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SECOND SERMON
POUR
LA FÊTE DE L'ASSOMPTION
DE LA SAINTE VIERGE (a).

 

Dilectus meus mihi, et ego illi.

 

Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui. Cant., II, 16.

 

En cette sainte journée et durant toute cette octave, on n'entendra résonner dans toute l'Eglise que les paroles du sacré Cantique. Tout retentira des douceurs et des caresses réciproques de l'Epoux et de l'Epouse : on verra celle-ci parcourir tous les jardins et tous les parterres, et ramasser toutes les fleurs et tous les fruits pour faire des bouquets et des présents à son bien-aimé ; et le bien-aimé réciproquement chercher tout ce qu'il y a de plus

 

(a) Prêché au Val-de-Grace, en 1663, devant la reine mère.

L'orateur dit, en s'adressant à son auditoire, mes Sœurs, chères âmes, et aussi Messieurs. Or Bossuet n'employait guère cette double appellation qu'au Val-de Grâce.

D'un autre côté, la Gazette de France nous apprend qu'en 1663 la reine Anne d Autriche, relevant de maladie, passa les fêtes de l'Assomption au Val-de-Grace et qu’elle y entendit « un beau sermon de l'abbé Bossuet. » Eh bien dans la péroraison de notre sermon, l'orateur, parlant delà sainte Vierge, dit : « Qu'elle mette bientôt le comble à la joie de toute la France par le parfait rétablissement de celle reine auguste et pieuse, qui nous honore de son audience  »

Nous voyons parlement, dans la Muse historique, que la reine Anne se trouvait au Val-de-Grâce en 1663, pendant les fêtes de l'Assomption: « le roi la reine, les grands et les grandes de la Cour » la visitèrent dans cette maison religieuse ;

 

Et Monsieur l'abbé Bossuet,
Qui tant de rares choses sait,
Et dont l’âme est candide et belle,

Y prêcha, dit-on, devant elle,
Avec une grande érudition,
Le saint jour de l'Assomption.

 

Autre remarque. Louis XIII, longtemps sans enfants, conjura la sainte Vierge par un vœu, de lui obtenir un fils pour le remplacer sur le trône de France. Son vœu s'étant accompli par la naissance de Louis XIV, il consacra le royaume à la Heine suprême, et décréta qu'on ferait à Notre-Dame de Paris, chaque année, une procession pour perpétuer le souvenir du bienfait qui lui avait été accordé. De là ces paroles du prédicateur : « Qu'elle protège du plus haut des cieux ce royaume très chrétien, qu'un roi juste et pieux lui a consacré   »

Enfin le second sermon pour l'Assomption est reproduit d'après les anciennes éditions.                                                                                               

 

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riche et de plus agréable dans la nature, pour représenter les beautés et les charmes de sa bien-aimée. En un mot, on n'entendra pendant ces jours que la céleste mélodie du Cantique des Cantiques; et par là l'Eglise veut que nous concevions que le mystère de cette journée est le mystère du saint amour. Suivons ses intentions; parlons aujourd'hui, mes Frères, des délices, des chastes impatiences et des douceurs ravissantes (a) de l'amour divin, et contemplons-en les effets en la divine Marie.

Trois choses considérables me paraissent principalement devoir nous occuper dans ce discours : la vie de la sainte Vierge, la mort de la sainte Vierge, le triomphe de la sainte Vierge; et j'ai dessein de vous faire voir, et que c'est l'amour qui la faisait vivre, et que c'est l'amour qui l'a fait mourir, et que c'est aussi l'amour qui a fait la gloire de son triomphe. Comment peut-ou comprendre que l'amour seul opère de si grands effets, et des effets si contraires? Si c'est l'amour qui donne la vie, peut-il après cela donner la mort? L'amour a une force qui fait vivre; l'amour a des langueurs qui font défaillir. Regardez cette force que l'amour inspire, qui excite, qui anime, qui soutient le cœur : vous verrez facilement que l'amour fait vivre. Regardez les faiblesses, les défaillances, et les langueurs de l'amour : et vous n'aurez pas de peine à comprendre que l'amour peut faire mourir. Mais comment peut-il ensuite faire triompher? C'est qu'outre sa force qui anime et sa faiblesse qui tue, il a ses grandeurs, ses sublimités, ses élévations, ses magnificences : et tout cela ne suffit-il pas pour la pompe d'un triomphe? Entrons donc maintenant en notre sujet ; et faisons voir par ordre la force du saint amour, qui a donné la vie à la sainte Vierge; les impatiences défaillantes du saint amour, qui lui ont donné la mort; les sublimités du saint amour, qui ont fait la majesté de son triomphe. C'est le sujet de ce discours.

 

PREMIER POINT.

 

Comme je ne ferai autre chose d'ans cet entretien que de vous parler des mystères de l'amour, je me sens obligé d'abord de vous avertir que vous devez soigneusement éloigner de vos esprits

 

(a) Var. : Admirables.

 

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toutes les idées (a) de l'amour profane. Et pour contribuer ce que je puis à les bannir de mon auditoire, je vous prie au nom de celle qui n'eût pas voulu être mère si elle n'eût pu en même temps être vierge, de ne penser qu'à l'amour chaste par lequel l’âme s'efforce de se réunir à son Auteur. Pour cela imprimez dans vos cœurs cette vérité fondamentale, que l'amour dans son origine n'est dû qu'à Dieu seul, et que c'est un vol sacrilège de le consacrer à un autre qu'à lui. (b)

Et nous en serons convaincus, si peu que nous voulions considérer ce que nous entendons par le nom d'amour. Car qu'est-ce que nous entendons par le nom d’amour, sinon une puissance souveraine, une force impérieuse qui est en nous pour nous tirer hors de nous, un je ne sais quoi qui dompte et captive nos cœurs sous la puissance d'un autre, qui nous fait dépendre d'autrui et nous fait aimer notre dépendance? Et n'est-ce pas par une telle inclination que nous devons honorer celui à qui appartient naturellement tout empire et tout droit de souveraineté sur les cœurs? C'est pourquoi lui-même voulant nous prescrire le culte que nous

 

(a) Var. : Les pensées. — (b) Note marg. : Il faut donc savoir, mes Frères, que toutes les créatures sortant du sein de Dieu par sa puissance, il y en a quelques-unes qu'il rappelle à soi-même par sa bonté, et ce sont les créatures raisonnables. Etant donc créées de la main de Dieu pour retourner à lui comme à leur principe, Dieu a mis quelque chose en elles pour leur donner le moyeu de retourner à leur source et se réunir ù leur Auteur; et cela, Messieurs, c'est l'amour, esprit de retour à Dieu. C'est pourquoi il a posé ce premier précepte : Diliges Dominum Deum tuum ( Deut., VI, 5 ); par où nous devons entendre que le premier et véritable tribut de la créature raisonnable pour reconnaître son Créateur et l'unique moyen qui lui est donné pour se réunir à fui, c'est l'amour. Ainsi l'amour véritable, c'est celui qu'on doit à Dieu; et lorsque l'Ecriture divine et les auteurs ecclésiastiques se servent de l'amour profane pour exprimer les effets de l'amour divin, ce n'est pas que l'amour divin se règle sur l'amour profane, mais c'est au contraire que l'amour profane imite les propriétés de l'amour divin. Car l'amour divin, c'est l'unique et le véritable amour, et l'amour profane n'en est qu'un égarement. Un cœur possédé de l'amour profane n'est autre chose qu'un cœur égaré, qui donne à la créature ce qui n'est dû qu'au Créateur. Lors donc que l'Ecriture sainte se sert de l'amour profane pour exprimer les transports et les propriétés du saint amour, c'est qu'elle veut rappeler l'amour dévoyé au principe d'où il s'égare, et nous faire voir même dans son égarement les" traces de la droite voie. C'est donc en cet esprit que je vous parlerai de l'amour, où si vous découvrez quelque chose que l'amour profane ait usurpé, regardez cela comme un vol qui est fait au saint amour, et apprenez à ôter à la créature et à rendre au Créateur ce qui lui est dû. Cette doctrine étant supposée pour servir d'éclaircissement à tout ce discours, parlons maintenant de l'amour de la sainte Vierge, et tâchons d'exprimer sa force.

 

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lui devons, il ne nous demande qu'un amour sans bornes (a) : « Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de toute ta force (1) ; » afin que nous entendions que l'amour seul est la source de l'adoration légitime que doit la créature à son Créateur, et le véritable tribut par lequel elle le doit reconnaître.

En effet il est très-certain que tout amour véritable tend à adorer. S'il est quelquefois impérieux , c'est pour se rejeter plus avant dans la sujétion : il ne se satisfait pas lui-même, s'il ne vit dans une dépendance absolue. C'est la nature de l'amour; et le profane même ne parle que d'adoration, que d'hommages, que de dépendance : par où nous devrions entendre, si nous étions encore capables de nous entendre nous-mêmes, que pour mériter d'être aimé parfaitement, il faut être quelque chose de plus qu'une créature. Cette sainte doctrine, si nécessaire, étant supposée pour servir et de fondement et d'éclaircissement à tout ce discours, parlons maintenant sans crainte et à bouche ouverte de la force et des effets de l'amour, et voyons avant toutes choses quel était celui de la sainte Vierge.

Il est né de l'admirable concours de la grâce et de la nature, et il a emprunté de l'une et de l'autre ce que l'une et l'autre ont de plus pressant. Ainsi il y avait une liaison tout à fait singulière entre Jésus et Marie : Dilectus meus mihi, et ego illi : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui. » Ils sont l'un à l'autre d'une façon incommunicable : il est à elle comme Sauveur; cela est commun : mais il est à elle comme Fils; à elle, comme il est au Père céleste. C'est un mystère incommunicable : Dilectus meus mihi : il est Fils unique ; et ego illi : il n'a que moi sur la terre; il n'a point de père.

Cet amour étant donc si fort et faisant une liaison si intime entre ces deux cœurs, Marie devait mourir quand elle vit expirer son Fils; elle devait mourir autant de fois qu'elle vivait de moments. Car elle le voyait toujours mourant, toujours expirant, toujours lui disant le dernier adieu, toujours dans les mystères de sa mort et de sa sépulture. « Son bien-aimé était ainsi pour elle

 

1 Deut., VI, 5.

 

(a) Var. : Que notre amour.

 

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comme un bouquet de myrrhe : » Fasciculus myrrhœ, dilectus meus mihi (1); et la douleur que lui causait son amour, devait à chaque instant lui donner la mort. C'est pourquoi l'Ecriture toujours forte dans la simplicité de ses expressions, compare cette douleur à un glaive tranchant et pénétrant : Tuam animam gladius pertransibit (2) : « Votre âme sera percée comme par une épée. » D'où vient donc qu'elle n'est pas morte étant percée de ce glaive? C'est que l'amour la faisait vivre.

C'est la propriété de l'amour de donner au cœur une vie nouvelle, qui est toute pour l'objet aimé : naturellement le cœur vit pour soi. Est-il frappé de l'amour, il commence une vie nouvelle pour l'objet qu'il aime. Voyez la divine Epouse; elle ne pense qu'à son Epoux, elle n'est occupée que de son Epoux. Nuit et jour il lui est présent et même pendant le sommeil elle veille à lui : Ego dormio et cor meum vigilat (3). Si bien qu'ayant même pendant son sommeil une certaine attention sur lui, toujours vivante et toujours veillante, au premier bruit de son approche, an premier son de sa voix, elle s'écrie aussitôt toute transportée : « J'entends la voix de mon bien-aimé : » Vox dilecti mei (4). Elle s'était mise en son lit pour y goûter du repos; la vie de l'amour ne le permet pas. Elle cherche en son lit; et ne trouvant pas son bien-aimé, elle n'y peut plus demeurer : elle se lève; elle court; elle se fatigue; elle tourne de tous côtés troublée, inquiète, incapable de s'arrêter jusqu'à ce qu'elle le rencontre. Elle veut que toutes les créatures lui en parlent ; elle veut que toutes les créatures se taisent. Elle veut en parler; elle ne peut souffrir ce qui s'en dit, ni ce qu'elle en dit elle-même; et l'amour, qui la fait parler, lui rend insupportable tout ce qu'elle dit, comme indigne de son bien-aimé.

C'est ainsi que vivait la divine Vierge par la force et le transport de son amour. Son état était une douleur mortelle, une douleur tuante et crucifiante ; et au milieu de cette douleur, je ne sais quoi de vivifiant, par le moyen de l'amour (a). Elle avait toujours

 

1 Cant., I, 12. — 2 Luc., II, 35. — 3 Cant., V, 2. — 4 Ibid.

 

(a) Var. : Etant toujours dans un état de mort par sa douleur maternelle, elle ne vivait que d'amour. Mais pourquoi cet amour ne tranchait-il pas plutôt cette vie mortelle, pour la faire vivre dans la jouissance paisible ? C'est qu'il fallait qu'elle vécût pour souffrir. Voyez donc le miracle du saint amour :  l'amour faisait naître sa douleur, et cette douleur devait lui donner la mort; et l'amour venait au secours pour la faire vivre, afin de faire aussi vivre sa douleur.

 

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devant les yeux Jésus-Christ crucifié. Car si l'efficace de la foi est telle, que saint Paul a bien pu écrire aux Galates (1) que Jésus-Christ avait été crucifié à leurs yeux, combien plus la divine Vierge voyait-elle toujours présent son Fils meurtri et ensanglanté, et cruellement déchiré par tant de plaies? Etant donc toujours pénétrée de la croix et des souffrances de Jésus-Christ, elle menait une vie et de douleur et de mort, et pouvait dire avec l'Apôtre : « Je meurs tous les jours (2). » Mais l'amour venait au secours et soutenait sa vie languissante. Un désir vigoureux de se conformer aux volontés de son bien-aimé soutenait ses langueurs et ses défaillances ; et Jésus-Christ seul vivait en elle, parce qu'elle ne vivait que de son amour.

Les martyrs étaient animés par l'avidité de souffrir, qui excitant leur courage, soutenait leurs forces et en même temps prolongeait leur vie. Pour être conforme à la vie crucifiée de Jésus-Christ, Marie ayant toujours Jésus-Christ crucifié devant les yeux, elle ne vivait que d'une vie de douleur ; et l'amour soutenait cette douleur par l'avidité de se conformer à Jésus-Christ, d'être percée de ses clous, d'être attachée à sa croix. Marie ne vivait que pour souffrir : Fulcite me floribus, stipate me malis, quia amore langueo (3) : « Soutenez-moi avec des fleurs, fortifiez-moi avec des fruits. » Son amour languissant et défaillant toujours par la douleur, cherchait du soutien. Quel soutien? Des fleurs et des fruits; mais c'étaient des fleurs du Calvaire, mais c'étaient des fruits de la croix. Les fleurs du Calvaire, sont des épines; les fruits de la croix, ce sont des peines. C'est le soutien que cherche l'amour languissant de Marie : Fulcite me floribus, stipate me malis. L'amour d'un Jésus crucifié la fait vivre de cette vie : toujours elle voyait Jésus-Christ dans les agonies de sa croix ; toujours elle avait non tant les oreilles que le fond de l’âme percé de ce dernier cri de son bien-aimé expirant : cri vraiment terrible et capable d'arracher le cœur.

Une autre vie de cet amour, c'est de nous faire vivre pour les âmes. Marie consommait par ses souffrances intimes ce qui manquait

 

1 Gal., III, 1. — 2  I Cor., XX, 31. — 3 Cant., II, 5.

 

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à la passion de son Fils. Il semble qu'il avait voulu la laisser au monde après lui pour consoler son Eglise, son Epouse veuve et désolée, durant les premiers efforts de son affliction récente, (a) Vox turturis audita est in terrâ nostrà : Revertere, revertere (1) : « Revenez, revenez, mon bien-aimé. » C'est le gémissement de l'Eglise, qui rappelle son cher Epoux qu'elle n'a possédé qu'un moment. « La nouvelle Epouse, dit saint Bernard, se voyant abandonnée et privée de son unique espérance, autant elle était affligée de l'absence de son Epoux, autant devait-elle avoir d'empressement pour solliciter son retour. Son amour et son besoin étaient pour elle deux raisons pressantes d'avertir son bien-aimé, qu'elle n'avait pu empêcher d'aller où il était d'abord, de hâter au moins l'avènement qu'il lui avait promis, en se séparant d'elle. Si elle désire et demande qu'il imite dans son retour les bêtes les plus agiles dans leur course, c'est une marque de l'ardeur de ses désirs, qui ne trouvent rien d'assez prompt et qui ne peuvent souffrir le moindre retardement ». »

O  le cruel, s'écrie-t-elle, ô l'impitoyable! combien de siècles s'est-il fait attendre, combien désirer? Venez, venez. La Synagogue ne l'avait pas vu : mais l'Eglise l'a vu, l'a ouï, l'a touché; et il s'en est allé tout à coup, ô la cruauté ! Elle avait tout quitté pour lui dire avec l'apôtre saint Pierre : « J'ai tout quitté pour vous suivre (3) ; » et il l'avait épousée, prenant sa pauvreté et son dépouillement pour sa dot. Aussitôt après l'avoir épousée, il meurt; et s'il ressuscite, c'est pour retourner d'où il est venu; et il laisse sa chaste épouse sur la terre, jeune, veuve, désolée, qui demeure sans soutien.

Marie donnée pour l'unique consolation de tous les fidèles sur la terre (b). Elle voyait son Fils dans tous ses membres : sa compassion était une prière pour tous ceux qui souffraient; son cœur,

 

Cant., n, 12, 17.— 2 S. Bern., in Cantic., serm. LXXIII, n. 3. — 3  Matth., XIX, 27.

 

(a) Note marg. : Amour de l'Eglise pour Jésus-Christ; nouvelle Epouse que son Epoux quitte aussitôt pour retourner à son Père , et la laisse comme une veuve désolée, qui fait qu'elle crie toujours : Revertere, revertere. — (b) Var. : Ses souffrances étaient l'un des soutiens de l'Eglise. Elle animait les martyrs, les apôtres, les vierges; elle était la vie de tout le corps de l'Eglise. Elle vivait pour achever la couronne de son Fils. Car les âmes sont sa joie et sa couronne : Gaudium meum et corona mea. C'est le diadème dont le vrai Salomon a été couronné par sa mère au jour de ses noces : Videte regem Salomonem in diademate, quo coronavit eum mater sua. Ayons donc l'ardeur de souffrir, et l'ardeur de gagner les âmes par nos travaux et par nos souffrances. Marie a vécu de cet amour, et ensuite aussi elle en est morte : c'est mon second point.

 

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dans le cœur de tous ceux qui gémissaient, pour leur aider à crier miséricorde; dans les plaies de tous les blessés, pour leur aider à crier soulagement ; dans tous les cœurs charitables, pour les presser de courir au soulagement, au soutien, à la consolation des nécessiteux et des affligés; dans tous les apôtres, pour annoncer l'Evangile ; dans tous les martyrs, pour le sceller de leur sang; enfin généralement dans tous les fidèles, pour en observer les préceptes, en écouter les conseils, en imiter les exemples.

Le soutien dans cet état, la communion. Car ne pouvant l'embrasser en sa vérité toute nue, elle l'embrasse dans la vérité de son sacrement. Sub umbrà illius quem desideraveram sedi, et fructus ejus dulcis gutturi meo : « Je me suis reposé sous l'ombre de celui que j'avais tant désiré, et son fruit est doux à ma bouche. » « Son ombre, dit saint Bernard, c'est sa chair; son ombre, c'est la foi. Marie a été mise à couvert sous l'ombre de la chair de son propre Fils; et moi je le suis à l'ombre de la foi du Seigneur. Et comment sa chair ne me couvrirait-elle pas aussi, puisque je la mange dans les saints mystères ? L'Epouse désire avec raison d'être couverte de l'ombre de celui dont elle doit recevoir, en même temps, le rafraîchissement et la nourriture. Les autres arbres des forêts, quoiqu'ils consolent par leur ombre, ne donnent cependant point la nourriture qui fait le soutien de la vie, et ne produisent point ces fruits perpétuels de salut. Un seul, auteur de la vie, peut dire à l'Epouse : Je suis ton salut. Aussi désire-t-elle spécialement d'être à couvert sous l'ombre du Christ, parce que lui seul, non-seulement rafraîchit de l'ardeur des vices, mais remplit encore le cœur de l'amour des vertus (1). »

Puisque nous pouvons jouir de la lumière, reposons-nous à l'ombre ; mais cherchons quelque arbre qui puisse nous donner non-seulement de l'ombre, mais du fruit; non-seulement du rafraîchissement, mais de la. nourriture. Il n'y a que Jésus-Christ

 

1 S. Bernard., in Cantic., Serm., XLVIII, n. 2.

 

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goûté dans la communion. Reposons donc sous son ombre notre amour languissant et fatigué de ne voir pas encore la lumière, de n'embrasser pas encore la vérité même : c'est là notre unique soutien. Mais , ô soutien accablant! la communion irrite l'amour plutôt qu'elle ne l'assouvit. O Marie, il faut mourir; votre amour est venu à un point qu'il n'y a plus que l'immensité du sein de Dieu qui le puisse contenir.

 

SECOND POINT.

 

L'amour profane est toujours plaintif; il dit toujours qu'il languit et qu'il se meurt. Mais ce n'est pas sur ce fondement que j'ai à vous faire voir que l'amour peut donner la mort : je veux établir cette vérité sur une propriété de l'amour divin. Je dis donc que l'amour divin emporte avec soi un dépouillement et une solitude effroyable, que la nature n'est pas capable de porter ; une si horrible destruction de l'homme tout entier (a) et un anéantissement si profond de tout le créé en nous-mêmes, que tous les sens en sont accablés. Car il faut se dénuer tellement de tout pour aller à Dieu, qu'il n'y ait plus rien qui retienne : et la racine profonde d'une telle séparation, c'est cette effroyable jalousie d'un Dieu qui veut être seul dans une âme, et ne peut souffrir que lui-même dans un cœur qu'il veut aimer; tant il est exact et incompatible.

Vous pouvez voir (b), chères âmes, la délicatesse de sa jalousie dans l'évangile de ce jour. Si Marthe s'occupe et s'empresse, c'est pour lui et pour son service ; cependant il en est jaloux, parce qu'elle s'occupe de ce qui est pour lui, au lieu de s'occuper totalement et uniquement de lui, comme faisait Madeleine. « Marthe, Marthe, dit-il, tu es empressée et tu te troubles dans la multitude; et il n'y a qu'une seule chose qui soit nécessaire (1). » De là donc nous pouvons comprendre cette solitude effroyable que demande un Dieu jaloux. Il veut qu'on détruise, qu'on ravage, qu'on anéantisse tout ce qui n'est pas lui; et pour ce qui est de lui-même, il se cache cependant et ne donne presque point de prise sur lui-même : tellement que l’âme d'un côté détachée de tout, et de

 

1 Luc., X, 41, 42.

(a) Var. : Une séparation si étrange à la nature. — (b) Voyez.

 

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l'autre ne trouvant pas de moyen de posséder Dieu effectivement, tombe dans des faiblesses, dans des langueurs, dans des défaillances inconcevables; et lorsque l'amour est dans sa perfection, la défaillance va jusqu'à la mort, et la rigueur jusqu'à perdre l'être. Cet esprit de destruction et d'anéantissement est un effet de la croix.

Il réduit tout à une unité si simple, si souveraine, si imperceptible, que toute la nature en est étonnée. Ecoutez vous-même parler votre cœur : quand on lui dit qu'il ne faut plus désormais désirer que Dieu, il se sent comme jeté tout à coup dans une solitude affreuse, dans un désert effroyable, comme arraché de tout ce qu'il aime. Car n'avoir plus que Dieu seul !... Que ferons-nous donc? Que penserons-nous? Quel objet, quel plaisir, quelle occupation? Cette unité si simple nous semble une mort, parce que nous n'y voyons plus ces délices, cette variété qui charme les sens, ces égarements agréables, où ils semblent se promener avec liberté, ni enfin toutes ces autres choses sans lesquelles on ne trouve pas la vie supportable.

Mais voici ce qui donne le coup de la mort : c'est que le cœur étant ainsi dépouillé de tout amour superflu, est attiré au seul nécessaire avec une force incroyable ; et ne le trouvant pas, il se meurt d'ennui. « L'homme insensé n'entend pas ces choses et le sensuel ne les conçoit pas ; mais aussi parlons-nous de la sagesse entre les parfaits, et nous expliquons aux spirituels les mystères de l'esprit (1). » Je dis donc que l’âme étant dégagée des empressements superflus, est poussée et tirée à Dieu avec une force infinie, et c'est ce qui lui donne le coup de la mort. Car d'un côté elle est arrachée à tous les objets sensibles ; et d'ailleurs l'objet qu'elle cherche est tellement simple et inaccessible, qu'elle n'en peut aborder. Elle ne le voit que par la foi, c'est-à-dire qu'elle ne le voit pas; elle ne l'embrasse qu'au milieu des ombres et à travers des nuages, c'est-à-dire qu'elle ne trouve aucune prise. C'est là que l'amour frustré se tourne contre soi-même, et se devient lui-même insupportable. Le corps l'empêche; l’âme l'empêche; il s'empêche et s'embarrasse lui-même; il ne sait ni que faire ni que devenir.

 

1 I Cor., II, 6, 13, 14.

 

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O union de deux cœurs, qui ne veulent plus être qu'un! O cœurs soupirants après l'unité, ce n'est pas en vous-mêmes que vous la pouvez trouver ! Venez, ô centre des cœurs, ô source d'unité, ô unité même ; mais venez, ô unité, avec votre simplicité plus souveraine et plus détruisante que tous les foudres et tous les tourments dont votre puissance s'arme. Venez et ravagez tout, en rappelant tout à vous, en anéantissant tout en vous, afin que vous seule soyez, et viviez, et régniez sur les cœurs unis, dont l'unité est votre trône, votre temple, votre autel, et comme le corps que vous animez.

Que faites-vous, ô Jésus-Christ, Dieu anéanti? A quoi vous servent vos clous , vos épines et votre croix, à quoi votre mort et votre sépulture? N'est-ce pas pour détruire, pour crucifier, pour ensevelir en vous et avec vous toutes choses? Vous n'avez plus que faire pour vous de tout cet appareil de votre supplice, ni de tout cet attirail de mort. Votre Eglise et vos Epouses , les âmes que vous avez rachetées vous demandent ces instruments funestes et salutaires : salutaires parce qu'ils sont funestes, et funestes parce qu'ils devaient être salutaires : elles ont, dis-je, besoin de ces instruments qui ne vous servent plus de rien, et dont vous n'avez plus besoin que pour les membres de votre corps mystique.

Donnez, Epoux de sang, donnez à Vos Epouses, les âmes baptisées qui ne font toutes ensemble qu'une seule Epouse dans l'unité de votre Eglise ; donnez-leur ces armes ravageantes et détruisantes, afin qu'elles vous épousent par le mystère de votre croix et que leur pauvreté , leur dépouillement, leur anéantissement total soient la dot qu'elles vous apportent. Car vous êtes riche en vous-même, et votre richesse dans la créature, c'est la pauvreté et le néant de la créature. O détruisez donc, anéantissez les âmes que vous avez rachetées; anéantissez-les par le mystère de votre croix, afin de les rendre dignes d'être anéanties par le mystère de votre gloire, lorsque Dieu, qui est maintenant en vous, se réconciliant toutes choses, sera en vous consommant très-parfaitement en un toutes choses.

Voilà le mystère d'unité après lequel soupirent toutes les âmes exilées, qui s'affligent démesurément sur les fleuves de Babylone,

 

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en se souvenant de Sion. Mystère d'unité, qui s'opère et s'avance de jour en jour par un martyre inexplicable, et qui se consommera par une paix qui sera Dieu même. O quel renversement ! ô quelle violence! ô que le travail de cet enfantement est horrible ! Car Dieu ne délie pas; il arrache : il ne plie pas; mais il rompt : il ne sépare pas tant qu'il brise et ravage tout. Quand sera-ce, ô Jésus-Christ, que vous détruirez tout à fait ce qui nous détruit? Ah ! que vous êtes cruel !

Mais que dis-je ici, chrétiens? Que ceux-là vous représentent quels sont ces efforts, qui les ont expérimentés. Pour moi, je n'oserais en parler ni les approfondir davantage; et j'en ai dit seulement ce mot, pour vous donner quelque idée de l'amour de la sainte Vierge durant les jours de son exil et la captivité de sa vie mortelle. Non, non, les séraphins mêmes ne peuvent entendre, ni dignement expliquer avec quelle rapidité Marie était attirée à son bien-aimé, ni quelle violence endurait son cœur dans cette séparation. Si jamais il y a eu une âme pénétrée de la croix, et ensuite de cet esprit de destruction chrétienne, c'est la divine Marie. Elle était donc toujours défaillante et toujours mourante , appelant toujours son bien-aimé avec une angoisse mortelle, et lui disant comme l'Epouse : «Retournez, mon bien-aimé, et soyez semblable à un chevreuil et à un faon de cerf : » Revertere; similis esto, dilecte mi, capreœ hinnuloque cervorum (1). C'est en vain que son Fils lui dit : « Encore un peu, encore un peu; un peu, et vous ne me verrez plus ; un peu, et vous me verrez (2). » Car que dites vous, ô Jésus-Christ? songez-vous que vous parlez à un cœur qui aime? Et vous comptez pour peu tant d'années d'une privation si horrible? Et lorsqu'on vous aime bien , les moments sont autant d'éternités , car vous êtes l'éternité même ; et on ne compte plus les moments, quand on sait qu'à chaque moment on perd l'éternité toute entière. Et cependant vous dites : « Encore un peu. » Ce n'est pas là consoler, c'est plutôt outrager l'amour; c'est insulter à ses douleurs, c'est se rire de ses impatiences et de ses excès intolérables. Si vous m'en croyez, saintes âmes, vous ne chercherez point

 

1 Cant., II, 17. — 2 Joan., XVI, 16.

 

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d'autres causes de la mort de la sainte Vierge. Son amour étant si ardent si fort et si enflammé, il ne poussait pas un soupir qui ne dût rompre tous les liens de ce corps mortel; il ne formait pas un regret qui n'en dût dissoudre toute l'harmonie (a); il n'envoyait pas un désir au ciel qui ne dût tirer après soi l’âme toute entière. Je vous ai dit, chrétiens, que sa mort est miraculeuse; je suis contraint de changer d'avis : la mort n'est pas le miracle, c'en est plutôt la cessation. Le miracle continuel, c'était que Marie pût vivre séparée de son bien-aimé. Elle vivait néanmoins, parce que tel était le conseil de Dieu, qu'elle fût (b) conforme à Jésus-Christ crucifié par le martyre insupportable d'une longue vie, autant pénible pour elle que nécessaire à l'Eglise. Mais comme le divin amour régnait en son cœur sans aucun obstacle, il allait de jour en jour s'augmentant sans cesse par son exercice et s'accroissant par lui-même : de sorte qu'il vint enfin s'étendant toujours à une telle perfection, que la terre n'était pas capable de le contenir. Ainsi point d'autre cause de la mort de Marie, que la vivacité de son amour.

Sauveur Jésus, allumez votre amour dans nos cœurs par une semblable impatience; et puisqu'elle naissait en Marie de cette union intime que vous aviez avec elle, rassasiez-nous tellement de vos saints mystères, soyez tellement en nous par la participation de votre chair et de votre sang, que vivants plus en vous qu'en nous-mêmes, nous ne respirions autre chose que d'être consommés avec vous dans la gloire que vous nous avez préparée.

Cette âme sainte et bienheureuse attire après elle son corps par une résurrection anticipée. Car encore que Dieu ait marqué un terme commun à la résurrection de tous les morts, il y a des raisons particulières qui l'obligent d'avancer le terme en faveur de la sainte Vierge. Le soleil ne produit les fruits que dans leur saison; mais nous voyons des terres si bien cultivées, qu'elles attirent une influence et plus efficace et plus prompte. Il y a aussi des arbres hâtifs dans le jardin de l'Epoux; et la sainte chair de Marie est une terre trop bien préparée, pour attendre le terme ordinaire à produire des fruits d'immortalité.

 

(a) Var. : Qui ne dût lui donner la mort. — (b) Parce qu'il fallait qu'elle fût.

 

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Deux choses font partie de son triomphe : la gloire de son âme par l'amour, la gloire de son corps par le rejaillissement de celle de l’âme. Aussi l'Ecriture sainte cherche-t-elle des expressions extraordinaires pour nous représenter un si grand éclat, pour nous en tracer quelque image. A peine trouve-t-elle dans le monde assez de lumières, et il a fallu ramasser tout ce qu'il y a de lumineux dans la nature. « Elle a mis la lune à ses pieds, les étoiles autour de sa tête; le soleil la pénètre toute, et l'environne de ses rayons (1), » tant il a fallu de gloire et d'éclat pour orner ce corps virginal.

Après cela, chères âmes, je ne dois pas m'étendre en un long discours pour vous décrire la magnificence du triomphe de la sainte Vierge. L'amour qui l'a fait mourir, la fera aussi triompher. Je m'ouvrirais en ce lieu une trop vaste carrière, si j'entreprenais de vous raconter les grandeurs, les magnificences, les sublimités de l'amour. Je vous dirai seulement ce mot, que c'est à lui qu'il appartient d'élever les cœurs; car c'est lui qui nous fait dire : Sursùm corda : « Le cœur en haut, le cœur en haut! » C'est une doctrine du grand saint Thomas (2), que ceux-là seront les plus élevés dans l'ordre de la gloire, qui auront eu sur la terre de plus violents désirs de posséder Dieu. La flèche qui part d'un arc bandé avec plus de force, prenant son vol au milieu de l'air avec une plus grande vitesse, entre aussi plus profondément au but où elle est adressée. De même l’âme fidèle pénétrera plus avant, si je puis parler de la sorte, dans l'essence même de Dieu, qui est le seul terme de ses espérances, quand elle s'y sera élancée par une plus grande impétuosité de désirs.

Mais si l'amour de Marie a été si vif et si impétueux, combien a-t-elle dû s'unir intimement à celui qui faisait l'unique objet de son cœur et de tous ses désirs? Qui peut exprimer la gloire dont elle a été revêtue, en entrant dans la joie de son bien-aimé? Son triomphe n'est pas une vaine pompe : la puissance qui lui est donnée.....

Qu'elle se rende l'avocate, auprès de Dieu, de l'Eglise qui la réclame, et qu'elle détourne les malheurs qui menacent la

 

1 Apoc., XII, 1. — 2 I part., quœst. XII, art. 6.

 

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chrétienté. Qu'elle protège du plus haut des cieux ce royaume très-chrétien, qu'un roi juste et pieux lui a consacré; et qu'elle veille en ses bontés sur le roi son fils, qui renouvelle tous les ans ce don solennel. Qu'elle conserve ce grand monarque et dans la paix et dans les hasards; qu'elle inspire la justice à ceux qui l'ont irrité et à lui la bonté et la clémence. Qu'il fasse la paix par inclination, et la guerre par nécessité : qu'il ne soit terrible que pour protéger la justice, assurer la paix et la tranquillité publique. Qu'elle lui obtienne la grâce d'être toujours juste, toujours pacifique, père charitable de ses peuples, humble enfant de la sainte Eglise, protecteur de son autorité , zélé défenseur de ses droits. Qu'elle bénisse la piété exemplaire de la reine son épouse, et qu'elle fasse croître et multiplier leur royale postérité sous l'ombre de sa protection. Qu'elle mette bientôt le comble à la joie de toute la France par le parfait rétablissement de cette reine auguste et pieuse, qui nous honore de son audience, et qu'elle ne prolonge sa vie que pour augmenter ses mérites. Qu'elle soit toujours aimée, toujours respectée, cette sage et pieuse princesse, pour inspirer continuellement des conseils de paix, des sentiments de bonté, des pensées de condescendance. Qu'elle vive sur la terre n'ayant de goût que pour le ciel; qu'elle dédaigne ce qui passe, et qu'elle s'attache immuablement à ce qui demeure. Qu'au milieu de tant de grandeurs, elle soit jetée devant Dieu dans une véritable humiliation : qu'elle méprise autant sa grandeur royale que nous sommes obligés de la révérer, et qu'elle fasse sa principale occupation du soin de mériter devant Dieu une couronne immortelle. Voilà, Madame, les vœux que je fais : puisse Votre Majesté les faire avec moi dans toute l'étendue d'un cœur chrétien, et recevoir pour sa récompense la sainte bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

 

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