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EXTRAITS DE LA MORALE D'ARISTOTE (a).

 

DEUX MOTS D'ARISTOTE.

Description : File0013 .

 

DE MORIBUS AD NICOMACHUM. 
I.

 

LIVRE I, CHAPITRE 6.

 

Il semble que la perfection de chaque chose consiste dans son action. Car chaque chose a son action. La perfection et le bien

 

(a) Bossuet dit dans le rapport au souverain Pontife sur l'éducation du Dauphin : » Pour la doctrine des mœurs, nous avons cru qu'elle ne se devait pas tirer d'une autre source que de l'écriture et des maximes de l'Evangile; et qu'il ne fallait pas, quand on peut puiser au milieu d'un fleuve, aller chercher des ruisseaux bourbeux. Nous n'avons pas néanmoins laissé d'expliquer la Morale

(b) Comme on lui demandait (à Aristote ) quelle est la chose qui vieillit : « La reconnaissance, » répondit-il.

A cette autre question : « Qu'est-ce que l'espérance? » il répondit : « Le rêve d'un homme éveillé. »

A l'exemple de saint Basile et d'autres auteurs, Bossuet rapporte ailleurs ce

 

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d'un architecte c'est de bâtir, et du peintre comme tel de faire un tableau, et ainsi des autres. Quoi donc? les artisans, ceux même qui font profession des arts les plus mécaniques, ont leurs actions, les cordonniers, les maçons, les charpentiers. L'homme seul se trouverait-il sans action? la nature l'aura-t-elle destiné à une oisiveté éternelle? l'aura-t-elle formé si beau, si adroit, si désireux de savoir pour le laisser toujours inutile? ou bien ne faut-il pas dire plutôt que si les yeux, les oreilles, le cœur, le cerveau et généralement toutes les parties qui composent l'homme ont leur action, l'homme aura outre celles-là quelque action, quelque ouvrage, quelque fonction principale? Quelle donc pourra être cette fonction ? Car certes la faculté de croître lui est commune avec les plantes. Or il est besoin ici de quelque chose qui lui soit propre, parce que nous trouvons que la perfection de chaque chose est d'exercer l'action que Dieu et la nature lui ont donnée pour la distinguer des autres. Par exemple, la perfection du joueur de luth, en tant qu'il est tel, ne consiste pas en ce qu'il peut avoir de commun entre l'arithméticien et le peintre, comme peuvent être la subtilité de la main et la science des nombres, mais en ce qui lui est propre. Par cette même raison, il est clair que l'homme ne peut pas trouver la perfection dans les fonctions animales. Car les bêtes brutes l'égalent et le surpassent même quelquefois dans cette partie : que si nous trouvons après

 

d'Aristote ; à quoi nous avons ajouté cette doctrine admirable de Socrate, vraiment sublime pour son temps, qui peut servir à donner de la foi aux incrédules et à faire rougir les plus endurcis. »

Ces paroles expliquent suffisamment l'origine et le but des Extraits qu'on va lire. Ces extraits furent faits, nous le pensons du moins, vers 1678, lorsque l'éducation du Dauphin approchait de sa fin. Ils paraissent ici pour la première fois. Le manuscrit, tout entier de la main de Bossuet, se trouve à la bibliothèque du séminaire de Meaux.

 

dernier mot : « L'espérance dont le monde parle, dit-il, n'est autre chose, à le bien entendre, qu'une illusion agréable ; et ce philosophe l'avait bien compris lorsque ses amis le priant de définir l'espérance, il leur répondit en un mot : « C'est un songe de personnes qui veillent: Somnium vigilantium (Apud S. Basil, Epist. XIV, n. 4). » Un peu plus loin, parlant de l'homme revenu à son serrs rassis après des rêves enivrants, Bossuet ajoute : « Que peut-il juger de lui-même, sinon qu'une espérance trompeuse le faisait jouir pour un temps de la douceur d'un songe agréable ? Et ensuite ne doit-il pas dire, selon la pensée de ce philosophe, que l'espérance peut être appelée « la rêverie d'un homme qui veille, » somnium vigilantium? (Panégyrique de sainte Thérèse, Ier point.)

 

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une exacte recherche de tout ce qui est dans l'homme, que la raison est tout ensemble et ce qu'il a de plus propre et de plus divin, ne faudra-t-il pas décider que la perfection de l'homme est de vivre selon la raison? Et de là il résulte que c'est dans cet exercice que consiste la félicité. Car il est certain que chaque chose est heureuse quand elle est parvenue à la perfection pour laquelle elle est née, et le bonheur du joueur de luth comme tel est de toucher délicatement de cet instrument si harmonieux. Car comme le propre du joueur de luth c'est déjouer du luth, aussi est-ce d'un bon joueur de luth d'en jouer selon les règles de l'art. Que si l'homme n'avait d'autre qualité que celle déjouer du luth, il serait parfaitement heureux, quand il aurait atteint la perfection de cette science. Il en est de même de la raison. Et encore qu'il y ait en l'homme autre chose que la raison, si est-ce néanmoins qu'elle est la partie dominante, et l'autre est née pour lui obéir. Par où il paraît que la félicité de l'homme est à vivre selon la raison. En quoi il ne faut pas prendre garde aux sentiments des particuliers. Car l'esprit de l'homme est capable d'errer non moins dans le choix des choses qu'il faut faire pour être heureux, que dans la connaissance de, toutes les autres vérités. De sorte qu'il ne faut pas avoir égard à ceux qui se sont figuré une fausse idée de bonheur, et ainsi leur imagination étant abusée, semblent jouir de quelque ombre de félicité, semblables aux hypocondriaques, dont la fantaisie blessée se repaît du simulacre et du songe d'un plaisir vain et chimérique, et d' un fantôme léger, d'un spectacle sans corps.

 

II. LIVRE I, CHAPITRE 10.

 

Description : File0014 

 

(a) S'il est quelque autre don que les dieux aient fait aux hommes, il s'ensuit que le bonheur aussi est un présent divin.

 

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III. LIVRE I, CHAPITRE 12.

 

Description : File0015 

 

IV. LIVRE II, CHAPITRE 9.

 

Description : File0015 

 

V. LIVRE IV, CHAPITRE 5.

 

Description : File0015

VI. livre IV, chapitre 7.

 

Description : File0015

 

(a) Il demande si l'on doit placer le bonheur parmi les choses louables ou parmi les choses estimables, et pose en principe qu'on loue les choses relativement à d'autres. Cela étant, il est clair que les choses les plus excellentes ne sont pas l'objet de la louange, mais quelque chose de meilleur et de plus élevé. Car nous disons les dieux heureux, au comble de la félicité... Et personne ne loue le bonheur comme la justice, mais on l'élève comme quelque chose de plus divin et de meilleur. C'est pourquoi Eudoxe semble avoir parfaitement montré l'excellence du plaisir ; car de ce qu'il n'est pas loué, bien qu'il se trouve au nombre des biens, il en conclut qu'il les surpasse tous, et c'est ainsi qu'il en est de Dieu et du souverain bien.

(b) Celui qui veut atteindre le milieu, doit avant tout s'écarter des contraires car un extrême pèche par excès, et l'autre par défaut. — Ce principe est le fondement de toute la morale de saint Thomas.

(c) Ce n'est pas pour lui que l'homme magnifique est prodigue, mais pour la chose publique. — Il est, dit Bossuet, « comme une fontaine publique qu'on élève pour la répandre. » (Oraison funèbre de Louis de Bourbon.)

 

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Description : File0015 

 

VII. LIVRE IV, CHAPITRE 8.

 

Description : File0015

 

(a) De la grandeur d'âme. — ... S'il se croit digne, l'étant en effet, de grandes choses et surtout des plus grandes, il n'aura plus qu'une pensée. .. c'est que l'homme magnanime ne fait injure à personne. Car pourquoi commettrait-il des actions honteuses, lui pour qui rien n'est grand ? Et si l'on considère attentivement les choses, ne serait-il pas complètement ridicule de paraître magnanime sans être homme de bien ?

(b) C'est pourquoi l'homme qui a de la grandeur d'âme semble dédaigneux.

Il n'a pas de petites intrigues et ne court point les hasards, parce qu'il n'estime que peu de chose.

On voit qu'il se souvient de ceux à qui il a rendu des bienfaits ; niais de ceux qui lui en ont rendu, non: car l'obligé est au-dessous du bienfaiteur, et il veut avoir le dessus. On remarque en lui de la nonchalance et de la lenteur, à moins que l'honneur ne le réclame ou une grande action; il agit peu, mais il fait des choses grandes et qui donnent de la renommée.

Il prend plus souci de la vérité que de l'opinion; il agit et parle ouvertement, parce qu'il est fier.

Il oublie les injures; car il n'est pas d'un grand cœur de se souvenir même du mal qu'on lui a fait.

Il n'est point admirateur, parce qu'il n'y a rien de grand pour lui.

Il préfère les choses belles, alors même qu'elles sont stériles, aux choses utiles et profitables, car il se suffit à lui-même. Enfin sa démarche et ses mouvements n'ont rien de précipité.

 

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VIII. LIVRE V, CHAPITRE 8.

 

Gratiarum templum in propatulo orbis loco collocari solet, ut remuneratio commendetur.

 

IX. livre VI, chapitre 14.

 

Description : File0016

X. livre VII, chapitre 1.

 

Description : File0016

 

XI. livre VIII, chapitre 14.

 

Description : File0016 

 

XII. livre IX, chapitre 12.

 

Description : File0016

 

(a) Tout a par la nature quelque chose de divin.

(o) Les hommes s'aimant, la justice n'est pas nécessaire; mais les hommes étant justes, il faut l'amitié.

(c) Les hommes vivent en société, non-seulement pour la procréation des enfants, mais encore pour les choses de la vie. Car aussitôt les offices leur sont distribués, et ceux du mari sont autres que ceux de la femme... Les enfants sont d'ailleurs un hen d'union, et voilà pourquoi ceux qui n'en ont pas se séparent aisément; car les enfants sont un bien commun entre les époux, et ce qui est commun réunit.

(d) Ce qu'il y a de plus désirable pour les amis, c'est de vivre ensemble ; car les affections que l'on a pour soi-même, on les a pour son ami; et c'est une chose agréable de sentir qu'on est.

 

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XIII. LIVRE X, CHAPITRE 7.

 

Description : File0016

XIV. DE VIRTUTIBUS ET VITIIS, CAPUT ULTIMUM.

 

Description : File0016

XV. LIVRE X, CHAPITRE 9.

 

Description : File0016

(a) Cette vie (bienheureuse) surpassera la condition humaine : car l'homme ne vivra pas comme tel, mais ce qu'il y a de divin en lui dominera. Malgré donc les conseils qu'on nous donne, gardons-nous, tout hommes et tout mortels que noirs sommes, nourrir des pensées humaines et mortelles; mais tâchons de nous détacher autant que possible de la mortalité, et faisons toutes choses pour vivre conformément à la partie supérieure de nous-mêmes.

(b) Il est aussi de l'homme vertueux de faire du bien à ceux qui le méritent et d'aimer les gens de bien; de n'être ni rancuneux ni vindicatif, mais miséricordieux, clément et prêt à pardonner. La vertu a pour compagnes la probité, la droiture, la franchise et l'espérance.

(c) Il est probable que le sage est chéri de la divinité (et heureux). Car si les dieux s'occupent, selon toute apparence (*), des affaires humaines, comme il est

 

(*) Les expressions: Il semble, il paraît, selon les apparences, etc., ne sont point dubitatives dans le chef des péripatéticiens, non plus que dans le prince de l'Ecole. Aristote ne pouvait

 

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A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.

 

XVI. livre VII, chapitre 15.

 

Description : File0017

XVII. livre VII, chapitre 11.

 

Description : File0017 

 

Itaque animal multo labore onustum ; laborat enim omnium sensuum exercens facultates, quanquàm assuetudo vetat quominùs id sentiat, in voluptatem tanquàm in quietem ac relaxationem suspirat (b).

 

raisonnable de croire qu'ils mettent leur complaisance dans les choses les meilleures et les plus semblables à eux, telles que l'esprit, ils récompensent ceux qui l'honorent et le cultivent, comme s'occupant de ce qui leur est cher et se livrant à des exercices nobles et élevés. Or toutes ces occupations, qui ne le voit? se trouvent surtout chez le sage; il est donc clair qu'il jouit de l'amitié divine tout ensemble et du bonheur. Le sage donc, sous ce rapport encore, est très-heureux.

(a) La même chose ne nous est pas toujours agréable, parce que notre nature n'est pas simple; mais qu'elle renferme une diversité qui la soumet à la corruption... Celui dont la nature est simple trouve toujours de l'agrément dans la même action; voilà pourquoi Dieu jouit toujours d'un plaisir un et simple. Et l'action consiste non-seulement dans le mouvement, mais aussi dans l'absence du mouvement; et le plaisir se trouve plus dans le repos que dans le mouvement. Si le changement de toutes choses a le plus grand attrait pour l'homme, cela vient d'un désordre et d'un défaut; et comme l’homme est changeant par dépravation et par défaut, ainsi la nature est mobile par dérèglement; car elle manque de droiture par cela qu'elle manque de simplicité..

(b) Ceux qui n'ont pas d'autre soulagement recherchent, parce qu'elles sont violentes, les voluptés du corps; ils allument par là dans leur sein une soif qui

 

heurter de front les croyances de son époque  et le ton tranchant ne convient pas au vrai philosophe. Le Stagyrite ne met pas en doute, quoi qu'un en dise, le dogme de la Providence.

 

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Description : File0017

 

XVIII. AD EUDEMUM, LIVRE IV, CHAPITRE 8.

 

La société consiste dans les services mutuels que se rendent les particuliers. C'est pourquoi elle se lie par la communication et permutation. Et tout cela est né du besoin, parce qu'il n'est pas possible qu'un seul homme puisse suffire à tout. Ainsi la société demande la diversité des ouvrages. Car s'il n'y en avait que d'une sorte, chacun serait suffisant à lui-même. De là vient que deux médecins ne composeraient jamais une société, mais le médecin par exemple et le laboureur. Ils se donnent donc l'un à l'autre les choses dont ils ont besoin. Mais d'autant qu'il y en a dont l'ouvrage vaut mieux que celui des autres, afin d'obliger le meilleur à donner au moindre, i! a fallu faire une mesure commune,

 

les dévore, car ils n'ont pas d'autres jouissances. Car l'animal est toujours dans un travail fatigant, comme l'attestent les écrits sur la physique ; ils disent que voir et entendre sont des actes pénibles, mais que l'habitude en cache la peine. Ainsi l'animal accablé de fonctions laborieuses, car il travaille en exerçant les facultés de tous ses sens, encore que l'accoutumance l'empêche de le sentir, cherche dans le plaisir le relâche et le repos.

(a) Semblablement dans l'adolescence, les hommes, pour favoriser l'accroissement, sont comme endormis dans le vin, et le jeune âge leur est une douce chose. Ceux qui sont d'un naturel mélancolique ont toujours besoin de remède; car leur corps est rongé par la tristesse de leur tempérament et se trouve continuellement dans une excitation violente. Or les plaisirs sont comme un remède qui calme un peu les douleurs, et la tristesse sombre et les mouvements impétueux de cette noire humeur.

(b) En voyant ainsi paraître comme vraies les choses qui ne le sont pas, on découvre une nouvelle raison de croire le vrai; et l'on comprend pourquoi les plus violents plaisirs du corps sont avant tout recherchés comme des remèdes à la douleur, pour en tempérer les atteintes.

 

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et cela les hommes l'ont fait par l'estimation. Or, afin que cela fût plus commode, d'autant qu'il semblait extrêmement difficile d'égaler des choses de si différente nature, comme une maison et du blé, on a introduit l'usage de l'argent. Je vous donne mon blé par exemple, mais j'aurai besoin d'un logement dans quelque temps : je fais un échange avec Paul, afin de me loger. Mais Paul n'a pas de quoi m'accommoder ; il substitue de l'argent en la place du logement que je lui demande, ainsi l'argent m'est comme caution que je pourrai avoir une maison quand la nécessité me pressera. Sans quoi il est évident que je ne livrerais pas mon blé, que je n'eusse la maison en mes mains. C'est pourquoi Aristote appelle l'argent, nummus sponsor, tò nomisma oion enguetes estin emon. L'argent n'est pas une chose que la nature désire pour lui-même. Car les métaux par eux-mêmes n'ont aucun usage utile au service de l'homme. Aussi dans l'origine des choses, les richesses consistaient dans la possession des biens dont la nature avait besoin et dont le désir nous est naturel, tels qu'on les trouve dans le vin, dans les troupeaux. Nous le voyons dans les patriarches. Que si l'argent ne nous est nécessaire que comme substitué en la place de ces choses, le désir n'en doit pas être plus grand qu'il ne serait de ces choses-là mêmes. Le désir maintenant va à proportion du besoin. Or les bornes du besoin sont étroites. La nature est sobre et se contente de peu. Mais la cupidité est venue, qui ne s'est plus voulu contenter du nécessaire, mais par le désir du commode, du plaisant, du bienséant, est montée au délicieux, au mal, au superflu, au somptueux. Nous nous sommes fait certaines idées d'une bienséance incommode ; d'où il est arrivé qu'un homme peut être pauvre, et néanmoins ne manquer de rien de ce que la nature désire ; et cela est absolument ne manquer de rien, parce qu'il faut contenter la nature, non l'opinion. La pauvreté n'est plus opposée à la nécessité, mais au luxe ; et ainsi ce que dit Aristote se vérifie en cette rencontre : dipsas tinas paraskeuadzotsi.

 

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