébrons ce jour; c'est un jour d'allégresse.

Du tronc de Jessé, père de sa race, le Soleil de vraie lumière l'a fait sortir parla main de sa sagesse, pour en faire le temple de sa grâce.

Au nouveau lever de cette étoile nouvelle, notre mort se meurt, et enfin de sa chute, Eve se relève en Marie.

Elle monte, cette aurore naissante; elle resplendit comme la lune en sa beauté ; et comme un soleil, au-dessus de toutes les créatures, s'élève la Vierge miséricordieuse.

Vierge mère, Vierge unique, léger nuage de parfums, soleil de suavité, en vous se glorifie toute l'œuvre du ciel et du monde.

Le Verbe du Père, au milieu des temps, descend dans le secret de vos entrailles ; tout entier dans votre sein, au dehors il existait aussi tout entier

Fruit vigoureux d'un arbre desséché, le Christ, comme un géant, en sa force immense, a rompu nos chaînes et repris ses gages à l'enfer.

Il a pris compassion de la race humaine, le fruit miséricordieux d'un sein virginal ; levez-vous, jeunes et vieux, levez-vous à la louange de la Vierge.

Il pouvait nous faire expier le péché de notre ancien père : il a voulu se faire médiateur entre Dieu et l'homme.

O Marie ! en votre sein céleste se traite une alliance pleine de charmes, qui octroie aux pécheurs le remède du salut.

O espérance vraie, et véritable joie ! faites qu'au sortir de l'arène de cette vie, la couronne désirée nous soit donnée dans les cieux.

Amen.

 

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante